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glace, ùru homme dont la mine ne lui dlfoit rien
de bon. Gette défia’nce le rendit attentif. Effectivement
, vpeu de temps après , il fentit couper
le cordon de Ton chapeau? il feignit de ré s’être,
appeau de rien ; & prétextant qutloues befoins,
il .fe tourne vers le filou , 8c le prie de vouloir,
bien tenir Ton jeu? ce que celui, ci ne put refuferV
Le comte' defcend à la cuifine & fe fait donner
le tranche-lard le mieux affilé qu’on put trouver?:,
il le cacha fous frin habit; 8c rentra dans la fa!le.
Le filou, impatient de s’tfquiver, fe lève pour
rendre le jeu qu’il teno’t ? mais le prince lui fait
figne de continuer. En même-temps, il s’approche
fe plus doucement qu’il peut de ce filou, fe faifit
d’une ‘ de fts oreilles , qu’il coupe? & la tenant à
fit main : « Monfieur, lui dit-il, quand vous me
» rendrez-mon cordon y je vous ! rendrai votre
» oreille ».
On rapporte que François I étant dans fa chapelle
avec plufieurs feigneurs, pour, entendre la
méfié, un filou, fort bien habillé, fe mit derrière
le cardinal de Lorraine, & lui efcamota fa boiirfe ;
mais n’ayant pu le faire- fans que le roi s’en ap-
perçût, il fit figne du doigt de ne rien dire. Le
roi le laifllftranquille, & demanda après au cardinal
ce qù’il avoit fait dé fa bourfé. Celui-ci ne
la trouvant point, parut fort inquiet, 8c donna
une fcène au r c i, qui, après avoir bien ri, voulut,
qu'on rendît ce qui avôitété pris. Mais l’auteur
du Vol neparut pas ; & leroi s’apperçut, un peu
tard, qu’il avôit été joué,
FRUGALITÉ. C ’eft par la frugalité & par
l ’éloignement du luxe que la république de Hollande
s’ eft accrue 8c s’ eft rendue puiffante. Le
chevalier Temple dit dans Tes, remarques fur la
Hollande, que de Ton temps un bourgmcftre
d’Amfterdam invita, à un feitin trente-fix magif-
trats de la ville avec leurs femmes & leurs en-
fans. Le premier fervice n’étoit que de beure, dé
ilockfifch & de harengs. Quand on le leva, les
convives trouvèrent, fous la première nape-, un
billet qui marquoic que ç’étoit en ufant de ces
mets que leurs pères s’étoîent enrichis. Le fécond
fervice étoit de viandes grolfières ?,& lorfqu’il fut
le vé, on trouva un autre billet qui marquoif que
c’étoit par cette forte de nourriture que leurs ancêtres
avoient fu conferver ce qu’ils avoient acquis.
Enfin, le troième fervice fut très-délicat,
ce n’ étoient que volailles, gibier & ragoûts recherchés
: mais voici un billet bien different ? on
y lifoit que cette nouvelle nourriture , introduite
depuis peu dans la république , ruirieroit infailii-.
blement la fanté & la fortune des particuliers.
C e fut la frugalité qui dicta la ïéponfe que fit
au miniftre Walpoïe un feigneur anglois, diftingué
par fon mérite. Ceminiftte vouloit le détacher du
parti du parlement. Il va fe trouver.. I l lui dit qu il
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vient de la paît du roi. pour l’afiiirer de Ù pro-
teélion, & lui marquer le dép'aifir que fa nvajellé
avoit de n'avoïr encore rien fait pour lui. li lui
offre én même - temps un emploi confiiérabfe.
« Milord, lui répliqua le feigneur anglois, avant
l» de répondre à vos offres,, permettez - moi de
' » faire apporter mon fouper devant vous ». On
Tui fert au même^inftant un hachis fait du relie
d’un gfaot dont il avoit dîné. Se tournant alors
vers M. Walpole Milord, ajoutai!, penfez vous
» qu’un homme quife contente d’un pareil ripas,
» foit un homme que la cour puifie aifément ga-
» gner ? Dites au roi ce que vous avez vu ? c’eft
!» la feule réponfe que j’aie à lui-faire ».
j Lorfqu’un trompette annonça au gouverneur
de Gibraltar l'arrivée au camp dû comte d’Artois
& du duc de Bourbon, M. Elliot répondit : « Je
■ yois avec plaifir’ deux princes de la mai fon de
Bourbon aux pieds de mes murs ? & je rachetai
de ne nie pas rendre indigne de l’honneur que jç
; reçois en les voyant venir-.faire leurs premières
armés contre moi ». Le gouverneur remercia aufii
M. le duc de Crillon , qui avoit. envoyé toutes
f fortes de ruÉraîchiflémens g mais il le fit fuppÜer
de fufpêndre .dorénavant de pareils envois. « Je
né manque pas, d it - il, de légumes ni d’autres
^ provifîons fraîches; d’aileurs, je. fuis décidé de
partager avec mes braves foldats leur abondance,
& à foùffrir leur difettë »..
FUNÉRAILLES. Les tartares faifoient autrefois
des cérémonies fingulières à l’égard de leurs
rois. Quand ils étoient morts, on les ouvroit aufii-
tot pour en tirer les entrailles qui auroierjj pu
corrompre le corps; & après l’avoir bien lavé, on
Tenciroit par dedans &,par dehors, enfuite on lo-
remplifloit de thim & de quelques graines broyées ,
& on le recoufoi.t le plus proprement qu’il étoit
poflîbie. On mettoit ce corps tout nud fur un char
io t, qui le portpit non-feulement dans, toutes fes
provinces, mais chez toutes les nations qn’il avoit
fubjuguées. Quand il arrivoit à une frontière, ceux
qui Tavoient conduit fe retiroient, & les autres l e ,
receVoient, fe le donnant ainfi les uns aux autres,
jufqu’à ce qu’il eût fait le tour du royaume. Il étoit
permis i à chaque province de lui faire quelques
outrages; pour fe venger des in jures qu’ils croyoient
en avoir reçu. De forte que quelques-uns lui cou-
poient les oreilles, .les autres les cheveux, les autres
le nez', les autres lui donnoier.t des coups
fur le front, les autres lui faifoient de grandes
balafres fur les bras, & les autres lui perçoient
les mains à coup de flèches, chacun attaquant la
partie dont il avoit reçu quelque dommage. Par
exemple, ceux qui n’avoient jamais pu avoir audience,
maltraitoient les oreilles qui leur avoient
été fermées. Ceux qui étoient indignés contre fes
débauches, s’en prenoient aux cheveux y qui
étoient fa principale beauté , & lui faifoient taille
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buées, après l’avoir rafé pour le Tendre laid &
ridicule. Ceux qui fe plaignoient de fa trop grande
délicatefle, lui déchiroient' le nez, croyant qu’il
ft’étoit devenu efféminé que parce qu’il avoic trop
aimé les parfums. Ceux qui fe plaignoient de fon
gouvernement, lui brifoient le front, d’où étoient
forties toutes fes ordonnances tyranniques. Ceux
qui en avoient reçu quelque violence, regardant
fes bras comme les inflrumens de fa force & de
leur malheur, les mettoient en pièces, par divers
•oups qu’ils leur portoient. Ceux qui l’eftimoient
avare , ou pour les impôts qu’ il avoit exigé, Ou
pour n’avoir jamais vu des marques de fa libéralité
, lui ouvroient les mains, qu’il avoit tro p 1
reflerrées. Enfin, après que tous fes peuples s’é-
toient ainfi fatisfaits, chacun le puniflant à fa manière,
& félon les torts qu’il croyoit en avoir reçu?
©n le ramenoit au lieu où il étoit mort; & là, lui
ayant drefle un grand bûcher, on brûloit avec lui
la plus belle de fes maîtrefles, fon éçhanfon, ton
écuyer, & un palfrenier avec quelques chevaux.
Outre cela on étrangloit cinquante de fes autres
ferviteurs pendant que fon corps brûloit, & on les
enterroit auprès du tombeau où fes cendres étoient
renfermées. Quand perfonne ne fe plaignoit du
fouverain qui venoit de mourir, on ne prenoit
pas le foin de l’embaumer, parce qu’il n’étoic pas
«éceflaire de conferver fon corps pour lui faire
faire le tour du royaume. On drefîbit fon fépulcre
au milieu d’une vafte campagne ? on l’élevoit fur
de gros_ pieux fort hauts, entrelacés les uns dans
les autres, faifant comme une efpèce de grand
échafaud. Ce fépulcre étoit une bierre fort ample,
parce qu’outre le corps du roi, il falloit-qu’ il y
eût de la place pour les officiers dont il a été parlé j
Sc qu’on jettoit dedans à mefure qu’on les étràn-
gloit. On y mettoit encore plufieurs ornemens ,
& quantité de vafes d’or . couvrant le tout d’un
grand tapis, & mettant fur le tapis beaucoup de
terre de la hauteur de trois.pieds. Au bout de l’an,
©n s’aflembloit autour du fépulcre ; on • étrangloit
cinquante pages du feu roi & autant de chevaux ,
dont on vuidoit les"corps , qu’on remplifloit en-
fuite de paille ? on mettoit les corps des chevaux
fur des efpèces de cerceaux, comme s’ils euffent
galo pés, & on fichoit deffus le corps des pages;
Les fiamois rendent un culte religieux à pîu-
jfieurs fortes d’idoles , & principalement aux quatre
élémens, & ils recommandent ordinairement qü*on
les configne, après leur mortA à celui des élemens
pour lequel ilS ont eu le plùs; de dévotion. Ceux
qui ont particulièrement adoré là terre fe font
enterrer ; ceux qui ont fervi le feu, ordonnent
<|u'üs-foient brûlés. On jette dans l’eau ceux qui
en ont reconnu la divinité ? & ceux qui ont adoré
,l’air, font pendus pour être mangés par les oiféaux.
Chez les mçmes peuples on brillé les femmes avec,
feséSÿorps morts de iéùrs fnàris ; & lorfque le roi
€$ àaort, non* fçukmqnt youtes fçs .fengnes-, mais
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aufii plufieurs feigneurs fe jettent volontairement
fur le bûcher où il eft brûlé.
A Psnuco, dans l’Amérique, les médecins étoient
autrefois regardés comme de petites divinités, à
caufe qu’ ils procurent la fanté? qui eft le bien lé
plus pré<àeux de la vie. Pour les honorer davantage
quand ils mouroient, orrne les enterroit pas
comme les autres, mais on les brûloit avec une
réjouiflance publique , les hommes 8c les femmes
pèle mêlé, chantant 'Sc danfant autour du bûcher.
Quand les os étoient réduits en cendre, chacun
tâchoit d’emporter de cette poudre dans fa mai-
fon , & on la bûvoit enfuite avec du vin , comme
un préfetvatif contre toute forte de maux. Selon
les lofa du pays cette poudre apparteuoit à la
femme du défunt & .à fes plus proches parens,
afin qu’en buvant fes cendres ils pufîent conferver
dans leur famille fâ fcience & fon mérite ; mais
ordinairement ils avoient bien de la peine à fe
défendre de la foule, fur-tout quand le médecia
avoit été en grande réputation.
Les peuples de l’Abaflîe dans la Géorgie, n’en--
tèrrent ni ne brûlent leurs morts? ils les mettent
dans des troncs d’ arbres creux, qu’ils attachent
avec des farmens de vigne aux plus hautes
branches de quelque grand arbre ? ils y fufpen-
dent aufii les armes & les habits du défunt? 8c
afin qu’il puifle avoir fon cheval en l’autre monde,
ils le font courir à toutehride autour de l’arbre,
jufqu’à ce quë l’extrême fatigue l’ait fait crever.
Les Gaures , peuples de TA fie , ' lient leurs
morts debout à des piliers hauts de fept !à huit
pieds, le vifage tourné à l’orient , & font leurs
prières devant jufqu’ à ce que les corbeaux viennent.
Si un de ces corbeaux fe^jette fur l’oeil droit,
t du défunt , ils le crôyent bienheureux ? mais fi
: c’eft fur l ’oeil gauche, ils prennent cela pour un
mauvais- préfage.- i
Hérodote, Strabon 8c Mélo nous apprennent
que' plufieiirs peuples de TAfie enflent cru fe
rendre Coupables d’une grande impiété, s’ils
euflent laifle pourir les corps dans un fépulcre
& manger aux vers? c’eft pourquoi auflî^tôtque
quelqu’un étoit expiré^ parmi eux, ils les mettoient
en pièces, & l’ayant mêléaveç les viandes
otdinàifès de mouton §c de boefif, ils le mange
oient en grande dévotion ; c’étbit même un
fujët de réjouiflance dans la parenté. Ils s’invi-
toiént à ces fortes de feftins en grande cérémo**
nie, & s’entreprioientde venir manger le corps
d'«n t e l , comme on prie chez nous de fe trou->
4 ver àTeriterrèment de quelque parwt ou ami qui
vient de mourir.
Après la mort d’Attila, arrivée en 4^5, fon
çnmuîé dé magnifiques tentes de foyes4 fut
M n ,» *