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diciiles par k manie de vouloir tout afîujettir aux J
calculs : à les en croire , avec des calculs on
pourroit faire un autre monde.
Jean Hilteu, cordelier allemand, mort en i j o i ,
avoit prédit qu’ environ Tannée i f i 6 , la puiüance
du pape commenceroit à décheoir , & qu’enfuite
elle iroit de plus en plus vers le précipice, &
ne fe rétabliroit jamais ; & qu’environ Tan iéoo ,
les turcs re'gneroient dans TItalie & dans l’Allemagne,
& que le monde finiroit en i 6 f i .
Jean C raig, mathématicien Ecoffois, dans un
livre des principes de mathématiques de la relig
io n chrétienne , calcule la force & la diminution
des choies probables j & fuppofant que la probabilité
va toujours en décroiffant à mefure qu’on
s’éloigne du tems auquel les témoins ont v é cu ,
il prétend prouver par les calculs algébriques,
qùe 3150 ans après la venue de Jefus-Chrift,
il n’y -aura plus de probabilité hiftorique que
Jefus-Chrift l'oit venu au monde j mais Jefus-
Çhrift par fon fécond avènement préviendra cette
eclipfe 5 il croit qu’il ne reviendra qu’un peu avant
ce terme , & qu’il vint au monde environ le tems
que la probabilité de la religion judaïque tendoit
a fa fin. vC ^
En 171 y , M. Wiftons , favant anglois , a employé
l’ algèbre & la géométrie pour éclaircir
l ’apocalypfe. Après bien des fupputations, il conclut
que Jefus-Chrift reviendra fur la terre en
1 7 1 J j ôu au plus tard en 17 16, pour convertir
les juifs, & commencer un règne vifible de mille
àns« L’évêque de Vorcefter & M. Alix ont fixé la
Venue de Jefus-Chrift au même tems.
Le cardinal Nicolas de Cufa , qui écrivoit les
‘conjectures en 1451 , y fuppofe que comme lé
déluge fit périr le premier monde dans le trente-
qiiatrième jubilé de cinquante ans, la fin du
monde arrivera dans le trente-quatrième pareil
jubilé de T ère chrétienne, c’eft-à-dire avant l’année
1734.
I L'auteur du livre intitulé harmonie des prophé-
lies anciennes avec les nouvelles , prétend que
Jefus-Chrift viendra fur la terre en 173-9.
Çyprien Keowits, mathématicien de Bohême,
prédit que la fin du monde arriveroit l'an i j j . ,
ce qui caufa une frayeur fi grande & fi générale
en Allemagne, que chacun jeûna & fe confefta.
M. de Lagny , de l'académie des fciences ,
poffédoit Supérieurement la fcience du calcul &
des mathématiques j étant à l'extrémité, fa famille
l ’entouroit,, & lui difoit les chofe« les plus touchantes,
mais il ne donnoit aucune marque de
■ connoilfance. M. de Maupertuis Survint, je vais,
le faire parler , dit-il : « Le quarré de douze
» Cent quarante - quatre » , répondit le mourant3
& depuis il ne parla plus.
C A L 1
CALEMBOUR. La meilleure définition quJotf
puifïe donner du mot calembour, fe trouve dans
les exemples, où l’on verra que .cette efpèce de
faillie , n’a de piquant que l’à propos.
On nommoit un chanoine, qui n'alloit à vêpres
qu'en é té , p ara que l'églife étoit trop fraîche ,
un bon chrétien d‘été.
Comme tout le monde pilloit la chambre d’un
archevêque de Tarentaife , un cordelier qui venoit
de prendre le bréviaire , appercevant un crucifia
de grand prix, le mit dans fa manche, difant :
crucifix us etiam pro nobis.
Rien de plus ridicule, difoit un miniftre d’état ,
aux courtifans qui Tenvironnoient, que la manière
dont fe tient le confeil, chez quelques na-
tions nègres.
tc Repréfentez-vous une chambre d’affemblée *
99 où font placées une douzaine, de grandes cru-
». ches ou jattes , à moitié pleines d’eau : c’eft là
que , r.uds, & d’un pas grave , fe rendent une
» douzaine de confeillers d’ état : arrivés dans
^ cette chambre , chacun faute dans fa cruche ,
99 s y enfonce jufqu’au cou, &: c’eft dans cette pof-
» ture qu’on opine & qu’on délibère fur les a£
» faires de l’ état ». Mais vous ne riez-pas, dit le
miniftre , au feignent- le plus près de lui. C ’eft,
répondit-il, que je vois tous les jours quelque
chofe de plus plaifant encore. Quoi donc ? reprit
le miniftre : Cefi un pays ou les cruches feules tiennent
confeil■.
Une dame qui, dans une compagnie 3 faifoit là
belle ehanteùfe, & qui ne pouvoit pas achever fon
air j dit à un homme d’efprit, affis à côté d’elle,
« je vais le prendre en mi, — non, madame, ref-
>» tez-en la » , répondit-il.
Un gentilhomme breton difoit au maréchal de
la Meilleray, dont il avoit à fe plaindre : f i je ne fuis
pas maréchal de France. je fuis du bois dont on les
fait. Auflï le deviendrez-vous, lui dit la Meilleray ÿ
quand on les fera de bois.
Autres Calembour s.
Ah! je croyois que c ’étoit le prince qui vous
avoit donné ce thé. — Pourquoi*? — - Parce qu’il
a beaucoup de bonté poxxï vous.
Je fais que quantité d’ efprits animaux , vont
critiquer mon ouvrage j ils diront que mon ftyle eft
p kt de terre , fimple du jardin-royal, que j’ aurois
du lui donner des parties quarrées $ enfin le construire
dans Tordre de Cîteaux. Mais il ne faut
pas l’examiner dans la rigueur de l'hiver, 8c chercher
des beautés farouches , & des délicat elfes dt
confie ne e.
Un nommé Franqlin étoit venu trouver le fecré-
taire du célèbre Franklin dont il ~fe difoit parent,
&lui préfenta fes titres. Le fecrétaire les examine,
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êc les lui rend aufti-tôt, en lui difant : « mettez
m un -SC à votre Q , & vous pourrez alors vous
>» fervir de vos papiers ».
Le père Hercule , de la do&rine^ chrétienne 3
avoit compofé un fermon, pour un évêque > quelqu’un
qui le favoit, dit en fortant de l’églife : je
viens d’entendre prêcher les travaux d’Hercule.
On a repréfenté une piece qui avoit pour titre,
le Perfifleur. Les mauvais plaifans , les faifeurs de
calembours, difoient que le pèrefifleurjxstoïl tous fes
enfans au parterre, lorfqu’on jouoit cette pièce.
On demandoit à un eccléfiaftique qui portoit fon
bréviaire, que portez-vous fous votre bras, l’abbé ?
Celui-ci répondit : cela ne fe dit pas*
Voltaire, à fon retour à Paris, fut bien furpris du
jargon qu’il trouva dans la fociété , du defpotifme
avec lequel s’érigeoient en juges, tels hommes,
les plus faits pour être jugés, de l’ignorante familiarité
de la plupart des jeunes gens. Il fut fur-tout
bleflfé du calembour dont on abufoit en fa préfence 5
il le regardoit comme le fléau de la bonne conver-
fation, comme Téteignoir de Tefprit. Il avoit engagé
la fpirituelle madame Dudeffant à fe liguer
avec lui : fl ne fouffrons pas , lui difoit- il qu’un
» tyran fi bête ufurpe l’empire du grand monde ».
Cependant Voltaire, oui Voltaire lui - même a
daigné faire un calembour, mais il étoit dans fa
quatre - vingt - troifième année , & vouloit, fans
doute , s’égayer. Une dame lui parlant de fon
voyage d’Angleterre, lui dit : « comment avez-
» vous trouvé la chair angloife ? — Très-fraiche &
très - blanche ».
Une femme peu refpedlable demandoit à un
homme, pourquoi il la confidéroit fi attentivement.
Je vous regarde , madame , lui répondit-il, je ne
vous confidère pas.
CALIGUL.4 ( Caius - Céfar ) empereur ro- .
main ,. fucçeffeur de Tib ère, naquit à Antium,
Tan 13 de Jefus-Chrift. Il étoit -fils de Germani-,
eus : il n’avoit que 2 3 ans lorfqu’il fut proclamé
empereur ,- & les premières années de fon règne
fembloient annoncer aux romains , un prince vertueux
, il reçut même le furnom de modèle des
princes, mais bientôt il fe déshonora , par un
orgueil in fuppor table. Il vouloit être adoré comme
un dieu. Il fit ôter la tête des ftatues de Jupiter
& des autres dieux pour y faire mettre la fienne.
Il fe bâtit un temple , fe nomma des prêtres 8c
fe fit offrir des facrrfices. Il s’initia lui-même dans
ce collège facerdotal, avec fa femme & fon cheval.
Iï avoit fait conftruire une machine qui faifoit
grand bruit, afin de lutter contre le tonnerre
pendant les orages 5 & lançant une pierre contre
le ciel, il s’écrioit: tues-moi , ou je te tue*
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Ses extravagances , fes débauches 8c fes cruautés
, l’ont rendu immortel : un jour qu’ il rioit avec
excès, deux confuls lui en demandèrent le fujet;
c ’eft, leur d it - il, que je penfois qu’ il ne tenoit
qu’ à moi de vous égorger tous deux fur le
champ. Il faifoit nourrir, d’hommes vivans, les
bêtes féroces deftinées aux jeux- publics \ enfin ,
il poufla la barbarie jufqu’à fouhaiter que le peuple
romain n’eût qu’une tête , pour pouvoir l’exterminer
d’un feul coup. Il mangeoit &: buvoit
avec fon cheval, auquel il avoit fait conftruire
une fuperbe écurie, & à qui il fervoit de l’avoine
dorée dans dés vafes d’or. Cet empereur ,
la honte du genre humain, régna quatre ans, &
fut enfin afiaflïné par un tribun des gardes prétoriennes,
l’an 41 de Jefus-Chrift.
Caligula eft le feul peut-être , qui ait aimé
d’une manière différente de celle dès autres ; 8c
je ne crois pas que ceux qui font le métier de galanterie
, profitaflent fort de leurs fleurettes , s’ils
s’ en tenoient à la maxime de cet empereur. Quand
il étoit avec fes maîtrefTes, qu’ il en avoit admiré
le teint, la bouche, les yeux, la coëffure , il leur
difoit pour toute tendreffe : «' quand je voudrai ,
• » je ferai couper cette belle tête ». Il ne earref-
foit guère Céfonie, fa chère époufe , fans lui faire
peur par cette engageante proteftation d’amour
ce je vous ferai donner la torture pour favoir de
» vous pourquoi je vous aime toujours avec une
» paflïon fi violente».
C A L LO T (Jacques) graveur du roi, naquit
à Nanci , en 15-9 ? 5 dès l’ âge de douze ans , il
quitta la maifon paternelle pour fe livrer à fon goût
nailfant. Il entreprit le voyage de Rome ; mais
l’argent lui ayant manqué, il fe mit à la fuite d’ une
troupe de bohémiens : il revint dans fa patrie , &
s’échappa une fécondé fois. Enfin il partit, du con-
fentement de fon p ère, pour l’ Italie, il pafla par
Rome , vint à Florence , où il refta jufqu’ à la
mort du grand duc, Cornes fécond, fon protecteur.
De retour à Nanci , le duc de Lorraine
l’accueillit très-favorablement. Enfin Louis XIII
Tappella à Paris, pour deflïnerle fiège de la Rochelle
& celui de Tille de R.hé. C e prince le pria
enfuite de graver la prife de Nanci dont il venoit
de fe rendre maître. Je me cquperois plutôt le
pouce , répondit Callot, que de rien faire contre
l ’honneur de mon prince & de mon pays. Le. roi
charmé de fon patriotifme , s’écria que le duc
de Lorraine étoit heureux d’avoir de tels fujets.
Rien ne put empêcher Callot de retourner dans
fa patrie, où il mourut en 1635, âgé de quarante
deux ans.
f A L O M N I E .
Il eft un monftre affreux né de la perfidie ,
Cruel dans fes excès & calme en fa furie.
Ses traits défigurés font cachés fous le fard ,
... Sonfouffle eft venimeux , û langue eft un poignard*