
certaines &.hafardeufes ■. C en cft fa it , le fort ejl
jette,
Rome , à fon approche, parut avoir perdu
lufage de fes forces. Céfarvêtant entré, voulut
s emparer du tréfor. Le tribun Métellus s'y op-
poû fortement , & chacun le louoit de fa fermeté
: mais Céfar parlant en vainqueur, le menaça
de le tuer fur le champ , sril n'obéifioit;
Et tu ii ignores pas , jeune homme , lui dit-il, qu'il
m eft plus aifè dé le faire que de le dire. Ces dernières
paroles troublèrent fi fort Métellus , qu'il
reçut avec foumiffion tous les ordres de Céfar.
l-ompée , nommé général des troupes de la
république, s'étoit retiré dans le fond de l'Italie,
avec une armée peu aguerrie : fes lieutenans commandaient
dans différentes provinces. Céfar mar-
ehant d abord a eux , dit, qu i l alloit combattre
des troupes fans général, pour revenir enfuite contre
un général fans troupes.
Dans toutes fes expéditions , Céfar s'attacha
plutôt à fe concilier les coeurs par la bienveillance,
qu'à les foumettre par la force de fes armes. Un
certain Domitius, défefpérant de pouvoir défendre
fa place, avoit demandé du poifon à un de
fes efclaves qui étoit médecin. C et efclave lui
donna un breuvage qu'il avala, dans l'efpérance
de mourir très-promptement : mais bientôt après',
ayant appris la clémence dont le vainqueur ufoir
envers fes. prifonniers, il fe mit à déplorer fon
infortune, & à fe plaindre dé la promptitude avec
laquelle il avoit pris cette funefte réfolution. Mais
le médecin calma ffes frayeurs, en l’affurant que
le breuvage qu'il lui avoit donné, n'étoit point
mortel, & n'étoit capable que de procurer un
affoupiffement. IX mitius aufli-.tôt fe leva & alla
trouver Céfar, qui lui accorda la liberté.
Les progrès de ce général furent fi rapides, que
Cicéron étonné difoir à fes amis : « C'eft un
» monftre que cet homme-là pour l'aétivité , la
» vigilance , la célérité" *>.
Prêt à livrer bataille à Pompée , qui s'étoit retiré
en Epire , il voyoit avec inquiétude que les
troupes qu’Antoine, fon lieutenant, devoit lui
amener , n'arrivoient point. Que fait-il ? 11 prend
h réfolution dangereufe d’aller lui même hâter le
départ de ces troupes, qui étoient dans un des
ports de la mer qui baigne l'Epire. Il prend un
fiabit d’efclave J & à couvert par ce feul déguife-
ment & par les ténèbres de la nuit, il monte un
efquif qui devoit traverfer au milieu des vaiffeaux
ennemis qui couvraient la mer. A peine l'efquif
ell-il en mer , qu’un vent violent s’élève, & les
vagues pouiTées avec furie contre le bâtiment, le
mettent à tout moment à deux doigts de fa perte.
Le pilote alarmé, & jugeant qu'il étoit impoflible
de furmonter cette tempête , commande aux rameurs
de ramer vers la poupe, pour remonter
à l'endroit d'où ils étoient partis. A ces mots,
Cejar auffi-tot le lèVe , fe fait connoître au pilote
étonné ; & le prenaht par la main : Marche , mon
af ] 1 3 _U1 3 °fe tout & ne crains rien 3 tu mènes
Céfar & fa fortune.
Dans le premier combat qui fe donna en Epire,
I ompee- eut 1 avantage$ & la déroute des ennemis
aurojt ete complette , s’ il eût marché droit au
camp de Céfar. Ce général en convenoît lui-même,
tk difoitj en parlant de cette journée, que la victoire
etoit aux troupes de la république , f i leur chef
avoit fu vaincre.
j Pharfale décida de l’empire du
monde entre ces deux généraux. On peut remarquer
ic i , que ce qui contribua le plus aux fuccès
de cette journée, ce fut l’ attention qu’eut Céfar
de recommander a fes foldats de frapper directement
au vifage les cavaliers de Pompée, qui dévoient
entamer l’aûion. Ces jeunes gens, jaloux
de conferver leurs agrémens, ne purent renfler à
de pareils coups ; ils quittèrent honteufement le
champ de bataille. Pompée s’étant fauvé en
Egypte, y fut affattné aux yeux de CornélieTon
epoufe.
Avant le combat, Céfar adreflant la parole à
un de fes officiers nommé Caius Craffinius, lui
d it. He bien , Craffinius , que devons-nous efpérer ?
Ceftr, lui répondit ce brave Officier, nous vaincrons
avec gloire , & aujourd’hui vous me louerez
mon ou vif. Comme il s’étoit jetté le premier dans
la melee , il y trouva une mort glorieufe au commencement
du combat.
Céfar, pour attirer fa vi&oire, livra combat
a tous ceux qui tenoient encore au parti de Pom-
P?e* *j tëgg&lfef dans Ie Pont, Pharnace j & malgré
I infériorité de fes forces, remporta' à fon arrivée
une vi&oire complette fur ce fils de Mithridate.
C e rut en rendant compte à un de fes amis de
cette vîéïoire rapide, qu’il lui écrivit ces trois
mots célébrés : Veni , vidz , vici , j;e fuis venu ,
j’ai vu , j’ai vaincu.
On a loué fa préfence d’efprit en plus d’une
occanon. Nous rapporterons celle-ci. Il débar-
quoit en Afrique , pour la foumettre ? en defcen-
dant de fon yaiffeau, il fe laiffa tomber. Cette
chute pouvoit être regardée comme un mauvais
augure par fes foldats ; mais, pour fe le rendre
favorable, il feignit autt-tôt d’embraffer la terre,
& s’écria : Afrique , je te tiens.
' Lorfqu’il fe rendit en Egypte, le rhéteur Théo-
aote , 1 afTaffin de Pompée, vint lui apporter la tête
de ce rival, qu’il avoit confèrvée avec foin
croyant fe rendre par-là agréable à Céfar. Mais
le vainqueur détourna auffi - tôt la vue de cet
horrible préfent, & n’accepta que le cachet de
Pompée, qu’il prit en verfant bien des larmes.
Il auroit finis doute plus fait pour fa gloire, s’il
avoit fait punir, comme il le devoit, l’attentat
de Théodore.
Céfar s’ étoit fait * déférer la di&ature perpétuelle
, & commençoit à faire jouir Tes concitoyens
, ou plutôt fes fujets , d’un gouvernement
doux & tranquille, lorsqu’on tramoit déjà des
confpirations contre lui. Ses amis ne cefïoient de
lui recommander de veiller fur fa perfonne $ mais
il rejettoit leur crainte, en difant qu’ilvaloit mieux
mourir une fois , que de craindre la mort a toute
heure.
La veille du jour que les conjurés avoient fixé
pour l’ affattner au milieu du fenat, Marcus Le-
pidus lui donnoit à fouper. Il fe mit à ligner quelques
dépêches à table , comme c’etoit fa coutume.
Pendant qu’il fignoit, les autres convives
agitant différentes queftions, l’un d’eux demanda
quelle étoit la mort que Von pouvoit regarder comme
la plus heureufe ? Céfar les prévenant tous, répondit
, en hauffant la voix , la moins attendue.
Le lendemain, Céfar, malgré plufieurs prefïèn-
timens funeftes, vint au fénat. Autt-tôt qu’il fut
entré, les fénateurs fe levèrent pour lui faire honneur.
Une partie »des conjurés avoit environné
Ton liège : les autres allèrent au-devant de lu i,
comme pour joindre leurs prières à celles de Tullius
Çimper, qui intercédoit pour le rappel de fon
frère exilé j & l’accompagnant toujours, ils continuèrent
de le prier jufqu’à ce qu’il fût à fon liège.
Il s’affit fans vouloir écouter leurs prières} mais,
comme ils revenoient toujours à la charge , &
qu’ils le preffoient plus vivement, jufqu’à lui faire
violence, il fe fâcha contre eux. Alors Metellus,
lui prenant la robe avec les deux mains, lui découvrit
une partie de la poitrine : c’étoit le lignai
dont les conjurés étoient convenus , pour fe jetter
fur lui ; & Cafca fut le premier qui lui porta un
coup d’épée. Le trouble & l’agitation de l’ alfairm
empêchèrent que ce coup fût mortel, ni même
bien appuyé , & donnèrent la facilité à Céfar de
fe fajlir de fon épée qu’il tint toujours. En même
tenis, ils fe mirent tous deux à crier, Céfar, en
langage romain : Scélérat de Càfca , que fais-tu ?
Et Cafca, en g rec, & s’adrelfant à fon frère :
Mon frore, a monjecours. Les autres fénateurs ,
qui ne ^ favoient rien de la confpiration , furent fi
failis d’étonnement & d’horreur , que, frifonnant
de tout leur corps , ils n’eurent la force , ni de
prendre la fuite, ni de fçcourir Céfar, ni même
de proférer une feule parole. Alors tous les conjures
tirent leurs épées & l’environnent de toutes
part > de forte que , de quelque côté qu’il fe tournât j
il neyoyoit que des épées nues qu’on lui portoit
au vifage.^ Car il falloit, ajoute Plutarque, que
chacun eût part à ce meurtre , qu’ils goûtaffent
tous, pour ainfi dire, à ce fang f comme aux
libations d’un facrifice. Leur fureur fut même fi
grande, que chacun s’eroprefTant de lui donner
un coup, ils fe bleflerent eux-mêmes. Céfar fe
traînoit de tous côtés, en cherchant à fe défendre
j mais il n’eut pas plutôt vu venir à lui Brutus,
l ’épée à la main, Brutus qu’il avoit toujours tendrement
aimé, qu’il s’écria : Et toi aujfi, mon
cher Brutus ! A lo rs , fe couvrant la tête du pan
de fa robe , il s’abandonna à fes ennemis. Il
tomba, percé de vingt-trois coups ,' au pied de
la ftatue de Pompée, qui en fut toute enfanglan-
téej de forte qu’il fembloit que Pompée, autrefois
fon ennemi & fon rival, préfidoit lui-même à cette
vengean ce.Plutarque. •
CEZELLI ( Confiance de).
En i ^ o , le parti de la ligue en Languedoc »
demanda des troupes au Roi d’Efpagne. .Sur" la
nouvelle de leur débarquement, Barri de Saint-
Àunez, gouverneur pour Henri I V , à Leucate ,
en partit pour aller communiquer un projet au
Duc de Montmorencycommandant en cette
province. U fut pris eti'bhemin par les ligueurs ,
qui marchèrent aufl^tôt' avec les efpagnols, vers
Leucate-, perfuadés qu’ayant le gouverneur entre
leurs mains, cette place ouvriroit tout de fuite
fes portes, ou du moins ne «endroit pas long-
tems j mais Confiance de Cezelli, fa femme,
après avoir affemblé la garnifon & les habitans,
& leur avoir repréfenté leur devoir & leur honneur,
fè mit fî fièrement à leur tê te , une pique
à la main , qu'elle înfpira du tourage aux plus
foibles. Les affiégeans furent repouffés par-tout où
ils fe préfêntèrent. Défèfpérés de leur honte &
du monde qu’ils avoient perdu, ils envoyèrent
dire à cette vaillante femme, que fi elle conti-
nuoit à fe défendre, ils alloient faire pendre fon
mari, ce J’ai des biens confîdérables, répondit-elle
les larmes aux yeux, je les ai offerts & je les
offre encore pour fa rançon > mais je ne rachèterai
point par une lâcheté , une vie qu’il me re-
procheroit, & dont il auroit honte de jouir : je
ne le déshonorerai point par une trahifon envers
ma patrie & mon roi ».
Les affiégeans , après avoir tenté une nouvelle
attaque, qui ne leur réuffit pas mieux que les
autres, firent mourir Barri & levèrent le fiège.
La garnifon voulut ufer de repréfailles fur le
feigneur de Loupian , qui étoit du parti de la
ligue , & qui avoit été fait prifonnier : notre
héroïne s’y oppofa. Henri IV lui envoya le brevet
de gouvernante de Leucate, avec la furvivance
pour fbn fils.
CH ABRI A S , général athénien, mort l’an 3
avant Jéfus-Chrift. Il fe rendit célèbre par Tes
grandes allions : envoyé au fecours des thé-
bains contre les fpartiates , & abandonné de fes
alliés , il foutint feul avec fes gens le choc des ên-
nemis. Il fit mettre fes foldats l’un contre l’autre,