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traire ; car ayant pris chez lui ce jeune homme,
qae les lacédémoniens lui avoient mis entre les
mains pour le punir ; bien loin de le faire, il
le traita comme fon propre-fils. Ce qui toucha
tellement Alexandre, qu'il devint le plus ardent
des amis de Lycurgue.
Un réglement bien étrange eft celui par lequel
Lycurgue ordonna aux vieillards qui avoient époufé
de jeunes filles, de s’affocier un jeune homme
vigoureux pour faire des enfans à leurs femmes.
Au refte , il n croit pas libre aux hommes de différer
leurs mariages *. dès qu’ils étoient devenus
foits & robuftes, ils fe dévoient à l'état. C e pendant,
fi un lacédémonien avoit absolument de
l'averfion pour l'engagement du mariage, & néanmoins
quelque envie d ’avoir des enfans, Lycurgue
lui permettoit par fa loi d’avoir commerce avec
une femme jeune & féconde ; mais il falloit que
le mari y confentit expreffément , ce qui ne
fa: foit pas de grandes difficultés. Un lacédémonien
étoit accoutumé à regarder une femme
comme un héritage ou un champ qu’il pouvoit
céder pour un temps à un ami.
C e fut par ces réglemens extraordinaires que
Lycurgue chaiîa de fa ville la jaloufie & l’amour,
bc tous les crimes qui marchent à leur fuite. Il en
avoit déjà banni l’avarice & l’envie,- en profcri-
vant la richeffe & la pauvreté. Maislë plus grand
reffort des in ftitu tiens de Lycurgue fut cette maxime
admirable, qu'une mort honnête eft préférable
a, une vie honteufe»
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Lycürgue, par la force de fes ïnftitutïons, étoîfi
encore parvenu à dépouiller chaque individu de
fes affections propres , pour ne le rendre fenfible
qu'au bien de tous. Le lacédémonien Pédarete fe
préfente pour être admis au confeil des trois cents :
il elt rejette. Il s’en retourne joyeux de ce qu'il
s'eft trouvé dans Sparte trois cents hommes valant
mieux que lui.
Lycurgue couronna les fervices qu’il avoit rendus
à Sparte, en lui donnant le plus grand exemple
de dévouement à la patrie. S’étant apperçu que
plufieurs murmuroient contre la révérité de fes
loix, il affembla le peuple, déclara qu'il lui ref-
toit un point important fur lequel il étoit nécef-
faire de confulter l’oracle d’Apollon, & fit pro-*
mettre à tous les citoyens qu’ ils obferveroient fes
réglemens jufqu’ à fon retour. Lor{qu’ il fut arrivé
à Delphes , il confulta le dieu pour favoîr fi fes
loix rendroient les fpattiates'meilleurs & plus
heureux : la prêtreffe lui répondit que «c tant que
» Sparte les obferveroit, elle feroit la plus glo-
» rieufe ville du monde, & jouiroit d’une félicité
» parfaite ». Lycurgue envoya cette réponfe à
Sparte ; & pour rendre fes loix inviolables, il fe
donna la mort en s’abftenant de manger. Il avoit
ordonné avant de mourir que fon corps fût brûlé ,
& fes cendres jettées dans la mer, de peur que fi
on tranfportoit fon corps à Lacédémone, 4 es
fpartiates ne fe cruffent libres de leur ferment &
n’euffent un prétexte pour enfreindre fes loix.
6 3 S
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M a B IL L O N . (Jean) né en .16 51, mort en
1708* '
Colbert a qui le livre de la Diplomatique fut
adreffé, connoilïoit d'avance la bonté de l’ouvrage.
Il avoit fouvent employé dora Mabillon3
pour' décider' fur d'anciens titres, &. il n’avoit
jamais pu lui faire accepter une gratification. Le
miniftre peu accoutumé aux. refus, crut alors que
fon défintéreffement ne feroit pa's à l'épreuve
d’une forte penfion, & il voulut le faire mettre
fur t’ étar. Mais l’humbie religieux répondit toujours
que rien ne lui manq«ioit dans fa congrégation,
& qu’il ne méritoit pas l ’honneur qu'on vouloit
lui faire.
Le Tellier, Archevêque de Rheims, ayant conduit
le P. Mabillon malgré lui à la cour, dit au
roi: Sire, j’ai l'honneur de préfenterà votre ma:efté,
le moine le plus habile , & le plus modelle de
votre royaume.
Dès-que le pape Clément X I eut appris la
mort de dom Mabillon , le cardinal Coloredo
écrivit par fon ordre aux bénédictins : Le Saint-
Père a marqué que vous lui feriez plaifir de
l'inhumer dans le lieu le plus diftinguë, puif-
qu’il n’y en a point où fa réputation ne- fe foit
répandue, & que. tous les favans qui iront à ;
Paris, ne manqueront pas de vous demander où ■
VOUS l’avez mis. Ubi pofuiftis eum ?
M A CH IA V E L , ( Nicolas ) né en 1449 ,
mort en i f i f i
Machiavel fe diftingua de bonne heure dans
les belles lettres, & eut quelques fuecès dans
la comédie fatvrique. On a aufli de lui plufieurs
contes & différentes pièces de poéfie licentieufe.
Partifan enthoufiafte des Brutùs &E des Caffius,
il fit dans fes ouvrages polifiqes la fatyre des fou-
verains de fon fiée le , en feignant de leur donner
des leçons ; & le Prince de Machiavel eft à proprement
parler le livre des républicains.
Un auteur illuftre, FédéricII, » rendu le plus
grand fcrvice à l'humanité , en cherchant à réfuter
fes maximes dans un examen. 11 ne s’eft pas
moins rendu utile aux fouverains mêmes, en leur
prouvant par b raifonnement & par l'expérience
qu’ il n’y a plus que la- bonté du gouvernement
qui donne de la profpérité, & que ce qu'on appe-
loit autrefois des coups décat, indépendamment
de Lhorreur qu’ils cauferoient, ne feroientaujourd’hui
que dçs imprudences*
Machiavel y d'un eara&ère naturellement inquiet
& remuant, fut aeeufé d'avoir eu part -a
là conjuration des Sonderini, contre les Më-
dieis : on le mit à la queftiori } mais il n avoua,
rien.
Les éloges qu’il ne ceffoit de prodiguer à Brutus
& -â Caflrus, dans fa converfation & dans les
écrits, le firent foupçonner d’avoir trempé dans
une autre confpirâtion contre Julien de Medicis ,
depins pape fous le nom de Clément VII } mais
comme ces foupçons étoient deftitués de preuves,
on le lai fia tranquille. La république de Florence
le choifit pour fon fecrétaire & pour fon hiftorio-
graphe.
Machiavel, félon Varillas, avoit non-feulement
le tâtant d’écrire des comédies, mais encore
de; les jouer: Il réuflîffoit fur tout a rendre
les gefies, la démarche ,■ le fon de voix de ceux
qui! voyoit> & il en fai foit une caricature très^
piquante. C e fut le cardinal Médicis qui le détermina
à donner au théâtre fa Clitie imitée de
la Cajina de Plaute. Il avoir fait auparavant la
Mandragore doni nous avons une tradu&ion libre
en François par Rouffeau. La Fontaine a imité
& furpaffé fon colite de Belphcgor.
M A H OM E T , faux prophète & fondateur de
la religion mahométane, né à la Mecque en 570,
| mort à Médine en 631.
Mahomet, né de parens illuftres, mais pauvres ,
vécut ignoré avec fa première femme Cadige,
jufqu’ à l’âge de quarante ans. Il ne déploya
qu'à cet âge les talens qui le rendoient fupé-
rieur à fes compatriotes. Il avoit une éloquence
vive & forte, dépouillée d'art & de méthode,
telle qu'il la falloit à des Arabes ; un air d'autorité
& d’infïnuation animé par . des yeux
perçans & par une phyfionomie heureufe, l'intrépidité
d'Alexandre, fa libéralité, &
briété dont Alexandre atirôit eu befoin pour etre
un grand homme en tout. L’amour qu un tempérament
ardent lui rendoit néceffairô, & qui
lui donna tant de femmes & de concubines, n’affaiblit
ni fon courage, ni fon application, ni la
fanté.
Il eft vraifemblabie que Mahomet , comme
tous les enthoufiaftes, vivement frappe de fes
idées, les débita d’abord de bonne foi, Il fe
: fit des difciples, parce que le fanatifme eft une
maladie contagieufe, & parce que les tranf-
port:s d’une imagination embrâfée fubjugüe facilement
la raifon du commun des hommes. U
LUI ;