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fit Amplement cette queftion t ^ Sent, Cham &r
33 ^ enfans de Noé leur père , de qui fontr
l s j ” • Quelqu' aifée que 'fut cette demande ,
Je poltulant ne put y répondre. U évêque le ren-
-M .donc j & trouva dans une antichambre
fon père , à qui il raconta la demande
du prélat , 8c rembarras où elle l’avoit jeté. Son
pere j ne pouvant s empêcher de rire , lui dit oue
rien n'étoit plus facile ; c'eft la même chofe ,
ajouta-t-il, que s'il vous eût dit : « Le fils du
=» gouverneur , de qui eft-il fils ? Vous auriez ré-
!* P°ndu : Il eft fil^ du gouverneur ». Le jeune
homme l'interrompit , en lui difant quen effet
rlejJ. a eto*t Pll!s ^ac^e à concevoir; & il retourna
auffitot vers l’évêque , qui lui demanda de nouveau
en riant : « Sem , Cham , & Japhet, fils de
•3 Noé leur père de qui font-ils fils » ? Monfei-
gneur , lui répondit Yordinand avec fermeté , ils
font fils du gouverneur.
Un laquais eut ordre de fon maître d ’aller voir'
1 heure a un cadran folaire , pofé fur une pierre
dans fon jardin. Après avoir tourné vingt fois , le
domeltique fort embarraffé , apporte officieufe-
ment le cadran folaire à fon maître, en lui difant :
rencp , monficur, chercher t heure vous-mcmc , car
je ne m'y connais pus. Cette naïve balourdife divertit
beaucoup le maître.
Dans une des principales villes de commerce
on jouoit Rhadamifte de Crébillon : un de ces
dofteurs, qui critiquentà tort & à traversa s'é,toit
placé dans un coin de Tamphitéatre à côté de la
première danfeufe de la troupe ( mademoilèllé le
l ;évre ). Lorfque Arfame dit, que Corbulon armé
menace llbéric : Corbulon! dit le for critique,
comme ils eftropient les noms ! Corbulon au lieu
de Crébillon ! & chaque fois que l ’on pranonçoit
Corbulon, autant de fois voujoit-il que ce fut
Crébillon. La tragédie finie, la danfeufe s’en ya
derrière les codifies ; & rencontrant l'aéteur , qui
avoit joue le rôle de ro i, lui dit avec un air d’intérêt
& de bonne foi : prenez donc garde, mon
cher ami, on fe plaint dans l’amphithéâtre que
vous eftropiez tous les noms, & que vous ne favez
pas vos rôles. — Commeut donc ? dit l’autre._
E h! oui, oui j tous tant que vous êtes, vous
avez toujours dit Corbulon au lieu de Crébillon,
je l’ai entendu moi-même'. On peut fe figurer l’effet
plaifant que produifit ce double trait de ba-
lourdife, & de la part de la danfeufe & de la
part du prétendu Arillarque.
Un capucrn a mis à la tête d’un livre de piété-
une épitre dédicatoire, qui commence ainfi : à la
très-fainte Trinité. Madame, c’eft avec un profond
refpeâ que j’apporte ce tribut de louanges
aux pieds de votre facrée perfonne.
Une femme dont le mari venoit de tomber en
apoplexie , courut vite chercher un médecin &
lui dit que fon mari étoit. en ficope, comment,
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dit-il, en ficope ? c’eft une fyncope apparemment
que vous voulez dire. Ah ! monfieur, répondit-
e e , une cône de plus ou de moins, qu’ëft-ce
que cela fait dans I état où eft mon pauvre mari ?
. Une dame de Paris fe faifoit lire le fujet de Ba-
jazet, par quelqu un de fa connoiftance. Dans le
moment ou celui-ci lifoit, la fcène eft àConftanti-
nople. —- A h , ah, interrompit-elle je ne croyais
pas que la nviere de Seine allât jufques - là. Cette
dame avoit une profonde connoiftance de la géo- '
graphie ! ' °
Une Perfonne regardant le portail des Feuillans
■ e,:.a >ru® S. Honoré à Paris , & entendant dire
qu il etoit de 1 ordre corinthien : « Je croyois, dit-
elle,, qu il étoit de l'ordre de S. Bernard ».
Une dame a qui l'on montroit un tableau de
JoraanSj reprefentant l'enlèvement d’Europe: ah!
ah. dit-elle j eft-ce l'Europe galante?
Une dame étant dans une aflemblée , quelqu'un
vint a parler du prince de Conti. Cette dame demanda
s il étoit de la branche de Conti contenant,
chacun fe regardoit, 8c enfin on lui dit que
1 on ne connoiffoit point celle-là ; & comme elle
affirma que rien n'étoit plus fur , qu'il y avoit
une princefle de ce nom, tout le monde fe réunit
a A'ul demander dans quelle généalogie elle avoir
vu cela , & de quelle autorité elle pouvoit s'ap-
puyer. Elle répondit qu'elle l’avoit trouvé dans
les heures, dont en effet voici à peu-près l’inti-
tule : heures nouvelles , dédiées à madame la
princelle de Conti, contenant l’office de la Vierge
, &c.
Un homme faifant un inventaire, décrivit ainfi
une tapifferie de Flandres : item, une tapiflerie à
perlonnages de bêtes. '
Un jeune homme, fort ignorant, n’ofoit fe
prelenter a 1 examen pour les ordres; « Afin de
33 vous tirer d embarras, lui dit quelqu'un, re-
, » tenez les reponfes de ceux qui feront examinés
33 avant vous ». L'avis parut bon; 8c le jeune
homme va fe préfenter à,la fuite de plufîeurs or-
diaands. L ’evêque demande à l'un d'entre eux ce
qu il feroit fi une araignée tomboit dans fon calice
aPres j a c°nfecration ? L'éccléfiaftique interrogé
îepondit qu il falloir prendre l'araignée bien proprement
avec les deux doigts, - la mettre fur la
patene , & en faire bien dégoutter le fan«- précieux
; qu'enfuite il falloir fe confulter foi-même ;
que fi l'on ne fentoit pas une extrême répugnance,
on devoir fans héfiter avaler l ’araignée ; mais que
fi Ion ne pouvoit fe vaincre là-deffus, il falloir
brûler l'infecte, & en jeter les cendres dans la
pifcine. Le prélat vint enfuite au jeune ignorant ,
qui avoit été fort attentif à cette réponfe. « E t
33 yous , lui demanda-t-il, que feriez-vous fi un
33 a^e buvoit dans le bénitier ? — Monfeigneur ,
» répondit-il, je prendrois 1 âne bien proprement
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» avec les deux doigts ; je le mettrois fur la pa-
s» tène , 8c lui ferois rendre gorge de toute 1 eau
w bénite qu'il auroit'prife. Enfuite je me conful-
3» tèrois moi-même ; 8c fi je n'avois pas une ex-
» trême répugnance, je n'en ferois pas a deux
•s» fois, je l’avalerois; mais fi je ne pouvois me
®3 vaincre là-deffus , je brûlérois cet infeâe , 8c
3» j ’en jet.terois les cendres dans la pifcine ®>.
Deux huijfiers nouvellement reçus , 8c qtii n’a-
voient guère fait de procès-verbaux, ayant été
chargés d'exécuter les meubles d'une communauté
, furent battus bien complètement ; ils ne
manquèrent pas de drefler un procès-verbal, 8c
d’exagérer les excès commis contre les membres
de la juftice ; lefquels ajfujfms 3 difoiènt - ils , en
nous outrageant ô5 excédant 3 prenoient Dieu-depuis
la tête jusqu’aux pieds 3 & proféraient tous les blaf-
phêmes imaginables contre ledit Dieu 3 foutenant
que nous étions des coquins , des fripons , desifce’-
lérats & des voleurs ,* ce que nous affirmons véritable
3 en fo i de quoi , 8cc.
BALUE (' Jean •) , cardinal, né d’une famille
très-obfcure ; il parvint par fes intrigues atix premières
dignités de l'églife 8c de l ’état. Il avoir un
crédit extrême fur l'efprit du roi Louis XI. On
le voyoit en camail 8c en rochet faire défiler les
troupes devant lu i, 8c leur commander. C eft
dans une de ces occafions que le comte de Dam-
martin dit à Louis XI de lui permettre d'aller dans
le diocefe de B alite, faire l’examen des eccléfiafti-
ques & leur donner les ordres y car voila , dit - i l ,
l'évêque d’Evreux qui pajfe en revue les gens de
guerre 3 & mautorife a aller faire des prêtres. IL
mourut à Ancone en 1491.
BALUZE ( Etienne ) , né en 1630. Il a formé
le recueil des mànufcrits de la bibliothèque de
Colbert, & il a travaillé jufqu'à l'âge de 88 ans.
Il fut exilé pour avoir foutenu les prétentions du
cardinal de Bouillon qui fe difoit indépendant du
r o i , étant né d’une mailbn fouveraine 8c dans la
principauté de Sédan avant qu’elle fût cédée à
la France.
B A L Z A C ( Jean-Louis_) , un des quarante de
l’académie françoife , né à Angoulême en 1594 ,
mort en 16 54.
On lui avoit donné de fon temps le titre de
grand épiftolier. '
Le père André,.mauvais écrivain , mais criti-
ue acharné, fous le nom de Phyllarque ou prince
es feuilles, faifant allufion à fa qualité de général
des Feuillans , publia contre Balzac deux volumes
de lettres bien fournies d'injures. Ce qui pouvoit
avoir principalement excité la bile de ce religieux,
c ’eft que Balzac, avoit dit dans un de fes ouvrages :
I l y a quelques petits moines qui font dans l'églife,
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comme les rats & les autres animaux imparfaits
étoient dans l ’arche. Les Feuillans apparemment
s'étoient offenfés de la comparaifon.
On pouvoit reprocher à Balzac de parler avec
trop de complaifance de lui-même. Un jour qu a
la fortie d'une maladie, il vint faire fa cour au
cardinal de Richelieu, ce cardinal lui demanda ,
s'il ne fe portoit pas mieux ? Bautru qui étoit pré-
fent, fans donner à Balzac le temps de repondre ,
dit à ce miniftre : « Comment pourroit-il fe bien
33 porter ? Il ne parle que de lui-même, 8c à cha-
.33 que fois il met le chapeau à la main : cela
33 l'enrhume 33.
Boileau affliroit, comme Bayant fû des perfon-
nes de la vieille cour, que la fociété de Bal^ac .3
bien loin d'être épineufe comme fes lettres , étoit
remplie de douceur 8c d'agrément.
La réputation de Balzac étoit fi grande, qu’on
alloit de fort loin à fa terre de Balzac pour l'y voir.
Les complimens qu'on lui faifoit étoient quelquefois
finguliers. Un de ces curieux commença un
jour fa harangue en ces termes : Le refpeâ: 8c la
vénération que j’ai toujours eue pour vous 8c pour
meflieurs vos livres, 8cc.
Un jour on reprochoit avec juftice à Malherbe ,
qu'il ne donnoit des.louanges à perfonne, 8c qu’il
n’àpprouvoit rien: il répondit : J'approuve ce qui
eft bon ; 8c pour marque que j’approuve quelque
chofe , je vous annonce que le jeune homme , qui
a fait ces lettres ( il parloit de Balzac ) fera le ref-
taurateur de la langue françoife,
Balzac travàilloit difficilement : auffi dans une
de - fes lettres s'écrie-t-il : O bienheureux écrivains
, M. de Saumaife en latin 8c M. de Scuderi
en françois, j'admire votre facilité 8c j’admire
votre abondance ; vous pouvez écrire plus de
calepins que moi d'Almanachs.
Le prix d'éloquence que donne l ’académie françoife
, a été fqndé par Balzac en 16 54. j divers
obftacles ayant retardé l’effet de cette fondation
jufqu'en 1671 , la valeur du prix qui étoit de
deux cens livres, fut porté à trois cens livres ,
par l'augmentation de la fomme ; c'eft une médaille
d 'o r , qui d’un côté repréfente S. Louis ,
& de l’autre une couronne de laurier avec ce mot ,
à l'immortalité, qui eft la devife de l'académie.
BANNIER ( Jean ) , célèbre capitaine fuédois ,
mort en 1641 ; il eut le commandement de l’infanterie
fous le roi Guftave. Il aimoit à répéter
qu'il n avoit jamais rien hafardé, ni même formé
une entreprife fans y être obligé par une raifon évidente.
Il ne voulut point de volontaires dans le
Ifervice, parce qu'ils demandent trop d’égards & de ménagemens. Les exemptions 3 les devoirs de la
difcipltne qu'ils ufurgent, ou qu'on ne peut fe dif