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ces fentes s’ouvroient & décau violent accidentellement
quelques parties' du corps.
On s’appercevra que pjufieurs changemens qu’on
a faits aux habittemens des femmes , font l’effet
de l’envie qu’on a eu de réduire, en découvrant
de plus en plus quelques parties du corps ; & le
peu de fuccès qu’a eu cet. expédient, a jette en-
fuite dans la mode oppofée d’un habillement très-
ferré, qui couvrait toute la perforine..
Les cottes de différentes couleurs furent à la
mode en Angleterre fous Henri I. On vit des
chapeaux ou des couronnes de fl surs artificielles
fous Edouard IIL; des .chaperons & des; cottes.
courtes & fans, manches, appelées.taberts, fous
Henri V I I ; les fraifçs, fous- Edouard VI ; & l’on
dit qu’elles furent imaginées par une dame de
qualité-italienne.ou efpagnole,.qui vouloir cacher
une loupe qu’elle avoit; au cou. Les. bonnets travaillés
devinrent à la mode fous le règne d’Eli-
fabeth; les fouliers qu’on porte aujourd’hui, furent
portés, pour la première fois, en 1633., & les
perruques parurent peu de temps après lareftau-1
ration.
Charlemagne porta le$. premières loix fomp-
tuaires , qui régloiént le‘prix dès étoffes 5c qui
diftinguoierit l’état & le rang des particuliers, par
rapport à leur habillement. Ce prince donna lui-
même l’exemple de la plus grande fimplicité.
De riches vêtemens fur le corps d’un fat, font
comme des trophées revêtu es d’armures magnifiques,
& qui ne font au. fond qu’un miférable
morceau de bois.
Uneperfonne prit à fon fervice un payfan nouvellement
débarqué: à Paris:? en lui difanjr: - je te
donnerai cent francs de gage; & fi je fuis content
, tu auras tous les-ans une récetnpanfe , & je
t habillerai. Le lendemain matin le domeftique lie
paroît pas : il fe fait tard : le maître fonnë ; il
ne bouge point : enfin, leimaître monte; le trouve
dans fon ht ; fè-fâche. Le valet lui dit :-Monfieur ,
ne fommes-nous pas convenus que vous m’habilleriez
j je vous attendons.
H A N D E L , ( George - Frédéric ) muficien ,
mort à Londres au mois d’avril 1759.
Handel compofa fon premier opéra intitulé
A lm é r ia à l'âgé de quinze ans. Cet opéra eut
le plus grand1 fu'ccès, & fut joué trente jours
de fuite fur le théâtre de Hambourg, dont il avoir
la direction. Dans moins d’une année, il en fit
exécuter deux autre?, qui furent reçus avec les
mêmes applaudilièm . ns.
Handel p à l'exemple dès plus grands artifles,
voyagea en Italie.' Après avoir relié une année à
Florence, il paffa à Vende j c’étoit le temps du
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carnaval. Il ne s’ étoit point fait*connoître 5 mais
fon talent le découvrit. Il jouoit de la harpe dans
une mafearade. Dominico Scarlatti , 1e plus habile
muficien italien fur cet inflrument, l’entendit, 8e
s’écria : I l ri y a que le Saxon ou le diable qui puijfe
jouer ainfi.
Handel ne trouva jamais d’égal fur l’orgue, &
fi n’ y eut que ce Scarlatti qu’on put lui comparer
pour la harpe. C e qui fait honneur à ces deux
célèbres muiieiens, c’ eft qu’ ils devinrent amis
quoique rivaux. Handel ne parloit jamais de Scarlatti
qu’avec la plus haute eftimb; 5c Scarlatti,
; quand orr le louoit fur fa belle exécution, citoit
Handel en faifant le ligne de la croix 5 exprefîion
| indécente, mais vive, de l’admiration que ce nom
L lui infpiroit.
Handel, étant à.Rome, compofa, a la prière
du cardinal Ottoboni, une fÿmphonxe dont l’exé-
. cution parut difficile aux muflciéhs de fon concert,
à la tête defquels étoit le célèbre Corelli.- Cet
art:fie , dont la douceur 8c la modelée égaloient les
talens ,;fe plaignit lui même de là difficulté de
iplufieurs paffagésV Handel lui d,onna quelques
; in ft mêlions pour l’exécution de ce-S paffages ; 8c
voyant que Corelli né’lés fétldoit pas encore à fon
gré, il lui arracha- l’inftrument des mains avec une
brufquerie & une hauteur qui défiguroient lin p'éu
fon caractère ; il les joua devant Corelli, qui n’avoit
pas befoin de cette preuve pour avouer la fupé-
riorité de Handel, à qui il dit avec une douceur
admirable : JHon cher Saxorl, cette müfique efi dans
le fiylefranjôis ,' &j.è riy entends rien.
Le cardinal Pamphile fit un. poëmé intitulé:
Il triôhfo del ‘tèmpô , dans lequel Handel étoit
comparé à Orphée, & exalté comme une divinité.
C e muficien, qui avoir ü-h fentitnent trop naïf de
fon propre mérite, ne fit pas fcrupùle^de mettje.
• ce poème en mufique. C ’étoit peut être , ajoute
Fauteur du mémoire cité , le'feul moyen dont
Händel put déployer fès taie ns ; fans acquérir de,
■ la gloire.
Handel ayant reçu' des invitations très-pref-
; fantes d’aller en Angleterre , fe rendit dans ce
royaume en 1710 , & - y. trouva des honneurs &
des richeffes. .
Handel ne donna que très-peu'd'opéra, dans" les
premières années de fon .fejour à Londres, parce’
que les pc'ëmés qu’ori y f epvéfénïoit, étoi. m mis
en mufique par Attilio 5c par BuOnonçini, qui
étoient à la tête de ce fpeéùcle. Lés proteéleurs
de Handel formèrent le plan d’une foufçrption
pour établir une noi.Vv.Ue académie de mufique à
Hay-Markct, dont ce .muficien adroit la çlirééiion.
I f fouferiptiondont le fonds étoit délinquants
mille livres llerlings ; c’eft-à dire, plus d’olizc ce ris
mille livres dé notre monnoie, fut remplie avec
Une célérité dont on ne peut trouve* d’exemple
que dans une nation où 'la nobleffe généréufe ,
opulente & populaire porte fes goûts juiqu’à 1 en-
.-thOuliafine, 5c où l’efprit national dirige le luxe
même & la vanité des. citoyens vers des objets
qui intértffent le peuple.
Les oratorio de Handel n’eurent pas le fuccès:
qu’ils méritoient. Il continua cependant de les !
donner , & fon Mejfie, qui avoit d’abôrd été reçu '
froidement, fut accueilli par.la fuite avec les plus .
grands applàudifTeméns. L’émprefTement que le '
^public témoigna pour cet oratorio , engagea ;
Handel à le faire exécuter tous les ans au profit
de lhôpital des Enfans-Trouvés, établiffement qui
étoit encore dans'fon enfance, 8^ qui n'étoit fou-
stenu que par des libéralités particulières.
Handel,, defiré , recherché & careffé par tout,
rpaffoit fa vie avec les hommes les plus diftingués
:par la naiffance , l’ efprit 5c les ralens. Il mangeoit
fouvent avec Pope chez le comte de Burlington.
Pope, qui avoit une oreille lïiénfible à l’harmonie:
des vers, n’avoit aucun goût pour la mufique;
fon ame étoit abfolument fermée aux charmes.de1
,cet art divin, dont il a cependant chanté lés
effets avec beaucoup' de chaleur 8c d’efprit dans ,
-fon iode, de fainte. Cécile. Il avouoit fouvent que
les plus beaux morceaux de .mufique ne lui, don— i
noient aucun plaifir ; mais il eftimoit beaucoup
Handel fuir la parole de fon ami Arbuthnot, qui
lui difoit quelquefois: Il Formez -vous la plus
-3» haute idéëi'de fes talens, & fes talens feront
•*> encore au-.deffus de votre idée ».. ;
La fortune favorifa cet artifte illuftre, & on
prétend qu’il laiflfa^en moiirant une fücçeffion de;
plusvd.e y-ingt mille livres fterlings. Il fut enterré!
dans l’abbaye de Wefiminfier.
HAR AN G UE . On râ dit'. que l ’ufage- des ha- *
rahguesj devoij: êtr.'plus ; fféquent -, chez nos .an-'
.;-çiers.s , qu-ayjèu.i;cl hui , parte que chez eux l’d-.
.-*a,tçur Jiè.-gu.errfer,étoiènt fouyént réunis dans 1
la même p rfonne., Mais jl éff bien queffion ici
d’un discours arrangé ; tout guerrier animé d’une ;
- forte paffion j ou ex’çïtéfpaY un d'afigér preffant, *
ferai palfer en pèu de mots dans' le coeur de ceux '
qui l’écoutent’, les fentimens.dont il èft animé,,
& c’ eft la fiarâriguc que Hods démandons. Le jour'
de la bataille de Téfih , Annibal ranima Ie courage
: de 'ion armée1 p(afçeS pïrdlës,: « compagnons, leur
» dit-il , le ciel m’apnongr'l,a'Vi(fto’re; c’èft auxt
“ *> romains & non à vous ‘de trembler. Jettes lès ;
• s> yeux fur ce -clfamp de bataillé : mille retraite!
« ici pour les tâchés'V nous, périffons tous fi
»> nous fomraes vaincus. Quel .gage plus certain
‘ w du triomphe? Quel ligne plus iënfïbie de la
» prateérion des,dieux ? Ils nous ont placés entre
»* la viétoire & la m o r t . - '
.- La reine de Hongrie', MarierThérèfe d’Autriche
, attaquée parl .presque, toute l’ Lutope,,
fortit de Vienne, 8c fe jet ta entre les bras des
Hongrois ,i févèremenf t r a i t é s par fon père & feS
areux. Elle , p a r o î t .d e v a n t le s quatre: ordres de
F Etat, a flem b lé S '. à Presbourg -y (tenant, entre fes
b r a s fo n fils a în é prefque encore au berceau.
Abandonnée dit-elle , de mes.amis, perfécutée
” par mes ennemis, attaquée par mes plus pro-
” • 'ches pàrens ,' jé n’ai dé refifource que dans
» votre fi dé 1 i : é , dans' votre, courage , 5c dans
” ma cohftahce. Je mets en vos mains la fille 5c
?» le fiis de vos rois , qui attendent de vous leur
» falut. ;cc*: 1
Tous les Palatins; attendus 5c animés , tirent
leurs fabres en s’écriant : »> Moriamur pro, rege
» noflro Mariâ TJièreJiâ ; mourons pour .notre
», ro i, Marie Thérèfé: » ils verfent des larmes
en faifant ferment de la défendre ; 5c ils. fa dé-
■ fendent en effet fi bien, qu’ils liii con,fervent la
plupart de fes'poiTé.ffiohs.
Pèu de temps avant d’intéreffer à fon fort les
Hongrois., elle avoit écrit à la ducheife' de Lor-
raffie, fa belle-mère:« J ’ignore encore s’il me
• » refiera une feule ville pour faire mes couches
On f..it qu’il èft des harangues d’ufage., & :qui
font preferites par le cérémonial. Un premier président
du parlement haranguant monfeigneur le duc
de Bourgogne dans fon berceau , fé contesta de lui
dire : « Nous venons , monfeigneur , vous offrir
M nos^refpeéts , nos enfans vous offriront leurs
» fervices-».
Le maire d'une yille dé .Languedoc, dit un
jour au gouverneur de cettè province : « Mon-
» fëigraeur , deux chofès ont. toujours incom-
». mode, vos prédéceffeürs , lorsqu’ils'font venus
?» prendre;pôff.ffion de leur gôuvernemenc ; les
» cou fins : & les longues .harangues j je'prie dieu
» ,qu’il vous garantiffe du premier' de ces fléaux „
‘pour ma part, j e . vous garantirai du
» fécond ».
Un cpnfuî.d’Àmiéns haranguant Louis X ÏV .,
ne put jamais, dire que > Jîre. Çe prince qui n’ai-
moit ' pas ’ les' . grandes harangues , lè remercia ,
en lui .difant, qu’il n’avoit jamais entendu une
harangue qui fut plus à fon goût.’
Les. députés de Marfeille , voulant haranguer
Hènri IV', ‘ 8c mettre' l.çur érudition à profit ,
commençèrènt leur difco.urs pàr ces paroles :
I V*" Annibali partant de Carthage. A «es mots te
Princë' lès Interrompant , leur dit : “ Annibal par-
I ” tant de Carthage, avoit dîné, 5c je vais en
, » faire autant ».
Dans un Ville de province, le reéteur de l’u-
•njvqrfité ayant harangué en .latin un préfidiâl, le
: doyen qui 'préfidoit, îepondib: « appointé : —
■ *• comment appointé répliquai le doéteur ? —
. Oui, appointé, reprit le doyen , quand nous