D ie u n o u s fie fa n s n o u s c o n fu î t e r :
R ie n n e f a u r o k lu i r é i if te r .
M a c a r r iè r e e f t r em p lie .
A f o r c e d e -d e v en ir v i e u x ,
P e u t o n iè f la t t e r d ’ê t r e m ie u x ?
B o n fo i r l a c om p a g n ie .
•N u l m o r t e l n ’c-ft x è ffu fc ité
P o u r n o u s d ir e l a v é r it é
D e s b ie n s de l ’au tre v ie .
U n e p r o fo n d e -o b fcu r ité
E f t l e f o r t d e l ’h um a n ité .
Bon foir la compagnie.
R ie n n e p é r i t e n t iè r em e n t ,
E t l a .m o r t n ’e f t q u ’ un c h a n g em e n t >
D i t .la p h ilo fo p h ie .
Q u e ce fy f têm e e ft c o n fo la n t î
J e chante:» en a d o p ta n t c e p la n .
B o n fo i r l a c om p a g n ie .
LAW, (Jean) écoiTuis, nat'f d’Edimbourg,
contrôleur général des finances de France , en
l’ai.nee 17ao, mort à Vtiiife en 1729.
Jean Law >. que nous nommons Jean m m
ne avec un geme tourne à la Spéculationpréféra
de bonne heure le calcul à la p:'ofefiicn
d’orphèvrç, que fon père , orphêvreliiLaiême,
vou ! oie faire emb rafler à fon fils.- Il prétendit •
fixer le hafard par la fupputition , & en ch uner |
les évènemens par les lo;x de l’arithmétique.
En effet foie bonheur, foit a dre fié, il Jn des
g a in s cpnlidérables à la baffe t; en Angleterre ,
à Ve.'i:è', en France & dans tons les états c(u il
parcourut. Ces g-ams éte-ienc même Ti confnié-
r bies que chaque gouvernement crut devoir fe
priver d'un homme fi habile II ne s’droit pas'
plutôt fait connaître dans une ville , qu’on lui
envoyoit des ordres'de poster ailleurs, fa bonne
fortune 8c fon a.ireffe. Law, par ce moyen privé
«ie la relieur ce .du jeu de h a fard , forma le projet
de jouer un autre feu plus confidérable. ïi avoit I
deptüS long-temps rédigé le plan d une corn- 1
p&gnie, qui payero.it en billets les dettes d’état» 1
& qui fe rembourferoit par les profits.
Il propofa d’abord fon fyftêmè de finance au !
duc dt Savoiey Viétor Amêdée, qui répondit 1
qu’il n’ étort pas affez puiffant pour fe ruiner. !
Lotus X IV rejerta également ce projet 5 mais ;
Law étant repaffé en France du temps de M. I
le duc d’Orléans rég c nt » fit aifément goûter fon J
fyftême à ce prince d’ uh génie'ardent 8c ami ;
dès nouveautés. Law établit d’abord » en fon :
propre nom, une banque qui devint bientôt
un bureau général des. recettes du royaume. !
Cette banque fut déclarés banque du rci en 1718. ,
On y réunit les d fférentLS compagnies d’Orient & 1
d’Occ;des,t, & les fermes générales >amfi toutes !
les finances de l’état crûrent entre les mains
• d’ uns feu.e -&■ meme'compagnie de commerce.
Audi les a étions de cette nouvelle compagnie
acquirent en très-peu de temps une faveur morf-
trueufe. Tout le monde fs rappelé encore que
telle a61;on qui n’avoit coûté originairement que
cmq cents .livres en billets d’état, fut portée
par un enchantement, qu’on aura toujours peine
.a -croire, jufqn’ à dix-huit mille livres. On endroit
en foule à la banque changer les efpèces d’or
& ci argent en un papier qui acquéroit tant de
laveur. On conjuroit, on fupplinit les receveurs
de les -prendre » 8c l'on fe croyoit heureux
and cm ét it exaucé. Que'çfiiTin dit à ce fuiet
|j fpirituellement aux plus eir.p effé» : « E h ,
-» rneflîeurs, ne craignez point que votre argent
I ” vous demeure j ou vous le prendra tout »...
C; uk qui malgré l’ ivre fie du public , ne peu-
vcier.t fe pirfua.ler que le papier valut mieux
que de Parvint, profi èrent de ces rnnc.vsmers
pour fe défaire de leurs billets. Il allèrent à la
banque les convertir en efpèces'. Mais comme il
s ’en falloit'de beaucoup qu’:I fe tr- uvâc dans
1rs caiffes de la banque allez d’argent pont fa-
tsfaire aux demandes, on cherchoit à gignrr
du temps en payant lentement & de petites
femmes. Law fit en même temps augmenter la
valeur numéraire des efpèces. Mais cette augmentation
ne parut à plufieurs qu’un neuve!
expédient dont on vouloir couvrir la dife-rte des
cajffrs. La défiance monta, au plus haut point ,
par la déienfe qui fut faire % peu après , de garder
plus de cinq cents livres chez foi en efpèces'>
ni en mat èies d’or & d’aigent. Tout ce qui
feroit trouvé au-delà devoir ctrS confifqué. L’édit
pôrtoic de plus une amende ■ •proportionnée au-
montant des -iorhmes- trouvées. Le tiers d;e ces
fommes étoit accordé au dénonciateur. On fie
des recherches» plufiewrs pu'tbulicirs, en
coufeqiu nce des défenfes portées», furent condamnés.
Mais pér-forme n’avoit été tenté de
jouer le rôle de^déivmcijteur' pour s’enrichir du
malheur de fes concitoyens. Cependant, un pré-
fident qui avoir beaucoup d’argent comptant
alla trouver monfieur le régent. Il lui dit que,,
pour obéir au dernier arrêt, il venoit dénoncer
quelqu’un qui avoit eh or cinq ce ms mile livres-
II demanda le tiers de cette fomme qui lui étoit
due fuiv.art le même édit, & ajouta qu’ il s’étoit
àdrefie à fon alteffe royale afin' d’être plus af-
furë du fecret. Ce prince, étonné au dernier
point qu'un homme de ce caractère fit une démarche
fi odieufe, ne p.ut s’empêcher- de lui
dire dam fon ilÿ'e ordinaire : Jlh! monfieur »
quel diable de métier faites-vous-la ? Le prefident
lui r<;p‘iqua avec' un grand phlegme
»moi-même, monbigneiir, que je viens |i| i
» iTOncer, pour me mettre à couvert dés rigOeiirs
33 de votre édir, 8c j’aime beaucoup mieux ceat
» fnillç francs en efpèces, que tous les bidets
» de . la banque »..
L’année 1710, fut l’époque de la fubyetfion
de toutes les forrunes des particuliers & ^des
finances du royaume. Le -pa'tlément de Paris s op-
pofa toujours à ces innovations, & Law charge
dé la haine publique fut enfin oblige de^ fuir eu
pays'qu’ ih avoit voulu enrichir, & quil avoit
bouleyerfé: La fortune" le remit à peu près où
elle l ’avo’t pris. Lorfque M. de Montefquieu
palTa à ÿenife où Law s’étoit retiré, il n’oub.ia
point de voir ce fameux écoffois. (Jn jour la
conveifnion roula fur le fyfiême. « Pourquoi,
» lui dit M.' de Montefquieu, n’avez-vous pas
» eifayé de corrompre le parlement de Paris ,
» comme le mi ni itère Anglois fait à l’ égard du-
» carie ment de Londres? Quelle différence, re-
pondit Law\ L ’Anglois ne fait confiiter la
» liberté qu’à faire tout ce qu’il v e u t , l e
-» François ne-*' met la fier.ne qu’à faite tout ce
» qu’ i l ‘ doit. Ainfi, l’intérêt peut engager l’un
» à vouloir c e qu’il ne doit pas faire; il ell
« rare qu’ il porte l’autre à faire ce qu’il ne doit
-» pas vouloir »,
Law mourut à Venife dans un état a peine
au-defius de l’indigence. Cet infortune minifire
n’avoit point Tefprit fouple > il s’embarralfoit
trop peu des'ennemis qu’il avoit; il difoit que
c ’ëtqient des mouches qui vêhoient fur le vifage
& dont il étoit aifé de fe défaire. On ne peut
cependant lui refufer du génie , & on avouera
fans peine que fon projet de finance, avoit le
mérite d’une combjnaifon bien lie e , mais on
pouyo:t douter en voyant fes opérations, qu il
'eut autant d’habileté dans l’exécution ; que fes
partifans l’ont publié. Quelque confiance- qu il
eût dans fes principes, dont plufi.eurs pouvoient
être contredits, il de voit fentir la nicefiaté de fe
plier auk combinaifons du public dont dépendoit
le faceès.
Une perfonne avec laquelle il vivoît, & qui
paffoit pour fa femme, avoit obtenu une pen-
fi m de la compafiion du régent ; elle fut fup-
primée à la mort de Law, fur là déclaration que
fit cet ancien minière, qu’ elle n’etoit pas fon
époufe ; & cette même femme qui peu d'années
auparavant, regtrdoit avec mépris cette foule de
" courtifans que la fortune enchaînoit au char de
Law y 8c qui difoit qu’il n’y avoir point d'animal
fi ennuyeux 8c plus infupportîble qu’une du-
chefle, rentra dans 1e iein de la misère Sc.dela
lie du peuple,
Lebrun étoit fils d’ un feuipteur médiocre., qui
fut employé dans le jardin de i hôtel Seguier*
Un jour que le chancelier de ce nom goûtoit
ie p’.aifir de la promenade, il apperçut Je- jeune
Lebrun, qui deflinoit avec beaucoup d’apphea-
tionl Charmé de fa phyfionomie , de 1 ardeur
qu’ il mbntroit à s’inlbuire,- le chancelier jugea,
dès ce moment,. qu’ il fer oit • un grand artiite,
8c fe chargea de le, faire élever à Es dépens*
Lebrun paffoit des nuits entières à méditer le
fujet d-’ un ' tableau , 8c reftoit même phifituis
heures dans la même attitude , fans s’en ap-
percevoir.
LEBRUN , ( Charles) peintre, né l’an 1619.,
mort en 1690.
A l’âge de quatre ans Lebrun ôtort, dit-on,
les charbons du feu pour defiîner furie plancher
teut ce qui frappoir fes regards.
La Bruyère dit quelque part dans fon ûyle
énergique : « Un poète ell un pcëte ; un muficien
» eff un muficien ; mais Racine eft Racine 3 Ludy
» eft L u lly , & Lebrun eft Lebrun ».
C ’ cft non-feulement dans la claffc des plus
fameux peintres qu'p Lebrun doit b-.iller j mais
il peut encore être placé parmi les gens-de-îettres.
Il nous a Iaiffé deux exçeilcns traités, l’un ale
la phyfionomie , l’autre des diferens caractères des
pajfions \ auxquels il a joint la rcpréientaiion des
ditîérens animaux qui ont quelque chofe de la
figure humaine.
S’il en faut croire quelques auteurs, Lebrun
avoir un talent particulier pour corvnoitte, ^p;<f
les rraits du vifage, à quelles paffions on etoit
le plus fujet.
Attentif à ne rien mettre dans fes ouvrages
qui bleffàt la vérité, Lebrun fit defiîner à A ep
des chevaux de Pevfe, afin de mieux obfervcr
le coftume dans fis tableaux de 1 hiftoire d À -
lexandre. Mais ce grand peintre qui vouloir être
vrai dans les moindres bagatelles, fe trompa
fingulièrement dans une part e eflfeti.tjeUe, & ne
répara fa fi.ute que long-temos après l’ avoir cooî-
mife.: il repréfer.ta d'abord le conquérait de-la
Perfe, fous les traits, délicats du'-e femme. C e
qui 1 ind iiit en erreur, c’ell qu’on lui donna,
pour la tête d’ Alexandre, une tête de Minerve ,
gravée fur une médaille ancienne, au revers de
laquelle on lifoit le nom d’Alexandre.
A peine Lebrun seut-d développé fes talens ,.
que le fur-inter.d:int Fouquet , l’un des plus
généreux 8c des plus malheureux hommes qui
aient jamais été , lui donna une peu fi on de
douze mille livres, 8c lui payoit encore fes ouvrages.
Après la difgrace de Fouquet , Louis X IV
nomma Lebrun fon premier peintre, lui accorda
des lettres de nobleffe, des armes diftinguées ,
l’honora du collier de fàint-Michel,& lui fit piéfent
de fon portrait enrichi de diamans.
Lebrun'ayant achevé un tableau, furie devant
duquel il avoit peint un grand chardon, repré-
G g g g 1