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de ces chiens courut vers les mets dont il avoit
•coutume d’ être nourri ; l’autre fe mit a pour-
fuivrele lièvre avec ardeur. En vain I animal timide
veut éviter l’ennemi. Le chien le prene 8c
l'attrape. Tout le peuple applaudit à fon adroite
agilité. Alors Lycurgue§ s’adreffant a 1 affemblee :
a Ces deux chiens, dit-il, font de meme races
>» voyez, cependant la différence que 1 éducation a
» mi fs entre eux *>. •
L’éducation fait to u t , & la main de nos pères
Grave en de fdibles coeûrs'ces premiers caractères,
Que l’exemple & le temps nous viennent retracer,
Et que peut-être en nous Dieu feul peut effacer.
EFFRONTERIE. Lahardieffe, 8c quelquefois
l’ effronterie font d'un grand fecours dans les cir-
conftances délicates ; elles tiennent lieu dereffour-
ces plus folides. Mahomet affemble le peuple; il
veut faire marcher une montagne, il l'appelle .-elle
-.relie immobile : eh bien ! dit-il, montagne , puifque
tu ne veux pas venir à Mahomet, Mahomet ira a toi.
La manière dont , cette plaifanterie fut dite,, lui
tint lieu d’un prodige. C e t exemple n’eftcité que
pour prouver ce que peuvent l’audace 8c l'effronterie
fur l’ efprit du peuple, & non pas pour autori-
fer les fourbes.
È L É
n’âuroïent pas été à fon avantage : 51 fe hâta cîd
quitter Milan. C e Bijfoni fit le rôle de Scapin a
Paris, en 1723. 11 était âgé de quarante-cinq
ans.
Un charlatan, avant de débiter fes drogues au
public, lui parloit airifi ? « Béni foit le Seigneur, a
» qui je ne demande pour toute grâce, que devou-
» loir bien, félon fa juftiçe, me traiter au juger
» ment dernier, comme je vais vous traiter en
» vous vendant mes drogues- Je facrifie ma vie ©£
» ma fanté pour la vôtre} mais le démon , enner
?3 mi éternel de tout bien, vous aveugle tellement a
» que vous épargnez quelques écus pour une basa
gate lle, vous négligez de vous procurer un
; » auffi grand bien que mes remèdes* qui vous fan-.
» veroient la vie à vous, à vos:païens & a vos
» amis. Si je prends de vous une obole contre ma,
» confcience * je veux bien être condamne a avaler
» éternellement votre monnoie fondue au feu de
» l’enfer. Amen. »
Il avoit préparé cette énergique harangue pour
débiter les poudres à un fol.
EGLISE. Les richeffes qui fefont introduites dans
Yéglïfe, font les barbares filles delà piété qui ont.
étouffé leur mère.
Bijfoni* qui fut appellé à Paris en 171(3* avec
les aCteurs de la nouvelle troupe italienne, pour y
jouer le rôle de Scapin, avoit couru piufieurs
;villes'd’Italie, en qualité'd’opérateur. Etant à G
Milan, il en trouva un plus accrédité, qui attirait
toute la foule. Défefpéré de ce contre-temps,
il eut recours à un ftratagême fiagulier. Il étala
dans une place voifine de celle de l’opérateur en
vogue ; & après avoir vanté, avec toute l’emphafe
poflible, la bonté de fes remèdes , il ajouta qu’ils
ctoient trop connus pour en faire un plus^ grand
élqge, puifque les fiens, & ceux de 1 operateur
voifin étoient les mêmes, affurant qu’il étoit le
fils de cet opérateur; qu’ayant eu le malheur de
tomber dans fa difgrace, pour quelques efpiegle-
ries de jeuneffe, fon père l’avoit chaffé de chez
l u i & avoit la dureté de le méconnoître.
C e difcours fut rapporté à l’opérateur *, & Bi-flo*
ni, profitant de la conjoncture , courut* d’un air
repentant, & le vifage baigné de larmes, fe jetter
à fes genoux, en l’appellent fon père; lui demandant
pardon de fes fautes pallées. L ’operateur
le traita de fourbe, & protefta q ue, bien loin
d’être fon fils * il ne le connoiffoit pasg &. ne fa -
voit jamais vu. Plus il marquoit de colère & d’indignation
, plus l’alifemblée étoit prévenue en fa-r
yeur dé Bijfoni. La ehofe alla fi loin * que piufieurs
perfonnes , touchées de fa foumiffion refpeCtueufe.
& do fes pleurs, prirent de Les drogues, & lui
firent même quelques préfens- Content, du fucceS
fa fourberie, craignant des éclaiçcifTeinens qui
O ui, depuis que Yégïife eu t, aux yeux des mortels 1
De fon fang, en tous lieux, cimenté fes autels»
Le çaitne dangereux fucçédant au x .o ra g e s,
Une lâche tiédeur s’empara des courages,,
Dë leur zèle brûlant l’ardeur fe ra lentit, , ■
Sous le joug des péchés leur fo i s’appefantit|
Le moine fecoua le cilice & la haire,,
Le chanoine indolent apprit à ne rien faire,
Le prélat, p arla brigue, aux honneurs parvenu,;
Ne fut plus qu’abufer d’un ample revenu ;
Et pour toutes vertus fit au dos d’un caroffe*
A côté d’une mitre armoirïer fa croffe.
L’ambition par-tout chafl’a l’humilité,
Dans la craflè du froc logea la vanité,
BOILEAU.-
Véglife eft compofée de deux ordres qui fond
fi difproporcionnés. que lé premier-né connaît pas’
les fujets qui forment le fécond.
É L É P H A N T . A , l’article Animait# , nous
avons rapporté quelques traits' qui caraflérifent.
l'infiinél de Véléphant ; nous nous contenterons ici
de citer les deux fuivans :
Dans le temps que Fyrfhus, roi d’Epire . entroij
viàotieux. dans Àrgos. un éléphant s’apperçut qu m
avoit perdu fon maître,, lequel étoit tombe, daps
la foule dès morts : outré de douleur , il renverfe
i.iidifféremrn'pnt amis 8c ennemis; iLcourt de rang
en rang, jufqvw ce, qu’il ait trouve le corFsÆ
Ë L Î
ifbn maître; il le prend enfuite avec fa trompe, &
l’emporte loin des ennemis*
A la bataille de Thapfiis en Afrique , oùScipion
& Juba furent vaincus par Céfar, un éléphant bielle
& furieux fe jetta fur un malheureux valet d’armée;
& , le tenant fous un pied, lui appuyant le
genou fur le ventre, l’écrafant de tout le poids
de fon corps, il le maltraitoit & achevoit de le
tuer à coups redoublés de fa trompe. Un foldat
vétéran, indigné à la vue de cet affreux fpeétacle,
courut à Y éléphant, les armes à la main. AufiS-tet
l'animal guerrier laide le cadavre, faifit le foldat
avec fa trompe, dont il l’enveloppe , & l’élève en
l’air tout armé. Dans un fi prefiant danger, le
foldat rappelle tout Ton courage, & fe met à frapper
fur la trompe de Y éléphant, avec l’épée qu’il
avoit à la main. La douleur força l’animal de lâcher
prife- Il jette fon ennemi par terre, & court,
avec de grands cris, rejoindre la troupe des autres
éléphans. Depuis ce temps-là, la cinquième légion
dont étoit ce foldat-valeureux, porta un éléphant
dans fes eafeignes.
E L ISA B E TH , reine d’Angleterre & d’Ir-
lande, fille de Henri VIII & d’Anne de Boulen,
née le 8 feptembre 15-53, morte le 14 mars 1603,
dans la foixante & dixième année de fon âge.
Les hiftoriens qui ont peint cette pr inc elfe à
l’extérieur * lui donnent une taille avantageufe, le
teint délitât, le tour du vifage plus ovale que
rond, le nez un peu allongé , mais d’une belle
forme, des yeux grands, moins vifs que tou-
chans. Il eft dit dans l’hiftoire d’Ecofle, par M.
Walpoole, qu’ Elifabeth étoit fi flattée de pafler
pour belle, même dans fa vieilleffe, que toutes
les fois que le temps le permettoit, elle donnoit
fes audiences publiques dans fon jardin, parce
que fes traits qui étoîent grands le. paroiffoient
moins au jour, les ombres étaiy: alors moins
fortes.
Cette prînceffe éprouva, de la part de Marie,
fa foeur aînée, beaucoup de mauvais traitemens,
la prifon même, & courut bien des dangers. Mais
lorfqu’elle fut proclamée reine, elle eut la modération
&: la magnanimité d’enfevelir dans un
profond oubli les outrages dont on l’avoit accablée.
Elle fit plus encore * elle reçut avec bonté
les perfonnes mêmes qui avoîent exercé à fon
égard les rigueurs les plus inouïes. Lorfque fir
Bennefield, à la garde duquel elle avoit été “coiai-
mife, & qui avoit rempli les fon&ions de fon
miniftère avec une dureté impitoyable, fe présenta
devapt Elifabeth pour lui rendre hommage
fur fon^ayénement à la couronne, cette princeue
lui offrit fa main à baiier, & dit d’un air
riant à ceux qui l’aeçompagnoiçnt ; voila mon
foncierge.
EnçyclopedJana9
ET L I 401
Elle avoit rappelle de l’exil fait fortir de&
prifons tous ceux qu’on y avoit envoyés pour
caufe de religion, fous le règne précédent. N i-
colas Bacon, chancelier, fe trouvant dans la
chambre de la reine lorfque piufieurs prifonniers
vinrent la remercier de leur liberté, lui d it ;
« Votre majefté accorde- t.-elîe la grâce aux uns
» & non pas aux autres? J’entends, répondit
» la reine, qu’on la donne i tous, fans diftinc-
» tion- IL y a cependant encore quatre prifon-
» niers, reprit Bacon, qui, depuis le règne de
« Marie ^ font bien étroitement détenus. Qui
»» font ils donc, reprit la reine ? Ils s’appellent,
» madame,, ajouta Bacon , l’un Matthieu, l’autre
»? Marc, le troisième L u c , & le. dernier Jean y
m votre peuple attend avec impatience que vous
» leur rendiez la liberté. » Elifabeth fourit * &
répondit quelle avoit toujours ces prifonniers pré-
fens a la mémoire j mais quelle voulait aupara■*
vant les confulter fur ce qu elle devoit faire en.
leur faveur.
L’inclination que la reine témoîgnoit pour le
fafte & l'éclat, jufques dans le ferviee divin , fit
dire à fes ennemis, ocelle vouloit faire de 1‘ég life
un théâtre pour y jouer la comédie. Elle devoit effectivement
y taire le principal rôle.. La politique
exigeoit que la fuprématie reftât à la couronne ;
Elifabeth> comme fouveraine, fut donc le chef
de i’églife anglicanne. Elle ne prit cependant point
ce titre, mais celui de fouveraine gouvernante dans
V étendue de f i s états en toutes, fortes de caufes féeu-
Hères & eccléfiajtiques. Beaucoup d'auteurs, & principalement
les italiens , ont trouvé çette dignité
ridicule dans une femme-; mais, répond un il-
luftre écrivain * ces auteurs ne doivent pas ignorer
qu’autrçfois les fouverains dç toutes les nations
connues avoient l’intendance des choies de
la religion ; que les empereurs romains furent foii-
verains pontifes, & qu’une reine d’Angleterre
qui nomme un archevêque de Çantorbéry , &
qui lui prefcrit des loix * n’eft pas plus ridicule
qu’une abbeffe de Fontevrault qui nomme de,s
prieurs & des curés, & qui leur donne fa bénédiction.
Un jour que N ow e l, un de fes chapelains ,
dans un fermon qu’il prêchoit devant cette reine,
parloit indécemment du Jîgne de la croix , elle
lui cria de-la ttibune d’où elle l’entendqit, qu’il
finît cette digreffion impie, & qu’il revînt à fon
texte. Une autre fois qu’ un de fes théologiens
avoit prêché pour foutenir la préfence réelle ,
elle, le remercia publiquement de fon zèle & de
fa piété. Au refte elle 'n’aimoit pas les fermons,
& difqit fouve.nt que deux ou trois prédicateurs
fuffïroient ppur tout un pays.
Lorfque Philippe II équippa cette fameufo
flotte furnoiTiméç Y Invincible, qui menaçoic
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