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romains débarquoient ordinairement dans la province
de Kent, ce fut fans doute dans cette province
que Ton planta les premiers cerifîers : le
terroir leur fut favorable : cette partie de l'Angleterre
fournit encore aujourd'hui les meilleures
ectifès, 8c en plus grande quantité qu'aucune autre
de la province, comme le canton de la plaine
de Mortmarency, du côté de Saint-Denis > fournirent
celles de la France.
Philippe de Valois fut le premier qui introduit
la gabelle en France 5 droit par lequel on paye
l'eau de la mer & les rayons du foleil. Le roi
d ’Angleterre appelloit ce prince Fauteur de la loi
falique.
Il n’étoit jadis permis qu'aux nobles de placer
des girouettes fur leurs maifons * on prétend même
que dans l’origine il falloit avoir monté des premiers ‘
à l'affaut de quelque ville , 8c avoir p!anté fa bannière
©u fon pennon fur le rempart. Les girouettes
étoient peintes, armoiriées» 8c repréfentoient les
bannières ou les penaôns de la nobieffe.
Un François coupoit la tête à l'ennemi qu'il
avoit tu é , Femportoit chez lui 8c la clouoit fur
fa porte. De-là eft venue la coutume de clouer
fur la porte des châteaux les oifeaux de proie,
ou les têtes des animaux carnaciers.
Il eft fingulier de penfer que c'eft au hafard que
les hommes doivent les découvertes les plus utiles
à la foeiété. Ce fut fans fonger à la gravure,
qu'un orfèvre de Florence, gravant fur fes ouvrages,
8c les moulant avec du foufre fondu ,
s'appèrçut que ce qui fortoit du moule marquoit ■
dans fes empreintes les mêmes chcfes que la gravure
, par lé moyen du noir que le foufre avoit
tiré des tailles j il eflaya d'en faire autant fur
des bandes d’argent avec du papier humide, en
paffant un rouleau bien uni par-deffus, ce qui
lui réuflit. Un orfèvre delà même ville tenta la
même expérience, 8c le fuceès lui fit graver
plufieurs planches de l'invention 8c du deffein de
Sandro Boticello. Les épreuves réufîirent, 8c
bientôt la France 8c l’Allemagne apprirent de l’I talie
l’art de graver des eftampes. L'Angleterre
n’a fuivi que fort tard l'exemple de ces nations,
8c la gravure n’a commencé à être connue 8c
cultivée chez, eux , que vers la fin du dernier
jfiècle.
Galien rapporte qu'un graveur de fon tems
repréfenta fur une bague la figure de Phaëton
fur lin cfrar tiré par quatre (hevatix. L'ouvrage
étoit fait avec une fi grande délicateffe, qu’on y
voyoit jufqu’aux rênes des chevaux, 8c qu'on y
diftinguoit clairement les dents dans leurs bouches,
8c que leurs jambes e'galoient la fineffe de celles
d’une puce.
C ’eft Louis le Gros qui le premier ordonna de
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lever dans les villes des troupes de bourgeois;
connues depuis fous le nom de milices de communes,
8c qui dévoient marcher à l'armée , non
comme autrefois fous les enfeigries di||pénéchal
ou du bailli, mais fous les bannières dé Féglife
8c de leurs paroifliens.
A ces milices, qui étoient défrayées' par le
prince lorfqu'eiles étoient à une certaine diftance
de leurs demeures > Philippe Augufte joignit des
troupes qui ne fervoient que pour la folde j d’où
eft venu le mot de foldat. Voilà la première époque
des troupes. foudoyées par les rois de France.
La première monnoie qui ait eû un bufte en
France, eft celle que la Ville de Lyon fit frapper
.pour Charles VIII 8c pour Anne de Bretagne
fa femme.
Selon Vitruve, Dorus, fils d’Hellen 8c petit-
fils de DeucaÜon, ayant fait bâtir un temple à
Argos en l'honneur de Junon, cet édifice fe trouva
par hafard être conftruit fuivant le goût &
les proportions de l’ordre, que par la fuite on a
nommé dorique. Dorus étoit roi du Péloponèfc
8c vivoit vers Fan 1512 , avant Jéfus-Chrift.
La proportion de l’ordre dorique eft prife de
celle qui fe trouve entre le pied de l’homme &
le refte de fon corps. Le pied fait, d it-o n , la
fixièine partie de la hauteur humaine, 8c en con-
féquence on donna d’abord à la colonne dorique
en y comprenant le chapiteau fix de fes diamètres;
c'eft-à-dire, qu’on la fit fix fois auffi haute
qu’elle étoit 'greffe. Par la fuite on y ajouta un
feptième diamètre.
Ce nouvel ordre d'architeélure ne tarda pas
à donner naiffance à un fécond. Les Ioniens cherchèrent
à mettre encore plus de délicateffe &
d’élégance dans leurs édifices, ils employèrent
la même méthode, dont on avoit fait ufage-pour
la compofition de l'ordre dorique ; mais au lieu de
prendre pour modèle le corps de l’homme, ils fe
réglèrent fur celui de la femme : pour rendre leurs
colonnes plus agréables encore, ils leur donnèrent
huit fois autant de hauteur qu'elles avoient de diamètre
; ils firent aufli des. cannelures tout le long
du tronc pour imiter les plis des robes des femmes.
Les volutes du chapiteau repréfentoient cette
pas de des cheveux qui pendent par boucles de
chaque côté du vifage. Ils ajoutèrent enfin des
bafes faites en maniéré de cordes entortillées,
pour être comme la chauflure de ces colonnes.
Cet ordre d’arthite&ure fut appellé ionique.
On a'tribue à Callimachus , célèbre architecte
de Corinthe, vers la foixantième olympiade,
l'invention du chapiteau corinthien , orné de
feuilles d’acanthe. Voici à quelle occafion. Une
jeune fille de Corinthe étant morte , fa nourrice
mit fur fon tombeau dans, un panier quelques
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petits vafes que cette fille avoit aimé pendant
fa vie, 8e afin qu'ils duraffent long-temps fans
être gâte's par la pluie , elle couvrit le panier
d’une grande tuile. Il arriva par hafard, que ce
panier fut pofé fur la racine d’une plante d’acanthe,
d’où il fortit au printemps des tiges Sa
des feuilles qui s’élevèrent le long des cô tés du
panier, Sa rencontrant les bords de la tuile r
furent contraintes de fe recourber&en leur sextrê-
mités, & de faire le contournement des volutes.
Calimachus paffant auprès de ce tombeau ,
Sa ayant vu ce panier environné de ces feuilles,
il en imita la manière dans le chapiteau des colonnes
qu’il fit depuis à Corinthe , établiflant fur
ce modèle les proportions & les mefures de
Fordre corinthien.
-Au commencement du quatorzième fiècle, un
habitant de Padoue inventa le papier , & en ne
s’en m i t en France que fous Philippe de
Valois.
Philippe.Augufte, vers Fan u 8 y , commença
à faire paver les rues de Paris. Un financier
confacra douze mille marcs d’argent à cet em-
belliffement. Exemple qui fera toujours unique,
félon Mezerai.
On dit que Forigine des perruques vint de
Charles Quint, qui étant venu en Italie pour fe
faire couronner par le pape Clément V I I , & fe l
fentant attaqué d’un violent mal de tête, fe fit j
couper les cheveux qu’il avoit fort beaux , ce que
les courtifans imitèrent bientôt par une flatterie
ridicule, quittant ainfi, prefqu’en un moment,
une chevelure qui leur avoit coûté tant de peines
Sa de foins à foigner pendant toute leur v ie ,
pour paroître rafés & chauves devant l’empereur.
Les poftes furent établies fous Louis X I , roi
de France, à l’occafion du liège de Nancy , dont
i l apprenoic des nouvelles en mettant des couriers
de diftance en diftance. Cet ufage fut trouvé
commode, & on Fa continué & perfectionné dans
la fuite.
Celui à qui on attribue l’invention de la poudre
à canon étoit, à ce qu’on d it, un moine
allemand chymifte, appelle Bertholo, Sefurnommé
le Noir. C e fut le hafard qui lui fourait cette
invention. Ayant mis dans un mortier de la poudre
de falpêcre& de foufre, Sa l’ayant couvert d’une
pierre pour la préparer, afin d'en compofer un
remède ; il arriva qu'en battant fon fufil tout
proche, uneétincelle tomba dans ce mortier, alluma
la poudre qui y étoit ; cette poudre étant enflammée
pouffa avec violence la pierre vers le
plancher. Cet effet furprenant le fit penfer à-
uu tuyau de fe r , de la même manière que font
les canons des moufquets, ce qui lui ayant réuffi,
il en montra F ufage aux vénitiens. Ceux-ci s’en
fervirent avec un fuccès favorable pour eux contre
les Génois en 1380.
Encyclopédiana.
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Popée, femme de l’empereur Néron, fut la
première qui fe fervit de mafque, pour mettre
la beauté de fon teint à l’abri du hâle & des injures
d e l’air, & c’eft du nom de cette impératrice
qu'èft venu celui de poupée • qu'on donne aux
colifichets qui fervent d’amufemens aux enfans.
Un certain Emmanuel, ju if, poète Sa bouffon
, qui vivoit à Rome, il y a environ fix cens
ans, expliqua plaifammènc dans un de fes fonnets,
comment le mot fac eft refte dans toutes les
langues. Ceux, dit-il, qui travailloient à la tour
de Babel avoient, comme nos manoeuvres , chacun
un fac, pour mettre leurs petites provifions;
mais quand le feigneur confondit leur langue,
la peur les ayant pris, chacun voulut s'enfuir;
& demanda fon fac : on ne répétpit par-tout que
le mot fac , & c’eft ce qui l'a fait pafferdans toutes
les langues qui fe formèrent alors.
Le palais des tuilleries a été nommé ainfi,
parce que fur le terrein qu’il couvre on faifoic
précédemment de la tuille.
On peut remarquer q u e , par un hafard fort
fingulier, le plus beau jardin public cFAthènes
s’appelloit les tuilleries ou le céramique, parce
qu’il avoit été'planté , comme le nôtre, fur un
endroit où Fon faifoic de la tuille.
O V ID E , ( Ovidius Publius Nafo ) poète la-*
tin , né à Sulmone Fan 43 avant Jéfus-Chrift,
mort Fan 17 de Jéfus-Chrift.
Le père d’ Ovide avoit engagé fon fils à s'appliquer
à Féloquence qui étoit à Rome une voie
ouverte aux honneurs & à la fortune. Ovide étoit
né poète, & fit quelque temps violence à fon
penchant. Il étudia la rhétorique ; mais ni les
remontrances de fon p ère, ni les applaudiffe-
mens que lui attirèrent plufieurs çaufes qu'il
plaida, ne purent le détourner de faire des vers.
Il étoit entraîné, fubjugué par le génie de la
poéfîe :
E t efuod tent&bam fcriberc verfus crut.
Une paflion fougueufe qui le domina autant
que celle de v e rs , l’amour, lui diéta la plus
grande partie de fes poéfies. On n’y trouve point
les expreffions obfcènes qui révoltent dans Catulle,
dans Horace, dans Martial; mais un fer-
pent pour être caché fous des fleurs , n'en produit
pas moins des pîquures funeftes.
Les Métamorphofes regardées comme le chef-
d’oeuvre de ce poète, font des peintures volup«
tueufes des amours des dieux Sa des hommes »
Sa ces tableaux font d’autant plus propres à corrompre
les moeurs , qu’ Ovide emploie un pinceau
tendre Sa touchant. Tout parle aux fens ,
tout les flatte dans cet ouvrage féduifant. Ses
, Héroides font également une école de libertinage