
.veux que les chirurgiens furent obligés de lui Couper
pour le panfer- Depuis, dit Etienne Pafquier,
ƒƒ ne porta plus longs cheveux, étant le premier
'de nos rois qui 3 par un finiftre augure, dégénéra
de celte vénérable ancienneté.
En i y i s , Franpois J , noyant encore que vingt
ans, remporta fur les fuiflesla célèbre bataille de
Marigoan qui dura deux jours. Le maréchal de
Trivulce, qui s'étoit trouvé à dix huit batailles
rangées, dit que côtoient des jeux d’enfans, mais
que celle de Marignan étoit un combat de géants.
François I fit dans cette journée des prodiges de
valeur, 8c ÿ combattit moins en roi qu'en foldat.
Ayant appercu daris la mêlée fon porte-enfeigne
qu ûh gros de fuiifes enveloppoit, il fe précipita
au milieu des lances & dés hallebardes pour le
dégager il fut enveloppé lui-même, fon cheval
rut perce de coups, • fort cafqu'e dépouillé de
plumes j & il alloir être accablé, fi un corps de
troupes détaché des ailes n'eut accouru à fon
fe cours.
' C e prince hazarda cette aélion contre l'avis
de fes généraux. Il trancha toutes les difficultés
par ce mot qui eft devenu proverbe: qui maime
‘me juive.
v C e fut le lendemain de cette journée que ce
prince voulût fe faire armer chevalier par le célèbre
Bayard.
La bataille de Pavie, donnée en iy 2 y , mit encore
dans , un plus grand jour la valeur intrépide
de François. Cependant ce prince fut fait prifon-
nier. La défaite^ des françois vint fur-tout de leur
gendarmerie qui avoit paffé jufqu'alôrs pour l'a
meilleure de l'Europe, & qui, dans cette, journée, ,
ne foutint point fa réputation. François combattit i
le dernier de fon armée. C e prince bleffé en deux
endroits à la jambe , épuifé par le fàng d'une
autre large bleffure qu'il avoit au front, froifîe
& prefque écrafé parla chute & par le poids de
fon cheval, eut encore allez de force & de cou-
rage pour fe relever 8c pour combattre à pied un
gros d'ennemis qui l'entouroient; Mille voix lui
crioient de fe rendre & le menaçoient de le tuer,
îorfqü enfin obligé de céder à la force, il consentit
de fe rendre au vice-roi de Naples, ce Mon-
j fiêur de Lannoy, lui .dit-il, voilà l'épée d'un
>? roi qui mérite d'être loué, puifqu'avant de la
perdre, il s'en eft fetvi pour répandre le fang de
plufinirs des vôtres, 8c qu'il n'eft pas prifonnier
» par lachete, mais par un revers de fortune».
Lannoy fe mit a genoux, reçut avec refpèéi: les ;
armes du. prince, lui baifa la main 8c lui préfentà
une autre épée, en difant : ce je prie votre majefté
» d'agréer que je 1-uî donne la mienne, qui a
» épargné le fang dé plufieurs des vôtres. U n'eft
.» pis. convenable à un; officier de ^empereur de
50 voir un roi défarmé, quoique prifonnier ».
François fm conduit, dans le camp du. yîceroi 5 ]
auffitot que l'on eutpanfé fes plaies 4 il écrivit à
fa mere ce billet terrible 8c fublime ’• Madame, tput
efi perdu fyrs l'honneur.
Lorfqu’il fe rendit dans Féglife des Chartreux
pour faire fa prière , le premier objet qui frappa
les yeux fui cette infeription tirée du pfeaume 118:
Bonum mihi quia humiliafiî me,. ut difeam jufidfi-
cationes tuas. L'application étoit fenlible j le roi
en parut touché.
Ce prince^ avoit le malheur de fe croire trop
aifeménc fupérieur à fes ennemis. L'ina&ion apparente
des Efpagnols devant le liège de Pavie ,
* j ^ confirme dans fa préfomption , qu'il
demanda un jour à Bonnivet: « qu'étoient de-
'» venus ces lions d'Efpagne par lefquels il s'étoit
» laine battreï ils dorment, lire, répondit l’a - ■
, » mirai & votre majefté verra ce qu'ils feront à
» leur reveil ». Fie de Charles-Quint.
Bayle rapporte 1 anecdote fuivante» mais il ajoute
; en même-temps qu'elle n'eft point allez conftatée.
Un grand d Lfpagne jouoit avec François / , qui
etoit prifonnier a Madrid j le roi gagnoit beaucoup,
1 efpagnol demande fa revanche, le roi la
retufej 1 efpagnol jette l'argent fur la table, &
dit avec line fureur infolente: tu as raifon , tuas
befoin de cet argent pour payer ta ,rançon. Le roi
indigné lui pafle Ion épée au travers du corps,
& 1 empereur, inftruit de la difpute , répondit aux
parc ns de 1 efpagnol qui lui demandoient juftice.:
..«e François a bien fa it, tout roi eft roi par-
» tout ».
On a loué François I fur fa générofîté envers
Charles-Quint, & lur le refus qu'il fit de le rendre
•maître de ce prince qui palfoit par la France pour
aller dans fes états de Flandre. Mais François
pouvoit-il manquer à la parole qu'il avoit donnée
à | 1 empereur ? Quand la fidelité dans les pramejfes 3
difoit-il, à i'exempie du roi jean , feroit bannie
du monde entier , ç efi. dans le coeur des fouverainf
quelle devroit trouver un a?île.
Le règne de ce prince fut celui de la bravoure
& de la galanterie , & lorfqu'on lui parloir- des
darnes qu'il avoit admifes à fa. Cour, il répond
doit qu'une cour fans femmes étoit une année fans
printems, un printems fans rofes. v
Ce prince plaignant Jean de Montaigu d’être
mort par juftice $ ce. n èfi, point par iufiicé, mais
par commijfaires., lui dit un bon céicftin j & cette
diftinélion de juftice & de Commiifairés frappa fi
fort le roi qu'il ne l’oublia jamais. Lettres d’fsffat.
Un officier de la cour de François I } fe plaî-
gnok amèrement à fes amis , que depuis plufieurs
années qu'il.étoit au fe r y ie e fa fortune o'.en.étoit
pas plus avancée, 8c qu'il étoit à la'veille.de
manquer de tout. Le prince inftruit'des plaintes
de cet officier, le fit venir., 8c lui dit je fais
F R A
a» que vous vous plaignez de moi j tenez, voici
» deux bourfes égales; l'une eft pleine d 'or ; il
» n'y a que du plomb dans l'autre : choififfez ,
» nous verrons fi ce n'eft pas plutôt à la fortune
» qu'à moi que vous devez" vous en prendre ».
L'officier choifit, & prit malheureufement la
bourfe remplie de plomb. Et bien 1 lui dit le roi,
à qui tient-il que vous ne vous enrichilfiez ? Le
prince joignit à cette réflexion, qm dev.oit faire
ceffer les plaintes de l'officier, le don des deux
bourfe,s,
François l mourut des fuites fâcheufes des plai-
firs auxquels il s'étoit livré avec trop d'indiferé-
tion. 'cç Le mari de la belle Féroniére, une de fes
» maîtreffes, défefpéré d'un outrage que les gens
» de cour îi'appélîent qu'une galanterie, s'avjfa
» d'aller dai s un mauvais lieu s'infecter lui-même
» pour la gâter, & faire palier fa vengeance juf-
» qu'à fon rival. La malheureufe en mourut, fon
» mari s'en gucrit par de prompts remèdes. Le
» roi en eut tous les fymptômes. Et comme fes
» médecins le traitèrent félon fa qualité plutôt
» que félon fon mal, il lui en refta toute fa vie
» quelques-uns, dont la malignité altéra fort la
» douceur de fon tempérament &c le rendit chagrin,
» foupçonneux & difficile ». Mènerai.
, FR A N K L IN 3 (Benjamin) né en 1706, mort à j
Philadelphie en Amérique, au mois d’avril 1790.
Franklin fut dans fa jeunelfe compofiteur dans
une imprimerie de Philadelphie. Son génie pour
la politique & pour les fciencés lé rendit bientôt
un homme important & célèbre j il parvint à exciter
i'enthoufiafme de la liberté à fes compatriotes
opprimés. Et par fes écrits, par fes conieiLs , &
par fés négociations, il affranchit fon pays. Il fai-
foit en même-temps fon amufement des fciences.
Il découvrit 8c expliqua les plus beaux phénomènes
de l'éieClricité ; il fit connoître la nature
de la foudre j il fu t, en quelque forte, lui donner
des.ioix. C'eft à lui qu'on eft redevable des moyens
d'en prévenir les terribles effets, en l’affujétilfant
à Jtiivre les conducteurs de fes paratonnerres ,
qu'il a enfeigné de placer.au -deffus des édifices.
Ce grand homme, vengeur de l’Amérique,
voulut non-feulement voir M. de Voltaire, mais
même ménager à fon petit- fils, encore jeune, le
plaifir de fe rappeller un jour qu'il avoit Vu la
merveille de l'Europe, 8c de pouvoir dire > comme
Ovide : Virgilium vidi.
On a été témoin à Paris des embraftemens de
ces deux, illultres vieillards dans une féance publique
de l'académie des-fciences. C ’étoit le génie
embraffant la liberté.
Quelqu'un demandoit au doCteur Franklin :
« A quoi fert le globe aéroftatique4?-Il répondit :
« A , quoi fert l’enfant qui vient, de naître 1
F R A 4*i.
Franklin faifpit un jour l'expériénee de calmer
les flots d’un étang avec de l’hujle devant un
homme crédule ; il y mit, par plaifinterie, un air
de folemnité. Cet homme l’aborde effrayé, 8c lui
dit : Maintenant, Monfiéur, dites-moi Ce qu'il faut
que je croie? Rien, lui dit Franklin, que ce que
vous yoye%.
Franklin, peu de- momens avant de mourir, dit
ces paroles d'un grand fens, quun homme neft
parfaitement né qu après fa mort.
Peu d’hotr.mes ont été fi complettement heureux
j peu d’hommes ont fi bien mérité de l’être.
Nous ne pouvons mieux finir cette notice, que
par cette courte, mais énergique oraifon funèbre,
prononcée le 12 juin à la tribune de l'affemblée
nationale , par M. le comte de Mirabeau, digne
émule de ce fublime patriote.
« Franklin eft mort.. . . Il eft retourné au fein
» de la divinité, le génie qui affranchît l'Amé-
» rique, 8c verfa fur l’Europe des torrens de lu-
. », mière !
» L ’homme que deux mondes réclament, le
» fage que’ l'hiftoire des fciences 8c ■ 'celle des
» empires fe difputent, cet homme qui tenoit,
» fans doute, un rang diftingué dans la politique
» 8c dansl'efpèce humaine.. . . il eft mort !
« Affez long-temps les cabinets politiques ont
» notifié la mort de ceux qui ne furent grands
» que dans leurs oraifons funèbres ; affez long-
« temps l'étiquette des cours a proclamé des
» deuils hypocrites. Les nations ne doivent, ce
» me femble, que porter le deuil de leurs bien-
» faiteurs. Les repréfentans des nattons ne doî-
» vent recommander à leurs hommages que les
» héros de l’humanité.
» Le congrès a ordonné, dans l'étendue des
» quatorze cantons confédérés, deux mois de
» deuil, 8c l'Amérique acquitte, en ce moment,
» le tribut de vénération 8c de reconnoiffance pour
» l'un des pères de fa conftitution.
» Ne feroit-il pas digne de vous, Meffieurs>
» de vous unir à cet aéle religieux, de participer,
» en quelque forte, à cet hommage rendu, à la
» face de l’univers, à l'homme qui a le plus
» contribué à affurer les droits des hommes t
» L'antiquité eût élevé des autels à ce vafte &
» puiflant génie, qui, au profit des mortels , em-
» bradant dans fa penfée le ciel 8c la terre, fut
» dompter la foudre 8c les tyrans.
» La France, éclairée 8c libre, doit donner, du
»? moins, un témoignage de regret 8c defouvenic
» à un des plus grands hommes qui aient jamais
» forYÎ la philofophig & la liberté#