. L ’abbé d’Olivet croit avoir découvert l’origine
des vifs demeles de Jurieu & de Bayle. Il
prétend que dans le temps que Bayle enfei-
gnoit la philofophie à Sédan, il avoir trouvé le
iecret de gagner les bonnes grâces de madame
Jurieu. Lorfqu en 1681 , l'académie de Sédan fut
luppnmee , madame Jurieu Fut obligée de fuivre
fon mari hors du royaume : Bayle auroit bien
Voulu fe fixer en France : Mais de beaux W
T - f 1? Jf eontroverfiftes qui déterminèrent le
philofophe a quitter fa patrie. Rotterdam ne put
voir long-temps une fi étroite union fans en juger
mal J & 1 on perfuada enfin à Jurieu, que lui qui
voyou tant dP chofe dans l'apocalypfe , ne voyoit
pas ce qui fe paffoit dans fa maifop. Un cavalier
en ce cas tire 1 épée, un homme de robe intente
un procès ; un poète compoferoit une Satyre ;
Jurieu ^ en qualité de théologien dénonça Bayle
comme un impie , & pour preuve il allégua l’avis
aux refugmS ;, non que ce livre contînt quelque
chofe d impie ; mais il ne favorifoit pas le calvi-
mlme. Bayle auroit pu fe juflifier en difant que
ce hvre n étoit pas de luh, mais de M. de la
Roque ; il ne le voulut jamais pour ne pas nuire
a Ion ami. ‘
M. Fagon premier médecin du r o i , ,confulté
fur la maladie de Bayle, lui prafcrivit un excellent
régime fans aucun remède particulier. Il finif-
loit fa confultation par ces paroles : Je fouhaiterois
paflionnement qu on pût épargner toute cette
contrainte & qu’il fut polfible de trouver un
remede auffi fingulier quelle mérite de celui pour
lequel on le démande. Bayle étoit mort quand
cette ordonnance arriva à Rotterdam.
Leibnitz a appliqué à Bayle ce vers de Virgile.
Sul pedibufque vidée mutes & fidera Daphnis.
B A ZAR . Le Baqar eft chez les orientaux &
fur-tout chez les perfes , un lieu de commerce
& répondant a peu-près aux marchés d’Europe
Un des plus célèbres eft celui d'Ifpaham. 'Celui
de Tàuris eft le plus vafte que l'on connoiflV •
°n v ‘a plufieurs fois rangé trente mille hommes
en bataille 5 il contient plus de quinze mille boutiques.
BAZARIE. Cette province renfermoit de grandes
forets dont les fcythes faifoient des parcs
pour la chafle., en les entourant de murs &
pratiquant de diftance en diftance des tours pour
fervir d abri aux chaffeurs.
U y avoir quatre cents ans . qu’on n’y chaffoit'
plus lorfqu Alexandre y entra. Il fut attaqué par
un lion qu’il eut le bonheur de tuer.
. , BEAU. C e qui eft décent au Japon eft indécent
a Rome j ce^qui eft de mode à Pékin ne l’eft pas
a 1 ans ; il en eft de même du beau. Bien des
favans ont fait des traités fur le beau, ont voûta
LTu eft relatif *S “ qU’U y a de fflr c‘eti que le
Un jour , dit Voltaire, j’ afiiftois à une tragé-
die auprès d’un philofophe. Que cela eft beau,.
s ecnoit-il: que trouvez-vous là de beau. ?_C'eft
que l'auteiu a atteint fon but. Le lendemain il
prit une medecine qui lui fit du bien, elle a
atteint fon b ut, lui dis-je, voilà une belle médecine.
Il comprit qu'on ne peut dire qu*une
medecine eft belle, & que pour donner à quelque
chofe le nom de beauté, il faut qu'elle vous
caufe de 1 admiration & du plaifir. Il convint enfin
que cette tragédie lui avoit infpiré ces deux fen-
timens & que c'étoit-là le beau.
Cette hiftoriette eft la critique de tout ce qu'on
a écrit fur cette matière.
Il y a des avions, dit encore Voltaire, que
le monde entier trouve belles. Deux officiers de
Cefar, ennemis mortels, fe portent un défi,
: non à qui répandra le fang l'un de l'autre derrière
un buiffon , en tierce & en quarte comme
chez nous j mais à qui défendra le mieux le camp-
des romains , que les barbares vont attaquer.
L un des deux après avoir repouffé les ennemis
eft près de fuccomber 5 l'autre vole à fon fecours,
lui fauve la vie & achève la vi&oire.
B%AUFORT. François de Vendôme duc ed
Beaufortfj-naquit à Paris en 1616. En 1642 il
tut accufe d'avoir attenté à, la vie du cardinal
Mazarin & fut mis à la tour de Vincennes,
dou il s'échappa au bout de cinq ans. Il fut le
héros de la fronde & on lui donna, dans le temps,
le furnom de roi des halles. Lorfque les mécon-
tens eurent fait leur paix , le duc de Beaufonkt
la fîenne & obtint la furvivance de.fon père pour
la charge d'amiral de France. Il fe diftingua depuis
dans plufieurs expéditions militaires & la
plus commune opinion eft qu'il périt dans une
fortie pendant le fiége de Candie. La Grange-
chancel a prétendu que le duc de Beaufort étoit
le même que l'infortuné fi connu fous le nom
d'homme au mafque de fe r , mais c'eft une affer-
tion qu il n’a confirmé par aucune preuve.
BEAUNE. Beaune eft une jolie ville de Bourgogne
dans le. diocèfe d'Autun. Elle eft connue
Çar fes- excellens. vins qui font en réputation
depuis fort long-temps..
Pétrarque écrivoit très - férieufement au pape
Urbain V , que le bon vin dont Philippe le Hardi,
avoit régalé la cour du pape, en ifc jy , les re-
tenoit à Avignon 5 ils né peuvent plus vivre heureux
fans le vin de Beaune , difoit-il, il eft devenu
pour eux un cinquième élément.
E n 1 4 1 6 , I ç d u c J e a n e n v o y a q u i n z e q u e u e s
de ce vin aux pères du concile de Confiance. Il
.coûtoit alors quinze livres la queue.
Beaune eft encore très-connue par les plaifan-
teries que le poète Piron faifoit contre les ha-
bitans qu'il avoit furnommés les ânes de Beaune.
BEAUMELLE ( Laurent-Angllviel de la ) , né
en 1727, mort en 1773 • Il eu particulièrement
connu par fa haine contre Voltaire , clarus ma-
gnis inimicitiis. Dans fon ouvrage intitule , mes _
penfées ou le quen dira-t-on 5 il s exprime ainfi •
I l y a eu de meilleurs poètes que Voltaire , il
n’y en eut jamais de f i bien récompenfé: Le roi de
Pruffie'comble de bienfaits les kommes a tq.lcns ,
précifément par les mêmes raifons qui engagent un
petit prince d‘Allemagne, a combler de bienfait s un
bouffon ou un nain. Voilà l'origine^ & la caufe de
leurs querelles plus que littéraires. Cependant
Voltaire difoit de la Beaumelle : ce pendard a bien
de Vefprit ■ & la Beaumelle difoit de Voltaire ,
perfonne n écrit mieux que Voltaire. La Beaumelle^
répondit à quelqu'un qui lui demandoit pourquoi
il maltraitoit tant Voltaire dans fes livres. Ce fi
qu’i l ne m épargne pas dans les fiens , & que les
miens s’en vendent mieuxt
BEAUTÉ. Autrefois on eftimoit beaucoup en •
France un grand pied', & la longueur des fou-
liers, fur-tout dans le quatorzième fiècle , étoit
une marque dé diftinéîion. Les fouliers d un
-prince avotent deux pieds & demi de long : ceux
d'un baron deux pieds, ^ & ceux d'un fimple
chevalier un pied & demi, d'où nous eft reftee
fans doute cette expreffion : I l efi fur un grand
-pied dans le monde.
La Fontaine dans la fable des compagnons d'U-
lyffe, fait bien fentir que l'idée de beauté eft une
idée relative.
On fait que les compagnons du héros avoiçnt
été changés en animaux par Cirçé. Ayant obtenu
de l'enchantereffe, qu'ils pourroient reprendre
leur forme humaine , Ulyffe court à celui qui avoit
été changé en ours.
, . . .. . Eh! mon frère,
Comme te voilà fa it: je t’ai vu fi joli :
Ah ! vraiment, nous y v o ic i,
Reprit Tours à fa manière ;
Comme te voilà fait! comme doit être un ours.
Qui t’a dit qu’une forme eft plus belle qu’une autre ?
Eff-ce à la tienne à juger de la nôtre ?
Je m’en rapporte aux yeux d’une ouife mes amours.
A l'égard des cheveux roux, la haine qu'ils
infpirent eft répandue par toute, la terre. On^pré-
tend qu'ils font le fymbole d'un homme traître,
fans doute , parce.que Judas avoit les cheveux
de cette couleur j cependant David, -ce. prince
félon le coeur de D ieu , étoit roux. On^sursit
bien de la peine à rendre raifon de J »«rfion
que l’on a pçur cette couleur de cheveux. Les
égyptiens ne pouvoient voir un homme roux.fans
l’outrager & l’injurier; au lieu de.fe ferv. des
ânes de cette couleur y ils les jettoient dan des
précipices. Un homme roux qui voyageo t en
bonne compagnie en Amérique, tomba ent e les
mains des fauvages ; il fut le feul qu il p g -
rent, ils mangèrent tous fes camarades, il
le confervèrent que .par .le degou E .
gnance quüls ont pour les perfonnes de cette
couleur ; il paffa plufieurs années avec eux dans
leur pays, d’où il revint fort infauit de leur,
langue &: de leurs moeurs & de la nature du
climat.
Oui croiroit qu'il y a eu un fiecle & même
plufieurs , dans lefquels on louoit comme une
perfection chez les femmes d'avoir les deux four-
cils joints enfemble P-C^eft cependant un fait reel,
attefté par Anacréon, qui vante cet agrément
dans fa maîtreffe ; par Théocrite, Pétrone & par
beaucoup d'autres anciens. Ovide affure que de
fon temps les dames romaines fe peignoient 1 entredeux
des fourcils , pour qu'ils paruifënt n en taire
qu'un. Cette mode étoit auffi en ufage chez les
hébreux. Jezabel, époufe d'Achab, & mere de
Joram, roi dTfraël, ayant,appris Tarnvee de
J e h u , fe farda les yeux avec de l'antimoine,
o u , félon l'h é b reu , fe mit. les yeux dans Iantimoine.
J'ai fait à l'égard des fourcils une remarque,
qui peut-être a été faite par bien d autres 5 c eft
que perfonne ne fait froncer le fourcil coibirc
une jolie femme, lorfqu elle voit quelqu un qui
vient à une heure incommode , du qui lui déplaît.
J'en appelle à l'expérience des dames.
Il faut pour être bel homme, a la Chine, etre
«gros & gras , avoir le front large , les yeux petit»
| & plats, le nez cou rt,. les oreilles grandes , la
bo.uche médiocre, la barbe longue & les chc •
veux noirs. Dans ce même pays la plus grande
beauté des femmes confifte dans lapetiteffe du pied.
A leur naiffance les nourices ont grand foin de
leur ferrer les pieds de peur qu'ils ne groffiffent.
La beauté des femmes de Cumana dans TA-
mériquè méridionale, eft d avoir les joues maigres ,
un vifage long, & les cuiffes très-groffes. Pour
cet effet on leur preffe, dans 1 enfance, la tete
entre deux couffins & ou leur lie fortement le def*
fus du' genou.
Aux ifles Marianes il faut avoir les dents noires
& les cheveux blancs.
Dans le fond des Alpes, il y a des contrées
où les habitans ont de groffes loupes a la gorge ,
auffi enfflées que la tête , & ils appellent cela
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