
G É N
avoua qu’il a voit: voulu fau'vér une exéelléntë
montre de Greham, . dont .il fe ferv6.it pour Tes
obfervatiônssaftronomiques. Le grand-düfc qui en
avoir une du même horloger, mais enrichie de
diamans, dit au mathématicien français; C'eft
«ne plaifariterie que'les huflards ont voulu faire ;
ils m’pnt rapporté votré montre ; la voila, je vous
la rends!
La génerojtt^t^. de toutes conditionson .voit
des gens dans0une ,fornune fort malheureufe qui
9nc de-très - beaux, fencimens. L’amiral dp Châ-
tillon étant, allé entendre la méfié dans i’églife
des .pères Jacobins-, le jour de Saint Dominique,
un pauvre vint lui demander l’aumône clans le
t.emps.^ qu’il étoif; le. plus occupé, à .Tes. prières ;
il fouill,a daqs fa poche , Sc donna a :cç, p.auyre
un grand nombre de pièces d’or, fansjes compter,
& fans y faire réflexion. Qette grofle aumône
éblouit le pauvre , qui en demeura-tout fur.pf.is ;
il efoit fort, homme de bien „ comme.il parut par
ce qu’il fit. Il attendit M . deChâtillon à la porte
de l’églife quand il vint à fortir, Moniteur,
lui dit-il en. lm rpontrant ce qu’il avoir reçu de
Jui, je^e..fais jfi.yous.avez eu l’intention de me
çonner^ne fi grande fomme,» rmiis T ïc e lan ’eft
point, je neveux pas efij profiter. C e procède fur-
prit l’ampa] , qui, regardant le pauvre avec admiration
: mon dçfiein, lui dit, i!, n’étôit point de vous
donner tout ce,.que vous pie montrez i mais puif-
que vous avez la gmêfbfité de vouloir me le
ren d re ,'j’ aurai bien celfe de vous lejaifîer. 4
M. le marquis de Rofmadec , d’une des premières
familles de Bretagne, avoit époufé une de-
tnoifelle d’Ormefibn , qui mourut Taris enfans>&
qui fit légataire ufiiverfel Mi d’Ormèflon, ancien'
contrôleur général , qui"étoit: alors‘ fort jeune.'
Ce legs laifle à l’aîné de la branche aînée j fut
accepté. Le marquis de Roimadéc, par fuite de I
LaffeÇHon qu’ il avoit toujours eue pour la famille
de fa-femme , fit, eh 1714 V légataires univerfèls,'
moitié par moitié, MM. d’OrmëiTèn j l’un contrôleur‘'
général , & l’autre le préfidenc de Noÿ-
feau y fils du préfident' d’Ormeflbn.1 Çès nobles
& vertueux mâgiftrats partagèrent la gloire du
refus de ce legs univerfel qui pôuvoit être évalué
à un million pour les deux. Sachant que les héritiers
n’étoient pas riches , ils n’ont pas héfîté à
figner jerir renonciation-. Les'héritiers lés ontfrip-
pliés d’accepter chacun un diamant de dix mifle
ecus, qu’ ils ’ont cru ne pouvoir rèfüfer ; & pour
honorer la mémoire dù teflatéur , ils ont prisTé-
grand deuil : lès frais ont abfo'rbé; une partie des
dixr mille écris, & M. d’Ormèflbn, contrôleur
général, a employé le reftè à payer les dettes d?un
père de famille, fon ancien gouverneur.
JT O M M A G Z P U-. B
Ce fièclé, hélas ! déchu de la folide gloire
Qu’impr jmoit autrefois la magnanimité, ' • - -
G E N , '
De ces François fameux qtù vivent dans Thîftoire;
Nous offre enfin la générofifé ; .. .
Et c’eft aux d’Ormeffqn qu’il doit cet avantage.
Trop grands polir- abaifler leur oreille au langage -
Que nous tient la cupidité.
Us ne veulent d’autre héritage
Que l’honneur & la probjté.
Par M. -le comte DE Bruc.
Ces vers, adreffés à rhéflleurs d’Ormeflbn, font
d’autant pjûs touchans & flatteurs pouf eux , qu’ils
om été réellement faits fur le champ ^ & que
l’auteur, M. le comté de Bruc, eft le principal
héritier du marquis de Rofmadec.
GENGIS. - KH A N , né en 119 3 , mort e»
1^ 7-
■ Gengis-Kkan étendit fa domination dans la plus
grande partie de Ta terré connue. Il défit le prêtre
Jeani s’empara de fes états, & fe fit élireSouverain
de tous les khans tartaresv fous le nom
de Gengis Khan, qui lignifie roi des rois , ou
grand-khan. Il portoit auparavant le nom de
Tèniugen. Il fit aftembler une diète, dans laquelle
il publia qü’ il fàlloit rie croire qu’un Dieu , &
rie perfééuter perfônne pour fa religion ; preuve
certaine que fes vafiaux n’avoient pas 'tous la
même croyarice. La difcipline militaire fut rigouretifement^
établie. ............Il fit jouer dans cette
grande aflemblée un reflbrt qu’on voit forivent
employé dans Thiftqire du inonde. Un prophète
prédit à Gengis-Kkan qu’il feroit maître de T univers
: les vafiaux du grand-kh^n s’encouragèrent à
remplir la prédiction.
\ Gengis-Kkan porta une nouvelle loi qui devoît
faire des héros de fes foldats. Il ordonna la peine
de mort contre ceux q u i, dans le combat, ap-
pellés. au fecours de ; leurs camarades, fuiroient
au lieu de les fecpurîr.
Bièn-tôt maître de tous les pays qiii font entre
le fleuV.e : Volga & là muraille de la Chine,'il
attaqua enfiri cet ancien empire qu’on appeloit
lé Càta. Maître de la moitié de la Chine; il; la
fournit jufqu’au fond dé la Corée.
L e ’conquérant ‘tartare avoit alors foixante ané :
il paroît qu’il favoit régner comme vaincre fa
vie eft un des témoignages qu’ib h’y a-, point de
grand conquérant qui ne foit. grand politique. Un
conquérant eft un Homme dont la tête fe fert avec
une habileté hçiiréufe du bras d’autrui.
Gengis-Kkan gouvernoit fi adroitement la partie
de là Chine conquife qu’êlleme fe .révolta
point pendant Ton abfence, '& il favoit fî bien
régner dans fa famijle que fés quatre fils, qu’il 1
fit fes quatre lieutenans-généraux, mirent prefque
toujours leur jaioùfie à le bien fervir .» & furent-
G E N G E N 4 8 7 .
les inftrümens de fes victoires. Il défait le fultan
Mahammed près de la ville d’Otrar , dont il fe
rendit bientôt maître, s’avance vers Bocara, ville
célèbre dans toute Y A fie, par Ton grand commerce,
fes manufactures d'étoffes , fur-tout par fes fcien-
ces , & la réduit en cendres, après l’avoir ram
çonnée.,
Toutes ces contrées à l’orient & au midi de
la jmer Cafpienne furent foumifes j & le fultan
Mahammed , fugitif de , province en province,
traînant après lui fes tréfors & fon infortune',
mourut abandonné des fiens. Enfin, le conquérant
pénétra jufqu’au fleuve de l’Inde: ; & tandis
qu’une de fes armées foumettdit TIndôufian , une
autre , fous un de fes fils, fubjugua toutes les provinces
qui font au midi & à l’occident de la rrfer
Cafpienne. Ainfi donc la moitié de la Chine & la
moitié de l’Indouftan, prefque toute la Pèrfe jufqu’à
l’Euphrate, les frontières delà Ruflie, Cafan, Aftra-
can, toute là grande Tartarie, furent fub.juguées par
Gengis-Khan en près de dix-huit années. Il eft certain
que cette partie du T ib e t, où règne le grand
Lama, ne fut point inquiétée par Gengis, qui
avoit beaûcoup d’adorateurs de cette idole humaine
dans fes armées îtîolis les conquérans ont
loujours épargné les chefs de religions, & parce
que cés chefs les ont flattés , & parce que la
foamiflion du ponjife entraîne celle du peuple. •
En revenant des Indes par la Perfe, par l’ancienne
Sogdiane, il s’arrêta dans la ville de Ton-
cat, au nord-eft du fleuve Jaxàrte, comme au
centre de fon vafte empire. Ses fils victorieux de
tous côtés, des généraux, & des princes tributaires
, lui apportèrent les tréfors de l’Afie. Il en
fit des largefies à fes foldats, qui ne connurent
que par lui cette efpèce d’abondance. Il tint
dans les plaines de To’ncat une cour plénière
triomphale, aufii magnifique qu’avoit été guerrière
celle qui lui avoit préparé de triomphes.. . . .
C e fut dans les états-gerféraux de l’Afie. qu’il reçut
les adorations de plus de cinq cens ambafia-
deurs des pays conquis. De-là il courut remettre
fous le joug un grand pays qu’on nommoit Tan-
gut, frontière de la Chine. Il vbplpit'^âgé d’environ
70. ans 3, aller àchev'er lavconquêtë dé: cé
.grand royaume de la Chine, l’objet le.plus.chéri
de fon ambition. Mais enfin-, une maladie mortelle
Je fai fit. dans fon camp fur la routé de cet empire,
a quelques lieues de la grande muraille. Jamais ni
de peuples. Il avoit conquis plus de dix-huit cents
lieues de l’orient au. couchant,, & plu(s„ de mille
du feptentripn au midi. Mais dans,rfeV'conquêtes
il ne fit que détruire ; & , fi on excepte'Bocara
& deux ou trois villes dont il 'permit qu’ôn
repaiat les ruines. Ton etripirè, :-dè la froritièré
de Ruflie, jufqu’à,celle de la .C h in e , fut une
, dévaluation, ( Voltaire ),
| . GÉNIE^
J ; Le génie appartient à l’imagination, l’imagina-'
tion au climat.
Quand il paroît dans le monde tin véritable
génie, le vrai, ligne ppur le reconnoitre eft que
tous les fots fe liguent contre lui!
Le génie eft une certaine aptitude que là naturé
a mis dans l’homme , pour réuflir dans une chofe
que d’autres entreprendroient inutilement. Cette
aptitude a tant de force fur nous, que nous n’avons
pas plus de peine à apprendre lés fciences
qui en font l’objet, que nous n’en avoné pour
apprendre notre langue. La nature , qui a donné
à chacun fon talent particulier, & qui n’a déshérité
perfônne , ri’a pas voulu non plus réunir
toutes fortes de qualités dans le même homme :
elle a deftiné les uns pour commander les armées ;
les autres pour gouverner l’état ; ceux-ci, elle les
a formés pour la poéfîe ; ceux- là , pour l’éloquence:
la nature, en fàifant fés'libéralités-, â
cependant accumulé quelquefois , par une efpèce
de prédilection , fur la même perfônne toutes les
qualités de i’ efprit & du coeur.
* L’homme de génie ne fçauroit gouverner l’état
fans fermeté ; & c’ eft précisément cette fermeté
qui fait le mal d’un état gouverné par un homme
fans génie.
L ’étendue du génie nuit fouvent plus qu’elle
ne fért à faire fentir des vérités, 'que la ràifon
fait perfuader par les.argurriens les plus naïfs '& les
plus fimples.
Les réglés guidentTé génie; mais fouventàuflî
elles ne.: font qu’un contre-poids qui en abat
l’eflbr.
Un grand génie déplacé ne paroît qu’un homme
ordinaire.
Il eft rare que le fuccès ne juftifie la hardieffe d’un
génie entreprenant.-
.Rien.ne éaraClérife’ mieux, la fupériorîté da .
génie, que le talent de préparer de loin les grands
fuccès... \ j l
; GENS DE LETTR ES. La coriverfation de la
plupart'des gens 'dé lettres eft dune fimplrcrté
extrême. Ceux' mêm‘e qui ont toujours tout leur
efprit préfent fe gardent bien de le montrer tout
entier. C ’eft .'.Ce, qui faifoit dire.à une femme de
qualité qui en avoit beaucoup: « je compare lés.
» gens de lettrés à ces .grands feigneurs qui ont
« de grands biens au foie il &. point de revenus » .
GENTILHOMME A L LEMAN D. Un feî-
gneur allemand attachoit iM|tel prix à la, qualité
de, gentilhdmme qu’il ordonna, par fon tèftament*
i qu’après fa mort on le mît debout dans une co