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lefyftêmede^onap'qftqlat fangiunaire. « C ’eft moi,
»> lui dit-il, en lui prêtant ferment de fidélité ,
« c ’eft m o ig ran d prophète de Dieu, qui veux
» être ton vifir. Je cafterai les dents, j’arracherai
w les yeux, je fendrai le ventre, & je romprai les
» jambes à ceux qui s’oppoferont a moi Son
2x*le fembloit le défigner pour être le fuccefifeur
de Mahomet 5 mais Abubekre ayant été nommé
calife-, AU fe retira dans l’Arabie.
Après la mort du calife Orthman, A li fut nom*>-
mé pour lui fuccéder 5 mais un:parti contraire
s’étant élevé, il fut affafliné l’an de J. C . 660.
ALîBOUR . H étoit premier médecin de Henri
IV , Se n’eft gueres connu que par l’anecdote
fuivante. Le roi l’envoya vifîter la belle Gabrielle
d’Eftrées, mariée depuis peu à M. de Liancourt,
en face d’Eglife feulement. Elle avoit mal paffé la
nuit. Alibourvint dire au roi qu’il avoit trouvé un
peu d’émotion chez la malade > mais que la fin de
fa maladie feroit bonne. Ne comptez-vous pas la
faigner, dit le roi ? Je m’en donnerai bien de
garde, répondit ingénument le vieillard, avant
qu’ elle foit à mi-terme. Comment , reprit le
r o i , que voulez-vous dire, bon homme ? Alibour
appuya fon fentiment, que le prince crut bien
détruire, en lui apprenant plus particuliérement
à quel point il en étoit avec la dame. Je ne fais ,
dit le Médecin, ce que vous avez fait ou point
fait : mais je vous renvoie à fix ou fept mois d’ici
pour connoître la vérité de ce que je dis. Le roi
quitta fon médecin, 8e fort en colère fut chez la
belle malade, qui apparemment trouva moyen de
s’excufçr ; car la chronique dit qu’il n’y eut entre
lui & elle aucune méfintelligence, quoique la prédiction
du médecin fe fût accomplie j 8e le roi,
foin de défavouer l’enfant, le reconnut pour lien,
& le nomma Céfar. La mort d’Aliboru, qui arriva
quelque temps après, à la fuite d’une violente colique,
fit foupçonner qu’il avoit été empoifonné-,
pour le punir de fa prophétie , & des propos qu’ il
ne ceffoit détenir tant contré la favorite que contre
le nouveau Géfar. Les médecins de nos jours;
font plus difcretsj auffi ne courent-ils pas les
.mêmes rifques.
ALIM ENT. Hormouz , roi de Perfe , deman-
doit un jour à fon médecin combien il falloir
éfalimens par jour pour lé foutien d’ un homme
formé ? Le médecin répondit que cela alloit environ
à une livre. :<* Comment une fi petite quan-
33 tité pourroit-elle fuffire à un aufli grand corps
a» que le mien ! — Cette quantité fuffit, fi vous
^ voulez feulement que votre nourriture vous
»3 porte} fi vous en prenez davantage, ce fera
» vous qui la porterez ».
A L L A IN , fils d’un fellier , a compofé plufieurs
comédies, entr’autres Y Epreuve réciproque , ert Un
gCte 3 en profe. Cette pièce a le défaut de n’être
pa$ a f c développée > ce .qui fit dire à.ia Mothe,
A L E
au fortir de la prfruère repréfentation, Allain,
tu n'as pas ajfeç al/bngé la courroie.
L ’ALLÉGORIE eft pour les arts comme pour
les lettres, une rutëfpar laquelle on préfente un
objet pour en exprimer un autre, par les rapports
qu’ils ont entr’eux. Une allégorie remarquable par
fa fingularité eft l ’épitaphe d’un libraire de Bofton,
compofée par lui-même : « Ci gît, comme un
'» vieux livre à reliure ufée 8e dépouillée de titres
33 8e d’omemens , le corps de Ben. Franklin,
33 imprimeur. Il devînt l'aliment des vers-. } mais
33 le livre ne périra pas : il paroîtra encore une I
33 fois dans une . nduVelle 8e très-belle édition , re-
33 vue 8e corrigée par l’auteur >3.
En peinture 8e en fculpture-, le mérite de Val.
légorie eft de ne préfenter qu’une intention au fpec-
tateur, autrement il prend le change, 8e voit-fou-
vent le contraire de ce que l’artifte a voulu rëpré-
fenter.
Un homme peu inftruit paflfait par la place des
Victoires, on lui faifoit remarquer la ftatue*de
Louis X IV . Voyant la Victoire qui tendit unej
couronne au-deffus. de la tête du monarque , ap-
prenez-moi, dit-il, fi la déeffe pofe ou retire la
couronne à ce prince.
Beautru confidérant un jour au-defius d’une
cheminée la Juftiçe 8e la Paix en fculpture, qui fe
baifoient : «= voyez-vous , dit-il , en s’adreffant à I
33 un ami avec qui il é toit, elles s’embrafTent, elles
33 fe baifent, elles fe difent adieu pour ne fe revoir
33 jamais 33V
Le fils du grand Condé fe fervït d’une allégorit
bien ingénieufe poür peindre l’hiftoire de fon père
dans la galerie de Chantilly. Il fe rencontroit un ;
inconvéniènt dans l’exécution du projet. Le héros,
durant fa jeuneffe , avoit fait un grand nombre
d’exploits éclatans, comme le fecours de Cambrai,
celui de Valenciennes, la retraite devant
Arras , contre fon roi & fa patrie. Afin de pouvoir
parler de ces événement, le prince Jules lit
dëffiner la rr.ufe de l’hiftoire, qui tenoit un livre
fur le dos duquel étoit : vie du prince de. Condé. \
Cette mufe arrachoit les feuillets du livre qu’elle1
jettoit par terre, & on lifoit fur ces feuillets ':!>«-! |
cours de Cambrai , fecours de Valenciennes , retraite
de devant Arras \ enfin , toutes les belles aCtions de
Condé, durant fon féjour dans les Pays-Bas ; ac-
tions dont toutes étoient louables, à l’exception
de l’écharpe qu’il portoit quand il les fit*
ALLELUIA. A Chartres, le jour qu’on quitte \
Xalléluia y un enfant de choçur jette dans t’ églife j
une toupie 8e la fouette, pour faire allufion à cç
qu’on quitte Y alléluia j c’eft pourquoi on l’ appelle
Yalléluia fouetté.
A LEXAND RE -LE -G RAND, roi de Macédoine
, né à Pella, trois cents cinquante-fix ans
ayaat J rC . L ’oo rapporte queia fpudte .towt*
AL E A L E 5,9
: fur Olympias, enceinte d'Alexandre, &que lé
temple d’Ephèfeffut brûlé par Hegeftrate le jour
dei fa. naiflance', événemens que I on a regardes
: comme les oréfaees , & qui font plutôt les. images
Alexandre encore enfant, faifoit déjà paroître
. cette ambition demefurée qui devoit le rendre yfti
..desffléaux du genre humain. On vint un jour lui
‘ annoncer que Philippe avoit .gagné une bataille 5
& que me reftera-t-il donc à faire , s’écria le jeune
prince d’ un air chagrin ?
On lui témoignoit fon étonnement de ce qu’il
n’aVoit jamais, ainfi que Philippe dans fa jeuneffe ,
. difputé le prix aux jeux olympiques. Qu’on , me
donne, répondit Alexandre, des rois pour antago-
niftes, 8c je me préfenterâi.
Les Macédoniens eurent lieu fùr-tout d’être
furpris delà dextérité courageufe avec laquelle il
dompta un cheval auquel chacun d’eux avoit renoncé.
Ce cheval étoit le fougueux Bucéphale ,
qu’un certain Philonicus de Theffalie avoit amené
à Philippe, 8e qu’il vouloit lui vendre treize
talens.
Le roi Macédonien ayant répudié, pourcaufe
d’infidélité , Olympias , mère d’Alexandre , le
jeune prince en témoigna un v if relfentiment. C e pendant
fon père l’invita aux noces de la nouvelle
époufe qu’il avoit choifie* Au milieu de cette fête ,
Attale , favori de Philippe, eut l’imprudence de
-dire que les macédoniens dévoient prier les dieux
d’accorderun légitime fucceffeur au roi. Eh quoi ! mi[érable ! meprends-tu donc pour un bâtard3 s’écria
Alexandre ? Il lance en même-temps fa coupe à la
"tête d’Attale. Philippe , échauffé par les vapeurs
du vin , & Croyant fon fils auteur de la querelle ,
court fur lui l’épée à la main, mais le pied lui
manqua, & l’on eut le tems de l’arrêter. Alexandre
•encore plein de l’offenfe qui' lui avoit été faite ,■ ne
put ^empêcher de dire avec un fourire infultant :
Vyye^ 3 Macédoniens, quel chef vous avez pour paf-
f er ep. Afie 3 i l n‘a pu faire un pas fan.s fe lai (fer
'ioniser.
Alexandre3 j.près avoir réglé dans la Grèce tout
ce^qui étoit néceffaire pour fes grands deffeins , reprit
le chemin de la Macédoine , & paffa à Del-
phes ipour confulter le dieu. La prêtreffe , qui pré-
tenddit qn il n étoit. point alors-permis de Finter-
terroger , ne vouloit point entrer dans le temple.
■Alexcindre 3 impatient, la prit par le ■ bras pour l’y
mener de force , & elle s’ écria : A}Cl. 1710:1 fils. t on
né peut te fejifier. Je n‘en veux pas davantage , dit
Alexandre 3 cet oracle me fuffit.
|tqit Alexandre, une courtifanne, pleine de grâces
& de talens. Ce prince 3 : en} la voyant-, ne put fe
qerendre de quelques,v defirs, 5 mais ayant appris
que ce jeune, homme aimoit cette fille avec paffion,
il lui fit dire de fè retirer promptement, & d*emmener
fa maîtreftè.
Alexandre-le - Grand 3 la veille qu’il livra la célèbre
bataille du Granique, répondit à Parme-
niori, qui lui confeilloit d’attaquer Darius pendant
la nuit ‘.je ne veux point dérober la viéioirc ,
nous combattrons a la clarté du foleil.
La Phrygié venoit d’être fubjuguée par l’armée
d’Alexandre, & ce prince s’étoit rendu maître de
la ville de Gordium qui en étoit la capitale. Il vit
. dans cette ville le char fi célèbre de Gordius, dont
le joug tenoit par un noeud fi artiftement fait, qu’il
n’étoit pas poifible de le dénouer. Suivant une ancienne
tradition , l’empire du monde étoit promis à
celui qui pourroit furmonter la difficulté. Alexandre
coupa le noeud, & s’attribua l’accompliffement de
l’oracle.
On demanda à Alexandre pourquoi il faifoit plus
d’honneur à fon précepteur qu’a fon père : le roi
Philippe, d it - il, en me donnant la vie m’a fait
defeendre du ciel en terre 5 mais mon maître Arif-
tote, par fes inftruâions, m’a enfeigné le chemin
qu’il faut tenir pour monter de la terre au ciel.
Les pédans qui inftruifent la jeuneffe, tirent une
grande vanité de cette réponfe.
Alexandre - le - Grand , fur le point de partir
pour la célèbre expédition d’Afie , diftribua pref-
que toutes, fes richeffes entre fes capitaines & fes
foldats. <* Que vous refte-t-il donc , feigneur , lui
» dit alors Perdiccàs 1 — L ’efpérance , répondit-il
33 Elle nous fera commune avec vous , lui répliqua
33 Per dieças ; » fur le champ il lui rendit fon préfent.
Alexandre ayant vaincu, en bataille le roi Darius^
& tenant fa femme prifonnière qui furpaffoit en
beauté toutes les dames de l’Afie , jeune d’âgé,
bien que ce monarque victorieux n’eût aucun fu-
périeur, auquel il fut tenu de rendre compte de
fés aétions, il eut tel pouvoir fur foi-même, que
fes courtifans lui ayânt fait état de cette grande
beauté 5 afin de fuir tout foupçon & mauvaife oc-
çafion , il në’la voulut voir , ni foüffrif qu’elle fût
menée devant lui , mais la fit traiter & fervir avec
autant d’honneur que fi elle eût été fa propre foeur.
r lut arque*
La conduire qu’il tint envers fon médecin Philippe,
n’eft pas moins admirable. Elle prouve du
ixioins que la grande ame de ce prince croyoit à
la vertq. Le froid des eaux du Cydne, dans lef-
quelles il-s’etoit jetté tout en fueur, lui avoit oc-
cafionné une fièvre violente qui devenoit encore
plus dangereufe.parTon impatience. L’armée étoit
dans la plus grande confternation , Se aucun mé-r
dëcin n’ ofoit entreprendre de le guérir. Dans ces
circonftances , Philippe d’Acarnanie , fon premier
médecin 8e fon confident, demanda le temps de préparer
un breuvage , dpnt l’effet devoit être propre
pont lui rendre la famé. Oa avoit envoyé au roi,