
J U G
Urr hiftorien grave, rapporte que des bourgeois
, d une certaine v ille, demandèrent au
p ince, qu il fuc eicfendu à leurs juges de les
juger fui vaut 1 équité. Cette naïveté de i’hilio-
rien indique du moins ce qui n’arrive que trop
fou vent; des pages 3 fous prétexté de le conformer
a l équité, s’écartent de la loi à laquelle
ifs doivent s’afiùjettir.
Un. juge, confuitant Barrai e & BaHtis fur une
qudrion, ôe les trouvant de d.fférent fentimentj
il met.o.t a la marge de fon livre ,, Quejlion pour
ceft-a-diie, que la vérité étoit fi cm-
brouillée, qu’en pareille caufe il pourrait favo-
rifej: celle des parties qu’il voudrait.
Un juge de village en BaiTe-Bretagne, nomme’
Kerlotin, envoya chercher un témoin par un
huifïïer; le témoin buvott au cabaret, & l'huilfier
refia avec lui à boire; Kerlotin,'dépêcha un
fécond huifiier, qui refte à boire avec eux; il
y va lui-même j. il boit & s’enivre; & le procès
ne fut point jugé.
Un payfan chargé de fagots criait par les rues
gc.re \ gare, afin qu’on fe détournât. Certain
jeune homme vêtu de noir, ayant négl gé de fe
retirer, fut accroché pu l’un de ces fagots qui
fie une furieufe brèche'.à fon habit. Là-ddîus-
grand bru.t. Le jeune homme veut être payé
de; fon habit, & fait fa plainte au cominiffaire
étoit-furvenu : de foii côté le payfan ouvre
la bouche fans articuler aucune parole. Etes vous
muer, mon ami, lui dit le commiftalre ? N o n ,
non, monfieur, interrompit le cemplaignant
c ’efi belle' malice; parce qu’il ne peut "fe détendre.,
il fait ie murt ; mais quand je l’ai trouvé
en mon chemin, fl criait à pleine tête gare,
g~re > Ha! dit le comm flaire , cela étant vous
avez ton de vous plaindre, il a raifon de ne
rien dire, vous avez mieux parlé pour lui, qii’il
n’ atiroit pu -faire.
Dans le temps que l’habit de velours étoit
regardé comme un habillement de luxe; M .D....
avocat, en âvoit commandé, un. à fon tailleur;
celui-ci le fit le lui apporta; mais M. D....'
trouvant quelques ‘défauts à l’habit, voulut forcer
le tailleur à le reprendre, & le fit afiïgnvr au
châtelet ; M. D.. • plaids lui même fa caufe,. &
dit qu’ il avoit à ■ la vérité commande l ’habit dé
velours , mais que le tailleur devoir le garder
à fes frais, pinique l’habit ne lui alloit pas :
là-deflus, le lieutenant civil prononça, & dit:
« Nous donnons afte à M. D ....q u e l’habit de
» velours de mi va pas ; mais comme il l’a com-
»» mande» il cft condamné à le payer ».
Un jeune Egyptien , épris d’amour 'pour la
courtifane Théognide, rêva» une nuit, qii’ il
couchoit avec elle, & fentic, à fon réveil, fa
paffion refroidie. La courtifane l’ayant fu, le fit
j u i
: appeler en jtifiiee, lui demanda fa récompen'e,
I pmfqu’clle a voit guéri la paifion ik f.rsfa t fon
oeiir. Le juge ordonna que ie jeune homme apporterait
, uans une be urfe, la fournie promife»
qu’i! la jei»ero t dans un b.iiïn, & que ia cour-
ti.fina fe payerait du fon & de la couleur des
| pièces, comme l'Egyptien Vétoit contenté d’ un
pla:fit imaginaire. Ce jugement fut approuvé de
tout le monde, excejté de la cuuvnfane, qui
repréfenta que le fonge avoir éteint le défît de
; 1 Egyptien, nuis qu’au contraire, le fon & ia
couleur de l’or, avoir augmenté le fien, & qu’ainfi
l’arrêt étoit rnjufte.
JUIFS. Quelques juifs de Confhntinople
un jour s’avisèrent de dite en co/iverfâtion, eu ils
feraient les feuls qui entreraient dans le paradis;
Où ferons-nous- donc nous autres, ieur demandèrent
pluiîeurs Turc s , avec qui ils s’enue-
renoient ? Les Juifs -n’efant pas leur dire ouvertement
qu’ils en feroient exclus , leur répon-
1 dirent qu’ils feroient dans les cours. Le grand
vifir informé'de ceite difrure, envoya chercher
les chefs de la fynagogue, 8c ieur dit, que puif-
1 qu’ils plaçaient les mufulmans dans les cours du
paradis, il étoit jufte qu’ils leur tburn-.fîent des
.tentes, afin qu’ ils r.e tuffent pas éternellement
expofés- aux injuies de l ’air.
On prétend que c’eft depuis ce temps là, que
les juifs At Cenhantinople, paient une fomme con*
fidércble pour les tîntes du "grand feigiuur, &
"de toute fa ma:fin, quand il va à l’armée.
11 n’ y a pas long-temps qu’ un des fils- de Jonathan,
célèbre juif^ fut fur le point de fe
marjer à une jeune chrétienne :.fon père ne faifoic
aucune objtélion fur la religion de la fille qu’on
vouloir lui donner pour femme, mais il fe lecrioit
beaucoup fur fon peu de fortune. En confé-
quence îi retufa fon co'nfentement. Le jeune Jo-
nathr.n qui étoit fort amoureux, menaça fon
père de fe paiTer de fon aveu : celui-ci à fon
tour, lui déclara qu’il ne lui don né roi t- pas un
shelling. Le jeune homme-répondit qu’il l’y forcerait
, & que s’ il Fefufcit de lui faire part de
fon bien, il fe ferait baptifer pour jouir “du
bénéfice de la loi angloilë, qui donne à un
enfant de ju if qui fe fait chrétien, la moitié
des biens de ion père. Jonathan demeura confondu
à cette répoüfe : il alla fur le champ trouver
un jurîfconfulte pour prendre fon .avis, & favoir
s’il exifioit réellement une loi pareille en Angleterre,
L’avocat la lui confirma; « mais: ajouta-
» il, fi vous voulez me faire préfent de dix
» guinéos, je vous donnerai un moyen de tromper
** l’efpérance de votre fils, & l’ingrat n’aura
” pas le droit d’obtenir la moindre chofe'».
Jonathan fé confole à ces mots,-compte les dix
guidées, & fiipplie l'avocat de ne le pas faire
languir*
languir. c* Vous n5avez, reprit le confeiller,’ qu’ à
» vous faire chrétien aufli, 6è la loi ne donnera .
» rien à votre fils ». '
Perfonne n’ ignore que Cromwell fe fervit
avec beaucoup d’adrefïe du penchant de lés
concitoyens à la fuperftitiori, & fur-tout au
fiinatifme qu’ il fçut leur infpirer par fon hy-
pocrifîe, 8c les feintes révélations qu’il prétendôit
avoir très-fréquemment. Quand ces moyens, fort
efficaces de fon temps,, lui eurent réuflï, lorfque,
de grade en grade, & de crime en crime, il
fut parvenu au rang, de protecteur, il cefla de
fe contraindre, & s’occupa tout entier du foin
de l’adminifiration. Entr’autres innovations qu’il
vouloir introduire , il s’attacha fur-tout au ré-
tabliffement des ju ifs , auxquels il' defîroit que
l’état accordât les droits de citoyens,. l’exercice
du judaïfme, & la liberté du commerce. L ’exé- -
cu.tion de ce projet fut long-temps' retardée, par
les oppofitions des différens chefs des feétes
établies en Angleterre : mais enfin, le protecteur
applanit les difficultés, 8e parvint à raflembler
lin nombre a fiez considérable de juifs 3 qu’il
établit dans un vieux quartier de Londres, fous
la conduite du rabin Manafles Benyvafel, qui
fit conftuire une fynagogue. Le motif de Cromwell
, dans cet établiflement, étoit, non qu’il
prit intérêt à l’ancienne lo i, qui lui fembloit
aufli indifférente que la nouvelle ; mais pour s’af-
furer une correfpondance exaCte avec les enfans
de Jacob , difperfés dans toutes les parties du
mondé. Cromwell en tira en diverses occafions
ie plus grand parti ; & ce fut à cette corref-
pondance qu’il dut dans la fuite fes plus bril
lans fuccès. . - . / ^ :
Le cimetière des juifs étoit où font aujourd’hui
les rues Galande & Pierre -Sarrafin. Le roi Philippe
Augufte, les obligea de porter une corne
fur la tête ; il leur étoit défendu de fe baigner
dans la Seine, & quand on les pendoit, c’étoic
toujours entre deux chiens. Sous Philippe-le-Bel,
leur communauté s’appeloit, Societas Caponum,
& la maifon ou ils s’ afifembloient, Domus So-
'cietatis Caponum, d’où vient, fans doute, le
niot Capon,
•JULIE, fille unique de l’empereur Augufte,
entra un jour dans l’appartement de fon^père
avec une parure indécente : le prince en fut
choqué, ôe la reçut très-froidement. Le lendemain,
elle fe préfenta devant lui dans un habillement
fimple & modefte. Augufte, charmé de
ce changement, l’embrafifa avec tendreffe, &
s’écria : « Ah ! combien cette noble fimplicité
» eft-elle plus digne de la fille d’Auguftei --H ier,
» répondit la princeife , j’étois parée pour mon
» époux; aujourd’hui je fuis parée pour mon père».
J U L I E N , ( Flavius - Qaudiùs ) empereur
Encyclopêdiana,
romain , né le 6 novembre 331 , mort le z6
juin 363.
Julien penfa périr avec fon frère Gallus, dans
le cruel ma fiacre que les fils ‘de Conftantin firent
de fa famille. Mais dérobé par des amis fidèles .à
la première fureur des meurtriers,. il fut confié à
des inftituteurs intelligens, qui ne s’appliquèrent
pas moins à former les moeurs de leur élève qu’ à
cultiver fon efprit. Ils travaillèrent fur-tout à
lui infpirer de la gravité & de la modeftie, du
mépris pour les plaifirs des fens , de l’averfion
pour les jeux publics, de l’eftime pour une vie
férieufe & retirée. Ils ne lui permettoient d’amü-
femens que ceux de la ledure. Le jeune prince
goûta fi fort ce genre de v ie , qu’on l’entendoit
fouvent regretter ion cabinet & fes livres au milieu
même des exercices auxquels il étoit obligé
de fe livrer. Un jour qu’on lui montrait à danfer
au fon des fifres une danfe appelée la pirrhique ,
qui faifoit partie des exercices militaires chez les
grecs & chez les romains : Ah ! Platon, Platon,
s’écrioit-il, quel métier pour un philofophe !
Dans fon gouvernement des Gaules, il gagna
l’amitié des habitans par fes manières ennemies
du fafte, par fon humeur affable & populaire
qui fympathifoit fi bien avec la franchife & la
fimplicité de nos ayeux ; & il fe. concilia leur
eftime par fa bravoure & fon exa&itude à rendre
la juftice. Dans fes jugemens néanmoins, il pen-
choit, autant qu’il pouvoit, du côté de la'douceur.
S’il étoit obligé de fe mettre en campagne pour
quelqu’expédition, il renvoyoît les parties devant *
les tribunaux des gouverneurs particuliers, pour
y être jugées à la rigueur. Mais il étoit enjoint
à ces officiers de différer jufqu’à fon retour l’exécution
de leurs fentences, qu’il réformoit fuivant
les principes de l’équité naturelle. Les parens
d’une fille, enlevée pourfuivoient la mort du ra-
vififeur ; Julien, infirme de quelques circoQllances
particulières qui dimînuoient l’énormité du crime,
fe contenta de - bannir le coupable. Les parens
firent entendre leurs plaintes, & dirent tout
haut que Céfar étoit trop indulgent. O u i ,
» je le fuis trop, répartit Julien, à ne corfidé-
» rer que la difpofition des loix. Mais le prince
» eft une loi vivante qui doit tempérer,-par fa
» clémence , ce que les loix mortes ont de trop
» rigoureux ».
Ce prince, à la tête de fes troupes dans les
Gaules, remporta une victoire complette fur fept
rois allemands auprès'de Strasbourg. Il vainquit
plufieurs fois les barbares, & les chaffa des Gaules
en très-peu de temps. L’empereur Confiance ,
auquel il étoit devenu fufpeét par tant de fuccès ,
lui envoya demander, pourl’affoiblir, une partie
confidérable de fes troupes, fous prétexte d’ une
guerre contre les perfes. Mais les foldats de
Julien fe mutinèrent, & le proclamèrent empereur
E e e e