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Diogène mit cette infcription au bas d’une ftatue
d’or que la coùrtifanne Phi y né avoit pré Tentée à
Vénus dans le temple de De'phçy. L'incontinence
des grecs à dreffê cette ftatue.
MadempiTelle Quinault la cadett.e, morte eu
1783 , avoit réuni dans ,une même box$iure> le?
portraits de Molière & de Bourdalape ; o.n Ijfoï.t
au bas cette infcription : « Les deux plus grands
*3 prédicateurs du dernier fiècle »?.
INTRÉ P ID ITÉ. La mort de .Charles V I I I ,
ayant placé Louis XII Tur le trope de France,
ce prinpe tourne toutes Tes vues du coté du
M.lanès, fur lequel il a des droits par Ton aïeule
Va'entine, foeur unique du dernier duc de la
famille des Vifconti. Avant de Te mettre en
câmpayhe, il demande à 'Trivulce ce qu’ il faut
pour faire la guerre avec fuccès. Trois choTes
font abfo’um: ht n.é.ceffaires, lui répond le .maréchal
: premièrement de l'argent, fccondement de
l'argent, tro'fièmcment de l'argent. La conquête
du duché de Milan , ell l’ouvrage de vingt jours ;
mais Ludovic Sforce, furnomme le More , chaffé
de Tes états en 1499» y rentre Tannée fuivaqte,
par la faute du maréchal de Trivulce, qui y.commande.
Dans la guerre que cette révolution occa-
fîonne, un parti François, dont „étoit le chevalier
Bayard, ayant rencontré un parti Italien,
le .pouffe vivement. Les deux troupes étant arrivées
aux portes de• Milan, un gendarme fran-
çois crie d’une voix forte ; tourne, homme d'armes,
tourne. Mais Bayard r tranfponé du .défir de
vair.erë, eft fourd à ces cris répétés, & entre
au grand galop dans la ville ; comme s'il eût voulu,
dit Ton hïftorien , .emporter feul cette’capitale.
Les foldats, le peuple, tout jufqu’aux femmes
fe jette fur lui ; mais le brave Cajazze , que l'a
val ur a toujours tenu apportée de Tes coups ,:,
le -fait couvrir par fes hommes d’armes, & le
reçoit prifonnier. Il le conduit a 1 inrtant dans
Ta muifon , & va en fuite au Taupe du prince,
é>ù il parle avec admiration du chevalier. Lu
dovic, qui a vu des feuêtr.es de Ton palais, les
actions du brave français, demande à l’entretenir
, & veut connoître Ton caraéière*
Mon gentilhomme K lui dit le duc , qui vous a
conduit ici ? L'envie de vaincre, monfeignéur ,
répond Bayard. Et penftef-yous prendre Milan
tout feul? Non, repart le .chevalier; mai's je
crôyois êtrefuivi de mes caramades. Eux &vôusp ,
ajoute Ludovic, n auriez pu exécuter ce dejfein. \
Enfin, dit Bayard, qui ne peut difçonvemr de
fa témérité, -ils ont été plus fages que m o i: ils
font libres , & me vpjfii prifonnier ; .mais je le)
fuis de l'homme du mxfnde le plus b raye & le plus
généreux.
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Le prince lui demande en fuite d’un air de
mépris, quelle et! la force de l’armée françoife.
Pour nous, dit Bayard, nous ne comptons jamais
nos ennemis : ce que j e puis vous ajfurer, c'eft que
les foldats de mon maître font gens d'élite, devant
lefqUels les vôtres ne tiendront pas.
Ludovic, piqué d’une franchife fi hardie , réplique
que les effets donneront une autre opinion
de-Tes troupes, Sc qffupe bataille décidera
bientôt de Ton droit & de leur c-.ur<gë. Plût à
dieu, s’écrie Bayard., que.çe fu t demain, pourvu
que je fujfe libre, l Vous l'êtes, repart le duc,;
j'aime votre fermeté & votre courage, & j'offre d'ajouter
a ce premier bienfait tout ce que vous voudrez
exiger de moi.
Bayard, pénétré de tant de bonté, Te jette
aux genoux du prince.} le prie; de pardonner,
en faveur de Ton devoir, ce qu’il y a de hardi .dans
fes réponfes} demande Ton cheval & Tés armes,
& retourne au camp publier , la générofité de
Ludovic & fa reconnoiffance.
Le duc de Parme, marquant du bout du
doigt, un .endroit où il falloit faire pofer une
batterie, reçut un coup de moufquft, qui lui
emporta ce doigt-là 5 il ne fit que hauffer la
ijvain, .& d’un autre doigt marqua le même endroit
.en continuant Ton cFfcours.
Une nuit, M. de Turenne, faifant Ta ronde
à Ton ordinaire, pour voir fi les feminelles étoierjt
à leurs devoirs, entendit parler affez haut Tous
une tente} il s’approcha doucement & prêta
une oreille attentive aux voix qui s’y faifoient
entendre..c’ étoient deux foldats de la même-
compagnie, qui partaient en fumant „ du prince
de Condé & de M. de Turenne. « O p i, difoit
» l’ un, j’en demeure d ’acord avec vous , M. de
« Turenne eft affurément un grand général, ri
joint la prudence à la valeur ; mais je ne fçai
» s’il a toute Y intrépidité de M. le prince. Et
•33 m u , difoit l’autre foldat, je fouti.ens que
33 Mr de Turenne n’eft pas moins intrépide que
33 le -prince de Cond.é 3d.
Tandis eue les deux grivois s’entretenoient
de cette forte, le général qui les écoutoit, les
ohfervo t TtentiV'ment Tans en être vu , ■ & s’ at-
tachott moins à confiderer celui .qui plaidoit Ta
eau Te que l’autre, il remarqua bien ce dernier,
& dès le le ndemain Payant envoyé avec fa compagnie
à la tranchée, il l’y fuis it. Il fit plus , §f Te tint affez long-temps auprès de lu i, s’ex-
pofant airfî fans néceffité. Comme il faifoit fort
chaud dans cet endroit, & que ce foldat ua-
roiffoit avoir peur. M. de Turenne lui dit :
Comment donc, camarade, tu as l’air effrayé»
cerne femb'e. Il faut voir le péril fan-s pâlir.
Confidere moi bit n , apperç< is-tu Tur mon vifage
quelqu’impreflion dé crainte? Monfeigneur, lui
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répondit le foldat , tout le monde n’eft pas un
Turenne, 0 k> oh ! reprit le général, jp fuis
donc , a ton avis , plusI intrépide aqjourd hui
qu'hier au foir? V a , mon ami, ajiôutà-t-il, je
te permets, de'te retirer ; fors de la tranchée, je
me fuis àffe* vengé de toi en t’y envoyant; mais
ht'te frêles plus de faire des parallèles ' entre tes
généràüx.
Charles - Quint,-s’étant un jour approché fort
près d’un canon ; & un capitaine lui d.fant de
ne pas expofer ainfi Ta per Ton né , il lui répondit
en liant : a t on jaunis vu qu’un empereur ait
été atteint d’un boukt ?
INVALIDES- Ceux qui par des, bleffures ,
reçues- pour la patrie ," Te font mis hors d’ état ■
de la Tervir , ont obtenu chez toutes les nations,.*
un droit à fa reconnoiffance & à Tes bienfaits.
Louis X IV , à cherché à rendre cet aéfe de recon-
noiffance, aufîi glorieux pour le militaire inva- ;
lié e , qu’il éc^ic poffible, en érigeant près de
la capitale , ce v a l T u p e r b e hctèl , où l’officier
& le foldat font Tûrs de trouver, en tout
temps, un aiyîe honorable & commode. Lo:T-
que le ro< vient à Thôtd des invalides, c’ eft à
. leur ga’de qu’eft confiée la -perfonne de.fa ma-
jtûé. Ce privilège honorable, dont jou.fie-nt les
invalides , leur fut accordé dès lés premiers temps :
que Louis XIV alla voir les invalides. Les foldats
qui voulaient à l’envi les uns des;autres, voir de,
près ce grand prince, fe jettèrent en foule devant
fa majefté. La garde les repouifa br.ufquement 5
ce qui leur fut très-fenfible. Le roi, s’en étant
appe'rçu , ordonna à fes gardes d’agir plus dou-
cerhent à l’égard de fes anciens ferviteurs 5 c’eft
a’infi que ce- monarque s’exprima, <k il ajouta
avec bonté, qu'il' étoit en fureté au milieu d’eux.
Les invalidés , pénétrés de joie _ & de recon-
noiffahce r témoignés eut vivement leur fenfibiiite.
Depuis ce temps ; eft-il dit dans les régi lires de 1
, la m rifon, les gardes du corps n'ont potht garni dans
. .l'hôtel", le roi s'étant toujours confié a la garde de
. fes invalides, dès qu'il y eft entré.
Une circonftance gloiieufe pour les invalides,
eft la vifite que leur rendit Pierre I , Cz-âr de
Mofcovie. Après avoir tout examiné avec cet
oeil obfervatenr î auqueL rie i n’échappoit de ce
qui méritoit d’être remarqué; il vt>jilut voir dîner
les foldats. Ce prince goûta de leur Dupe, &
prenant un verre de vin : à la fanté, dit-il, de
mês camarades..
Dans un dîner chez madame de Tencin , où il
étoit queftion de faire un académicien, là compagnie
fe trouvôit paît âgée entre Ton éminence le
cardinal, alors abbé de Bernis & l’abbé Girard.
Piron étoit du dîner 85 de la confultation. Comme
il fe difoit confolé de tous les fauteuils pdflibles
par une penfioa de cent piftoles, on lui demanda
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auquel des deux il donneroit fa voix. — « A l’abbé
33 Girard} c’eft un bon diable »3. Ayant la vue
. » baffe, il ne s’étoit pas apperçu que M. de Bc rnis
33 n’étoit pas loin de lui. On l’en aveitit à l’oreille,
& alors f- retournant de fon côté : « Y penfericz-
» Vous , M. l'abbé, de vous m-ttre fur les rangs?
>3 Vous êtes trop j.u n e , ce me femble, pour
>3 demander les invalides
IN V EN T IO N S . Sous l ’empereur Tib è re , un
.artifàn ayant trouvé, dit on, Y invention de rendre
le Verre malléable & ployable fous le marteau
fans le caffer, cette invention fut caufe de fa mort,
parce que l’empereur craignit que le verre malléable
n’ôrât le crédit à l’or & a l’argent.
Un nommé Jacquin, patenôtffer, inventa l’art
de faire des perles faunes par un procédé fort
finguiier. Etant un jour dans fa mai Ton de campagne
à Paffy, il obferya que de petits poiffons,-
nommés allés ou ablettes ,~qu’on lavoir en fa pi é-
fence' dans un baquet, teignirent l’eau d’une couleur
argentée. Il laiffa repofer la li.jueur, & trouva
au fond du vaiffeau l’écailie de l’ab’ette réduirè
en une ejfence de perles -, qui n’en cédoit point, à
l’éclat de la plus belle nacre. Il enduifit l’extérieur
de petites boules de verre de cette effence,
& . parvint ainfi à imiter parfaitement les perles
fines. .
Jean Gioiapné à A mal p hi, dans ,Ie royaume
de Naples , mvema la bpu.ffole.; .& pour apprendre
à la poftérité’ que cet inllrument avoit été
invente par un fujet des rois.de Naples, qui
étoient alors cadets de là maifon de France, de la
branche des cormes d’ Anjou, il en marqua lé
; féptentric-n avec une fleur de lys; ce qu’ on a fuivi
chez toutes les nations.
C ’ eft aux anglois qu’on doit Y invention de faire
fervir les .1jo.o-.-s à indiquer les heures.
■ sdh-.n Tii.A i! , qui cite Spelman , il fe trouve
qu’A 'f red, un de leurs anciens rois, avoit iimaginé
une irlachiue fort femblabîe. Il faifoit faire ,
d’ une qûânilcc réglée de cire, fix bougies , cliacune
cle douze pouces de long, avec la 1Hivifion
exaéle des pouces bien marquée. On allumoit
ces chandelles ou bougies ; immédiatement l’ une
après l’autre, & chacune duroit quatre heures ;
c’eft-à-dire, que trois pouces en duroit une. Les
gardes de la ‘chapèlle étoient chargés dé veiller
après y & d’apprendre au roi l’ heure qu’il étoit.
La rareté du verre, lui fit- imaginer une autre
ç-hofe; ce fut de faire ratifier de belle corne pour
en compofer des feuilles tranfparentes , qu’on
mettoit dans des châllis de bois , qui dé fend oient
les bougies du vent. Ainfi on eft redevable à un
roi de Y invention des lanternes.
Jean de Brugé, flamand, eft le premier qui ait
trouvé le fecret de peindre à huile >..& Antoneiîo,
D d d d 2
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