
qui avoir le :gqitc de la littérature & des fpec
tacites. i
■ Il parut en 17 16 , au commencement de la régence
, une fatyre dite les j ’ai vu 3 qui fiuifibit
par ce' vers.
J’ai vu ces maux* & je tfaï pas vingt ans.
. On crut quelle étoit de Voltaire. Sur ce foup-
■ çon. il, fut arrêté & mené à la babille, où il reiba -
.plus d’un an fans encre & fans papier.
< Ce fut dans1 cet affreux repaire que Voltaire'
tra'ça le plan de fon immortelle Henriade ; il ÿ j
teompbfa même deJ mémoire phifîeurs _ chants, en-
■ trâutres Hé fécond auquel ,il n’eut ïrefl à ré-;
toucher.
L'auteur dçs j ’ai vu fe fît conqoître , & Voltaire
qui avoit été puni d’un prétendu délit qu’fi
n’avoit pas commis, eut pourtour dédommagement
Jgf,faveur.de faireTa cour au régent qui voulut
1m » l’alfurer de fa protection;: Lé prilbrinier lui
îTépP!idit::;v je trouvérois fort bon fi le .roi vou.-
déformais fe. charger de ma . nourriture:,
ma:s. je fupplie votre altefîe de ne plus fe ichar-
•^.erijdc mondogement j». :
*3 Enfin (Edipe fut jôué en 17.18 * & occupa
le fpeétacle trois mois de fuite ; Voltaire ;pôûr
^parvenir aw cette grâce des comédiens, -fut obligé
:de gâter fosn fufet, en y introduisant-, d'après leur
-av-Si*. un amour très-déplacé.
Fontenelle, neveu de Corneille, crut'devoir
• donner un éloge & uneleçon à fauteur d’CEdipe ,
en lui.faifant dire que la tragédie étoit écrite
avec trop de feu. Voltaire le remercia & lui
-dit: que pour fe corriger* il liroit fes-paft orales
qui dont très-froides. Op aimoit à répéter dans
les fociétés.
Ntis p r ê t r e s n é fo n t , p o in t c e qu ’un v a in p e u p le p e n f e ,
N o t r e c r é d u li t é f a i t to u t e , le u r fc ie n c e .
Çès deux vers firent â Voltaire des ennemis
ju t a n t plus furieux qu'ils prévirent ce. ,qu’ils
avaient, à,, craindre de ce génie maillant. La caT
ldmnie lui attribua les PhiTippiques , horrible &
fcandalëiife fatyre que la Grange Chancel avait
Oofnpofée /pour fatisfaire à la haîne de la mai-
fOn; du "Maine contre le régent.1
. Voltaire perfécuté par fa renommée errade
cfrâceaux en châteaux; il féjourna tantpt à Sully,
tantôt à Vâuvillars; il pafïâ en fuite à Bruxéli es
avec madame' de Ropelnionde , fille du* mare*
chai Allègre. Il vie l'infortUné Roûffeau qii’il
apBéllûit fon maître. Il eft rare que deux poètes •*
cbmmè Ç «
deux amis feJ féparerent bientôt avec imé haine
impheabte. Vdltaife dit à Rouffeau qui lui aVoit
1Ü fon odêj'ù lapoftéritét Save^-voUs, notre maître,
que je ne. crqis pas que cette ode qiriye^ janutjs
à fon aircjfe^i .
Voltaire avoit une maîtreffe pour qui il côt}-
pofa la tragédje d'Artemirc , il les fit recevoir
& paroître fut la fcène en ijzà . Elles furent
fiflées dès le premier aéte. Le poëte amant s’élance
fur le fthéâtre & harangue .fi bien le pu*;
blic qu'il obtient des applaudiffemens pour la
pièce & pouf laélriceV‘Mais, la toile tombée,
il retira l’une & l'autre, qui ne reparurent plus.
Le préfident des Maifon;s> avoir rafiemblé dajis
fon château de ; Maifons. près de Paris une. compagnie
brijlante , & pour rendre la fête complette
Voltairf ya\iQ,ic été invité*.& devoir y faire jouer
fa tragédie de Mariamne. La fameûte leCouvreur
s’étoit chargée du principal rôle, mais au milieu;
de ces apprêts, la petite vérole s’empare
du jeune Voltaire^ oui îuh : la le Couvreur feule
refie auprès du poète * en attendant le: médecin
Gervafi qui le guérit en employant des rafraî-
chiffànts au lieu de cordiaux. Le malade paya
fon Efculape par une charmante pièce devers.
. On joua Mariamne à Paris en 1724 la veille
dès rois. Lorfqüe dans la cataftrophe , Mariamne
prend la côupe du pôifon, un plaifant cria la
reih'e boit \ Cèlâ fit rire & manquer l'effet du dér
noument. Il fallut le changer & la pièce eût
alors 4© représentations de fuite.
Voltaire avoit: fini 'fon poème de la Henriade,
&; le lifott à des juges féveres qui l’arrêtoient
à. chaque vers. Laffé un; jour de leur critique mi-
nucieufe, il jetta l’ouvrage au feu. Le préfident
Henault, un-des auditeurs retira h: ureufement
cet ouvrage des flammes, & .nous le confervâ
aux dépens de fes belles manchettes de dentelles1*
L'abbé des Fontaines trouva le moyen de fe
procurer une Copie informe' de la Henriade dont
il farcit, lès.dacunes .de) fes mauvais versi II en
fit faire- deux éditions qui. lui procurèrent beaucoup
d’argent; il eut la malhonnêteté d’y ajouter
des notes critiques ,. & cependant l’ouvrage
obtint une grande célébrité. Thiriot préfenfà
cet abbé à Voltaire qui lui pardonna , 8c qur fit
plus encore en foilrcitant fes: amis. & les ininite
très en fa faveur» pourrleifauver d’ une accufa-
tion de mauvaifes-moeurs qui l’envoyoit à Bi*
cêtre.- - ui
Des Fontaines avoua qu’il lui devoit l’honneur
& la vie ; fe lia enfuite avec RoulTeau
pour tourmentex fon bienfaiteur.
Le chevalier de Rohan Oraboti étant à dîner
chez le duc de Sully avec Voltaire, trouva mau^
vais que le jeune,$oëte ne dût j$vde fo^jyavis. <*
Quel eft cet homfhe , demanda-t-d ^ qu> parle fi
haut ? ” Monfieur »
cejl uti homme qui ne traîne pas un grand nom ,
tftais qü-i fait honorer"'céliii 'qu 'U. pèVttY L'e^frè'*
valier fe leva & forcit. Mais & ;q’éf4qûes j :o,tif&
de là . il fit gue^er-.I^4ire_lpr,lqunlué^it.,ençrf)re
fhez, le- duc de Sully.* ik. l'ayant attire*"’ ’ans la
rue fous quelques , prétextes x .il- le.fit f |f par
des coquins çn fa préfenqe. Voltaire y .t pien-
,dre M-. de Sully â témolip .de ççt >t tiè en
pourfuivre la vengeance. Le'duc s ÿ refyfa. yfojj 1
taire ne le revit plus. : il fe renferrpa quelque
-temps ^poûrprVndfé dés'lèçons “d'esetitne y puis
fl alla trouvét fe thévalier^dé Rohan dàfis lâ
loge d’ une aétriçe.*& lui d iti^ monlieur, fi quelque
affaire d’ ufure ne vous a point fait publier
l ’outrage dont j’ai à me plaindre., ?j'efpère que
vous m’en ferez raifon ». Le-. chevahèr accepte
le déh pour le lendemain afiîgne lui-même le
rendez-vous à la porte St. Antoine ; . mais le
foir il porte l’allarme dans fa ramifie. Pour écarter
ce rival on lui cfierçhe des torts,* Le, plu,s
fur fut de montrer à M. le ;duc régent du.royaume*
;& qui comme otj fait-é^pit-borgne * les .vers .que
Voltaire avoit adreffés à_fa maîtreffe* la mai-
quife de Prie.
' • ' i o , fa n s ‘â v o i f l ’â r t Ad e F è ir td fé ,
D ’A r g u s fu t t r om p e r to u s le s y e u x ;
N o u s n’on a v o n s qu ’ u n feùl â c r a in d r e , ./ .
P o u r q u o i n e . n o u s pa s r en d r e h e u r eu x ?...
Atiflitôt) Vçltoi™ fut arrêté çnyoyé ,à la
baftille où il refta fi'x mois, mais avec afïez-d;e
liberté pour .voir fes.amis, & fe.livrer.à l’étude
"dès langues * fur tout de l'anglois. II né fécôilvra
la liberté qu’à condition de' fortir du royaàme.
Il pafia en Angleterre où il ' pût v o 'f éncore.dés
hommes tels que Newton, C larke, Woifton,
Bblinbroocke, Pope, Collins, Toland. Il y'fit
imprimer la Henriade qui eût le plus grand fuc-
cè s , & qui lui rapporta" beaucoup d’ârgéht.
■ ■ Après trois ans de fe’joür à Londres * il' re-
■ vint i Paris ffiyftérieufemeht & fe logea àu faubourg
St. Marceau pour être • rndins connu j
mais'oh ne' put douter de ‘fon retour * après là
'pubficatidn' du' pamphlet fur la guerre des Jânv-
fénifies & des Moliniftes, intitulé vSoiïfes dts
deux parts..
i l travailla avec un égal fuccès pour fa Fortune
& pour fa renommée- Il: furprit le-foibie
d’une lottérie de M. Pelletier des Forts= courre»,
•leur général & fut en profiter; il^s’intérefTa
•dans. le. commerce du Levant, èc dans:les vivres
; il écrivit en même temps l ’hiftaire de
Charles X I I ; il compofa fa tragédie de Brutus,
■ bienrôt apr.ès vinrent ,Za'tré * la mort de Céfar ,
ieiTempie: du goût' &, d’autres ouvrages littéraires.
Tout: lui réufïit.
' ; ' Nous fie pféreûddhs pas tracer ici la vie chro-
Ûologique de çe grand homme* .il fâùdroit citer
r ë û s :f e s ' m o ^ .e f ià ' & t e s - o u v r a g e s ’ L a r is ' tt
^ u i 'l u i ‘a t t ir è r e n r a r ï t a b t d ’ â d m ir a ïe u 'r s
l u f i e s q u e d e p e r f e c u t e u r s - h n a t i q u e s . '-S a .'T ^ lA .
c e l l e d ’ O r l é a n s , f e s - p i è c e s f u g i t i v e s . , t e s c o n t e s ,
p h ù ^ f p p h i q ü e s ) , A l z i r e * ^ l e r o p e „ M a h o r ^ t \
a u t r e s p i è c e s d r a m a t i q u e s , f o n h i f i o i r c g c n é ^ (
ç a t e ^ j f e s é c r i t s p o l é m j q u e s , ^ s .. ;r ë l a t i ç p s a v e c
J ç .r p i. d e P r u f e . * : ^ a v e c b e a u c o u p d e sJ & u y e ,?
r a i n s , .t e s a é t e s d e b i e p f a i f a n ç e . f o n a a i y i t é
g é n ë r e i i î e p o u r :I à ; d é f e h f e : d è s G a l a s v d e s.-- S i r -
v é h , c lé s L â b a r r ê , "d e ^ . e f c l â v e s d e S t . C l a u ^ e j A r c ]
T o u s t e s - ‘t i t r é s d é g é n i e & d e g r a n d e u f d ’ â n i e
b fit“fà it de f-univers le temple de fà gloire.
L ’hiftoire à déjà gravé plufieurs tableaux eii
fo'n 'hofineur rlÔus devons feulement, fuivant
ie'pl'airde fEhcyclb^édiana, r a piocher quelques
traits épars & fugitifs.
LorCciUe Volt aï fe entra dans la carrière f:tous
JçS' genres. fembloient être . épuifçs : le grând *
•le teiblime, par Corneille ; le tendre, le touchant
,:par .Racine, ; le/ott , le terriblejpar iC'té-
bifion. Il fallait donc que Voh,aire fe frayât une
nouvelle route & il ,1e fit. Il réunit -;ee,sb-.trois
genres, qui a voient chacun à part iliufiré trois
■ grands hommes; & i l2y- ajouta .•.une frarmonfô-^
un coloris,, jufqu’ alors inconnus dans notre poé-
fie > & ûrte forte rde phil'ofophie encore j-nôins
connue-für la fcène. Jufqües4 à , ori s’éfo;t<bornë
à rendre les grands crimes odieux ; Voh
i ’taire fait plus, il rend la vertu aimable, : 'chc-
cun de tes drames eft le panégyrique de l’hü^
manité. rI f en eft.-peu ,'S’il-eft permis de lé direi
dont on ne forte plus honnête - homme qu’on
-n’y étoit:entré- !iUn tel genre, qui raflèmbie
tous les autres, ajoute à leur perfeéïion , &
manquoit à-celle du .théâtre; fe u l, il pouyoit
affure’r à l’auteur, .une gloire immortelle.
Voltaire $u' for#r dû collège » ayant été. envoyé
aux écoles' de 'droit'par fon pèi^y -fut fi
Jchoqné-de 'la-fnaniète-do’nt -On y- en te ig fi oit làjûr
rifprudence, que cela feul le tourna1 entêtement
i .dur côté:de la^poéfie} Sa tragédie d’OEdipe »fut
i jouée eri 1710. Le jeune poète qui étpit fort
diffipé & plongé dans ,les glàifirs de fon âge , ne
.fëntit ’point le péril * & neis’ embafrâîfoit point que
fa pièce réuffit ou.non. Il badinoir fur le théâtre
8c s’avifa de porter la queue, du .grand-prêtre
dans une fcène où ce même " grand-prêtre Faf-
fôit uo effet très-tragrque'.“ Madame la^maréchale
d e V i Ha f s j q u i étoit ■ dans si a pr emi ère ’ loge, do-
manda quel ’étoirtee jeune homme qui fjifort
cette plaifanterie, apparemment pour faire tomber
la pièce ■; :on lui répondit que' c’étoit l’auteur
même.iElle l’appeila auffi-rôt, & l’embrafla,"en
le montrant au public. - * •
Le fuccès .dé rCEdipe d’e V:oltaiY? fut. .fi brilr
lant que le màrçehal^ àz'Villdrs iur dit >?" que lâ
nation lui avoit bien de ' l’oblrgation dé ce ; qu’il
lui cdnfàcroit âinfi tes veilles