
?8a P R E
premier dimanche de carême fur la tentation ,
dit que le diable porta le fauveur du monde
fur le pinacle du temple, pour tâcher de le
tenter } mais qu'ayant trouvé à qui parler par
la forme fyllogiftique, il changea de batterie} &
cpmmç il fa voit par expérience quai n’y a guères
de gen? qui ne le laiffent féduire par l'appas des
honneurs & des r iç h e f fe s il lui offrit, l'empire
divers rova.unies , & avec- des lunettes
d’approche ‘il lui fit voir l’Italie, l’Allemagne ,
la France , 8t c. mais par ipalheur pour lui Içs
montagnes de Pyrénées lui cachèrent l’ Espagne
, ce qui le mit au défefppir} c a r , dit-il,
s’il eût pu lui découvrir toutes les beautés qu’e.le
renferme , je ne fai? s'il n'auroit pas fuccombé à
la tentation. ( Vayrac* )
Un homme de lettres parloit de la d.fférençe
<ju'il y a entre les prédications des premiers
peres de J ’églife, & celles de notre terp$ : quel?
qu'un lui demanda quelles qualités il eftimeroit
le? plqs néçeffajres à. un prédicateur. « Autre
fois» répondit-il, ç ’etoit le zèle & la fcience}
préfentemenç c'eft la mémoire & l’effronterie.
PRÉD IC TIO NS . II y a beaucoup de gens,
qui * fous prétexte d’aftrologie judiciaire, donnent
au public, leurs rêveries pour des prédictions
de } ayenir. On n’en fautoit mieux faire;
çpnnoître J’impertinence, qu'en donnant des exemples
, par 'lefquçls on a trompé le public, fous
h fprme qe ce? prophéties.
Lç parlement de Grenoble ayant envoyé le
fleur Duvivier, feçretaire df la cour * porter
quelques paroles à M f î ’évêque, & aya t ren-'
contré dans l'anti-chambre fon page , qui ïui
portoit un bo.uillon dans une écuelle couverte
il le pria d'avertir M. l'évçque qu'il défîroit lui
parler de la part du parlement. Ce page la-ffa
bonnement l'écuelle fur une table} & pendant
qu’il fut avertir, fon maître, Duvivier avala le
bouillon & recouvrit l’écuelle : & après s’être
acquitté de fa cpmmiffion fe retira. Le page imprudent
reprit l'écuelle , & la préfenta à M. de
Grenobleg qui. indigné de cet affront, l’ayant
trouvé vuide, maltraita le page, de paroles &
de coups. M. de Ca'-ignon, confeiller en la
chambre de le d it , ayant appris cette aventure
par le heur Duvivrer, s’en divertit par des vers
faits à l’imitation de Noftradamus.
Dans un vivier un bouillon répandu,
Fera jeûner qui. les autres, difpense.
Pages, laquais, battus,-eu çonféqueaçe,
Gourmand fauvé, évêque confondu.
M. Hobbi, qui avoit’ été à M. le connéta-
Ws d f Lefdigu.iere?, à Gr,epç»ble;, &
P R E
voulant berner ces faux prophètes, ’&* blâmer
la foibleffe & la crédulité du vulgaire, qui ajoute
foi aux prédirions des prologues daps les almanachs
, acheta dix-huit douzaines d’oeufs ,
lefquels après avoir été amolis dans du vinaigre, il
les ouvrit & y cacha un billet, par lequel il
avertiffoit qu'on mourroit dans un mois, & en-
fuite les ayant refermés dans lfeau. fraîche, il
les fit débiter par des revendeqfes. La peur de
i l'évenement de cet avertiffemenr, obligea piufieurs
perfonnes à fe confeffer Ôc à faire leur tefta-
rftent..
Très-fouvent on a fait de ces vers prophétiques
, après les chofes arrivées : comme ceux
qu'on fie après la prife d’A rras, fous Louis XIII,
Cil, dont le nom commence par. cinquante,
Malgré l’effort du prince des- flamands ,
Prendra la femme au père des croyans.
L’an mil flx; c.ent que l’on.dira quarante.
Ç ’eft-à-d.ire, Louis XIII dont le nom commence
par une L qui vaut cinquante } & la mère
des croyans eft Sara, dont le nom renversé fait
Arras.
A Copenhague, quelques perfonnes avojent ré*-
pandu que la fin du monde arriveroit une telle
nuit. C e bmit fit autant de fenfation , que l'attente
du choTc d’une comète contre notre globe
en a fait, parmi bien des gens à Paris. Comme
les danois dévoient voir dans le ciel les lignes
avant-coureurs de l’accomplilTement de cette prédiction
, nombre de perfonnes- fe rendirent fur
les remparts, d’ou à la vérité elles,ne découvrirent
rien dans la région des airs} m;ais â leur retour
dans leurs maifons, elles trouvèrent beaucoup
d’effets & piufieurs demoifelles de moins.
Le peuple en général eft, dit on , plus éclairé
a Londres qu’il ne l’eû à, Paris. A cette opinion,
fi communément reçue-parmi nous, il fil ifiroit peut-
être d'oppofer le fait fuivant, rapporté par un
écrivain qui en a été le témoin oculaire. e< Après
deux, fe confies de tremblement dé terre qui arr
rivèrent à Londres en 17-50, un aventurier s'a-
, vifa, dit cet auteur , d'en prédire .un troifièpae qui
devoit renyerfe.it L ville. Il en fixa le jour , l’heure,
la minute. Plus dé cinquante. mille habitans fur
la foi de cet oracle , a voient ce jour-là, 5 avril,
pris la fuite. La plupart de ceux que, les. r-ai.fon?
nemens ou les railleries de leurs amis avoient
retenus., atten4®ie#?jc e.q tremblant, l’inllant,critique,
& n’o.nt,montré cfe courage qu’après qu’il
a été pafle. Le jour arrivé., la pçéditft.ion, fem-
blable à tant d’autres, n.e fut p.oirt.t accomplie.
Le faux prophète %£,. mis W p,e.u tard aux, petites
maifons.
P R D
Un ; jbuii 1§- duc Charles de Loggia*, fe; voyant?
avec quinze princes allemands, de mauvaise intelligence
entr’eu x , contre l'armé,e de France,
commandée; par M. de Turçnne , dit par efpriç
prophétique, î nous voila, feize princes., .par laj
giRCé de- Diqu , qui allons ctjre battus de la façon
d’un feul prince, par U graçe dp rpide France}
ce oui arriv.a!
PRÉJUGÉS. On peut détruire une erreur rai-
fonnée, par cela même qu'on raifonne & qu’un
raifQnnsmç-nc plus conpluant peut défabqfer du
premier : mais avec quelle? armes combattre ce,
qui n’a ni principes ni co.nféquence ? l’on veut
prouver au Canadien., qi,ie les traditions dqTes
anciens font des. folies, qu’il ne devrfdt pa,s
s’y attacher : « Que] âge as-tu ? répondit-il à celui
qui lui parle. T u n’as que trente ou quarante
ans, & tu veux favpir des chpfes miçu^ que nos
vieillards : V a , tu ne fais ce que tu dis : tu peux
bien favoir ce qui fe paffe dans ton pays, parce
que tes anciens t’en, ont parlé} mais tu ne fivis
rien de ce qui s’eft paljfé dans,le nôtre,, avant que
les françois y fuffent venus v.
Le préjugé eft la loi du commun des hommes
Lorfqu’ un prince meurt au Japon, il fe„trqpye
ordinairement quinze ou vingt de fes fujets qui,
par 2ièle , fe fendent le ventre 8c meurent avec
lui. Ceux qui fe font les plus, belles in.ciifiçn? acquièrent
le. plus de gloire. Une relation inférée
dans le recueil de Thévenot, fait mention de La?
necdote fui,vante. Un offiçier de l’em.psreut du
Japon mootoit l’efcalier impérial lorfqu’un autre
en defeendott : leurs épées fe choquèrent } celui-
ci s’eh offenla & dit quelques; paroles à l’autre,
qui s’exeufa fur ie- hafard, & ajouta, qu’au fuc-
plus, c'etoieiit deux épées qui s. etoient frôlées ^
& que l’une valvit bien l'autre. Vous allez voir ,
répond l’âggreffeur, la différence qu'ij y a entre
nos deux épées- l) tire en mêm? temps la fiefme
s’en ouvre le ventre} l’autre, jajoux de cet
avantage, fe.hâjte de monter, ppuç féryir fur la
table de l’empereur un plat qu’il avoit entre les
Uiains, &ç revient trouver fon adyej-faire qui/çx-
piroiç du epup qu’il s’é,toit dqunç. Il lu| demande
sjl iefpireT encore, & tjrant fur le champ fon
épée, iî s’çn ouyre- le ventre à: fpp tour; Vous né
sp’aqrie.z;pa$ prévenu, lui .dit-il} fi. vous- ne m’euf-:
fiez trouvé occupé au fervice du prince; majs je
meurs fatisfait , ppifque j’ai la gloire de vo.us, cpp:
vaincre que mon épée vaut bien la votre*
Un françois, en lifant ceci, gémMa de la fojje
de; ces deux orienvaux, i.-l ira, peut-être .Içrfoù
tRÔm? > expofer fai vie au fer d’ un %,adafi.iij pour
le punir d’en avoir été infulté.
U n p ^ ^ é te l que celui du duel, qui eft foadé
P R E 1 iU
fqr une efpèoe de point d’honneur , ne peutrêtre
détruit que par l’infamie? car, pour un homme
de coeur, la mort raêtpe eft moins"effrayante que
l’horreur du mépris. On peut fe rappeler cette
réppufe que: le fpç&ateur an,glois fajt faire à Pfia-
ramond, par un foldap dpellifte* à qui ce prince
reprpçhojt d’avoir çontrev-enu à fes ordres : « Comr
in?nt, lui répondit ce fçldat, m’y ferons je. fou-
gm ■■ T q ne punis que de mort ceux qui les
viqlent} & tu. puni? d'infamie ceux qui obéiffenu
Apprend? qxe je crains moins la mort que le
mépris- «;•
Un général, qui fait la guerre dans un payç
étranger , ne néglige point de s’inftruire Hes préjugés
d® la nation-} il- fait même les refpeétçr,
fi le- bien du fervice le demande. Dans la guerre
dItalie de 1701 , deux dragons, de !a garnifon
françojfe qui étoi,t dans Mantoue, paffoient d,ans
la rue. Un italien, irrité contre l un des deux ,
lui enfqtice fon poignard par derrière} le tue fur
la place & fe réfugie dans un endroit privilégié.
L e camarade du mort pourfuit l’afiaflin dans cet
afy-le & le maffaçre. Le peuple, indigné qu’on, ait?
ofé violer les immunités eçcléfiaftiques, s’attroupe
& veut fermer les portes} mais le meurtrier s’ér
tant fait jour l’épée à la main , fe retira dah? I4
maifon de fon colonel- Elle eft invertie dans le
moment, & le dragpn eft demandé avec menace
d’un- foulèvement général. Le colonel, dans la
vue d appaifer Ce tumulte, fait auflitôt conduire
le dragon, chargé de fers, dans une prifon; mai?
pendant la, nujt, il le fait panir pour un,e place
éloignée- Quelques, jpurs après, on produit un ca,?
davre qu’on die être celui dp dragon. La multitude
le croit 8c s’appaife, en rendant des aétions de
gr?ce pour cette m.ort quelle regarde.comme uq
cfiâtipient du ciel.
Les anglois du commun prétendent que c’ eft
un figne heureux d’avoir une verrue au \ifage.,
8a attachent, beaucoup d’importance à la çonfer-
vation ffes pqils qpi naiffent ordinairement fur çes
ipite?. d’excroifiançes.
Dar? une certaine ville , de province affez çpn-
fi<lérable , l’;u^ge eft de di-re que l’op guérit le«
yçrrii.es en les frottant à l’habit ç)'qn cocu. Un
étranger qui pafipit. par cette vil]e fe plaignoit
à un habitant de piufieurs verrues qu’il avoir aux
mairis : l’habitant lui çonfeilla de les frotter à
l’habit du marquis, de -.-.'dpnt la. femme éepit une
célèbre coquette , lui faifant entendre que ce
marquis avoit une vertu particulière pour guérir
je? Vierrues. L ’étranger çrQit.;çe, qu’o.n Iql d jt3
& exécute de bonne foi }e çopfeil qu’on lui q
donné. Que faites-vous la , lui d it, en fe tournant
lp marqujs ?' Ce nejlriert, répondit l’étranger:
je veux feu,lement faire p,ajfer mes verrues. Le
j marquis p;qué> lui repique par un fow.ffiet- Les