
acquis tant de counoiflanee : =• En demandant
» fans peine, répondit-il 3 ce que je ne favois
» pas. ».
Interrogeant un jour un phiiofophe, dit le
poète Sadi, je le preffois de me dire de qui il
avoit tant appris. « Des aveugles, me repondit-
„ J] ; qUi ne lèvent point le pied fans, avoir au-
» paravant fondé avec leur bâton le terrein fur
» lequel il vont l'appuyer.. »
DOUVRES. Le château de Douvres eft fi-
tué fur un rocher de craye fort élevé & étendu
vers la mer j on l'appeloit autrefois la clef de
l'Angleterre. Avant l’ufage du canon on le re-
gardoit comme imprenable : mais prefent il
ne foutiendroit pas huit heures de fiège.
On prétend que Jules Oefat a bâti ce château
, & qu'il eft le Duhia des Romains. On y
fait voir une grolfe trompette de cuivre de C o rinthe,
qu'on affure avoir été confervée depuis
ce temps. Un puits dont on ignore l'étonnante
profondeur, femble confirmer 1 opinion où 1 on
eft qu'il y a eu jadis en cet endroit une colonie
Romaine.
Le fameux canon dont les états d’Utrecht firent
préfent à la reine Elifabeth, eft dépofé
dans 1 arfénal de Douvres : c'eft ce qu’on appelle
fon piftolet de poche ; mais comme ce canon eu
trop long 8c partout de la même groffeur, il
n'eft d’aucun ufage. C ’eft la plus longue pièce
de canon de fonte qui foit dans l'univers.
D R A C O N , légiflatenr Athénien , mort vers
<6o ans avant J. C . On demanda un jour à
Dracon pourquoi il avoit ordonné une peine capitale
pour toutes les fautes : - C 'e ft, répondit-il,
parce que les plus petites m'ont paru dignes de
mort, & que je n'ai pu trouver d'autre punition
pour les plus grandes. »
DRUSUS. La maifon de Drufas, fameux
Romain , qui fut tribun du peuple, 8g qui mérita
le titre de proteâeur du fénat, étoit ouverte
de pîufieurs, côte's , de manière que les
voifins- pouvoient voir ce qui s y faifoit. Un ar-
chiteâe s’offrit de réparer ce défaut pour cinq
mille écus. “ Je vous en donnerai dix mille,
» répondit Drufas , fi vous pouvez faire en forte
„ que ma maifon foit ouverte de toutes parts ,
» & que non-feulement les voifins, mais encore
» tous les citoyens puiffent voir tout ce qui s’y
» paffe. M
D R Y D E N , ( Jtah ) poète1'anglais, né en
ï 6j i s mort en i7m -
Dryicn étoit perfuadé que le véritable amout
le plus chaftede,tous les üetfs, & quil
n’ infpire que des fentimens vertueux dans ufl
coeur élevé & magnanime. Un feigneur angloiS
reprochoit à ce poète que dans une de Tes tragédies
s Cléomènes s’amufoit à caufer tete à k k
avec fon amante > au lieu de former quelquen-
treprife digne de fon amour. « Quand je fuis
»» auprès d’une belle, lui difoit le^ jeune lord,
» je fais mieux mettre le temps à profit. » Je
le crois , répliqua Dryden , mais aufli m avouerez
vous bien que vous nètes pas un héros.
Le duc d’Albemarle paffant un fdir dans une
rue de Londres, apperçut le poète Dryden qui
fe retiroit fecrettement d’un endroit îufpeét ï
D ’ou venez-vous , monjteur le poète ? lui cria t*il.
Dryden, continuant fon chemin, lui répondit :
Supprimons Us qualités , mylord ,• la nuit je voyage
; incognito.
D U B E L L A Y , Ç Joachim ) fté en 15 14 .
mort en 1560.
C e poète fut furnommé dans fon temps 1 * Ci-
vide François. Il aimoit une jeune fille d’Angers
nommée Viole, & qu’ il célébra^ fous le nom
d'Olive. Il fit pour elle cent-quinzc fonnets.
DU BOIS , ( Guillaume ) né à Brive-la-GaiP
larde, le 6 feptembre 1 6 mort z Verfailles,
le 19 août 1723, fils d’un apothicaire. Il fc
maria dans fa province * quitta fa femme, &
vint chercher fortune à Paris. Il entra d abord
au fervice du curé de Saint* Euftache, il devint
enfuite fecrétaire des études du duc de Chartres:,
il prit alors le petit collet, & fe fit des amis
& des protecteurs dans la maifon de Monneur,
frère du roi : il fut enfin déclaré précepteur du
jeune prince.
L ’abbé Dubois, dit le duc de Saint-Simon,
étoit un petit homme maigre, effilé, chafouin ,
à perruque blonde, à mine de fouine, à phyuo-
nomie d’efprit, qui éto't ~cn plein ce que M*
le régent appela lui- meme un roue• Tous des
vices lembloient combattre en lui à qui en de-
meureroit le maître i ils y faifoienc un bruit oc
un combat continuel entre eux.
Le menfonge le plus hardi, ajoute le duc do
Saint-Simon, lui étoit tourné en nature avec
un .air fimple , droit, fincère, feuvent honteux.
Il auroic parlé avec grâce & facilite, n dans je
deffein de pénétrer les autres en parlant, & la
crainte de s'avancer plus qu’il ne vouloir, il
ne fe fût accoutumé à un Wgoyemer.t factice
gui Je déparoit, & qui redoubloit quand il tut
arrivé à des chofes importantes, en farte qu u
devint infupportable, & quelquefois inintelligible.
;
Le chevalier de Lorraine fe fervit de Dubois obt peonuirr
obtenir le'contentement fi déliré du roi pour le
mariage de mademoifelle de Blois » fa fille naturelle,
avec le duc de Chartres.
Dubois ofa demander l'archevêché de Cambrai
au duc d’Orléans régent, fon élève, qui ne
put' réfifter à fes follicitations.
Au refus de l’Archevêque de Paris, Dubois
va dans le dioçèfe de Rouen, & dans la même
matinée, .M. de Breffon, évêque de Nantes,
lui conféré le.fous-diaconat, le diaconat, & la
prêrrife. De là il revient en polie au confeil-
- de régence.
Peu de jours après il eft facre avec la plus
grande pompe, au Val-de-graee par le cardinal
de Rohan.
Il né tarda point à obtenir la pourpre Romaine.
Dubpis 'avoit une telle fougue, dit le
du.c de Saint - Simon , qu’elle lui faifoit faire
quelquefois le tour, entier & redoublé d’une
chambre, courant fur lés tables & les fauteuils
fans toucher les pieds à terre.
Madame de Conflans, nommée gouvernante
des filles de M. le duc d’Orléans régent, fut
excitée d’aller faire une vifite au cardinal Dubois,
principal miniftre. Le cardinal la voyant, s’avança,
& lui demanda vivement ce qu’elle voiiloit ; « Mon-
» féigneur, lui dit-elle. — Oh 1 monfeigneur ,
m interrompit le cardinal, cela ne fe peut pas.
» Monfeigneur , vou'uc encore dire madame de
- Confl ans pour exp iquer qu’elle ne demandoit I
» rien. » Le cardinal lui faifit les deux pointes des
épaules, la revire , la pouffe du poing par le
dos : «Et allez, dit-il^ & me laiffez en repos»».
Elle peflfa tomber platte , & • s’enfuit en furie ,
plçuranc^à chaudes larmes, & arrive en cet état
chez madame la dueheffe d’Orléans , ‘à qui, à '
travers fes fanglots , elle conte fon aventure.
Le duc de Saint S:mon conte cette autre anecdote
du cardinal Dubois : « Il mangeoit tous les
foirs un poulet pour fon fouper, & feul. Je ne
fais par quelle méprife ce poulet fut oubl é un
foir. Comme il fut prêt de fe coucher, il s’avifa
de fon poulet, fonna^ tempêta après les gens,
qui accoururent, Se qui réeôùrèrent froidement.
II fut bien étonné qu’ils lui répondirent tranquillement
qu il avoit mangé fon poulet} mais que
s il lui plaifoit, ils en ajloient faire mettre un
autre a la broche.-—— Comment, dit-il, j’ai
mangé mon poulet » ? L ’affertion hardie & froide
de fes gens le perfuada, 8e ils femocquèrent deN
lui.
Ç e cardinal miniftre avoit pris pour fecrétaire
particulier un nommé Venier, qu’il avoit défroque
de^ l’abbaye Saint-Germain-des-Prés, où
il etpît frere convers} 8e cet homme régloit fes
Encyclopédi&na.
affaires ayec beaucoup d’efprit 8e d’intelligence:
Un matin que Venier étoit avec le cardinal»
cet étrange miniftre demanda quelque choie qu*
ne fe .trouva pas fous fa main, le voilà à jurer, à
61 afphémer, à crier à pleine tête contre fes commis,
à dire que s’il n’en avoit pas affez, il en
prendroit vingt, trente, cinquante, cent, & à
faire un vacarme épouvantable. Venier lui ré-j
pondit,tranquillement : « Monfeigneur, prenez un
»» feul commis de plus, & donnez lui pour em-
» ploi unique de jurer & de tempêter pour vous,
î » & tout ira bien , vous aurez beaucoup de tems
! »» de refte, & vous vous trouverez bien fervi ».
Le cardinal fe m t à rire, & s’appailà.
Dubois 3 prêtre, archevêque, cardinal, étoit
marié, & avoit encore fa fename vivante} il la
paya bien pour fe taire 5 mais crainte d’une in~
d.fcrétion', il parvint, par le fecours & les foins
deBreteuil, intendant de Limoges, dé faire arracher
le feuillet du regiftre des mariages, où il
étoit inferit, & d’enlever la minute de fon contrat.
La femme n’ofa rien dire du vivant de fon
mari, & ne vint à Paris qu’après fa mort. Le
; frère du cardinal lui donna une partie de fa
fucceffion, qui étoit immenfe.
Le revenu connu de ce miniftre fe montoit à
1. million y jy mille livres. L’Angleterre lui faifoit
une penfîon de 980 m lie livres.
I! mourut fans fecours fpirituels, après üne
opération très-douloureufe à la veffie,
D U C A N G E , ( Charles ) né à Paris, mort
en 1688.
Ducange fit venir un jour quelques libraires,
dans fon cabinet, & leur montrant un vieux coffre
, qui étoit placé dans un coin, il leur dit,
qu’ils y pourroient trouver de quoi faire un livre ;
& que s’ ils voüloient l’imprimer, j l étoit prêt à.
traiter avec eux.. Ils acceptèrent l’offre avec joie }
mais s’étant mis à chercher le manuferit, ils ne
trouvèrent qu’un tas de petits morceaux de papier
qui nefoient pas plus grands que le doigt, 8c
qui paroiffoient avoir été déchirés, parce q,u/ils-
n’étoient plus d’aucun.ufage. Ducange rit de leur
embarras, & les afsûra de nouveau que fon ma-
nuferit étoit dans le coffre.'Enfin l’un d’eux ayant
confidéré plus attentivement quelques-uns de ces
petits lambeaux, y trouva des remarques qu’il reconnut
pour le travail de M. Ducange. U s’ap.per-
çut de même qu’il ne lui fèroit pas impoffible de
-les mettre en ordre, parce que conimençant toutes-
par le mot que le favant auteur entreprjencdt d’ expliquer
, il n’étoit queftion que de les. ranger fùivant
l’ordre alphabétique. Avec cette clé& & fur la cot>
noiffance qu’il avoit de l’cruditiqn de;M. Ducange
il ne balança point à faire marché pour le coffre *
& pour toutes les richeffes qui étoient dedans’