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l e roi raccorda fans examen ; mais ce fut pour
lui une fource nouvelle de réflexions, lorfque fes
tréforiers lui Aient voir qu’il s’étoit engagé au-delà
de ce qu’il pouvoit fournir. On a évalué la Comme
de ces grains de' bled à 1*5384 villes, dont chacune
' centiendrok 102.4 greniers, dans "chacun defquels
il y auroit 174761 mefures, & dans chaque inclure
32768 grains.
Sarafln qui a fait une diflertation fur le nom du
jeu des échecs , nous apprend qu’il vient des Indiens,
qui l’ont appris aux Pe'rfans; ceux-ci aux
Arabes j ces derniers aux Efpagnols.
On a dit àuffi que les.Grecs inventèrent ce jeu
‘ là pour Ce défenmiyer au fiége de Troyes. Le Ca-
îabrôis, qui avoit cherché par tout le monde des.
gens qui lui puflfent tenir tête au jeu d’ eckecs , di-
foit qu’il n’en avoit point trouvé de fi favans que
, les levantins..
Echec & mat font des mots perfans, qui figni-
fient : le roi efi confondu.
La Salle jouoit ce jeu de mémoire ; il nurnero-
toic toutes les cafés ; il jouoit fans voir 1 échiquier,
il gagnoit lés plus forts joueurs. C ’eft de cette ,a-
çon que les Efpagnols le jouent en courant la
pofte. Les villes, en Efpagne-, fe. font des défis a
ce jeu : celle qui efi vaincue eit regardée comme la
fujette de l'autre.
TJnhiftorien allemand, je ne fais fi ce n’eft point
Slèidan,, raconte que Charles-Quint jouoit aux
échecs' avec fo'n finge; qu'un jour cet animal lui
ayant fait Y’échec du berger, cet empereur fut fi .
piqué, qu’il lui jeta l’échiquier à la tê te , dont il
ïe bleffa.
Charles-Quint ayant repris ton fan g -fio id , in-
v ita le finge à rejouer 5 ce t animal, d ont la bleffuie
é t o it toute fr a îch e , ne v o u lo it plus fe commettre
■ a v e c un aufli rude joueur que c e prince 5 il fri. ut que
Charles-Quint le prît fur un to n fort haut ; le
finge o b é it malgré lui > il fit de nouveau l 'échec du
berge r à l’empereur ; mais pour fe garantir de la
co lè r e de fon ma îtr e , il fit fur-le-champ le plcn-
< g e o n fous la table.
Les échecs' étôient autrefois un jeu fort familier
parmi les princes. Jean Sans-Terre, roi d’Angleterre,
jouoit aux échecs, lorfque les députes de
Rouen lui vinrent demander du fecours contre I hi-
. Iippe-Augulle,qui affiégeoit cette ville: il ne voulut
point les écouter que la partie ne fut fiaie. U .eh
- rapporté, dans le fécond tome de la Bibliothèque
des Gens de Cour, que Louis-le-Gros,- a la ba-
; taille de Brenneviïle, dit un bon mot qui f g j
foit allufion aux échecs. Ferrand , comte de
Flandre, ayant été pris^ par Philippé-Auguite , a
- la bataillé de Bovines* fa femme qui 1® pouvoit*
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délivrer, le laifla long-temps languir en prifon* ïk
fe haïffoient, & leur haine venoit du jeu des échecs §
ils fe querelloient fans cefle; le mari ne pouvant
fe confoler de perdre toujours contre^ fa femme
aux échecs, ni fa femme fe réfoudre à l’ y laiffer
gagner.
L ’ ancien préfident Nicoîaî paffoit pour le meilleur
joueur a échecs qu’il y eût en France : cette ré- y*
putation lui fufeita un jour un envieux, qui vint
exprès de foixante lieues pour la lui difputer. C e t
inconnu, tout botté , attendit le préfident, a qui
il d it, à- fon retour de la chambre des comptes u
M ., ayant oui dire que vous paffez pour le meilleur
joueur d,AÂ<’« , ie viens exprès voir s’ il faut que-
je vous le cède i une partie feulement en décidera*-
On apporta des échecs, le, 'préfident ; perdit,
l’inconnu le quitta, fans que M-^Nicolaï le put
engager à une fécondé partie, ni a dîner avec lui ».
ni à lui dire fon nom, qu’ il n’a pû favoir par d autres
voies. Jamais-, à ce qu’adit depuis le préfident,
il ne s’ efi vu un hbmme jouer avec tant d efprit &
de jugement que celui-là.. -
ÉCLIPSE. En 17 15 , il y eut une grande
éclipfe de foleil;quelques jours avant quelle arrivât
, on l’annonça dans les papiers publies, on en
cria la description dans les rues de Londres. Il y .
avoit alors un envoyé de Tripoli. Il acheta^ cette
defeription,, fe la fit traduire, & fut très-étonne-
de voir qu’on en- marquoitf préeifément le commencement
la fin. > Ces Anglois font fous ,>
m s’écria-1-il; ils s’imaginent favoir , avant le
® temps, le moment préfix où il plaira au Tout--
» Puiflant de nous dérober le foleil ; nos Muful-
» mans ne feroient pas en état de le faire ; afiii-
» renient, Dieu n’a pas révélé aux infidèles ce
» qu’ il cache aux vrais croyans.-*». On-s’âmufa;
beaucoup de ce raifonnemenr, & l’ envoyé ne put
revenir de fa furprife, lôrffu’îl vit \’éclipfe arriver
■ comme on l’avoit prévu. Le lord Forfax lui de>
manda alors ce qu’ il penfoit.après-cela des aftro-
nomes Anglois. « Ils tirent leurs cqnnoiffances de
« l’enfer, répondit l’envoyé; c’efi: le diable feul
» qui les a inftruits, car il n’ eft pas ppfïible d’ima-
„ gintr que Dieu daigne communiquer fes lu-
» mières à de malheureux infidèles-»
Véclipfe dü foleil ? qui fût annoncée pour l’année
172.4, avoit répandu une fi grande confterna-
tion à la campagne, qu’un curé ne pouvant fufnre
à confeffer fes paroiffiens qui croyoient en mourir »•
prit le parti de leur dire au prône • cc Mes enrans ,
» ne vous prenez pas tant, 1 éclipfe a été remue
» à la quinzaine^»
Ou a rapporté use naïveté femblable d’un curé
de Paris, au fujet de Y éclipfe du premier avril
ï/64. Comme cette éclipfe n’avoit pas produit,. a
: x-i
beaucoup près, la profonde obfcurite qu’il avoit
annoncée, fur la foi de la gazette3 pour le dimanche
à neuf heures du matin à il dit au pion e du
même jour, que Y éclipfe avoit été reaiife.
Une femme faifant partie avec une autre pour
aller voir unt éclipfe, lui dit de fe tenir prête pour
onze heures. — Bon , répondit-elle, nous n’aVons1
que faire de nous tant prefler. Quand on dit onze
heures, c’efi pour midi. -
ÉCONOMIE. D ’honnêtes citoyens chargés de
faire une quête pour fecourir des malheureux,in-
•cendiés, .arrivant, à la porte d’une petite rnaifon,
entendirent le propriétaire qui grondoit étrangement
fa fervante, parce qu’après avoir allumé la
lampe, elle avoir jetté le refie de l’allumette, dont,
un des bouts étoit encore fouffré, 3c en état de
fervir une fécondé fois. Après avoir écouté ce,dif-
cours, les colleéleurs fe perfuadèrent bien qu’ils
tirerbient peu de chofe d’un pareil pèr,fon nage ;
cependant ils frappèrent, & virent arriver à euxam
vieux garçon, qui, ayant appris l’objet de leur
miflipn, paffa dans un cabinet, & en apporta
quatre cents guinées qu’il leur remit. Les çom-
miffajres reftecent confondus, & ne purent s’empêcher
de marquer leur furprife à cet homme généreux
, après k fcène dont ils venoient d’être les
témoins. «Meffieurs , leur dit-il, vous vous éton- ;
» nez-là de bien peu de chofe. J’ai ma façon de
w ménager & de dépenfer, l’une fournit à l’autre :
» l’une & l’autre fatisfont mon goût. En matière
=? de bîenfaifance , attendez tout de ceux qui fa-
» vent compter, » En finiflant ces paroles, il les
mit brufque-ment à la porte, moins occupé des
quatre cents guinées qu’il venoit de donner, que .
de.. l’allumette imprudemment prodiguée.
ECOSSE. ( auberge d’ ) Un auteur anglois fait
«infi la defeription d’une auberge d’Ecofîe : Si
vous me parlez du bas-peuple, j’aurai peine à
vous Satisfaire, car je ne l’ai jamais connu que
par l’odorat. Quant à la nobjefle, elle eft nom-
breufe, 8c en général très-brave, mais extrêmement
pauvre.
En y arrivant par l’ Irlande, je débarquai dans un
miférable village, confiftânt en une douzaine de
cabanes dans Je goût de celles des hottentots. La
principale étoit une hôtellerie tenue par un comte. ,
Tout le village s’affembla en un inftant pour venir
.me faluer ,,s’imaginant, d’après mon train &
ma mine , que je devois .être un grand feigneur.
Le comte accourut, & tint mon étrier polir m’aider
à defeendre de cheval ; puis fe tournant thi
côté de fon fils aîné;, qui n’avoit pas de culotte,
il lui dit : Milord , conduirez le cheval de mon-
fieur à l ’écurie, èc priez votre foeur,. lady Betfy ,*
de lui tirer pinte fe deux fols, car je préfume que
monfieur Voudra boire de notre meilleure bière.
Je fus obligé d’y paffer la nuit, & de faire un
fouper de pommes de terre brûlées & d’oêufs
pourris. A cela près, le gentilhomme fut fort
eomplaifant ; il me força d’accepter la moitié de
fon lit. Sa chambre n’étoit pas 1a plus magnifique
du monde ;, une vieille canette y tçnoit lieu de
fiège, & le lit manquoit de rideaux.
Lady Betfy eut la bonté de me demander grâce
pour le pauvre état de l’appartement, en m’afiu*
rant que plufîeurs perfonnes de grande qualité y
a.voient fouvent logé ; elle ajouta qu’à la vérité
les couvertures étoient bien fales & bien noires, 8c
que cependant il n’y avoit pas encore quatre ans
qu’elles avoient été lavées par la comtefl’e fa mère
& par lady Matilde Caroline Ange Eléonore
Sophie, une de fes foeurs cadettes. Elle me
fouhaita une bonne nuit, & me promit que le
vicomte, fon frère, ne manqueroit pas de graif-
fer mes bottes.
É CRITÜRÉ. Oîî peut affurer, diaprés ce qui
fubfifie encore des monumens de l ’antiquité, que
l’ art d’écrire eonfiftoit originairement dans une
repréfentation informe & groffière des objets cor-
porelâi Cette écriture , improprement dite, a été
h ptemière dont les égyptiens aient fait ufageî
ils ont commencé par deflîner. On peut conjecturer
aufli que les phéniciens n’ont point connu
d’abord d’autre méthode. Les auteurs qui ont
le mieux traité de l’hiftoire & des arts des chinois,
nous font voir comment les caraélèrçs qui
font en ufage aujourd’ hui chez ces peuples dérivent
de la fimplicité de la première pratique ,
où l’on exprimoit les penfées par l’image naturelle
des objets fufceptibles de repréfentation. On
foupçonne qu’il en aveit été de même chez les
grecs , conjecture fondée fur. ce que le même
mot.fignifie, dans leur langue également, peindre
& écrire.
L ’hifioîte des Mexicains nous offre un témoignage
encore plus marqué des premiers eff.vis de
l’art d’écrire. La manière dont les habitans des
côtes maritimes de cet empire donnèrent avis à
Montéfuma de la de fc en te des efpagnols, fut
d’envoyer à ce prince une grande toile, fur laquelle
ils avoient defliné & p^int foignèufemenc
tout c e ,qu’ils avoient vu. Cétoit la feule méthode
que ces peuples "connulfent pour écrire
leurs loix & leur hiiïoire.
Les paroles ont des ailes, & paffent fans s’arrêter
; au lieu que Y écriture efi un efprit attaché à
un corpsj c’eft une parole morte qui dure plus
que la vivante.
On prétend que les phéniciens font les inventeurs
de Y écriture^