
DESM.AHÎS ( Jofeph François Edouard de
Çorfambleu ) né en 1721, mort en 1761. 11
étoit recommandable par les qualités du coeur
8c de refprit. Lorfque mon ami rit, difoit - il,
ccfi à lui de m apprendre le f uj et de fa joie } lorj-
qu'ilpleure c eft a moi cT découvrir la caufi de fon
chagrin.
11 ne ponvoit fouffrir les querelles, littéraires ,
il penfoit que fi l'union & l'harmonie régnoient
parmi les gens de lettres , ils feroient malgré leur
petit nombre , les maîtres du monde.
On lui lut un jour un écrit fatyriqiie, il dit à
Fauteur : abandonne£ pour jamais ce malheureux
genre, fi vous voulez conferver avec moi quelque
liaifon ; encore une fatyre & nous rompons enfem-
ble.
Son coeur doux 8c honnête s’épanchoit avec
fes amis : » Content, s’écrioit-il3 de vivre,,avec
les grands hommes de mon fiècle dans le
x> cercle de l’amitié, je n’ambitionne point d’être
» placé auprès d’eux dans le temple de mé-
» moire. «
Defmakis a vu applaudir fa jolie comédie de
Vimpertinent} 8c il a compofé des poéfies fort
agréables.
DESMARESTS de SAIN T-SO R L IN , (Jean)
né en 1 j5H, mort en 1676.
On a dit de Defmarets , qû’il étoit le plus fou
de tpus lès poètes, 8c le meilleur poète qui fût
entre les fous.
Defmarejls étoit fi enchanté de fon ennuyeux
poème de Clovis, qu’il en renvoyé la gloire à Dieu*
8c affure, dans fes délices de l'efprit 3 que le ciel
Fa fenfiblement affifté pour finir un fi bel ouvrage.
Les délices de Tefprit font une oeuvre miftique
dont on s’eft mocqué, en difant qu’il falloit mettre
dans Ferrât a , délices 3 lifez délires.
Defmarets avoit fait avec le cardinal de Richelieu
la tragi-comédie de .Mirame, pour laquelle fut
bâtie la falle de l’opéra, 8e dont la représentation
lui coûta un million. Elle eut cependant un fuccës
médiocre à la première repréfentation.
Le cardinal, qui y avoit alfifté , s’étant retiré
feul le foir à Ruel, envoya chercher Defmarejls.
Ce poète fe doutant que l’entrée feroit orageufe ,
pria Petit 3 fon ami, de l’accompagner. Ils concertèrent
ert chemin ce qu’ils diroient au cardinal.
Dès qu’il les vit entrer : Eh bien ! leur dit-il, les
François n’auront jamais du goût pour les belles
chofes 5 ils n’ont point été charmés de Mirame.
Monfeigneur, répondit Petit, ce n’eft pas la faute
de l’ouvrage, qui eft admirable, mais celle des
comédiens» Votre émipence ne s’eft-elle pas apperçue
que non-feulement ils ne fa voient pas leurs
rôles, mais qu’iis étoient tous ivres. Effectivement,
reprit le cardinal , je me rappelle qiFils ont
joué d’une manière pitoyable. .Après quelques autres
difeours, le miniftre reprit fa belle humeur,
& fit mettre les deux poètes à table avec lui. De
retour à Paris, ils ne manquèrent pas d ’aller prévenir
l i s comédiens , 8c de s'affûter, des fùffrages
de plufîeurs fpeétateurs, enforte. qu'à la fécondé
repréfentation de Mirame, on n’entendit que des
applaudîffemëns.
On difoit que D e fm a r e j l s , encore jeune, avoit
perdu fon ame en écrivant des romans, 8c que
vieux il avoit perdu l’efprit à écrire de la m if t ique
r ie .
DESMARETS , ( François-Seraphin-Regnier J
né à Paris en 1632, mort dans, la même ville en
I7 I 3 * .
L’abbé D e fm a r e t s , indépendamment de fes
traductions & autres écrits, a compofé plufîeurs
poéfies légères en françois, en latin, en efpagnol
8c en italien. Il réuffit même à faire palier une
de fes pièces italiennes pour être de Pétrarque.
Il avoit envoyé cette pièce, qui étoit une e-fpèce
d’ode ou de chanfon italienne, à l’abbéStrezzi ,
réfident pour le roi à Florence. Cet abbé la
préfenta à quelques académiciens de la Crufca de
fes amis. Il fuppofa que Léo Allatius, bibliothécaire
du Vatican, lui avoit écrit qu’en revoyant
le manuscrit de Pétrarque qu’on y coriferve, il
avoit apperçu deux feuillets collés , 8c que les
ayant féparés, il y avoit trouvé la chanfon qu’il
lui envoyoit. La chofe parut d’abord difficile à
croire ; mais le ftyle 8c le goût de Pétrarque, que
Fon s’imagina reconnaître dans cette pétite pièce,
ne firent plus douter qu’elle ne fût de ce poète
illuftre. Lorfque, quelque temps après, le prince
Léopold, proteCïeur de l’académie, apprit la
vérité du, fa it , il procura à l’abbé Regnier une
place dans cette même académie. M.Ûe Voltaire,
qui fait mention de cette anecdote, ajoute que
D e fm a r e t s n’eût pas fait paffer fes vers françois
fous le nom' d’un grand poète.
DESPOTISME. Quand les feuvages de la
Louifîane veulent avoir du fruit, i | coupent
l’arbre au pied 8c cueillent le fruit. C ’eft l’image
que Fauteur de l'efprit des loix donne du d e f -
p o t ifm c .
DE STOUCHE S, (Philippe NéricaultJné en
1680 , mort en 1754.
D e f t o u c h e s , dans fes drames, a fait fou rire
la raifon. « Vos pièces feTifent, lui difoit M. de
» Fontenelle en le recevant à l’académie Fran-
» çoife j vos pièces fe Iifent, 8c cette louange
» fi fimple n’eft pourtant pas fort commune. II
•* s’en faut bien que tout ce qu’on applaudit au
»> théâtre on le puiffe lire ».
D e f to u c h e s fut- chargé long-temps des affaires de
France en Angleterre > il y Conçut une violente
paflion pour une demoifelle angloife, née catholique
, 8c d’une naiffance diftinguée ; il l’époufa
dans la chapelle qu’il avoit à Londres en qualité
de miniftre de France ; ce fut fon premier chapelain
qui donna aux nouveaux mariés la bénédiction
nuptiale en préfence de la foeur de fa nouvelle
époufe 8c de quatre témoins, leurs amis 8c leurs
confidens. Ce mariage fut quelque temps tenu fe-
cret ; 8c il eft le fujet; véritable de la comédie
du p h ilo fo p h e m a r ié : D e fto u c h e s y a peint fa belle-
foeur fous le nom .de C é lia n te . Tous les autres
perfonnages y font également copiés d’ après nature,
a quelques circonftanees près, qu’il fut
obligé de changer 8c d’accommoder au théâtre.
Le g lo r ie u x eft femé de traits neufs 8c tou-
chans. Tous les caradtères font traités fupérieure-
ment, à l ’exception, peut-être, du rôle principal
qui manque de précifion, 8c eft un de ceux que
le célèbre Dufrefne a le mieux rendus: on "dit
même qu’il ne quittoît point ce rôle hors du
théâtre. .
Nous avons de D e f to u c h e s une comédie ' de
• F in g r a t ; 8c quel homme étoit plus en droit de
punir fur le théâtre ce vice odieux, que celui
qui envoya de Londres quarante mille livres à fon
père, chargé d’ une nombreufe famille!
II a aufiî peint X am b itie u x , 8c perfonne ne
vécut plus en philofophe. Lorfque le cardinal
Fleuri, inftruit des talens de cet homme de lettres
pour les négociations , voulut l’envoyer aro-
baffadeur en Ecofle, il préféra aux honneurs de |
cette ambaiTade le plaifîr de cultiver lës arbres'
de fa campagne, 8c à l’avantage d’étudier les
moeurs ruffes , cehû de corriger les ridicules de
fon fiècle. ,
Le t r ip le m a r ia g e eft une pièce en un a<fte du
même auteur ; on la joue aflèz fouvent. Le marquis
de Saint-Àulaire , poète chaînant, 8c i’ana-
créon de fon fiècle, avoit donné dans fa propre
famille: le Tiret de cette petite pièce, compo.'ée .
d’après ce qui étoit arrivé à lui-même 8c à fes j
enfans.
Nous avons àü(fi de D e f t o u c h e s , le m id i -
f i a n t , le d ijfip a teu r a Fhom m e f in g u lie r , la
f o r ç e d u n a tu r e l , les am o u r s d e R a g o n d e , intermède,
8c quelques autres pièces qui ont été recueillies
en 1758, en dix volumes in i z , .
Voltaire écrivit à,D e f to u c h e s fon ami :
•Auteur folide ».ingénieux*
Qui du théâtre êtes le maître ,
Vous qui fîtes le glorieux,
Il ne tiendroit qu'à vous de l’être.
DE T TE . Un homme de la -cour étant fort
malade 8c chargé de dettes, dit à.-fon confef-
feur, que la feule grâce qu’il avoit à demander,
étoit qu’il plût à Dieu de prolonger fa vie juf-
qu’à ce qu’il eût payé tout ce qu’ il devoir. Ce
motif eft fi bon, répond le confeffeur - qu’il y a
lieu d’efpérer que Dieu exaucera votre prière.
Si Dieu me fai foi t cette grâce , dit alors le ma-
! lade en fe tournant vers, un de fes anciens amis,
je ferois affuré de ne mourir jamais.
La duchelïë de Mazarin ayant apporté vingt
millions à fon mari, lui donnoit plus de bien
que toutes les reines de l’Europe enfemble n’en
ont apporté à leurs époux. Malgré de fi grandes
richeftes, il a fallu que, pendant plufîeurs années,
elle fubfiftât d’induftrie 8c de charité. A fa mort,
elle laifta tant de d e t t e s , que fes créanciers fe fai-
firent de fon cadavre, 8c le firent mettre fous la
main de. la juftice pour la fûreté de leur payement..
On ne permit aux parens d’en difpofer que fous
caution.
DEUIL. La coutume s’eft introduite de marquer,
par nos habits, la douleur que doit nous
caufer la perte de nos proches. On prit d’abord
des vêtemens lugubres 8c conformes àlafituation
eu l’on fe troutoit alors, & à cette marque on
reconnoilfoit les perfonnes affligées, 8c la raifon
pour laquelle elles ne prenoient point de part
aux divertiflemens. Cet ufage s’eft perdu, 8c les
grands habits de d e u i l fervent maintenant de parure
aux veuves 8c aux héritiers. L ’équipage
d’une femme qui vient de perdre fon mari, .eft
quelquefois de la plus fomptueufe élégance ; la
pompe funèbre d’un père qui lai fie de grands biens
à Ton fils , refpire la joie.
Les princes font tous frères, 8c les cours ne fe
difpenfentf)oint déporter le d e u i l d t ceux qui meu--
rent : mais quel degré de parenté ou d amitié peut-il y
avoir entre un potentat 8c un ex-officier de cuifine,
pour que ce dernier porte le d e u i l de l’autre ? C'eft
l’envie de ; .paroître ce qu’on n‘elt pas, qui a
donné na:fîânce cette fo.ttife. Une boürgeoife
ridiculement bigârree la veille , prend le lendemain
, avec la cour , un d e u i l extravagant, qui
épuilë fa bourfe 8c excite la plaifanterie des duché
(fes: Un anglois qui n’a pas quatre-vingt liv;
fterling de revenu, 8c qui eft fort entêté de la
mode , s’avifa. il y a deux ans, de prendre un
d e u il. L ’année fut remarquable par des morts il-
luftres. L’habit neuf fervit pour le premier d e u i l ;
il le fit retourner au fécond j on le décraffa au
troifième; on ajouta quelques pièces pour palier
le quatrième. Mais ne pouvant s’en fervir au c-L- •
quième, il garda la chambre jufqu'à. ce qu’on eût