
les-pas mal* affinés de votre mjijefté,, j ’ai cru
voit l’.empite, comme fon chef,chancelant, tantôt
fur un pied & tantôt fur. un autreoGardez-
vôus ctinpi autres fois de ces penfées, lui dit l’empereur
, avec < y ne douceur mêlée ide: févérité ] ;&•
açprenej .cjue ce,.pevfon£ paslçs,pied-s, mais, que
c eft . la tête qui gpuvérhé.
^Ckarlès,: ^entendaiit 'louer exceflivemeht par
un' deifes courïiiahs^ -lui idit ’ai» je.ivëis bien que
» -vous penfez à moi dans vos fonges
^Ce prince jouqit aü. brèlàn* Côntfëx un fimpjô
gentilhomme j s’écria , en voy ant qu’il avoit
trqis rois : 'cc.'Je. jure par la tête de ^impératrice
” ;qué je'gagnerai‘le je u 1». Le!' gentilhomme qui
ayoït . trois dames, . ’È: une 5 qhatrièmè qui four-
nôit, mêla adroitement ' les ;cartes ,' & avoua:
qu’il avait ' peraiL'^pette “prefênde d’éfpfifc fit fur
le vifige de rimplratricè, qui avoit remarqué le
jeu une impreflipn' fi fenfible!, que l’èm'pereur qui
sên' apperçqt , voulut.'-^vpif' ce que c’étoi't.
Dès ,qu; qn 1-eut jnftruit , il denjand t pourquoi un
jeu fi. sûr avoit - été abandonné : > Sjrë , lui dit
«c le 'gentilhomme , votre majefté tient lieu d^uii
* , quatrième ro i, &: ainfi. elle L’éjtop&ti£ lur nioti
>»' jeu ». Cette réponfe donna fi bÔnnè' opinion
dè celui qui l’avoiffaité^ 'qu^il l’dykn^a dans fâ
cour.
Dans un village d’Arragon, où, félon l ’ufage
du pays , il y avoit un roi de pâques , celui
qui jouoit ce perfbnnage , fe préfenta à Rem-
pèreür qui paffoit, .& lui dit qu’il étoit roi :
«- En vérité j rsïon. ami, lui répondit Charles ,•
» vous avez pris là un malheureux emploi ». '
On parloit, devant l’empereur , d\ïn capitaine
efpagnol qui fe vantoit de n’avoir jamais
eü peur. 11 ma donc jamais mouché la chandelle
avec les doigts , dit le prince j car il aurait
craint de fe brûler. . ;
Çharles , 4pht les troupes étaient compoféés;
d’italiens, d’allemands & d’ éfpagnols, difoitqii’üne
armée, pour être bonne, devôit àvôir une têtp-
itàlienne , un coeur allemand, & des bras càf-
tillans. î |
Les rois d’Efpagne, n’ont porté le titre de ma-
jefté que depuis que Charles- Quint fut appellé au
trône de l’empire. C e titre fut donne pour la
première, fois à ce prince?, ; en 1519, dans une,
occafion célèbre , où fut pîaidée la caufe de la,
liberté, des indiens, contre la.tyrannie de leurs
vainqueurs.'
1 Charles fut fe concilier l’efprit fier & fuperbe
. des catalans, par une de ces petites attentions
qui paroîtront indifférentes aux princes peu politiques.
Les députés de Catalogne, étoient venus
Lavoir de. lu i, jde.. quelle manière il vouloir faire; ‘
fon entrée dans Barcelone, il répondit qu’ifdéfir
oit d’être reçu comme l’avoient été autrefois
les comtes , parce qu’il tenoit à plus grand honneur
d’être comte de Barcelone, que d’être empereur
des romains.
Om.a rapporté*pîufieurs' traits de" bonté de
icë prlhce. Il donnoit un de cès diVertiffemens
que les efpagnôls' appellent ;ioutes de canne ; il
avôit réglé que tous, ceux qui dévoient y pren-
jdre part fe diviféroient en quadrilles. Cnaque
grand cofnpôfa la fienne de gens de condition
|qüi lui étoient les plus attachés j mais tous
avoient négligé un homme de mérité & de con-
.fidération’, parée qu’ il avoit quelque tache dans
fon otigih^. L’empereur, averti par un des gen-
jtilhommes de fa ..chambre > de l’affront que l’on
ifaifoit à un cavalier qu’il efiimoit , .fortit de fon
jcabinet, il dit aux grands qui INttendoient àu
paftage ; « Meffieürs , que perfonne ne rètienne
» dqm N -----, parce qu’il doit entrer dans mA
» quadrille ». !
Ce prince, dans fes premières année?, alloic
fouvent à la chaftc. Ün jour pourfuivant un fari-
glier plus vivement qu’il n?aürdît fallu, il fe trouva
au milieu de la . forêt1 ; ■ fuivi feulement du
comte de Bofllr. Il s’apperçoit que ce jeune fé,i-(
'gneur s’étoit Bleffé avec’ fon couteau,' qui fui-
vant l’ufage de ce* ternis - là J étoit empoifonhé
avec le fuc de la jùfquiame. Le feül moyen d’arrêter
les progrès de ce poifon, étoit de le fuc-
cer fur ie champ. Le prince n’héfita point un
inftant, & malgré la refiftance du jeune comte,1
.il lui. procure le fecours néceffaire.
Dans un voyage que Charles fit d’Anvers à
Bruxelles , fes chevaux ou ceux de fa fuite écra-
; sèrent. une brebis. Le berger ayant demandé '
(inutilement un dédommagement , fe laiffa per-
fuader de faire, afligncr l’empereur. Le procès
fut inftruit & jugé,,comme il l’auroit été entre
îdé. fimpLs particuliers. Cette procédure déplut
: à la CQur, * Qn intèrrogea le juge -, qui répondit,
« .qu’ilétait fournis à l’empereur , mais, que dans.
» les. affaires de fon tribunal il, ne connoiffoit
. que la juftice. » ;Cette réponfe magnanime fit!
impreflion fur l ’efprit de Charles, qui employa
par la fuite ce magiftrat dans des affaires impor-’
tantes.
Jean Daens, riche négociant d’Anvers, té-
; înoigna un jour à Ç harles-Quint l’envie qu’il,
avoit, de. lui donner à dîner. L’empereur fe prêta
'au défit de ce" négociant. Jean Daens, plein
de reconnoiffance pour çet- a&e de bonté, jetta
au feu;un billet de,deux millions qu’il avoit prêtés
à ce prince, ec Je fuis , lui dit-il , trop payé par
» l’honneur que votre majefté me fait. »
Le célèbre Titien, peintre de l’école de Venife,
difoit à remp'ereur qu’il avoit l ’honneur de faire
fon portrait pour 1k troifième fois. Oui, répartit
le prince , cefi pour là troifieme fois que vous me j
donneç L‘ïmrnortali%è.j .
Cet artifte ayant' ùn: jour laiifé tomber fori
. pinceau , Charles le, ranrafià , ;èn;tlifant que » le
'93 Titien .méritoit d’être' fetvr. par Ç'éfar. .»>
Charles revoit-étudié dans fa?j^unefie. les. langues
vivantes. Il difoit quelquefois qu’il vouloit fe férvir
de l’ Italienne pour parler au papé-,~ dé l’Efpagnole
pour parler à la reine! Jeanne fa mère, deT’An-
gloife.pour parler ^' la^reinè îGathérinefia tante,
de la Flamande pour parler. à! fes. amis,,.:& de
la* Françoife pour parler avec lui-même.
Une de fes mâxihies éèéiLque,1« les .états, fe
» mènent
» .en font les pérturbateurs. » '
» Les longues-réflexions , difoit-il, font les
» cautions des bons fuccès.;.» :
y< Les gens dé lettrés, difoit .encore ce prince,
» m’inftruifent, je s négqciàns m’ énrichifiént , &
» les .grands me . dépouillent.‘ » 1
Charles n’éut pas plutôt ab.diqué fes, couronnes,
qu’il fut convaincu par lui-même que c ’efi moins
l’homme que la • placé qu’il; 'occupe qui attire
les hommages des hommes. Les peuples nés’em-
preffoient'plus de l’honorer fur fon paffage. Son
fucceffeur négligèoit même dé lui faire tenir les
-femmes qu’il s’ était réiêrVées pour récompenfer
fes domeftiques. Charles JaifTi:.entrevoir Lqu cha-
1 grin à cet égard , dans la réponfe qu’il.-fit à un
bouffon, nommé Pedro de San-Erbàs. C et homme
voyant que Charles le falu6it_,. ;lui. dit i « Sire ,
» vous êtes bien bon dé vous découvrir pour
» moi ? Éft-ce pour dire que vous n’ êtes plus
» empereur & N o n , Pierre, répondit le prince.,
» c’eft que je n’ai plus rien à te donner que .
» cette marque de courtoifie. »
. } Charles partit .p'éü de jours après cet entretien
pour. Saint-Juif , fnohâftère fitué dans un vallon
agréable - fur les frontière,s de Çiaftille & de Portugal
, auprès de Placentia.1'C è prince qui avoit
rempli fi long-temps les rôles de roi & d’empereur,
parut incapable de s’acquitter'de celui
d’homthe privé. Il fe promenoir, c.ultivoit des
fleurs ,, fe donnoit la aifcipline & cherchoit à
fe diftraire par. tous lès petits1 détails du cloître.
Il allôit à fon tout éveillèr lés novices à fheure
de mqtinès. L’ ufi deux qû’ il fecoiia; qc tpurmenta
un jojirLpârçe'''.qu’il île .s’êyèillqit pàs , lui dit :
« N ’avez-vous, pas àïfez' long-temps troublé le
»? repos du monde , fans venir; éneore troubler
» celui des-hommes paifibles qui l ’ont quitté ?
- Charles- termina, ces fcenés - ridicules par une
pantomime encore plus bizarre. & plus extravagante.
11 fit' célébrer fes obsèques pendant fa
vie , f e . mit en pofture. de mort dans un cercueil
, entendit faire .pour -lui-mêmè des prières
que l’égîife ffadreffe qu’à Dieu, & pouiT éèùX
qui he 'TQhC plus. Après que tout le monde fe
fût retiré, il fprtit de la bierre, mais avec une
.fièyre violente qui le cqnduifit bientôt au tombeau.
C h a r l e v a l (Charles Faucon de R y , feigneur
de > , mort en 1(593 à l’âge dé 80 ans. Il avoit
le corps & l’efprit fort délicats^ ce qui faifbit
dire à Scarron, que les mufes ne le nourridjoient
que de blanc manger & d’eau de poulet. ;
Il régla fa conduite fur les maximes fuivançes
qu’il mit en vers.
Modérons nos propres voe u x , , t .
Tâchons de nous mieux connoStre.j
Defires-tu d’être heureux,
Defire un peu moins de l’être.
Le fameux fouverain bien *
- , En, un : féjour.; d e>nfisère v
-.Mt’efH qu’un- p^npeüïpsentrçtien fJ ■1’ 1
Et qu'une nobleichiinère. ,
•; VoicL cprament j’ai compté.
Dès ma ^ilus tèndre jeuneflè ;.
La v er tu , puis la fan té f"
La gloire , puis la richefiê.
Il adreffa le couplet Suivant à. Madame Scarron
, depuis Madame de Maintenon.
Bien fouvent l’amitié sfenflamme ?
., Et je fens qu’il eft mal aife
Que l ’ami d’une belle femme
Ne foit un amant déguifé.
Il répondit à une dame qui lui reprochoit d’être
trop long-temps à la-campagne t .
Au doux; bruit des ruifieaux dans les bois je.xeljpire;
iÇ’eft ià que fur les fleurs frainie à me repofer :
: Je ne iquitterois, pas ces ,l.ie.usc. pour uii empire ;
Mais je,les quitterais, Iris, pour un bailèr.
La cohverfation du maréchal d’Hocquincourt
& du ppre Canaye „imprimée dans les. oeuvres de
Saint-Èvremont, pièce originale ôc plaifanté, eft
de Charleval. ,
C h A RNace , mort vers 1 (599, .C!étoît ƒ ait le
duc de S. Simon , dans fes mémoires ) .un garçon
d’efprit, qui avoit été page du roi & officier dans
fes gaides-du-corps & fort du monde, puis retiré
chez lui, ou il avoit fouvent fait des fredaines. Il
en fit une entre autres-dont on ne peut que rire.
Il avoit une très longue avenue devant fa mai-
fon en Anjou. Dans cette avenue libelle & parfaite,
é to it,plantée une maifqn de payfan ,& Ton petit