
comment on vivoit à fa cour. On lui répondit r
on ne mange que Iotfqu’on a faim, & on ne la
fatisfait pas entièrement ; je me retire , dit-il ,
je n'ai que faire ici.
Molière joua fur le théâtre les médecins ridicules
j combien d'autres farcafmes n’a t-on pas lances
contr’eux ? il y a .ce conte d’un mini lire huguenot,
qui, interdit de fes Fonctions, par !a cabale
dé fès ennemis, dît touthaut, qu’il en çoûteroît
la vie à plus de cent hommes. Cité devant le juge
pour avoir tenu ce difeours , il s’explique en difant
que fi on Tempêchoît d’être minière il fe feroit
médecin. Ce trait eft employé dans la comédie du
Grondeur. Ce performage qui eft médecin, outré
de Ce que ie mariage de Mondor & de fa fille eft
conclu malgré lu i, s’écrie, dans fa colère i il en
•coûtera la vie à plus dè quatre.
- Un malade, interrogé pourquoi il n’appeiloit
jpiS\\nrméd.ecin « c ’eft , répondit-ilparce que
-je n’ai pas enepre envie de mourir».
1 Un viêdetfn, trouvant- mauvais qu’on parlât mal
«des -tné^eGi-hs^*'Mit’ : fil n’y à' perforine qui puiffe fe
■plbïndre• :d è m o i f rion , lui répondît-on, car vous
tuez tous ceux que vous traitez.
Dans fine Tôciété ou l’on frondoit cette foule
de remèdes qui guériffent par hafard, & qui le plus
foüvent ôccafîonnértt des maladies ou les rendent
plus rebelles, un homme connu dit plai.fdmn.ient :
-«lé médecin le plus digne d-être corifulré , c’eft celui
qui croit le moins à la médecine». °-
M. Fagon, confuké fur la .maladie de Bayle-.,
lui prefcrivjt un exaâ;. régime [fans aucun remède
parviculier, & finit.(a consultation par ces mots :
<t je fouhaiterois pafïïonnément qu’«on pût épargner
toute cette contrainte à M. ÿ & qu’ il fut
poffible de trouver un remède âfïfi fingulier que
:le mérite de celui pour lequel on le demande ».
Bayle étoit mort , quand cette ordonnance arriva
à Koterdam,
Entre tous les chefs d’accu fanon dreffés, fous
. Charles.I, roi d’Angleterre, par la chambre des
- communes, contre le duc de Buckingham, il y
avoit celui d’avoir fait, prendre au feu roi une/
médecine , fans l’ordonnance du médecin de fa
- nnjefté. ; 1 , . > •
Le conte fuivant, tiré du Mercure dé France ,
août 1743 '5 PaS* i 78L ?• doit trouver place ici.
• Certaine fièvre ayant, par rude a (Ta ut,
Séduit au lit le payfan Thibault,
Xuce fa femme, active, mais peu fine,
L’alarme au coeur & les larmes aux yeux,
Courut foudain consulter, ;de fon mie ex,
Meflèr Evrard, doéleur en médecine'.
Pont- le-favoir n’étoit pas fort prifé; .
Voire d’autant qu’Eyrard n’étoit aife ,
Maint concluoit que c’étoit un franc âne, ^
Conclufion digne d’un franc cheval.
Notre doéleur , lorfque la payfane,
En fon jargon (impie 8c non dodoral,
L’eût informé des fymptômes dü mal,
Mit par é c r it, comme il n’y manquoit gu ères»
Son ordonnance ample, & telle en tout point,
Qu’elle eût primé chez les apothicaires ,N
Defquels au refte Evrard ne parla point
A Luce, neuve en ces fortes d’affaires.-
Lui donnant .donc le papier d’une main,
Et tenant Fautre ouverte aux honoraires ,
Que votre ép ou x , dit-il-, demain matin
Prenne cela dans un verre de vin ,
Moyennant q u o i, j’ofe .bien lui promettre
• Soulagement. Luce, au pied de la lettre , .
Entend la chofe, & fans rien acheter
Qu’un peu de v in , s’en, retourne au plus vite »
Bien réfolue a tout exécuter ,
Et délirant heureufe réufïïte,
Defir qu’en elle il eft bon de noters
Tout étant prêt pour l’aurore naiflante,
La campagnarde à fon mari préfente
.... Vin & papier dans, un vafe de bois. \
Thibault, muni d’un grand figne de croix j*
Sans trop d’efforts , fu t, avec confiance,
Venir à bout d’avaler l ’ordonnance,
Qui flatte moins fon goût què la boiiToi»
Qu’arriva-t-il après ! Sien que de bon.
... Le mal fit place à la convalefcence
En peu de jours >.& cette guérifon
Au médecin fit un honneur immenfe.
On aditqueles ordonnances de M. feu Tronchrisr
étoi'ent toutes favonnées, par-ce qu’il appliqnoit
le favon à toutes fortes d’infirmités. En effet,
M. le comte de C h * * * s’étant rendu à Genève,
exprès pour y confulter ce célèbre médecin, de
retour il communiqua à pltifîeurs perfbnnes l’ordonnance
qu’il en avoit reçue : ayant été confrontée
avec piufieurs aucres, il fe trouva qu’ il y
av©it dans.toutes du faven; ce qui fit dire plai-
fainm'eut que fi la blanchiffeufe de M. Tronchin
l’eût fu, elle lui eût intenté un procès.
En 1680 ou environ, le dauphin & la dauphine
étant fiicceflivement tombés malades ,
furent guéris par les remèdes d’un certain chevalier
nommé Talbot, qui, avant de les adminiftrer,
en donna le fecret au roi ; encore ce prince ne
voulut-il pas permettre que fes enfans les prirent,
avant d’ avoir confulté des médecins. On en manda
donc trois à Verfailles des plus fameux , qui furent
MM. Petit, Du.chefnc & Moreau. La fai-
gnée fut jugée n'éceffâire pour le jeune prince , &
elle fut faite de l’avis'des médecins fk du chevalier
Talbot, oui fignâ l’ordonnance avec eux. peu de
temps après , le dauphin fut tout-à-fait guéri. Le*
trois médecins de Paris, après avoir été très-bien
traités à Y erfailies , ou l’on fer vit une table, exprès
pour eux, reçurent chacun trois cents lou:s , lo.rf-
qu’on les congédia. Quant au chevalier Talbot./
Louis XIV lui fit donner deux mille louis, avec
une penfion de vingt mille livres. Son interprète
{ car il ne favoit pas le françois ), eut tror, cent
louis. Voici des vers qne fit alors. M. de Bonne-1
camp, médecin , fu'r le rétablilfement de la fanté
du dauphin, & fur fon médecin -. ■ \
Autrefois un T a lb o t, ennemi de la France, '
La mit prefqu’aüx abois par un fer inhumain ;
Un Talbot aujourd’h u i, le gobelet en main,
Par des coups plus heureux, en fauve l ’efpérance.
Malheur à Talbot l’afl'affin î
Vive Talbot le médecin ! .
Les romains ayant banni de Rome les médecins
grecs qui fe fignaloîent en peuplant l’empire .de
la mort : Caton fit cette réflexion : « les grecs,
jaloux de la gloire des romains, n’ayant pu les
vaincre en pleine campagnè, leur envoient des
bourreaux qui les tuent dans leurs lits.
On a fait ce conte. Un amant en danger de
perdre fa maîtrefîe, qui étoit malade, cherchoit
par-tout un médecin fur la fcience duquel il pût fe
r e p o f e r . Il trouve en fon chemin un homme p o f -
fefîeur d’un taliftnan , par lequel on appercevoft
des êtres que l’oeil ne peut voir. Il donne une
partie d'e ce qu’il poflfède pour avoir ce talifman,
& court chez un fameux médecin. Il vit une foule
d’ames.à fa porte. C ’étoient les âmes de ceux
qu'il avoit tués. Il en voyoit plus ou moins à toutes
les portes dts médecins 3 ce qui lui ôroit l’envie de
s’en fervir. On lui en indiqua un dans un quartier
élojgné, à la porte duquel il n’apperçoît que deux
petites âmes. Voici enfin un bon médecin , dit-il
en lui-même, je vais aller le trouver. Le médecin,
étonné,.lui demanda comment il avoit pu le découvrir
? parbleu ! dit l’amant affligé, votre ré- '
putation & votre habileté vous ont fait connoître.
Ma réputation ! ce n’eft que depuis huit jours que
je fuis ic i , &. je n’ai encore vu que deux malades.
Si vous, avez befoin de médecins, dit l’ecole
de Sali :rne, il y en a trois auxquels vous pourrez
avoir recours : l’efpritgai & tranquille, l’exer- :
cite modéré et la diète. Q’eft au (fi cè que pen-
fioit M. Dumoulin. C e célèbre médecin étant à
1 agonie, & environné de plufîeurs médecins de
Paris, qui dépi0roient fa perte , leur dit : mef-
fieurs , je Iàifie après moi trois grands médecins,
& prefle par eux de les nommer , parce qu’ ils
«royoient tous être un des trois , il répondit :
Peau , l’exercice , la diète.
On a;;dit qu’un médecin eft un homme que l’on
^a>ye pour conter des fariboles dans la chambre
d’ un malade f jufqu’ à ce riu.e 1a nature .Fdît guéri>
ou que les-remèdes l ’aient tué. '
Quand un malade paroît devant les minïftres
de la juftice médecinai.e, je m’imagine, dit Sca- ,
pin, qu’on va inftruire un procès criminel } car .
le médecin'.après avoir confidéré & examiné .ce
qu’a fait; lemalade , il interroge d’ordinaire ce
patient fur |a felette, & le condamne, ,pas fes
ordonnances j le chirurgien le bande, & l’apoti- .
caire, maître des baffes oeuvres,; ,lui décharge
fon coup par derrière; auffi les reçoit-on t(èus trois
d’une manière qui marque 1 averfion qu’on a pour
eux ; car àuffi-tôt qu’ils font dajis une chambre ,
qn tire la langue au médecin , on tend le poing au
chirurgien, & on tourne le dos à l’apoticaire.
Le journal des favans rapporte l’anecdote de
deux médecins qui fe battirent pour régler la manière
dont feroit cuite une pomme qu’ils venoient
de prëfcrire à leur- malade. Tous deux avoiant ordonné.
qu’elle feroit cuite fous la cendre 5 mais
l’ un prétendoit qu’il falloir, la ^aire cuite enveloppée
d’ un papier gris, & l’autre qu’il falloit
l’envelopper d’unè feuille de vigile. Le dernier 1
montra avec beaucoup d’éloquence les grands f:
avantages que le malade retire roi t des qualités de
la feuille de. v igne, qui s’ infinueroient dans La
pomme ; l’autre dit encore dé plus belles chofes
au fujet du papier gris. Mais comme leurs dif-
fertations ne finiffoient pas, ils terminèrent à ;
l’amiable leur différend, avec quelques coups de
canne.
-Bernard de Paliffy, dont. M. de Fontenelle a
d it , qu’il étbit auffi grand phyficien que la nature
feule puiffe en former, s’eft moqué , dans, fes ob-
fervations fur les abus de la médecine, du char-
latanifme de certains médecins de fon temps
ou plutôt de la fimplicité des malades qui fe
Soient aux puomefies emphatiques de ces empiriques.
Il rapporte cct:e petite rufe d’un fleur
Sébaftien C o lin , médecin d’une ville de Poitou ,
lequel a publié, en 1 £ ƒ S , un livre fur les urines,
; avec ce titre 1 Bref dialogue contenant les eau fe s ,
jugemens 3 couleurs & hipeçtafes des urines , l e s quelles
adviennent le plus fouvent a ceux qui ont la
fièvre.
; cc II y avoit, dit Paliffy, en une petite ville
de Poitou, un médecin auffi peu favart qu’il y.en
eût dans tous les pays, & toutefois par une feu’e
finelfe il fe faifoit quafi adorer. Il avoit une étude
fecrette bien près de la porte de fa maifon, &
par un petit trou, il voyoit ceux qui lui apporte!
ent des urines, & étant entré dans la cour ,
fa femme , bien inftrüite , fe venoit affeo’r fur un
banc près de l’ étùde , où il y avoit une fenêtre
fermée de chaffis', & interrogeoit le porteur d’où
il é toit, lui dîfoit que fon mari étoit en la v ille,
mais qu’il viendroit bientôt, & le faifoit alfecir'
auprès d’elle, l’interrogeoit du jour que la ma-,
fil