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difoit qu'étoit renfermé Ton fècret de faite de l’or,
& il vendoit fon ouvrage en marmfcrit , plus ou
moins -, fuivant qu'il trouvoit des acheteurs inté-
xeflls & crédules. Il y avoir même de fes difciples
de bonne-foi , qui débitoient à fon profit fon ouvrage
> on cite ent'autres un M, de là~Jaille, maître
de comptes de Nantes.
Enfin cet homme atteint & convaincu de plusieurs
délits qui méritoient la mort 3 fut jugé par
une commiffion 3 & condamrié à être pendu. Il
voulut encore foutenir qu'il avoit fait de l'or 3 &
que c'etoit la crainte des tourmens qui lui avoit
arrache un aveu contraire. Mais depuis cette fois
i l ne fut pas écouté } & 3 comme on le liienoit au
fupplice , le confeffeur , qui étoit un carme , le
détermina à avouer fes fautes 3 il le promit. Alors
on le fit entrer chez un Notaire , où il déclara &
certifia 3 qu'il étoit vrai , comme il alloît mourir
& rendre compte de fa vie à Dieu 3 qu'il avoit
trompé, de defiein prémédité, le roi, la reine
& M. le cardinal } qu'il leur en demandoit pardon
, que tout ce qu'il avoit fait n'étoit que
fourberie, qu'il n'avoit jamais connu ni vu per-
Tonne qui fût faire de l'or qu'en trompant } mais'
que cela lui avoit fervi à paner commodément fa
vis 3 ce qui etoit très-aifé a faire , à caufe de l'extrême
crédulité des hommes : & fîgna , en présence
de M. de la Fermas , & déchargea Saint-
Amour 3 qu'il avoir chargé par fes réponfes dans'
le procès. De là il remonta dans fa charrette , &
fut traîne au fupplice , qu'il fubit avec réfignation
& avec courager, le 2 y Juin 1637.
L'hiftoire fait mention de trois de ces impofteurs
qui fe font adreffés à nos rois , fous prétexte de
fabriquerde l'or.
Le premier fut un nommé Jean Gaulthier, baron
de Plumerolec, qui trompa Charles IX , & lui
emporta cent vingt mille livres , -après avoir feulement
travaillé huit jours} mais deux mois après
il fut pris & pendu. Le fécond a été , en 161 y ou -
16 16 , un nommé Guy de Crufembourg, à qui,
par arrêt du confeil , on donna vingt mille ecus
pour travailler dans la baftille , où ayant été environ
trois femaines , il s'évada, & depuis on n'en a
Oint entendu parler 5 & le troifième eft ce Dubois
ont nous venons de rapporter l'aventure & la fin
tragique.
ALCIBIADE. Alcibiade , athénien, étoit descendant
d'Ajax. Socrate fut fon inftituteur.
Les auteurs ont dit d'Alcibiade , que la nature,
en le formant, réunit toutes fes forces pour en
ffyre un homme accompli.
Il manifefta dès fon enfance ce qu'il feroit le
#efte de fa vie. Un jour qu'il jouoit aux oflèlets
dans la rue, un chariot s'avance , il prie le con-
^ttéleur d'attendie, celui-ci, peu complaifant,
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pouffe fes chevaux.plus vivement} les camarade!
du jeune Alcibiade prennent la fuite , mais lui fe
couche devant la roue, en difant : malheureux
pajfes , f i tu l'ofes.
Etant entré dans l'école d'un grammairien, il
lui demanda un Homère , & lui donna un fouflet,
pour le punir de n'avoir pas un fi beau modèle à
offrit à fes élèves.
Il fut deux fois couronné aux jeux olympiques,
où il effaçoit, par fa magnificence, celle des plùs
grands rois.
On I'accufe d’avoir été le corrupteur des moeurs
d'Athènes, & l'intimité qui le lioit à Socrate, fit
fufpe&er celles de ce philofophe.
Alcibiade, accufé.d’impiété & de facrilège, évita
par un exil volontaire la mort à laquelle il avoit
été condamné par contumace.
On prétend qu'il étoit père de la célèbre Laïs,
qui fembloit avoir hérité de fes grâces & de fa
beauté.
A L C IT R Y OM A N C IE , divination qui fe fai-
foit par le moyen, d'un coq. Cet art étoit enufage
chez les grecs, qui le pratiquoient ainfî. On tra-
çoit un cercle fur la terre, & on le partageoit en
vingt-quatre efpaces égaux dans chacun defquels
on figuroit une des lettres de l'alphabet, & fur
chaque lettre on mettoit un grain d'orge ou de
bled. Cela fait, on plaçoit au milieu du cercle un
coq fait à ce manège, on obfervoit foigneufèment
les lettres de deffus lefquelles il enlevoit le grain,
& de ces lettres raffemblées , on formoit un mot
qui fervoit de réponfe à ce qu'on vouloit favôir.
Plufïeurs devins cherchèrent quel devoit être le
fucceffeur de l'empereur Valens. Le coq ayant enlevé
les grains qui étoient fur les iettres ©E o A, ils
conclurent que ce feroit Théodore, mais ce fut
Théodofe, qui feu! échappa aux perfécutions de
Valens.
A LCO R AN . Alcoran , en arabe, veut dire ,
livre 3 & c'eft en effet chez les mahométans le livre
par excellence, la collection des révélations prétendues
du faux prophète Mahomet.
Les mufulmans croient, comme article de fo i,
que l’ange Gabriel apporta , pendant le cours de
vingt-trois ans à leur prophète, tout ce qui eft
contenu dans Y alcoran, verfèt à verfet, écrit fur
un parchemin fait de la peau du bélier qu'Abraham
immola à la place de fon fils Ifaac.
Il y a , félon Mahomet, fept paradis : l'argent,
l'or , les pierres précieufes font la matière des
premiers deux. Le feptième eft un jardin délicieux
arrofé de fontaines & de rivières de lait, de miel
& de vin , avec des arbres toujours verds, dont
les pépins fe changent en des filles fi belles & fi
douces, que fi l'une d'elles, avoit craché dans la
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mer, l'eau n'en auroit plus o’amertume. C eftla
que les croyans feront fervis des mets les plus
rares, les plus délicieux, & feront les epoux dès
houris, ou.jeunes filles., qui, malgré des plaifirs U
des jouiffances continuelles, feront toujours vierges.
L'enfer confifte dans la privation de tous ces plaifirs
& dans quelques autres peines qui finiront un jour
par la bonté de Mahomet.
L'alcoran commande à tous les mufulmans , aux
fils même-des rois. d'apprendre un métier, & d'y
travailler pendant quelques heures, chaque jour.
Tout l’alcoran doit être écrit fur le linge du
grand-vifïr.
ALEMBERT. ( d ' ) C e favant fut un enfant
'de l'amour. Il vint au monde le 16 novembre 1717.
Mais fes père & mère, madame de Tencin & le
chevalier Deftouches n'ofant le reconnoître, le
nouveau né fut porté deux heures avant le jour
fur l'efcalier de l’églife de faint Jean-le-Rond.
Attiré par fes cris , le bedeau le recueillit & le fit
baptifer fur le champ fous le nom de Jean-le-Rond.
Cependant le chevalier Deftouches réclama cet
enfant, & chargea la femme d'un vitrier, établi
à Pans , rue Michel-le-Comte, de le nourrir &
de l'élever.
La réputation que cet homme célèbre s’acquit
dans les fciences exactes & dans la littérature,
fut Confirmée par le difeours préliminaire de l’encyclopédie.
Il avoit, comme on fait, entrepris cet
ouvrage avec Diderot , fon ami , en 17^0.
Le roi de Pruffe avoit pour & Alembert une eftime
& une amitié particulière} il lui offrit la place de
directeur de l'acadén'- J de Berlin, que notre phi-
lofophe n'accepta pas. Ce facrifice qu'il fit à l'amour
qui! avoit pour fon pays, fut fuivi d'un autre
encore plus méritoire.
L ’impératrice de Ruffie lui offrit de fe charger
dé 1 éducation du grand duc, & attacha à cette
honorable fonction cent mille livres de rente, 8è
d'autres avantages confidérables que d"Alembert
refufa conftâmment } il fè contenta de l'eftime
generale de fes concitoyens & de l'amitié d'un
très-grand nombre de gens diftingüés ,par leur
mente & par leur rang} on peut dire que à’Alemy
bert )oignon au mérite de penfer celui de faire pen-
fer les autres } & ! efprit dans fes ouvrages parlé
toujours raifon. Il mourut à Paris , 1e 20 octobre
,1783. y
Un jeune homme parodia ces quatre vers déjà
connus furie refus.que fit d’AlemSert de fe laiffer-
aller a la fortune qui l'appelloit en Ruffie.
Eft-ce à vous d’écouter l’ambition fuhefte,
Et la foif des feux biens dont on eft captivé?
Üminftant les détruit; mais la fageflé'refté :*
le fèül tréfor, & vous l’avez-trouvé, - • • »
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Quelqu'un fit obfcrver à M. ÜAlembert, que
tel écrivain, digne à la vérité de beaucoup d'éloges,
exaîtoit fes propres talens avec trop de confiance.
I l faut le lui pardonner, reprit le philofophe, fan
amour prouve rdoffenfe perforine.
D 'Alembert ayant remporté le prix fur la queftioîa
propofée par 1 académie- de Berlin : quelle efi la
- caufe générale des-vents ? profita de cette occafîcn
pour dédier fon ouvrage au roi de Pruffe, par
ces trois vers latins , qui font allufion aux victoire
s & à la paix que le héros pruffien propofoi»
à l'Autriche.
Hesc ego de vsrïtis, düm yentorum ocîot dits
Palantes agit- Aùfiriacos Fredericvs, & orbi
Injîgnis laitroy ramuifi pue tendit olives.
Dans un voyage que ÜAlembert fit àjWefeî, où
le roiTappella après la paix de 1763 , ce prince lui
: fauta au cou & l'embraffa tendrement. La première
queftion que le monarque fit au géomètre
fut celle-ci : Les mathématiques fournirent-elles
quelques méthodes pour calculer les probabilités en
politique \ La réponfe de dt Alembert fut , q u iln e
eonnoijjoic po in t de méthode pour cet objet; mais
que s 'il en exifioit quelqu’une, elle venoit d’être rendue
inutile par le héros qui lui f a i f oit cette quefiion,
Le jour que M. le Mière & M. le comte dé
Treffafl vinrent prendre place à l'académie fran**
çoife,. M. Alembert j impatient qu'on ne commençât
pas la féance, dit très-haut à l'auteur dé
la veuve du Malabar : « M. le Mière, on attend
« après vous». Auffi-tôt une voix fe fit entendre
dans l’affemblée , & prononça diftinéfement ces
mots : « fi vous attendez après lu i, il y avoit affez
» long-tems qu'il attendoit après vous ».
M - àlAlembert qui pleurôit la mort de made-
moifelle d'Efpinaffe , dit, en apprenant la mort
de madame Geoffrin : ce hélas ! je pafîbis toutes
» mesfoirées chez l'amie que j'avois perdue, &
» toutes mes matinées avec celle qui me reftoit
» encore. Il n'y a plus pour moi ni foir ni marin ».
L'Abbé de Voifenon, au fortir d'une,féance de
l'Académie , difoit d'un ton fâché : ce s'il fe fait
» ici quelqu etoutderie , on ne manque jamais de
» me la prêter » . M . d'Alembert répondit fur-le-
champ : « monfieur l'abbé , on ne prête qu'aux
M. le comte du N o rd , ou le grand-duc de
Ruffiè, dit à M. d'Alembert, qu'il regretteroit
toujours que fon édueâtion n'eût pàs été remife en
fes mains. M. $ Alembert s'exeufa fur fa mauvaife
fanté, fur fès amis , fur le climat de la Ruffie. —
«« En vérité, monfieur, lui dit le comte du Nord ,
» c'éft le feul mauvais calcul que vous ayez fait en
» votre vie ».
ALIcoufin-gerçiain & gendre de Mahomet ,
fut «n de- fe$ difciples les plus ardens : il adopta