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» n’être délivrés qu’au nom de leur roi? le tnîen
» ne prend pas la liberté de leur offrir fa protection 5
» je vous les remets : c’eft à vous à montrer ce
» que vous devez au roi d’Angleterre ». Tous les
anglais font aulfi-tôt remis à la chaîne.
ANG LU S. Jean-Marie Ariglus3 duc de Milan ,
étant averti qu’ un curé de Tes états refufoit d’enterrer
un mort à èaufe de fa pauvreté , alla lui-
même au convoi , & ayant fait faire une grande
foffe, il fit lier le curé avec le cadavre du mendiant
, puis il les fit jetter dans la foffe &• enterrer
tous les deux.
ANGUILLE. On prétend qu’ à Melun on re-
préfentoit le myftère de S. Barthelemi, qui, fui-
vantla tradition del’églife, fut écorché j & comme
toutes les a étions fe faifoient fur le théâtre , un
nommé Languit le qui avoit le personnage du faint,
fut attaché à une croix, afin d’être en apparence
écorché. Celui qui le lioit lui fit mal , & il pbnffa
un grand cri. On dit à-cette occafion : Languille
crie ayant qu on V écorche. C ’ eft T origine du diéton
du peuple.
AN IM AU X . Nous allons rapporter quelques
fingularités de l’hiftoire des animaux.
C a n a r d s . On peut citer comme un fait fin-
gulier , le morceau de l’hiftoire-naturelle qui fuit.'
Deux ouvertures du lac de Cirkuitz, dégorgent
, en automne , avec leurs eaux , lorfqu’il
Survient quelque grand orage , une multitude
de canards gras , fans plumes 3 aveugles &
tous noirs. Ces deux ouvertures font au midi du
lac 3 peu au-deffus de fon niveau. Elles ont chacune
a leur entrée une toife en largeur & en hauteur
: on peut , en temps fec 3 fe promener dans
leur enceinte 3 & y pénétrer affez avant. En temps
humide 3 à l’époque du retour des eaux 3 avec
éclairs & tonnerre , le lac n’a pas de bouches
auffi terribles j les eaux s’y élancent avec le bruit
& l’ écume des plus grandes cataraéles. C ’ eft par
ces touches que viennent alors ces canards extraordinaires.
Ils naiffent comme au fein du fracas.
On n’a point encore d’ éclairciffemens fur la naif-
fance de ces animaux vomis des entrailles de la
terre, fans qu’on voie à , qui ils peuvent devoir
leur exiftence. Ils fe montrent d’ abord fous l’appareil
le plus hideux j mais bientôt leur nudité
& leur aveuglement ceffent ; & dans l’efpace de
quinze jours , fi les chaffeurs les laiffent vivre , ils
ont des plumes & voient clair. Cette métamor-
phofe eft fi fingulière 3 qu’on feroit tenté de la
ranger parmi celles d’Ovide , fi elle n’avoit. pour
garant le célèbre Bufching.
C a r pe s . Il eft confiant qu’on a fait manger à
Mademoifelle, qui époufa depuis M. de Lauzun,
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lotfqu’ elle étoit dans la commuflâtlté d’Eil, dêS
carpes qui avèient plus de quatre-vingts ans. On
connoiffoit leur âge à des anneaux remplis de car*
raétères 3 qui leur avoient été attachés aux nageoires
, & que les pêcheurs reconnurent auffi-
tô t , félon ce qu’ils avoient entendu dire à leurs
pères. Elles étoient d’une beauté parfaite. « J’ ai
** vu 3 dit M. de Buffon , chez M. le comte de
» Maurepas , dans les foffés de fon château de-
» Ponchartrain 3 des carpes qui avoient au moins
» cent cinquante ans bien avérés j elles m’ ont
» paru auffi agiles & auffi vives que des carpes
» ordinaires ».
C h a t . Il eft d’ufage dans les penfîons d’ avertir
de l’heure des repas par le fon d’une cloche. Le
chat de la maifon , qui ne trouvoit fon dîner au
refeéloire que quana il avoit entendu ce fon , ne
manquoit pas d’y être attentif. Il arriva un jour
qu’on l’a voit enfermé dans une chambre 3 & ce
fut inutilement pour lui que la cloche avoit fonné.
Quelques heures après 3 ayant été délivré de fa
prifon , fon appétit le fit descendre tout de fuite
au réfectoire 5 mais il n’y trouva rien. Au milieu
de la journée , on entend fonner : chacun veut
favoir ce que c’ eft : on trouve le chat qui étoit
pendu à la cloche 3 & qui la remuoit tant qu’il
pouvoit 3 pour faire venir un fécond dîner.
C hien. On rapporte à.-peu-près la même
chofe d’un chien qu’on nourriffoit dans une communauté.
Tous ceux de cette communauté qui
arriyoient tard , & voulaient prendre leur repas^
' tiroient une petite fonnette 3 & le cuifinier paffoit
leur portion par le moyen d’une boîte tournante
qu’on appelle tour dans les' maifon religieufes. Le
chien étoit attentif à tous ces mouvemens , parce
qu’ordinairement on lui abandonnoit quelques
os dont il fe régaloit. .Ces revenans-bons ne fa-
tisfaifoient pas toujours fon appétit 3 néanmoins il
s’ en contentoit j lorfqu’un jour , n’ayant pu rien
attraper , il s’avife de tirer lui-même la fonnette
avec fa gueule. Le garçon de cuifine , croyant
que c’étoit une perfonne de la communauté ,
paffe une portion î le chien ne s’ en fait pas faute ,
& l’ avale dans le moment. Le jeu lui paroît doux ,
il recommence le lendemain 5 & fur de fa pitance 3
ne frit plus la cour à perfonne. Cependant le
cuifinier , qui s’étoit plufieurs fois apperçu qu’on
lui demandoit une portion de plus, porta fes
plaintes. On fait des recherches 3 on examine 3 on
Surprend à la fin le drôle 3 qui ordinairement
n’attendoit pas que toutes les perfonnes de la communauté
euffent leur portion, pour demander la
fienne. On admira la fineffe de cet animal 3 &r pour
ne pas le priver du fruit de fon induflrie 3 on
continua de lui paffer fa pitânce, que l’on com-
pofoit de tout ce qui étoit relié fur les alfiettes.
Un autre chien 3 non moins ayifé 3 étoit dreffé à
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£ure plufieurs commilfions. Lorfque fon maître
voulort l’envoyer chez le traiteur , il faifoit certains
lignes que le chien connoinoit , & cet animal
revenoit gaiement avec ce que le traiteur lui avoit
mis à la gueule. Tout àlloit au mieux lorfqu un
beau foir deux chiens du quartier 3 flattes par 1 o-
deur de petits pâtés que ce nouveau meffager por-
toit , s’avifèrent de l’attaquer. Gueule-noire 3c etoit
le nom de ce meffager 3 pofe aulfi-tôt fon panier
à terre 3 fe met devant 3 8c fe bat courageufement
contre le premier qui avance. Mais comment
faire ? lorfqu’il le collette avec l’un * l’autre .court
au panier, & avale des petits pâtés, Il n’y en
avoit bientôt plus, & Gueule-noire alloit^etre la
dupe de tout ceci. Que fait-il? Voyant qu’il n eft
pas poflible de fauver le dîner de fon maître , il
fe jette deffus au milieu des deux champions, &
frns marchander davantage , dépêche le plus vite
qu’il peut le relie des petits pâtés. Pafquin , valet
du Diffipateur, cite affez plaifamment, dans la
comédie de ce nom , l’exemple de ce chien.
Scène I. aéte I.
Un célèbre chirurgien rencontra dans la rue un
petit chien qui avoit la cuiffe écrafée , & qui ne
pouvoit fe traîner j foit fantaîfie, foit envie de
faire une expérience, il enveloppe cë petit animal
dans un mouchoir , le rapporte chez lui, lui remet
la cuiffe , le panfe & le guérit. Il lui donna enfuite
la liberté , que le convalefcent ne reçut qu’après
beaucoup de carreffes & de jappemens qui expii-
moient fa reconnoiffancs.
Au bout d’un an, arrive à fa porte ce même
chien 3 qui gratte, qui aboie, qui fait tant de
bruit qu’on eft obligé de lui ouvrir. Le chirurgien
reconnoît fon malade, qui renouvelle fes
carreffes, defcend l’efcalier, remonte, va & vient,
& fait tant qu’on le fuit pour favoir ce qu’il demande.
Quelle fut la furprife du chirurgien, de
voir dans fa cour un autre chien qui avoit la patte
caffée , & que le premier lui amène à guérir.
Il y a quelques années qu’un chanoine & un
chien eurent une querelle confidérable enfemble $
le chien mordit le chanoine en pàffant devant la
porte de fon maître 5 le chanoine battit cet animal
à coups de bâton. Les voies de fait ayant été
défendues aux parties , le chien ne fut fe mieux
venger qu’en contrefaifant à l’églife la voix du
chanoine , qui étoit fort aigre &: fort déflgréa-
ble. Toutes les fêtes & dimanches le chien ne
manquoit jamais d’aller à l’églife avec fon maître ,
& aufli-tôt que fon ennemi chantoit, il heurloit
d-toute fa force à-peu-près fur le même ton, &
ceffoit de le faire dès que le chanoine ne chantoit
plus. Il s’en plaignit au maître du chien, qui lui
promit de l’ enfermer quand il iroit à la meffe ou
a vêpres ; il tînt parole , & entrant à l’églife , il
«fit au chanoine : vous ne vous plaindrez . pas de
paon chien aujourd’hui, car je l’ai enfermé > mais
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cet animal s’ étant vu feul dans la maifon, à l’heure
qu’il avoit accoutumé d’être dans l’églifé, chercha
les moyens de s’ échapper : il fauta par une fenêtre
qu il trouva ouverte , & courut fe mettre fous
un banc dans l’égiife , fans que l’on s’ en fût apperçu
: pendant que le chanoine ne chantoit point,
le chien ne dit mot j mais dès qu’il eut commencé
unpfeaume, le chien cria de toute fa force, ce
qui furprit fon maître & le chanoine, qui le fit
affigner , prétendant qu’il avoit part aux info-‘
lences de fon domeftique, & conclut aux réparations.
L ’on , en rit à l’audience,, & les parties
furent renvoyées hors de cour.
Un enfant d’environ treize ans étoit à fe bai-,
gner dans la rivière, lorfqu’il fut entraîné par le:
courant de l’eau dans un trou extrêmement profond,
où il ne, pouvoit manquer de périr, fi un:
chien qu’il avoit ne fut venu à fonfecours. Cet.
animal plongea après lui quatorze ou quinze fois
de fuite, & le ramena autant de fois à la furface,
en le prenant tantôt par les cheveux, & tantôt'
par les bras. Enfin, par fon manèg eon eut le
temps d’accourir fauW cet enfant 5 mais le
malheureux animal, exténué de fatigué , & ne'
pouvant être affez tôt fecouru, périt en confer-
vant la vie à fon jeune maître.
Quelques voyageurs étant à Baldok , furent fe
promener autour de la ville pour en examiner les
dehors. Us' s’arrêtèrent à un cimetière où ils virent,
avec étonnement un chien aflis fur fon derrière „
v comme s’il demandoit quelque chofe. Il s’apprc -
chèr.ent peu à peu, & remarquèrent qu’il étoit-
fur une tombe qui paroiffoit nouvellement pofée,
au-deffus de laquelle il y avoit une épitaphe
qu’on auroit cru qu’il regardoit attentivement. Ils
s’amufèrent à le confidérer. Il ne détourna jamais
les yeux de fon objet, & il ne fit aucune attention
à fes fpe&ateurs, quoiqu’ils fe fuffent ap~:
prochés à trois pas du tombeau ; mais à un
mouvement qu’ils firent, la crainte le preffa de
prendre la fuite.' Alors les voyageurs lurent l’inf-
cription , qui portoit feulement que Sara Godf-
mith étoit inhumée en cet endroit. Un homme de
cette ville paffa par hafard dans ce cimetière :
ils lui demandèrent s'il y avoit quelque particularité
au fujet de la perfonne dont le corps repo-
foit fous cette tombe. Ou i , meffieurs, répondit
il, c’ëtoit la femme la plus groflë qu’il y eût.
dans le monde 5 car elle pefoit deux cents foi-
xante livres. Il ajouta qu’elle avoit un petit chien
qui ne faifok qu’aboyer, & dont néanmoins elle
étoit folle ; .que depuis plus de deux ans qu’elle
étoit morte, il- ne manquoit jamais , quelque
temps qu’il f ît , de venir trois fois par jour fur
cette tombe, & d’y relier dans l’attitude où ces
Meffieurs l ’avoient trouvé , & y glapiffant continuellement.
M. P - ». avoit un chien nommé Muphty, qu’j