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en fe tournant du côté du peuple, lui adrefle ce s
paroles :
Chantons', célébrons, notre reine.
L ’ affemblée s’empreftant d’adopter une application
fi beureufe ,1a fit répéter deux fois , ce qui ne
s’ étoit peut-être jamais vu à l’opéra, & témoi-
- gna, par de très-longs applaudiffemens, fa joie
& fon amour à l’ augufte & charmante princeffe,
qui voulut bien fe prêter à cet hommage , & le
juftifier par la fenfibilité dont elle donna des marques.
o Madame la dauphine, duchefle de Bourgogne ,
s amufoit beaucoup de la pêche. Un payfan qui
la regardoit, dit allez haut : Madame pêchera tant
qu elle voudra, elle ne prendra jamais auffi bien
qu’elle a pris , faifant âliufion au dauphin.
Lorfque le duc Jean d’Anjou ; s’approcha de
Naples } a la tête d’une grande armée, pour
' s’emparer de cette ville , il fit me'ttrè fur fes drapeau*
le palfage de l’évangile de S. Jean , fuit
mijfus çui nomen erat Joannes. Alphonfe d’Aragon,
qui defendoit la ville , lui répondit par cet autre
paffage de récriture, pris du même endroit , &
qu’ il plaça également fur fes drapeaux : ipfe renie
& non reciperunt eum.
On a appliqué au corps des médecins ce palfage
d e l’ écriture fainte : non mortui laudàbunt te. Les
morts ne chanteront pas vos louanges.
La veille d une bataille, un Officier vint demander
au maréchal de Toiras la permiffion d’aller
voir fon pere qui étoit à l’ extrémité ; | | § § , lui
dit ce général , pere& mère honoreras , afin que vives
longuement.
M. deBeaufort le lauva du donjon de Vincennes,
où il étoit prifonnier, quelque temps avant que les
Princes y fulfent conduits, M. le prince de Conti
dit à un Gentilhomme qui venoit le voir , je vous
prie, moniteur , de me procurer tImitation de J. C. ,
& à moi, dit le prince deCondé , l'imitation de
Beaufort.
MademoifeHe de Scudéri ayant vu à Vincennes
des pots d'oeillets que le prince de Condé avoit
pris plailir de cultiver durant fa captivité , elle fit
fur-le-champ ce quatrain où Y aliujion eft fi in-
génieufe : ;
En voyant ces oeillets qu’un illuftre guerrier
Arrofa.de la main qui gagna des batailles,
Sôuviens-toi qu’Apollon bâtiffoit d’es murailles ,
Et ne t’étonne pas que Mars foit jardinier.
Voiture qui étoit fils' d’un marchand de v in ,
jouant un jour aux proverbes avec des dames ,
mademoifelle des Loges lui dit en fiant : celui-là
ne vautrien ,psrce^-nous-enid’un autre. Elle faifoit
aliujion à la profefiion de fon père.
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L ’Abbé de Vertot fut d’abord capucin $ il paffa :
enfuite dans d’autres ordres , & changea, fouvent i
de bénéfices , on appelloit cela les révolutions de !
V Abbé de Vertot.
Il y avoit un père Hercule, jéfuite , qui faifoit
les fermons d’un certain évêque j & quand on !
alloit à fes fermons , on difoit : allons entendre la
travaux d'Hercule.
Le cardinal de R e tz , archevêque de Paris,
allant au parlement avec un poignard dans fa poche
, dont on appercevoit la poignée} le peuple
difoit : voila le bréviaire de notre archevêque.
Un pape ayant employé les tréfors de l’églifeà
faire bâtir des palais, tandis que les pauvres man-
. quoient de fecours , on écrivit fur les portes de
ces beaux édifices : Die ut lapides ifti panels fiant.
Un traitant des gabelles avoit fait bâtir un hôtel,
où il y avoit une niche à remplir par une ftatue.
Comme il étoit embarralfé du choix , quelqu’un
lui dit , fa ite s-y mettre la fiàtue de la femm^de
Loth changée en fiel.
. Le pape InnocentXI, fils d’un banquier , fut
élevé fur le faint liège le jour de S. Mathieu. Paf-
quin oit auffi-tôt, invenerunthominem fedentemin
' telonio.
On difoit du fameux père Bourdaloue qui étoit
plus rigide à fes auditeurs qu’ à fes pénitens, Il
*> forfait dans la chaire j mais dans le confeffional
» il donne à bon marché.
Louis X IV ayant demandé à madame de Main-
tenon quel étoit l’opéra le plus à fon goût j elle fe
décida pour Atys. : fur quoi le roi lui répondit galamment
par un vers de cet opéra. Madame,
A ty s eft trop heuerux. . . .
Le préiïderit Jeannin qui s’étoit toujours op-
pofé au maffacre de la faint-Barthelemi, fit mettre
au bas de fon portrait :
Non ego,.cum danois, trojanam excindere gentem,
Aulide, juravi.
Un catholique, pour juftifier fon mariage avec
uné jolie proteftante, citoit ces deux vers de la
tragédie des Horaces de Corneille :
Rome, fi tu te plains que c’èft là te trahir,
Fais-toi des ennemis que je puifie haïr.
Une dame juive y qui vouloit cacher fon extraction,
s’emporta dans une difpute jufqu’à frapper
un cavalier. Celui-ci fe contenta de lui rappeller
fon origine par ces paroles que J. C . adreïfa au
Juif qui lui donna un foufflet : f i j 'a i bien d i t, pour-
quobme frappez-vous 7
On Fait que le maréchal de Berwick remporta
une victoire à Almanza en Efpagrie. Un jour
qu’un foldat répondit en efpagnol à ce général;
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Cimurait, lui dit-Berwick, où as-tu appris l’ efpa-
gnol ? — A Aimanid; mon général.
A LPHONSE , foi d'Arragon, eu tle fumom
de magnanime', mort a Naples en l )4&.
Alphonfe àfliégeoit Gayette , ville d'Italie , au
royaume de Naples. Comme cette placecommen-
çoit à manquer de vivres , on força les femmes,
le ! emans, les vieillards & toutes les bouches mu-
tileV'dVri fo.rtir. Alphonfe les reçut auOS-tot dansj;
fon camp » & comme fes officiers cherchoient a*
lui infpirer des fentimens moins généreux : « 1 en-
» fez-vous donc , leur dit-il, que je fuis venu ici
a» pour faire la guerre à des femmes & à des en-
» fans »».?
• ; C e même prince - voyant qu’une galere chargée
de matelots de foldats periffoit, commanda
qu’on les. allât fecourir j & comme il s apperçut
que le péril empêçhoit qu on n exécutât fes ordres.,
i f fe mit lui-même dans une chaloupe pour
courir au fecours de la galère, & il dit a ceux qui
lui repréfentoient le danger auquel il s expofoit :
» J’aime mieux être le compagnon que le Ipeétateur
*> de leur mort ».
Ce prince alloit volontiers fans fuite & à pied
dans les rues de fa capitale. Lorfqu’on lui faifoit
des repréfentations fur le danger auquel il expofoit
fa perfonne : “ un père, répondoit-il, qui fe
»». promène au milieu de: fes enfans , n’a rien a
s>> craindre »».
Il y a ce trait connu de fa libéralité. Un de fes.
tréforiers étoit venu lui apporter une fomme de dix
mille ducats. Un officier qui fe. trouvojt-là dans le
moment, dit tout bas à.quelqu’un, je ne deman-
der.ois que cette fomme pour être heureux : Tu le
feras , dit Alphonfe qui l’avoit entendu , & il lui fit
auffi-tôt emporter les dix mille ducats.
C e prince ne pouvoit fouffrir la danfe , il difoit
affez plaifamment, « qu’un fou ne différoit
»» d’un homme qui danfe , que parce que celui-ci
» reftoit moins long-tems dans fa folie ».
•Il étoit venu , avec plufieurs de fes courtifans ,
voir les bijoux d’un joaillier. Il fut à peine forti
de la boutique , que le marchand edurut après lui
pour fe plaindre du larcin qu’on lui avoit fait
d’un diamant de grand prix. Alphonfe rentra chez
le marchand, & ayant fait apporter un grand.vafe
plein de fon , il ordonna que chacun de fes courtifans
y mît la main fermee , & l’en retirât toute
ouverte. Il commença le premier. Après que tout
le monde y eut pafte, il ordonna au joaillier de
Vuider le vafe fur la table rpar.ee moyen le dia-
fijant fut trouvé , & perfonne ne fut deshonoré.
3=$' Alphonfe avoit, ainfi qué Salomon, fignalé le
commencement de fon règne par un jugement remarquable.
Une. jeune efcîave affirmoit devant lui
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que fon maître, étoit le père d’ un enfant^ qu elle
avoit mis au monde, & demandoit en confequence
fa liberté , fuivant une ancienne loi d’Efpagne. Le
maître nioit le fait, & foutenôit n’ avoir jamais eu
aucun commerce avec fon efclave. Alphonfe or-
donna que l’enfant fût vendu au plus offirant. Les
entrailles paternelles s’émurent aulii-tôt en faveur
de l’infortuné , & lorfqûe les enchères alloient
commencer, le père reconnut fon fils , & mit fa
mère en liberté.
Le roi Alphonfe dit à quelques perfonnes qui le
preffioient de donner bataille dans une conjondtutc
dangereufe, «le devoir d’ un général c’ eft de vain-
’> cre, non pas de combattre feulement ?».
Alphonfe. avoit coutume de dire que parmi tant '
de chofes que les hommes pofiedent, ou qu’ils recherchent
avec ardeur pendant le cours de leur
vie, tout n’eft qu’un vain amufement, excepté du
bois fec & vieux pour brûler,- du vin vieux
pour boire, d’anciens amis pour converfer, de
Vieux livres pour lire.
A LM AN A CH . Nos ancêtres traçoient le cours
des lunes pour toute l’année fur un morceau de
bois quarré qu’ils appelloient al monaght, ces mots
fignifioient, contenant toutes les lunes, i elle eft ,
félon quelques auteurs, l ’origine & l’étymologie
des almanachs.
En i j 7 9 , Henri III défendit, par une ordonnance,
à tous faifeurs à'almanachs d’avoir la
témérité de faire des prédirions fur les affaires de
l’Etat ou des particuliers , foit en termes exprès ,
ou en termes couverts.
Çette défenfe étoit néceftaire alors j mais aujourd’hui
on diftribue fans danger Y almanach de Liège ,
de Mathieu Lansberg.
Lorfque l’empereur Cam-hi voulut charger lès
miffionnaires jéfuites de faire l’almanach , ils s’eh.
exeufèrent d’abord , dit-on , fur les fuperftitions
• extravagantes dont il faut le remplir. « Je crois
» beaucoup moins que vous aux fuperftitions, leur
»dit l’empereur, faites-moi feulement un bon
» calendrier , & laiftez mes favans y mettre toutes
» leurs fadaifes ».
Une femme du monde, mais du plus grand ton,
avoit toujours fur fa table un almanach royal:
quand il arrivoit quelqu’un, il falloit qu’il lui montrât
fori nom : s’ il n’y étoit pas, elle jugeoit cet
homme indigne de fes faveurs.
Fontenelle difoit de Y almanach royal , « c’eft
. » le livre qui contient le plus de vérités ».
ALTESSE. Un homme de la cour alla faire
■ une vifite à un prince de-l’empire qui venoit de marier
fa fille , & trouva nombreufe compagnie , où
beaucoup de petits princes fe.traitqient mutuelle-
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