
ne four oie lui donnée. • pardonne-r sl' ab. baye .a u. il mu
AUBUSSQN .(François d’ ) , duc de la Feuil-
lade , maréchal de France , fe diftinguà à la bataille
de Rhétel en 1650, & dans beaucoup
d autres occafions. C e fut lui qui , ayant acheté
l’hôtel de Sennetere , le fit abattre pour en
former line place, au milieu *de laquelle il fit
élever une ftatue pédeftre de Louis X IV . Cette
place fut nommée , la place des Vitîoires. Tout le
monde connoît la plaifanterie du gaîcon, qui,
voyant que la- place des Victoires n’étoit éclairée
que par quatre lanternes 0 s’écria en impromptu :
Cadédis, d’Aubuffon, jej :ioîs que tu nous bernes,
De placer le Soleil entre quatre lanternes.
\ C e courtifan vouloir acheter une cave dans
l’ églife des Petits-Pères, & il prétendoit la pouffer
fous terre jufqu’au milieu de la place des Victoires
afin de fe faire enterrer precifément fous
la ftatue de Louis X IV .
II mourut fubitement en 1691, & n’a eu que
le temps de s ecrier : que n ai-je fiait pour Dieu ce '
que f a i fait pour le roi ?
AU DITEU R . Un cordonnier de Lèyde alloit
toujours àTunivérfité lorfqu’on y 'foutenoit quelques
thèfes. Quelqu’un lui demanda s’il fa voit le
latin ? « Non, répondit l’ artifan. — Eh! que ve-
nez-vous donc faire ici?’ — A h ! dit-il , je
n m’amufe à voir qui a tort ou raffon dans la dif-
iîp u te L -E t comment c e la ?— Rien de plus fà-
à cile . . . . Je le connois à la mine des difputans;
» car celui qui n’a rien de bon à répliquer s’em-
» porte & fait la grimace ».
AV ENIR . Il n’y a rien de plus avantageux
pour notre repos que d’ignorer notre defti-
née. C ’eft être malheureux avant le temps que
de connoîtrele mal avenir y car nous ne pouvons
pas nous empêcher d’abandonner à la douleur &
a la triftefle des jours fur lefquels elle n’a encore
aucun droit. « Penfez-vous , comme dit Cicéron ,
» qu’il eût été fort avantageux’ à Crafliis , qui
» jouifloit de tant de richefles , de favoir qu’il de-
» voit un jour périr au-delà de l’Euphrate avec
fon fils „ après l’entière défaite de fon armée
» & que fon corps devoit être traité par les enne-
» mis avec la dernière ignominie » ? Dans quelles
angoiftès croyez-vous que Céfaf & Pompée ,
euffènt pafle leur vie? Quel contentement èuflent-
îls pu retirer de la gloire d’avoir fait tant de belles •
aétions, f i , au milieu 4e leurs victoires & de leurs
triomphes, l’image de leurs malheurs fe fût offerte à
leurs yeux ; que l’ un fe fût représenté qu’il devoil j
être anaffiné fur les bords de l’Egypte, & l ’autre au
milieu du fénat, de la main de ceux qui lui dévoient
leur fortune.
A VENTURES.-M. de Sherlock , jeune anglois.
rempli de mente, a publié en notre, langue des
lettres qui ont eu le plus grand fuccès. Il raconte
Ç^il v*c un Ihigneur ruffe qui s’enretournoit fort
triftement dans fon pays , & qui lui fit part, en
ces termes des aventures qu’il avoit eues dans la
capitale de la.France : — « Ma première maîtrefle
fit ma conquête ^ à un bal mafqué , dix jours
S m° n ^ eHe me vainquit par un
feiii mot, voz/x êtes charmant. J’avois alors/ dix-
neuf ans ; elle etoit jolie, & c’étoit la première
rois de ma vie qu’une femme m’avoit dit ce mot.
Quand un homme dit une fois à une femme hpn-
pjjpp * je vous aime, le diable le lui répète cent fois :
le diable me répéta mille fois à l’oreille que j étois
charmant ; 8c fur cette douce perfuafion, je devins
éperduement amoureux. Mais je quittai cette
femme peu de temps après ; car outre qu’elle éfoit
tres-fotte & très-ennùyeufe, je fenfis là néceffité
de fortir de fes mains pour m,è mettre dans celles
d un chirurgien. Quand je fus répandu dans le
monde, je racontai le fuccès de cette bonne fortune
, & 1 on me confola, en me difant, qu’outre
que j a vois été platement dupe j je m’étois déshonoré
en m’ attachant à une femme qui n’appar-
tenoit a aucun fpeéfacle. Je me décidai à réparer
bienfot ce' tort, •& je me liai fort avec une
danfeufe de l’opéra. C ’étoit la plus jolie jambe
de Paris une bouillante provençale, vive , gaie,
& faifant des cabrioles ^depuis le matin julqu’au
foir. Elle étoit fi exigeante , je veux dire de îouis
d’or , qu’elleme rappeîla fouvent le mot du maréchal
de Villars a Louis X IV , il ne lui falloir que
trois chofes, de l’argent, de l’argent, de l’argent.
Ses caprices ne finiffoient jamais , & eotr’autres
je commençai à foupçonner qu’elle en'avoit un
pour mon valet-de-chambre ; mais elle me guérit
bientôt de cette jaloufie ; car un fbir en entrant
chez elle, je la trouvai dans les bras d’un jeune
officier françois. J’en demandai fur le champrai-
fon au galant militaire , & il me donna un coup
d’épée qui me mit dans les mains d’un aiitre chirurgien
pendant-trois mois. Je rentrai dans le
beau monde, avec ja ferme réfolution d’être fage
a 1 avenir. On m afluroit que je me formois étonnamment
j que je brillerois beaucoup à mon retour
dans mon pays ; qu’il n’y avoit point de rôles
fans épines. Ah! pourquoi n’avois-je pas un ami,
pour me dire que les rofes fé fiétriffent,& que
les./épines reftent ! Me trouvant toujours au foyer
de l ’opéra, je fuccombai encore à la tentation , &
je pris une troifîème maîtrefle. Pour mon. malheur,
elle chantoit comme un ange. Si l’autre avoir la
jambe fine, celle-ci avoit les bras parfaits , & je
penfôis mourir de plaifir quand elle les déployoit
; pour m’embrafifer en chantant :
O to i, le feul objet que mon coeur ait au. monde !
C ’etoit à la fois une Sirène & une Circé 5 ette
avoit un oeil mourant, Une belle peau, une douceur
enchanterefle, & un air d’honnetete qui au-
roit trompé Ulyfle. Sa mère avoit ete danfeufe ;
& mademoifelle étoit née dans les coultnes; ex depuis
fon enfance, elle '.avoit appris a danfer &: a
chanter, à recevoir les amis de fa maman, & a
affifter à leurs foupers. Elle avoir to ttpour elle,
naiffance , éducation ,- exemples, préceptes , expérience,
& j’ étois dans ma vingtième annee.
Comme elle avoir fait des études fumes, elle-
s’aopliquoit férieufement à me ruiner. Le comble
de " l’art eft de cacher l’ art même , & elle avoit
atteint ce dernier degré de perfection. Tôüte,s fes
finefles étoient imperceptibles , & ce n eft qu en y
réfléchjlfant dans ma trifte retraite depuis huit
mois, que je les ai démêlées. Elle voyoïtque
j’ étois défiant, & elle ne me loubit jamais. Avois-je
l’air de vouloir dire un bon mot, elle n y applau-
dilfoit que par un doux fourire , qui donnoit du
brillant à fon oeil , 8c la faifoit paroitre à la fois
belle 8c fîncère. Toüs mes goûts étoient conful-
tés 8c prévenus. C ’étoit toujours de la gaiete,
de l’agrément, de la variété 5 les fpeéfaclcs, des
foupers de filles & de beaux efprits , des .concerts
, du jeu. La mère ne celfoit de faire un eloge
journalier du mérite de fa fille, ni d afiaifonner fon
panégyrique des épigrammes les plus i^nglantes
contre fes foeurs de l’opéra. Ma Sophie, difoit-
elle , ne reffemble pas à ces malheureufes que
vous voyez , qui font toutes des trompeufes, des
intéreflees , des perfides, elle eft douce & fage , &
Dieu merci, élevée dans les bons principes. - -
Je fuis perfuadée qu’elle étoit fa'ge, car elle avoit
bien l’efprit du métier, & nepenfoit uniquement
qu’ à faire fortune. J’ avois déjà fait des dettes, je
n’ofai plus demander de l’argent à mon pere , qui
fe plaignoit de ma dépertfe , 8c me menaçoit de
ne plus m’en envoyer.. Je dis cela un jour à mon
amie. - Qu’ eft-ce que çe'la fait, me répondit-
elle? j’en ai affez pour vous 8c pour moi; —- &
en difant cês mots, elle courut à fon fecretaire,
& elle en tira une bourfe de cent louis , qu’ elle
me mit entre les mains en me donnant un baifer.
Elle me—chanta enfui te ces deux vers :
Travaillons, travaillons gaiement,
Et l’amour tiendradieu d’argent.
' Elle mit dans fon chant tant d’expreffion,
qu’elle me fit éprouver un fentiment délicieux ,
& que ces deux vers me parurent renfermer un
fens très-raifonnable.vEn conféquence, je ne pen-
fai plus ni à mon père, ni à mes créanciers. La
provençale me ruinoit fans penfer a autre chofe
qu’à fes plaifirs. Je crois l’avoir déjà d it , elle
étoit fans caprice , 8c n’avoit qu une paffion décidée,
c’étoit l’avarice. Je lui donnois volontiers^,
parce^qu’elle ne demandoit jamais rien , ^ mais
laiffoit tout paroître l’effet de ma libéralité. Sa
mère 3 ü'eft Vrfti ^ iQUViï beaucoup la générofité ;
elle avoit même réduit les quatre vertus cardinales
à celle-là feule ; 8c au commencement ^ de
l’année, elle me prouva que je devois donner à fa-
fille une rivière de diamans pour fes étrennes'.
Sa propofition me parut forte ; il étoit queftion
de trente mille francs. Milord * * , me difqit-elle,
en avoit donné une à fa maîtrefle, qui lui faifoit
trois ou quatre infidélités par jour. Certain Ba^-
ron allemand ./ que je connoiflois , ajouta-t-elle,
en avoit auffi commandé une pour ..la fienhe ,
quoique ce fût une Créature fans fentimens ; mais
qui méritoit cependant d’être payée par fon entreteneur
, attendu qu’il l’excéuoit d’ennui ; elle
finit par me faire, fentir qu’il y alloit de la gloire
de la Ruffie. Je ne pus me défendre' contre ce
dernier argument. Je donnai le collier , ou plutôt
ce fut le marchand qui lui en fit préfent, puifque
j’oubliai de le payer. Je contmuois à travailler
gaiement, félon la' maxime de ma tendrè amante ,
quand mon père , ne pouvant plus foutenir mes
extravagances, cefia de m’envoyer de l’argent ;
& quand il fut avéré que je n’avois plus de ref-
fourcès , alorsle mafque tomba , la fille refta , 8c
la Circé devint une Mégère. Après une fcène
violente , elïeme ferma la porte au nez. Four fe
débarrafler de moi, elle confeilla au joaillier qui
m’avoit fourni le collier de diamans de me faire
mettre en prifon ; 8c je viens de fortir du Fort-
lEvêque, où j’ ai refté huit -mois.' Maintenant,
! dépouillé de tout, comme fi jetois tombé entre
les mains des voleurs, ruiné, abîmé , je retourne
dans ma patrie, où je ferai pénitence de mes folles
prodigalités ».
. Un jeune homme en bas blancs attendoit la fin
d’un orage, fous le grand guichet du Louvre ; un
homme affez mal mis, mais fuivi d’une longue
épée, arrive en courant. En paflant auprès de
l’élégant, il l’éclaboufle, 8c le couvre de boue.
Celui-ci témoigne dé l’humeur, l’autre d’en rire.
Le jeune homme aux bas blancs court fur l’ autre
la canne levée; le coupable s’ arrête, comptant
quelques pièces de monnoie : « Mon petit afni,
» dit-il à fon adverfaire , en lui retenant le bras ,
prenez votre mal en patience & cet argent. J’ai
SJ bien cinq fols pour payer le blanchiflage de vos
55 bas ; mais je n’ai pas cent louis pour m’enfuir
>5 quand je vous aurai tué 55. Et auffi-tôt il part
comme un trait. -
Le chevalier de . . . fortoit d’une orgie très-
bruyante , àinfi que trois de fes amis ; ils fe trou-
voient tous enfemble à pied , au milieu de la rue ,
dans une huit d’hiver fort obfcure, 8c par un temps
- affreux. Qu’ allons-nous devenir, cria le che- 1'; 55 valier^de . . . à fes compagnons , tous auffi
33 mouillés qu’il i’étoit lui-meme , il .n eft que
: ,,'déux heures fonnées : nous^coucherons-nous à
33 l’heure qu’ il eft, comme de petits bourgeois ?
I 33 Ecoutez, il me vient une. excellente idée : il
I 33 pleut à verfe, nous fommes crottés en chiens