
»> allons voir Caftor & Pollux. — Caftor & Pollux
! répond l'étranger, je ne conhois pas cette
maifon > fans doute elle elt nouvellement éta- \
» blie »..
ï. COM M ER SO N , médecin botanifte , mort à
Pile de France en' 17.74. Lorfque ce médecin partit
pour fon grand voyage, il laiffa à Paris Jeanne de
B a n c , dite de Bonnefoy , la gouvernante. CoVnme
elle avoit fait auprès de lui, mais inutilement,
.toutes les inftançes poflibles pour raccompagner,
elle prit le parti de fe déguifer en homme, fe ren
dit à Rochefort, où devoit s’embarquer fon
maître , 8c fe préfenta comme matelot volontaire.
.Pour qu'il ipe^ la reconnût pas , elle fe barbouÙ-
Joit le virage avec du.goudron, évitoit d’ ailleurs
fa préfonce :le plus qu'elle pouvoit, ce qui dura
Bout ie temps de.la.traverfée. Enfin, débarquée,
B ç n’âyant plus, à craindre d’être renvoyée, elle
fe fit cpnnoitrê du doéteur , qui ne put qu’être
enchanté d’ une telle .marque de fidélité 8c d'attachement,
-j COMMIN E S 5 ( Philippe de ) mort en 1 y09,
à 64 ans>. Il eftfÇonnu par fes mémoires pour l’hif—
toi re de Louis X I & .d e Charles V I I I , depuis
14*64 jufqu’en 1498. i
Commines vivoit familièrement avec le comte de
Charollois. Un jour qu’ il étoit fatigué, en revenant
de la chaffe, il dit à fon jeune maître :
Charles , tires-moi mes bottes. C e prince les tira
en effet-,. mais ,<tou't en riant, il frappa la 'tête
de Commin.es avec une de fe s r bottes.
Çommmes,, accufé. d’avoir trahi le parti de
Charles VIII pour favorifer le duc d’Orléans,
depuis Louis X I I , fut enfermé 8 mois à Loches,
dans une cage de fe r , ce qui lui fit dire, qu'ayant
•voulu vôguer dans la grande Trier , il y avoit ejfuyè
une tempête.
COM M O D E ( Lucius Ælius Aurelius ) , fié
Tar i/di de Jéfus-€hrift, empoifôriné & étranglé
l’an 192.! §
Cet empereur romain étoit aufli extravagant que
barbare. Un jeune fénatèur le rencontrant dans
Un endroit obfcur -> lui préfonta un poignard , &
lui dit,: Voila ce yue le fénàt t'enVo 'te. C et infenfé
voulut fe faire adorèr comme étant .Hercule, fils
de Jupiter} & pour imiter les travaux de fon père
adoptify il affommoit aVeé unemaffwe des hommes
& des animaux, mais qu’il avoit foin de faire
enchaîner.
COMPAR AISON. On a dit que ies courti-
fms qui paffent leur vie auprès des grands , ref-
femblent aux veilles des grandes fêtes ^ qui les
touchent de près,’ tfiais qui ont beaucoup de jeunes
4c de mortifications. •
Le petit père Audré fit ainfi la comparaifon d'uîî
pauvre à une poule, & d’un riche à un chien de
Boulogne , en prêchant fur l’évangile du mauvais
riche. « Un riche, difoit-il , quand U vit, Dieu
»» le traite comme les femmes traitent leurs petits
» chiens} elles partagent av.c eux tous les bons
•» morceaux, né les nourriffent que de friandifes',
»> & les couvrent de rubans depuis la tête juf-
» qu’à la queue j mais quand le chien elt mort ,
» on le jette fur le fumier. La poule èft une mi-
» férâble, qu’on ne nourrit que des éhôfes les
» plus viles j mais après fa mort, elle eft fervife
« avec honneur fur la table dii maîiré. De même
» le riche pendant fa vie elt heureux , mais après
» fa mort il eft enfcveli dans l’ en fer j aùlteuque
le pauvre eft placé dans le fein d’Abraham
Quelle plus belle comparaifon que celle-ci, tirée
du difcours fur Venvie, où Voltaire compare lès
gens-de-lettres qui fe déchirent fi honteufement,
avec ceux qui, plus nobles , arment jufqu’ à leurs
rivaux, 8c les encouragent :
C’eft ainfi que la terre, avec plaifir, raffémble
Ces chênes , ces fapins qui s’élèvent enfemble;
Un fuc toujours égal eft préparé pour eux ,
Leur pied touche aux enfers, leur cime eft dans les cieux
Leur tronc inébranlable , & leur pompeufe tête
Réfifte, en fe touchant , aux coups de'la tempête ;
Ils Vivent l’un par l’autre, ils triomphent du temps,
Tandis que fous leur ombre on voit de vils ferpens
Se livrer, en fifflant, dés guerres inteftines ,
Et de leur fang impur arrofer leurs racines.
COM P L IM EN T . En s*abordant, nos ancêtres
s’embraffoient, & difoiënt: Dieu Vous garde. En
Efpagne, dans une affcmblée de cent perfonnes ,
chacun s’aborde en difant r Je me réjouis de voir
que vous vous portie£ bien ; 8c l’on répond : Vive%
beaucoup , vive%_ long-temps. Cela rappelle un trait
affez plaifant. Un Efpagnol héritait d’ un oncle
riche , dont on lui lifoit lé teftament ; 8e à chaque
article, l’héritier reconrioiffant s’écribit : Mon
cher oncle ,' vive£ long-temps. Le cher ohcle étoit
enterré de la Veille.
La belle duchefle de Forcalquier fe plaignoit à
un ambaffadeur tiirc, de ce que Mahomet per-
mettoit devoir plufieurs femmes ; le galant mu-
fulman lui répondit que' fit religion auto'rifoit la
pluralité des femmes, afin qu'on pût trouver dans
plufieurs- les rares,; qualités & les charmes qu’elle
réuniftoit dans elle feule.-. * ; '
L’illuftre Chevert, après une longue maladie
qui avoit retardé fon départ pour l’armée , vint
prendre congé de Louis X V ; lé roi lui dit:
JP M. de Chevert, je voudrois vous donner des
3» aîles. »
L e m a r é c h a l d e S a x e , a u R e t o u r d ’ u h e p a r t m
; de p la i f i r q u ’ i l avoit f a i t e d a n s l e s e n v i r o n s de
: P a r i s ,
Paris, fit arrêter le fiacre dans lequel il étoit à la
barrière Saint Denis ,, pour donner le tems aux
commis de faire leur vifite : il s'en préfente un
qui le reconnut fur le. champ 5 mais refermant
aufli-tôt la portière , il lui dit : « exeufez, mon-
*» feigne ur , les lauriers ne payent pas de droit. « !
La guerre étant déclarée, le maréchal Dupleflîs
qui n’étoit plus en état de fervir, dit à Louis X IV
qu'il portoit envie à fes enfans qui avoient l'honneur
de fervir fa majefté ;■ que pour lu i , il fouhai-
toit la mort, puifqu’il n’étoit plus bon à rien. Le
roi l’embraffa, & lui dit : « M. le maréchal, on
» ne travaille que pour approcher de la réputation
« que vous avez acquife ; i f eft agréable de fe re- •
y> pofer après tant de victoires. »
Eft-il rien de plus flatteur que ce que dit Henri
IV à d'Àumont, en le faifant placer à table à fes
côtés le foir de la bataille d’ïvry : « Il eft bien
33 jufre que vous foyez du feftin après m'avoir li
« bien fervi le jour de mes noces. =»
Le jour que Sully partit pour fon ambaflade auprès
de la reine Elifabeth : Henri IV lui dit, en lui
remettant un blanc feing : « Je me rappelle un pro-
« verbe latin, mais je ne fais lï j’en prononcerai .
bien les. mots : mitte fapientem & nihil dicas.
a» On ne pouvoit faire un compliment à la fois plus
» délicat & plus flatteur.
M. le daùphin devenu grand, fut mis à la tête
des années, & ce prince , digne de fon augulie
père, & de M. de Montaufier, fon fage gouverneur
, emporta la ville de Philisbourg, qui paffoit
pour imprenable. Pour l’en féliciter , M. de Mon-
taufîer lui écrivit en ces termes : « Je ne vous fais
w pas compliment, monfeigneur , fur la prife de
» Philisbourg} vous aviez une bonne armée , des
33 bombes , du canon & Vauban. Je ne vous en
» fais pas aufli fur ce que vous êtes brave, c’eft
*3 une vertu héréditaire dans votre maifon ; mais
33 je me réjouis avec vous de ce que vous avez été
»3 libéral, généreux, humain, & faifant valoir
33 les fervices de ceux qui font bien : voilà fur
33 quoi je vous fais mon compliment. 33
Dans une conférence que le célèbre Annibal eut
avec Scipion, général des Romains, on vint à
parler de grands capitaines ; & Scipion ayant demandé
celui qu’Annibal croyoitie premier de tous ?
Il répondit : ALexandre le Grand — & le fécond
? — Pyrrhus , roi d'Epire — & le troifîème,
reprit lé général romain, impatient peut-être de
ne s’entendre point nommer. « Moi-même, ré-
33 pondit Annibal. — Et fi vous m’aviez vaincu,
» lui dit Scipion ? I lf Je me ferois mis le pre-
33'huer, « répliqua-t-il. Cette manière délicate de
donner la préférence à Scipion fur tous les autres'
généraux, fait voir qu’ Annibal n’étoit pas moins
bel-efprit que grand capitaine.
-Raoul de Lannoi, tout jeune çncore, s’étoit
EncyclopédUna.
fort diftingué à un afiaut; Louis X I le fit venir
après Taéfcion , §è lui dit: « Pafque - Dieu, mon
33 ami, ( c’etoit fon ferment ordinaire ) ” vous
êtes trop furieux en un combat : « il faut vous
33 enchaîner ; car je ne vous veux point perdre,
33 defirant me fervir de vous plus d'une fois. « En
prononçant ces flàtteufes paroles, le monarque
paffoit au cou du guerrier une chaîne d’o r , qui
vàloit cinq cens écus : ce préfent fut fuivi de plu-
fîeurs autres qui fervir ont de récompenfe à une
bravoure füpérieure.
Il étoit un temps que tout le monde difoit gros
pour grand j une grolfe chofe, une groffe maifon,
une groffe réputation. Louis X I V étant un jour
chez madame de Montefpan , où fe trouvoit Def-
p r é a u x lui témoigna qu’il n’aimoit pas cette ex-
. preflion nouvelle. « 11 eft furprenant, lui dit le
>3 fatyrique , qu’on veuille par-tout mettre gros
” pour grand. Par exemple, ajouta-1 - il en fin
*> courtifan, il y a bien de la différence entre
»3 Louis-le-Grand 8c L'ouïs-le-Gros, 8c jamais la
» poftérité rie prendra l’un pour l’autre. >3
Louis X I V devoit fe rendre à l’églife de Notre-
Dame de Paris, pour afliiter à une bénédi&ion de
drapeaux, & avoit témoigné qu’il fouhaitoit qu’on
ne lui fît point de harangue. M. de Harlay de Chan-
vallon qui étoit pour lors archevêque de Paris , fe
contenta de lui dire, à la porte de l’églife , où il
lé reçut : ce Sire, vous me fermez la bouche,
» pendant que vous l ’ouvrez à la joie publique.
Après s’être fait un nom, & s’être acquis u»
rang dans la littérature, madame du. Bocage , à
l’exemple des anciens fages de la G rèce, alla étudier
les moeurs des nations étrangères. A fon arrivée
à Rome, elle fut conduite à la nombivufe
académie des arcades, dont elle étoit membre. La
dücheffe d'Eftrées, âgée de feize ans,, lui adreffa
un compliment fi ingénieux qu’il mérite d’être cité,
ce Madame du Bocage difoit au cardinal des U r-
»3 fins , père de la duchefle, que fa fille étoit la
33 déeffe de Rome. 33 Non Madame , répondit la
princeffe, les Romains prenoient leurs dieux che^
les étrangers.
Le prince Henri de Pruffe vilîtant à Genève
* des fabriques d’horlogerie , s’arrêta long - tems
dans l’àttelier d’un artifte en rouages. En fortant
il lut cette infeription fur la porte : ce Le loifir des
» gens oififs fait le tourment des gens occupés.
33 .Gela pourroit me regarder, dit le prince j oui,
33 monfeigneur, répondit l’artifte , c’eft à caufe
» de vous que cette infeription eft là depuis vingt-
33 cinq ans. Je recevois alors d'exaûtes nouvelles
33 d’Allemagne , tout le quartier âccouroit che*.
33 moi pour entendre le récit de vos victoires, 8c
33' je fus obligé d’employer cet avertiffement pour
sa écarter les importuns. »
! Le prince royal de Pruffe, après la retraite de
S f