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ufage chez les orientaux. Ce témoin qui comprit
ce que le calife vouloit faire entendre par cette
exprefîion détournée, répondit qu’il ne l'avoi:
point vu : Omar renvoya le gouverneur abfous ■,
& condamna les trois particuliers qui avoient dé-
pofé contre lui à la peine de faux^témoin.
Pendant le règne de ce calife, qui fut aflez
cou r t, les arabes fe rendirent maîtres de trente-
iîx mille villes, places, ou châteaux,. détruifirent
quatre mille temples des chrétiens ou des idolâtres,
& firent bâtir quatorze cents mofquées pour
l'exercice de leur religion. Mais lorfque le victorieux
Omar alloit jouir du fruit de.fes travaux ,
il fut affàflîné par un efclave perfan.
C et efclave s'appellent Firouz. 11 vint un jour
fe plaindre à Omar que fon maître exigeoit tous
les jours de lui deux drachmes d'argent, qui étoient
le plus fouvent tout l'argent qu'il pouvoit gagner
par fon travail. Omar lui demanda combien de métiers
il favoit; 8c ayant appris qu’il étoit architecte
, charpentier & fculpteur, il lui dit que cet e
Tomme n'étoit point èiceflive, & que fon maître
pouvoit l'obliger à lui donner trois drachmes,
puifqu'il favoit trois métiers j il ajouta , qu'il
vouloit l’employer à conftruire des moulins à vent,
pour moudre les bleds des greniers publics. Fi-,
rouz irrité de la réponfe d3 Omar r 8c frémiffant de
colère lui répliqua : « Je vous ferai un moulin dont
©n parlera tant que la roue de celui du ciel tournera
fur la tête des hommes ».
Omar entendant ces paroles, dit à ceux qui
étoient autour de lui : «« il femble que cet homme
me menace ».
Son foupçon étoit jufte, car le même efclave
îè frappa quelques jours après d’un coup de couteau
, dont il mourut le troifième jour de fa
bleflure. Les officiers du calife fe jetcèrent aufli-
tôt fur l’affaflin, mais il fe défendit fi courageufe-
irtèiit qu'il les ble/fa prefque tous du même couteau,
& fe tua. enfin lui-même.
OPÉRA. "L'opéra françois, dit un auteur moderne,
eft parmi les drames > ce que l’Orlando eft
parmi-les poëmes épiques. Lulli & Quinault peuvent
en être regardés comme lés créateurs.
La danfe remplit aujourd’hui tellement les
divers aétes de nos opéras , que ce théâtre paroît
drefle moins pour la rep'refentarion d’un pcërrie
lyrique , que pour une académie de danfe. La
longueur de notre récitatif n'èft pas la moindre
caufe de ce goût vif des fpeélateurs pour la danfe.
Auffi un homme d'èfprit à qui on demàndoit un
ïiioyen pour foutenir un opéra prêt â tomber,
répondît aflez pLifamment qu’il n3y avoit qu’ à allonger
les danfes 8c racourcir tes jiipes.
Dans le temps qu'on 'jeuoit Arien ^ opéra de
OP E
Roi ^ îl y av«it au fond du .cul-de-fac de Y opéra
fur une affiche Marion vend de la glace : on ne
fit qu’effacer la première lettre M.
Voici comme un plaifant trace l’efquife d'un
opéra.
Sujet.
Un jeune prince américain
Eft amoureux d’une jeune princefle .*
•Cet amant qui périt au milieu de la piè ce ,
Far le fecours d’un dieu , reflufeite à la fin;
Prologue.
Un muficîen va vers la couliffe 8c fait figne à
fon monde d’entrer.
Peuple, entrez, qii’on s’avance ;
Aux chanteurs.
Vous, tâchez de prendre le temps ;
Aux danfeursi
Vous, le jarret tendu, partez bien en cadence*
A c t e I.
Le prince & la princejfe.
La princejfe.
Cher prince, on nous unit.
Le prince.
J’en fuis ravi, princefle.
Peuples, chantez , danfez,. montrez votre allégrefle.
Choeur.
Chantons, danfons, montrons notre allégreflè.
A C T E I I.
La princejfe *
Amour î
( Bruit de | guerre qui ejfraye la princejfe. Elle
femble s ’évanouir dans la couliffe. Le prince revient,
pourfuivi par fes ennemis. Combat, Le prince eÿ
tué).. •
La princejfe. ..
Cher prince 1
Le prince,
Hélas 1
o R A
'‘ La priiicejfe1
Quoi?
Le prince:
J’expire !
La princejfe, , ,
O malheur !
Peuples, chantez, danfez, montrez votre douleur.
Une marche finit le fécond aide.
A G^r E I I I .
^.P allas , dans un nuage.
%
Pallas te rend le jour.
La princejfe.
Ah ! quel moment !
Le prince.
Où fuis-je?
Peuples, chantez , danfez , i célébrez ce prodige.
O n danfe* .
OR. Quelques peuples qui habitoient auprès du
fleuve du Tigre, avoient 1 ’o r& l’argent en fi grande
horreur, qu’ ils enterroient dans les lieux les plus ,
déferts & les moins connus, tout ce qu’ils en :
pouvoient amaffer. Ces peuples s’apeloient Bam-
byeatiens.
ORACLES. La coafultation des oracles étoit,
comme l'on fait, la pratique la plus fuperftitieufe
de la religion des anciens. Il y en avoit à Délos,
à Claros, à Delphes, & par-tout où l’on ren-
controit un peuple crédule 8c des cavernes.
Le célèbre Kirchker dans le deflein de détromper
les fuperftitieux, fur les différens prodiges attribués
à Y oracle de Delphes, avoit imaginé &
fixé un tuyau dans fa chambre, de manière que
quand quelqu’un l’apeloit, même à voix baffe,
à la porte du jardin qui étoit contigu, il l’en-
tendoit aufli diftinétement que s’ il -eût été auprès
de lui, & il répondoit avec la même facilité. Il
tranfporta enfuite fa machine dans fonmufeum,
& l’adapta avec tant d’art à line figure automate,
qu’on la voyoit ouvrir la bouche, remuer les
lèvres & rendre des fons articulés. Il fuppofa en
coüféquence que les prêtres du paganifme, en
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fe fervant de çes tuyaux, .fajfoîent acroire aux
fots que l’idole fatîsfaifoit à leurs queftions.
Les oracles, chez les anciens, étoient un moyen
de plus de perfuader le peuple, toujours attaché
à ce qui lui paroît merveilleux. Périclès, Alexandre,
Céfar, 8c d'autres perfonnages illuftres., fa-
voient les faire parler ou les interpréter en leur
faveur, lorfqu’il le falloit. Alexandre étoitjalle a
Delphes pour confulter le dieu, 8c la pretreffe
qui prétendoit qu'il n’étoit point alors permis de
l'interroger, ne vouloit point entrer dans le temple.
Alexandre, qui étoit brufque , la prit aufli-
tôt par le bras pour l'y mener de force , elle
s'écria : Àh ! mon fils , on ne peut te réfifler. —
Je n'en veux pas davantage, dit Alexandre, cet
oracle me fuffit,
JulesCéfar étant tombé de cheval, en débarquant
en Afrique, où il alloit pour conquérir cette partie
du monde, dit : « Voici un oracle favorable, que
les dieux nous donnent ; T Afrique eft fous moi,
ce n'eft pas une chute, c'eft une prife de pofTef-
fion ».
Une femme inconnue 8c étrangère, vint trouver
Tarquin le fuperbe dans Rome, & s'offrit de lui
vendre neuf volumes des oracles des Sybilles.
Tarquin refufant d,e donner l'argent qu'elle de-
mandoit, elle en brûla trois, & revînt quelque
temps après, préfenter les fix autres au même prix
qu'elle avoit voulu vendre les neuf. On la traita
d’infenfée, 8c fa propofition fut rejettée, elle en
brûla encore trois, & paroiffant de nouveau devant
le ro i, elle l’avertit qu’elle alloit jeter au
feu les trois derniers, fi on ne lui donnoit la fomme
qu’elle avoit demandée. Tarquin , furpris de la
fermeté de cette femme, fit appeler les augures ,
qui répondirent, qu’ il ne pouvoit acheter trop
cher ce qui reftoit de ces livres. La femme fut
le champ «n reçut le prix, recommanda qu’on
en prit grand foin, ,8c difparut à l’heure même.
Philippe roi des macédoniens fut averti ^par
Y oracle d’Apollon, qu’il étoit en danger d’être
tué d'un charette. C’eft pourquoi il commanda
qu'on ôtat toutes les charettes 8c chariots de fon
royaume, 8c même ne voulut pas aller dans un
lieu, qu'on appeloit charette. Toutefois il ne put
fuir le. péril qui lui avoit été annoncé. Paufatiias
portoit à la garde de fon épée une charrete
gravée, qui donna le coup de la mort à ce monarque.
.
O R A N G Z E B , ou AURENG -ZEB , empereur
des mogols, né en 1618 , mort en 1707.
Ce prince, fils de Chah Jean empereur pour
lors régnant, avoit plufieurs frères qui tous en
particulier fe flattoient de fuccéder au trône de
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