
de petits paquet 3 & dit à l’affemblée Mef
M “ euJs a je les vends d'ordinaire cinq fchelings,
” , > .mais en faveur de cet endroit , pour
j lequel j ai une tendreffe filiale , j'en rabattrai
G Cin3 f5heIi!18s ® Chacun s’empreffe de profiter
de ion offre généreufe j fes paquets font enlèves
, les affiftans. ayant répondu les uns pour
les autres j qui! n y avoit point d'étrangers parmi
eux ^ & qu'ls étoient tous ou natifs , ou du
moins habitans d'Hammerfmith.
Si nous ajoutons foi aux relations des voya-
geurs , il n y a pas de joueur de gobelets ou de
laltinbanque en Europe , qui puifle fe mefurer
avec les charlatans indiens des côtes d'Afie. Nos
foires où fe trouveroient les plus habiles fai-
r x f i *?.urs 3 ne leur préfentqroient que le
ipectacle ridicule de quelques enfans qui s'amufent
a faire de petites efpiegleries. Qu’pn en juge par
ce feul trait rapporté dans l'Hiftoire générale
des voyages. Tavernier.,,en pafl'ant à Baroche,
avoit accepté un logement chez les négocians
anglois. Quelques charlatans indiens , ayant offert
d arnufer 1 alfemblée par des tours de leur pro-
fefiion , ce voyageur eut la curiofîté de les voir.
1 our premier fpeétacle , ils allumèrent un grand
•fUr ,.ans ecluel üs firent rougir des chaînes dont
ils fe lièrent le corps à nud, fans en reffentir aucun
maLEnfuite , prenant un petit morceau de
bois, qu'ils plantèrent en terre , ils demandèrent
quel fruit on fouhaiteroit en voir fortir. On leur
dit qu'on defiroit des mangues. Alors , un des
charlatans s'étant couvert d’ un linceul , s'accroupit
cinq ou fix fois contre terre. Ta vernier
qui vouloit le fuivre dans cette opération, prit
une place. , dou fes regards pouvoient pénétrer
par une ouverture du linceul ; & ce qu’il raconte,
ajoute l'hiftorien des voyages, femble demander
beaucoup de confiance au témoignage de fes
yeux. J apperçuSj dit Tavernier , que cet homme
fe coupant la chair fous les aiffelles, avec un
rafoir3 frottoit de fon fang le morceau de bois.
Chaque fois qu'il fe retiroit, le bois croiffoit à
vue d'oeil j 8c à la troifîème fois , il en iortit
des branches avec, des bourgeons; La quatrième
fois „ l'arbre fut couvert de feuilles. La cinquièm
e^ on y vit des fleurs. Un mifiiftre anglois,
qui etoit préfent., avoit 'protefté d’abord q u 'il1
ne pouvoit confentir que des chrétiens affiftaffent
a ce fpeétacle : mais lorfque d'un morceau de
bois fec , il eut vu que ces gens - là faifoient venir
3 en moins, d une demie heure , un arbre de
quatre ou cinq pieds de haut , avec des fleurs
comme au printems , il fe mit en devoir de l'aller
rompre , & dit feulement qu'il ne donneroit
jamais la communion à aucun de ceux, qui de-
qieureroient plus long-tems à voir de pareilles
chofes : ce qui obligea les anglois de congédier
ces charlatans 3 après leur avoir donné la valeur
de dix ou dou^e écus , dont ils parurent très-
fatisfaits.
Un charlatan difoir en plein . marché , qu’il
montreroit le diable. Tout le monde accourut
a ce fingulier fpe&acle. Lorfqu'il eut ramaffé le
plus d argent qu'il put y il ouvrit, devant l'affem-
blee qui le regardoit les bras immobiles 8c la
bouche béante , une grande bourfe v u id e ,&
leur cria : « Meilleurs , ouvrir fa bourfe , 8c
** ne rien Voir dedans 3 n 'eft-ce pas là le
« diable » :
Un prédicateur italien , qui voyoit de fa chai-1
r e , le peuple accourir , à un charlatan qui jouoit
une farce dans la place > devant l'églifè 3 le tuoit
de crier , pour les retenir : « Où allez-vous?
93 reliez, c ’eft moi qui fuis le vrai ».
En 1728, dit Voltaire, du terns de LalT, le
plus fameux des charlatans de la première efpèce ,
un autre , nommé Villars , confia à quelques
amis que fon oncle qui avoit vécu près de cent
ans , & qui n'étoit mort que par accident, lui
avoit lailfe le fecret d’une eau qui pouvoit aifé-
ment prolonger lavièjufqu’à cent cinquante an-
nees, pourvu qu'on mt fobre. Lorfqu’il voyoit
palfer un enterrement, il levoit les épaules de
Pitié j fi le défunt, s'écrioit - il , avoit bu de mon
eau, il ne feroit pas où il .eft. Ses amis auxquels
il en donna généreufement, 8c qui obfer-
verent un peu le régime preferit, s’ en trouvè-
rent bien 8c le prônèrent. Alors il vendit la bouffi*
6 fix francs : le débit en fut prodigieux.
C étoit de l'eau de la Seine avec un peu de
nitre. Ceux qui en prirent &rqui s'aftreignirent
a un peu de régime, fur-tout qui étoient nés
aved un bon tempéramment, recouvrèernt en
peu de jours une fanté parfaite. Il difoit aux autres,
c eft votre faute fi vous rf êtes pas entièrement
guéris j vous avez été intempérans $c in-
continens,: corrigez-vous de ces deux vices,
& vous vivrez cent cinquante ans pour le moins.
Quelques-uns fe corrigèrent. La fortune de ce
bon charlatan s'augmenta comme fa réputation.
L abbé de Pons , l'enthoufiafte , le mettoit fort
au-deffus du maréchal de Villars : i l . fait tuer des
hommes, lui d i t - i l , 8c vous les faites vivre.
On fut enfin que l ’eau de Villars n'étoit que
de l’eau de rivière. On n'en voulut plus, & on
alla à d'autres charlatans.
CHARLEMAGNE , (C harles furnooemé le
grand) empereur d'Occident & roi de France,
fils de Pépin,* né en 742 àSatsbourg, château
de la haute Bavière, mort le 8 Janvier 814, dans
la foixante 8c onzième année de fon âge, la qua-
rante-fixième de fon règne, 8c la quatorzième de
fon empire. Il eft enterré à Aix-la-Chapelle où il
mourut.
Charlemagne fongea à tenir le pouvoir de la no-
bleflfe dans fes limites, & à empêcher l^oppref-
fion du clergé & des hommes libres. Il mit un
tel tempéramment dans les ordres de 1 état, qu ils 1
furent contrebalancés 8c qu'il refta le maître, i out
fut uni par |a force de fon génie, il mena continuellement
la nobléffe d'expédition en expédition >
il ne lui laiffa pas le temps de former des deflèins,
8c l'occupa toute entière à fuivre les liens. L'Empire
fe maintint par la grandeur du chef : le prince
étoit grand, l'homme l'étoit davantage. Les rois fes
enfans furent fes premiers fujets, les inftrumens de
fon pouvoir, 8c les modèles de l’obéiffance. Il fit
d'admirables réglemens ; il fit plus, il les fit exécuter.
Son génie fe répandit fur toutes les parties
de l'empire. On voit, dans les loix de ce prince,
un efprit de prévoyance qui comprend tout, 8c une
certaine force qui entraîne tout. Les prétextes pour
éluder fes devoirs font ôtés 5 les négligences corrigées,
les abus réformés ou prévenus. IL (avoit
punir; il favqit encore mieux pardonner; Vafte dans
fes deffeins, fîmple dans l'exécution, perfonné n'eut
à un plus haut degré l'art de faire les plus grandes
chofes avec facilité, 8c les difficiles avec promptitude.
Il parcouroit fans celle fon vafte empire, portant
la main par-tout où il alloit tomber. Les affaires
renaiffoient de toutes parts 3 il les finiffoit de
toutes parts. Jamais prince ne fçut mieux braver
les dangers, jamais prince ne les fut mieux éviter.
Il fe joua de tous les périls , 8c particulièrement
de ceux qu'éprouvent prefque tous les grands con-
quérans , les confpirations. C e prince prodigieux
étoit extrêmement modéré, fon caractère étoit
doux, fes manières fimples 5 il aimoit à vivre avec
les gens de fa cour. Il fut peut-être trop fenfîble
aux plaifirs des femmes ; mais un prince qui gouverna
toujours par lui-même, & qui paffa fa vie
dans les travaux,peut mériter des exeufes. 11 mit une
règle admirable dans fadépenfe : il fit valoir fes domaines
avec fageffe,avec attention,avec économie ;
un père de famille pourroit apprendre, dans fes loix,
à gouverner fa maifon. On voit dans fes capitulaires
la fource pure & facrée d'où il tira fes ri-
cheffes ( efprit des loix ). Il avoit, fuivant les hifto-
riens de fon temps, la taille haute, le port majef
tueux, la démarche noble, libre, affurée, le vi-
fage agréable, le nez un peu aquilin, les yeux
grands , pleins de feu , la chevelure belle, l'air
riant & dans toute fa perfonne mille grâces naturelles.
» Il ne portoit en hyver, dit Eginhard,
as qu'un fimple pourpoint fait de peau de loutre,
fur ùne tunique de laine bordée de foie ; il met-
» toit fur fes épaules un fayon de couleur bleue ,
33 & pour chauffures il fe fervoit de bandes de
33 divCrfes couleurs, croifées les unes fur les au-
»3 très. 33
Charlemagne dansïm de fes capitulaires , ordonne
que ,l'on vende les oeufs des baffe-cours de fes
domaines, 8c les herbes inutiles de fes jardins. Cet
empereur fi économe, favoit néanmoins , quand il
le falloît v foutenir avec éclat la majefté françoife.
Nicéphore, empereur d’Orient, xecherchoit fon
amitié , 8c lui avoit envoyé en 80$ des ambaffa-
deurs pour affurer la paix entre les deux empires.
Ces ambaffadeurs trouvèrent Charlemagne en Alfa-
c e , dans fon palais de Seltz. Ce prince, pour
leur donner une idée de la magnificence de fon
empire, 8c pour rabattre l'arrogance des Grecs,
voulut qu'on les introduisît à fon audience d'une
manière qui leur causât autant de furprife que
d’embarras. On les fit paffer par quatre grandes
falle#;magnifiquement parées, où l’on avoit dif-
tribué les officiers de la maifon de l’empereur,
tous richement vêtus, tous dans une contenance
refpedueufe, 8c debout devant celui des feigneurs
qui les commandoit. Dès 1a première où étoit
le connétable affis fur une efpèce de trône, les
ambaffadeurs fe mirent en devoir de fe prefterner.
On les ém empêcha, leur repréfentant que ce
n'étoit qu'un officier de la couronne. Même erreur
dans la fécondé, où ils trouvèrent le comte du
palais avec une cour encore plus brillante. La
troifîème où étoit le maître de la table du roi,
8c la quatrième où préfidoit le grand chambellan ,
en redoublant leur incertitude, donnèrent lieu à
de nouvelles méprifes : le degré de magnificence
augmentant à proportion du nombre des falles.
Enfin, deux feigneurs vinrent les prendre, 8c les
introduifirent dans l'appartement de l'empereur.
Le monarque tout éclatant d’or 8c de pierreries,
étoit debout au milieu des rois fes enfans, des
princeffes fes filles , 8c d'un grand nombre de ducs
8c de prélats avec lefquels il s'entretenoit familièrement.
Il avoit la main appuyée fur l'épaule«de
l'évêque Hetton, pour lequel il affeéta d'autant
plus de confidération, qu'il avoit effuyé plus de
mépris dans fon ambaffade à la cour de Conf-
tantinople. Les ambaffadeurs faifis de crainte fe
rofternèrent à fes pieds. Il s'apperçut de leur em-
arras, les releva avec bonté, 8c les raffura en leur
difant qu'Hetton leur pardonnoit, 8c que lui-même,
à la prière du prélat, vouloit bien oublier ce qui
s'étoit paffé. La négociation ne fouffrit aucune
difficulté, le traité fut bientôt figné. Il portoit que
Charlemagne 8c Nicéphore auroient également le
nom d'Augufte ; & que le premier prendroit le
titre d'empereur d'Occident, 8c le fécond celui
d'empereur d'Orient. Hijloire de F rance par Velly,
& Sangal de rebus bellicis Caroli Magni.
Il y avoit trois ans que Charles avoit été couronné
à Rome empereur d'Occident par Léon III.
Le pape affuré des fuffrages du clergé, de la no-
bleffe 8c du peuple qui defiroit un protecteur, en
avoit fait une première propofition à Charlemagne ,
que ce héros refufa , foit par fa modération naturelle
, foit qu'étant engagé dans beaucoup de guerres,
il craignit de s'attirer de nouveaux embarras.
Il défendit même qu'on lui en parlât davantage.
On feignit de n'y plus fonger. l'es fêtes de Noël
approchoient, & l'on fit de grands préparatifs
pour les célébrer avec magnificence. Pépin ? ua