a ete condamne, attendu qu’on ne peut raidit.
rub eme.:t tirer une lettre à vue, fur lin infortuné
qui n'a jamais joui de la lumière.
On a rapportés dans le Miroir kijlorial, ou le
Kojur des guerres , ce confe.l donné par S. Yves
a une veuve qui fe trouvoit dans une circonf-
tance embarraflante. Deux hommes, étant arrives
a Tours dans une hôtellerie, donnèrent\en
^arde, à lTiôteife qui croit veuve, un fac d'argent
fous 1 obhgation de ne fe remettre à aucun
deux en particul.er, mais feulement, lorfqu’its
1 exigeroîent conjointement.Quelque temps après,
i un d’eux vint le redemander, difant qu’ils éteient
prelfés de faireun paiement. La veuve, fans fon- ,
ger a 1 ob igatioh qui lui écoit'impofée , donna ■
ie lac. Mais celui-ci ne l’eut pas plutôt entre les
mams, qu il s é^ada. Quelques jours après, l’autre
vint aufiî le demander; & commece.te femme
lui dit "qu’elle Tavoit donné à fon camarade, il
h Ht a Aligner pour lui faire rendre le dépôt. St.
Yves , ayant appris l’embarras de la veuye. lui
co ifeilja de dire, qu’elle avoit retrouvé le fac,
quelle étoit prête de le repréfenter ; mais
qu aux termes de la-propre rcconnoilfance du
demandeur, il. etoit obligé de faire comparoîcre
fon compagnon, afin qu’elle pile le rendre à tous
deux, ba defenfe parut jufte, & elle fut tirée
d embarras. Cette hiftorietre paroit empruntée
de celle que rapporte Valero Maxime de Dé-
jnolthène, qui donna un femblable confeil à une
h^teffe, qui s’en tira de même.
Un cônfeiller s’éfoit endormi fur les fleurs de
îys. Le prefident qui receuilJoit les voix , ayant
demandé à ce cônfeiller la *fienne, il répondit
en fe frottant les^yeux : qu’on le pende, qu’on
le pende; mais c eft un pre , lui dit-on, dont
il s’agît : & bien qu’on le fauche.
Un auteur-.Allemand, cité dans le journal des
favans, rapporte ce procès fingu'.ier entre un mari
.& 1 amant de fa femme. Il arriva que cette femme
•perdit toutes les marques de vie ; on ne doura
point qu’ elle n’eût expiré ; on la mit dans je
cercueil , & le mari fit toutes les cérémonies
. de la fépulture. L ’amant dont les regrets étoient '
plus inquiets, alla la nuit faire rouvrir le tom-
peau, & remarqua un refte de chaleur nature’le;
'il la fit enlever : la femme revint. Alors le mari
la voulut reprendre. L ’amant la refufa, & foutint I
que le mari s’ étant hâté de la mettre au tombeau,
i! étoit cenfé y avoir renoncé; que lui
ayant rendu les honneurs funèbres, elle n’étoit
plus à lui ; qu’elle appartenoit au premier occupant
; qu’à l’égard de l’amant qui l’avoît réfuf-
citée, elle commençoit une nouvelle vie pour
lu i, & non pour le mari, qui s’étoit précipité
de l’enfermer dans le cercueil, & qui ne la ré-
clamoit peut-être que' peur le point d’honneur,
M Pouf’ fauver les apparences. On repondoit pour
le mari, qu’il n’y a que ia mort qui puilfe dif-
foudre les noeuds du mariage, & qu’ il re> troit
dans fes premiers droits par le retour de fa fe nmé
au monde. L ’auteur allemand fe range en qualité'
de. jurifconfulte du cô.té du mari.
Une jeune & jolie fervante de P a r is , arrivée
depuis peù de fon v illa g e, fut chafîee de fa con«
.. dition fur les onze heures du foir ; elle pleuroit
of fanglottoit à la porte de fes maîtres J fans
faVÛ' r paffer la nux. Un jeune homme allant i
■ fon chemin, l’entend feupirer , s’arrête auprès
d elle, & v o it , à la faveur du reverbère, une
joi;e fiile dans les Iarmesl. 11 entre dans fa peinej
il la plaint , & , tout en la confolant, la fait
monter chez lui : une honnête fille ne fe croit
vraiment en danger, qu’au milieu delà nuit; elle
ne fouhaitoit. que d’avoir un écu, difoit elle,
pour aller rejoindre fa tante en province. Il approuve
fon defiTcn, la difpofe à fouper avec lui,
.lui fait prendre deux verres dé liqueur, & lui J
promet I ecu‘ dont elle a befo'n ; elle en eft fi re*
cqnnoiffaïue, U eft fi compatiifant,'ïî entreprenant,
que , moitié gré , moitié force, elle s’acquitte
d avance avec lu i, & beaucoup au delà
pour une jolie fille. Le lendemain matin, il s’a-
gifibit de p yer ; mais au lieu de l’écu, le jeune
homme ne lui donne qu’un billet de lotterie qu’ij
trouve dans fa poche, defeend avec elle, & lui
dit adieu : la voilà encore feule, &r fans reffource,
pleurant au coin des rues. Une marchande orfèvre,
aflàfe dans fa boutique , lui fait ligne de s’approcher
; fa figure intéreffante parle pour elle,, &
la marchande , après l’avoir écoutée » l’arrête à
fon fervice. Quelques jours après, l’orfévre cit
.à fa femme qu’il alloit voir fi Lurs billets de
lotterie avoient porté ; la jeune fille fe reffou-
vient du bidet qu’elle avoit fi bien gagné, &
prie fon iniîcre, en rougiflunt, de vouloir $’en
charger ; il fort & revient tout tranfporté d’aife.
Sa femme fe flatte un infîant : non, dit le mari,
le gros-lot eft t'mbé à Fauchon. Tous deux la
félicitent, & lui donnent des confeils pour faire
de la fortune que Dieu lui envoie, un ufage prudent
& raifonnable ; fur le foir , le jeune homme
du billet arriv e , & demande à lui parler far.s|
témoin ; Fanchon le voit à peine, qu'elle fe doute
de fes prétentions.: elle prend fa maîtrefîe à l’é-
cart ; fe jette a fes pieds, lui touche quelque
chofe de ce qui s eft palfé avec le jeune homme;
fa rougeur & fes larmes lui dire t le refte. Son
apeufateur ofe afîurer quelle lui a volé le bil-
let qu il reclame ; i-nais la marchande , mieux
mlrruite , le chafîe de ch,z elle. Ouelques jours
apres , il fait citer Fanchon en juftice; l ’orfévre
prend fa défenfe, & plaide fa caufe avec tant de
françhife & de vérité, que le jeune homme,
débouté^de fa demande, eft condamné à payer
J ecu qu il avoit promis : prdre à la jeune, fille
de lui rembourfer l’argent dü billet, & d’emporter
le gros-lot.
Un curé demandé M.<l’abbé Arnaud, abbe
de Grand-Champ, le paiement dune portion^
congrue. L’abbé voulut d’abord fe défendre &
avoit des moyens pour faire rejetter cette demande
; mais le curé lui ayant expofé la nécef '
fité qu’il avoit de ce. fecours, l'abbé Arnaud
lui fournit des titres contre lui-même, & le fit
condamner, afin que le curé ne fût pas dans la
peine de fai e la même demande à fôn fuccef-
feur qui rie feroit peut être pas aulfi généreux.
Les habûans de la Grenade s’étant révoltés
contre leur gouverneur, homrîie avide, violent,
inflexible , le condamnèrent au dernier fnpplice.
.Dans toite ia cour de jultice, qui fit^authenti-.
que tient le procès à ce brigand, un feul homme
nommé ArJungéh favoic écrire. Un maréchal
ferrant fit'les informations, au lieu de fa figna-
ture il avoit pour feau un fer à cheval autour
; duquel Archangéli, qui ,remp!ilTo;t l’office de
grdfier, écrivit gravemeut : marqué de M. De-
labrie , confe.ller - rapporteur.
Jean B;fîbn époufa en 1742, Cécile Blandin,
rqui mourut enceinte le 18 avril 1745- Un chi-
jugien , fous les yeux d ’ un médecin, lui fit ouvrir
k cô té , & tira l'enfant qu’elle portoit î il
ondoya enfü’te l ’enLnt qui fut enterré. Le père
de la défunte fit alfign.-ren rcfticuti-m de la dot
Jean Belfon , qui, pour toüre défenfe fit lignifier
iextrait-mprtuaire de fon enfant, la demande
portée au bailliage de Bou:g-en-Brcfle, il intervint
un jugemenrpréparatoire, qui ordonna que
Beffjn féroit preuve que l ’ enfant avoit furvecu
à la mère, firnf la preuve contraire. Le méde
cin, le chirurgien , & un garçon de celui-ci dé-
polèrent, que , s’étant faifis du cordon ombilical
, ils avoient trouvé une artère qui donnoit
des pulfations très-régulières ; qu’ayant auflî porté
la main fur le coeur de l-enfant, ainfi que fur l’artère
temporale, ils avoient fenti les mêmes pulfations,
& que l’enfant, qui avoitenvron cinq
mois & demi, avoit donné les mouvemens d'inf-
piratlon & d’expiration après avoir été ondoyé.
L enquête contraireétoitcompofée de trois femmes,
qui déposèrent n’avoir point vu de mouvemens.
Les preuves rappoitées , le demandeur foutint
que ces fign:s de vie ne fuffifoient pas, & qu’il
falloit que l’enfai.t fût venu à un terme viable,
t ’eft-à-ciire, au moins à fept mois. Les juges
de Bourg adoptèrent ce fyftême ; & , par leur
fentence du 31 jm/ier 1748, ils-condamnèrent
' Beflon à rendre la dot. Mars elle fut infirmée par
l’arrêt que le parlement rendit en 17^3. On doit
obfsrver cependant qu’il intervint partage avan,t
l’arrê:.
P-BOCUREUR. Santeuil difoit qvï un procureur*
étoit dans le monde conrlme une chenille dans un
jardin, qui mangeoit tout ce qu’elle trouvoit.
Un officier fuifife de Courten fe trouvant a U
table d'un procureur, où entr’autres mets on
avoit fervi un brochet d’une grandeur peu commune
, témoignoit Ton étonnement par de fréquentes
exclamations ; la procureufe qui s en
apperçut lui demanda en badinant comment on
appelloit ce poiffon dans le lac de Genève : ==#
Madame, on le nomme le procureur du lac.
Topenot, procureur au confulat, pîaidoit d une
façon naïve & tout à fait firgul ère. Il deten-
doit un jour un maquignon , que l’on vouloir
forcer de reprendre un cheval : « Meflîeurs di-
foit Topenot, quand nous avons vendu notre
cheval il étoit en très bon éta t, il étoit gros
& gras ; aujourd’hui comment veut-on que nous
le reprenions, on nous Fa ramené comme un
ecce-homo, parce qu’on lui a fait tare trop de
chemin , & /qu’on l’a fait courir à ventie di-
boutonné. Après tout , nous ne vous en impo-
fons pas, il eft là bas dans !a cou r , il n y à
qu’à le faire monter & comparoître en perfonne.
— Mais , lui dit on, gardez le cheval «à l écurie
une quinzaine de jours, il fera bientôt refait.-—
Ah! meflîeurs, dit Top eno t, ce qu’on demande
n’eft pas raifonnable, & ma partie n’eft pas en
état de garder pendant quinze jours à 1 ecurie'
un cheval qui refteroit là les bras croifes à ne
rien faire.
On a remarqué qu’ il y a des iaitats quf ont
été avocats , fergens , comédiens meme , pou*
il n’y a point de profeflion, fi bafle qu elle puilfe
être, dont il n’y ait eu des faints; mais il n y en
a point eu de procureurs.
Un procureur plaidant pcrur une partie qili voit»
loit avoir plus d’ un privé dans une grande mai»
fon qu’il avoit louée : quel’e incommodité ,
monfieur, d ifo it- il, de n’ avoir qu'un prive pour
tout potage. — procureur allez dîner chez votre
partie; repartit k juge.
Un procureur mettait. à chaque ligne de fes
écritures ■ deux mots tout au plus & une virgule
: dans une ligne fort longue entr’ autres , il
n’y avoit que Ces mots, i l y a... Les juges indignés
trouvèrent encore de la place pour mettre *
dix écus d!amende pour le procureur.
Un procureur très-avare mourut à Paris &
laifîa line riche fucceffiôn : l’héritier pour ho*
norer la. mémoire du défunt , s avifa de commander
une épitaphe en vers françois, & promit
de bien payer celui qui l’emporteroit au
concours. Plus de vingt concurrens difputèrent
le prix qui fu$. accordé à la louange la plus
G g S £ , t 1