
^elui qui 'avoit furvécu à Ton frère, lui demanda i
lequel de lui ou de fon* frère étoit more.
, ^res Laon , eft la terre de Sortions, dont
«toit feigneur Henri de Roufïi. Il époufa Jacqueline
de Lanoy, dont il eue Nicolas & Claude
ve Roufli, jumeaux y qui eurent en partage, faîne
la terre de Sortions , & le cadet celle de Ooi igny."
IU vinrent au monde le 7 avril 1548 ; leur reffem-
biance étoit fl parfaite , que leurs nourrices, qui
demeuroient enfemble, pour les dillinguer leur
donnèrent differens bracelets. A mefure qu’ils
crurent, leur refièmblance fe conferva dans cette
meme perfection leur vifage, leur taille, toute
1 a te i rude du corps avoir une conformité fi grande,
quon .n ’y pouvoit pas appercevoir la moindre
différence. Leurs gefles, leur ton de voix ,
leurs façons de faire , leurs humeurs , leurs inclinations
, fe repréfentoient mutuellement avec une~
ég.d re merveilleufe : dès qu'ils avoient les mêmes
habits, I oeil de leur père & de leur mère ne
pouvoit les diftinguer. Ils furent élevés au colle
ge, & enfuite à la cour. L ’aîné fut page de la
chambre d A r toi ne de Bourbon, roi de Navarre;
& le cadet, d Hertri de Bourbon , (on fils, qui
fut roi dé France. Charles IX les chérifloit
beaucoup j il p.rerioit plaifir a ies confidérer, pour
tacher de trouver quelque différence entr’eux ; ni
lui, ni fes cou:tifans ne pouvoient pointe» venir
a bout Ils ne pouvoient fe laffer d’admirer com-
ment la nature , qui a de fi grandes reffources
de Variété, & qui aime à les mettre en ufage,
s’étoit étudiée à donner les' mêmes traits , le
meme contour & la même forme, avec une fi
grande précifion à toutes les parties du corps
danjees deux perfonnes. 11 fembloit qu’elle avoit
pris à tâche de faire une copie que Ton confondît
avec fon,original. Comme le cadet jouoit mieux
à la paume que l'aîné, quand celui-ci perdoit, il
feignoit tVav.OT quelque raifon de quitter, & il I
aiioit prendre fon frère, qui s’habillant en joueur,
contînuoit la partie , fans qu’en remarquât le
ch ingement, & gagnoit la partie. Ils eurent les
memes maladies: les mêmes indifpôfitions, dans
•lés memes endroits : leurs corps, qui étaient
également conflitués » fe dérangèrent en même-
tenrps par une même révolution ; l’aîné mourut
âgé de trente ans , par la faute du médecin ; le
cadet eut un médecin" habile,,, qui lui fie recouvrer
la farsté.
■ JU REMENS. Un homme,- qui ne cefîbit de •
•fifire des juremens, ayant été repris en juftice de
jurer, le nom de. Dieu à chaque parole qu’il !
dnoit, fut condamné à trois mois de- prifon. Le
temps expiré , le juge le fit; venir devant lu i, & •
Jui demanda s’ il étoit dans le deffein de retomber
dans la même faute. Hélas! lui répondit il naïve-
,meot- & en: tremblant :. Jêvan* prdjhe.is\ \mphfieur, .
de ne parier jamais de Dieu ni en bien , nipnmal. '/ 1
Deux perfonnes, dont l’une étoit un ecclé-
jialtique, s’entretenoient un jour dans un café;
leur converfation étoit très favante; elle rouloit
fur les avantages de l’ étude. Le capitaine Hall
fe trouva par hafard aflïs tout auprès ; las d’enr
tendre vanter la fcience, il fe leva, de leur dit
avec vivacité : « Pardieu 1 doôteur, dites tout ce
» que vous voudrez; mais que je fois damné,
” fi la guerre n’eft pas la feule école digne d’un
M gentilhomme? Penfez - vous, morbleu! que.
mylord Malborough ait gagné tant de batailles
» avec du grec & du latin ? Qu’eft - ce qu’un
» ecoher quand il entre dans le mo»de ? Je veux
” etre. damné s’il eft autre chofe qu’un fot. Je
” ferois, pardieu, ravi de voir un de vos éco-
30 , ers à 1 armée, avec fes noms, fes verbes,
» fes pçonoiïis j fa philofophie : quelle figure
” v [ 01t 7 ^ 3 un fiège, à une bataille , &c. ?
« Mordieu . . . ! Mais dites, je vous.,prie, reprit
33 gravement Teccléfiaftique, efpévez-vous , V&veç
» vos juremens, prendre lé ciel d’aifaur ?
, Ln payfan ayant été admis à faire ferment ,
répondit au juge qu’il ne favoit pas jurer : « mais,
” ajouta-t-il, j ai mon fi s le grenadier qui s’en
33 acquitte à m-.rveille 5 je vais le chercher ».
• Chaque nation a fon jurement particulier, que
1 on doit, taire par décence , quoiqu’il peigne
dUnC Ï Ï^ lère 01 finale Je caraârère deJes habi-
tans. Mais il eft des imprécations qui ne les
caraêlérifent pas moins, & dont on peut parler
fans blefier la. poiiteffe. Les lacédémoniens , ennemis
du luxe , & perfuadés des maux qu'il
entraîne apres lu i, au rapport de Suidas , difoient
a leurs, ennemis , que Venvie de bâtir te'prenne !
que le goût des habits & des chevaux te domine J
que ta femme ait des gaians ! Cet ré dernière
étoit Ja plus terrible. Les françois ne prononceront
jamais férieufement. une pareille imprécation
mais fe conformant à la formule dictée par
1 efprit malin , ils ont cou jours donné leurs' ennemis
au diable. Plus réfléchis dans leur vengeance,
jes génois fouhaitent à ceux qu’ils muidifFent*
la paffion pour la loterie , en difant qu'ils y
foient amorcés par le gain d'un foib.le lot.
Che tu.pofeiguadagnar un ambelo l Puiffe-rir gagner
un petit amb 1
Qn fait que le célèbre Pope étoit petit &
fort mal 'bâti.'Son Jiirevient favori étoit : Dieu
corrige ! S’étâiit un jour Li vide cette expreflïon
avec un cocher de place : « Dieu vous corrige »
» dit Je cocher ; il auroit la-.moitié riioins de peine
» a en faire un tout neuf ».
Louis XIV avoit défendu au fameux comique
.Dufrefny de b!afr-héu*|er au jeu,'fous peine d'avoir
la langue percée:.d'un fer rouge.. Dufrefny,
fuivantfon ufage., joue j & perd. La menace du
fer rouge l’empêche d’éclater,. Jurant entre, tes
J U R
dents, &: n’y pouvant: plus tenir, il quitte la
partie .avec quelques louis.qui lui reftoient. Comme
il marchoit au hafard., en fe mordant les Jevres,
il apperçoit un malheureux qui fe défoloit à 1 écart.
« Qu'avez-vous , lui dit-il ? je fuis ruiné , répond
» l’autre. — Tant mieux ; .tenez, voila dix louis ;
» allez vîte, allez jurer pour moi 5-car le roi me
» l’a défendu ».4 .j
JURISTE. Le Khalife-Haran^Rakchidi étant
devenu amoureux d une des efeiaves, & concubines
de fon'frère Ibrahim,1 voulut l’acheter de lui a
prix d’argent. Il lui offrit pour cet effet trente
mille dinars ou écus d’.or j. mais Ibrahim avoit
juré qu’il ne la vendeioit., ni ne. Ja..donneraic a
perfonne. Cependant,ccmmeL le Khalife fou frère
le prefloit fort, & qu’il vo.ulo.t avoir,a quelque
prix que ce fût cette efclave, il c on fui ta Abon-
Jofepb', fur. ce qu’il: avomrà faire: en. ce pce. oc.-
cafion. Ce doéteur lui dit : Si vous voulez
»• éviter le'parjure donnez4 a à moitié ,. & vencLz-
» la à moitié au Khalife », -ibrahim fut ravi de
çet expédient, 6c envoya auihtôt l’efclav.e a Ion
frère,.lequel ne laiffa. de lui envoyer la.-fourme,
entière qufil lui .avoir offerte , mais Ibrahim,
qui émit charmé d’être . forti. d un .fi grand embarras',
en fit grêlent auüitôt au Cauhi. Haron
ayant en fa polfelhon la .fille qu’ il avoit tant d éfi
ré e , voulut coucher, avec* elle dès la même
nuit : mais la loi s’oppofoit à les defiis, car ,
félon la loi -dés muiulmans, un frère ne. peut
pas coucher avec la concubine de.-fon trere,.fi
elle n'a auparavant pailéi par les mains a un
autre. Abon Jofeph. cOnfuite fur cette difficulté,
confeilla au Khalife de faire époufer c eue femme
à un de fes efclaves, a condition qu il la ré-
pud:eroit aufïitôt & la lui remettroit entre les
mains. Ce msriage fut- exécuté, mais 1 efclave,
devenu amoureux. de fa nouvelle époufe, ne
voulut point entendre parler de divorce, &
voulut la retenir, ho oubliant l’offre qui lui fut
.faite de dix mi.le dinars. Ce fut alors qu’Abon-
Jofeph eut b c foin de .toute^la fubtihté de fa
•junfprudence , pour fai i s la ne en même-temps fâ
^confidence, ôc ies delirs de fon .maître- : iL forcit
encore de ce mauvais pas., en lui conieiliant de
donner çc-tte.efclave donc il étoit; toujours le
maître, à la femme qu’il avoit époufée . car ,
.par ce moyen, le lien dû mariage Jeroit rômpu,
puifque félon la loi mululmane > une femme ne
peut pas être mariée à fon propre esclave. Ceci
ayant été.exécuté, le-divorce fuivit, & ia femme
retourna entre les ma,ns du Khalife. C e prince
fut fi bon gré, à fon Cadhi des expédions qu’il
lui avoit données, que les dix mille dinars qui
,avoient été offerts à i’efdavé, lui furent auffitôt
.comprés:. Mais ce ne fut: p.as-ià tout le gain que
fit; cé jurifie mufulnian ; car- le. Khalife , ayant
fait préfent de cent mille dinars à cette; femme,
dont il était éperduement: amoureux, é ile , en
I V R y8j>
reconnoiiffancè des bons offices que le Cadhi
lui avoit rendus, en ia délivrant des mains d’un
e-feiave, ~pj°ur ^a^’e PaAer en celles d ’un fi
grand prince , lui fit également préfent de dix
mille dinars. De forte que cet habile jurijie ,
gagna cinquante mille écus d 'or , pour fes con-
fulcations dans une feule affaire.
Un jeune étudiant en droit,) enrôlé contre! fon
gré dans les inouvelles recrues, pour l’armée, im-
périale.i Ôc fe figurant .que fon! titre .dévoie lui
fervir d exemption, s’avifa de préfenter un placer
à l’empereur , où il alleguok , énir’autr.es raifons,
qu’étant fur le point de recevoir le bonnet de
.d odeur,, il fe flattait dlêtre en état de. rendre
beaucoup plus de fer vie es à fa-patrie comme
gradué ; qùe comme Xoldat .:■ « Mon. ami, lui die
» i.’etnpéreur..,' vous n’igtiQrez pas: fans doute
» que fai moi-me me un procès de conféquence
» à terminer avec îe roi de Truffe, &que je ne puis
» vuider moi feul, qu’ ainîi j’ai, befoin de gens
» tels que vous:, pour me féconder, dans cette
». affaire. A lle z , voici, douze ducats «dont je vous
» fais préfent ; tconduiiez vous bien , & je ^ous
» réponds de vous, -avancer »..i l
LVROGNES. La paffion du vân , -ainfi que les
autres paflions, troubie les : adjoins; de ceux qui s’y
adonnent-, obfcurcir leur raiion, & les porte a nulle
extravagances. Il faut avouer néanmoins que lés
ivrognes, ont des faillies, .& des . naïvetés qui
leur font particulières, & peuvent amufer. C ’eft
auifi par’ ce côté qu’on les montre quelquefois
fur la fcèné comique.
\Jn'ivrogne qui avoit bien bu, fe leva la nuit
d’ auprès de fa femme, & alla C tisf.fire fon befoin
par la fenêtre. Comme il pouvoir, il uitendoit
l’eau d’une gouttière qui .tombôit., & croyant
que c’ttoit lui qui faifoit ce bru-.r, il reftoit
toujours dans la même p -fture , à la fin fâ femme
lui cria -: auras-tu bientôt fini ? Htlas!' lépartit
Y ivrogne, je finirai quand il plaira à dieu.
M* le marquis de C ... & M. le duc de G....
rencontrèrent un ivrogne y qui fouteii.oit bien fa
réputation; le du,c après lui avoir fait plufieurs
queftions, lui dit :. avoue le , il n’.y a ici
que monfieur le marquis & moi, n’eft il pas
vrai que-tu es*un ivrogne}] L’ ivrogne, lui répliqua,
attendez, monfieur, je vais vous répondre;
il fe plaça entr'eux, & puis regardant tantôt
l’tin , tantôt l’autre,. voulez-v< us favô-ir de ma
propre bouche, fi je fuis un ivrogne, je vous répondrai
: entre deux , Melleigncurs, entre deux.
L’abbé Lattaignant avoit. fotipé en ville, & avoit
bu a llez cqpieufement ; ,il foruit pour s'en retourner
à,pied; il faifoit beaucoup de vergias :
en conféquence il tomba à. plufieurs cep ri les.
Vpyant qu’i l . ne; pouvôk marcher, il refta 5 il y