
Ste J A L
l|ù avoiei.t facilite les moyens de raflembler deux
s r^es P^us be.les femmes du monde. Dans
cewe fitmuon, il reçut l’ordre de reprendre le
r” -!'1 ^ une ïrm^'e contre le prince Sé-
VAg . Lorfqml fe vit obligé de partir, fa ialouJU
A.luma fi turieufemenr, qu’elle lunnfpira le plus
» tous lei defieins. Il s’enferma huit jours
an miheu de fes femmes ; & ce,temps fut uneïuite
ir uellede fetes & de plaifirs. Le dernier jour,
pour s épargner| dans l’abfence, toutes les inquié-
tudes de 1 amopr, ,lfic cgor£e r , à fis yeux , fes
«eux cents femmes.
r„ ;2 n apprcr>V vec plaifir, par la fuite de i’hif-
,J <AUC y iPaponr fut aufli-tôt délivré de ce
i a i « la ma,o de fon e: nemi. Sévagi, qui fe
î - î , °î}ncur de joindre l'humanité à fes quates
nermques, conçut tant d’horreur pour cet
am;mn;able_meurtrier, qu’ il craignir de fouiller fa
fj en s expo'à-1 au fort des armes avec lui :
H lui ht propofr une conférence, fous pre'texre
a accommodement. Abddkam accepta loffre. Us
dévoient fe trouver tous deux, fans fuite, entre
es deux armees. Lorfqu’ils furent approchés l’un
de 1 autre, Sévagi tira fon ptvgnard, & , profitant
de h furprife de fon ennemi, il le lui enfonça
dans le fein, en lui reprochant fon crime, & lui
dec.arant que celui qui avoir violé les loix de la
nature, de voit être exclu du droit îles gens.
Epris de l’amour le plus tendre peurune jolie
perlonne eju’il avoit epoufée, mais qui étoit d’une
coquetterie extrême , un clerc de notaire fe livra
à routes les fureurs de la jaloujîe. Sa jeune époufe'
fut obligée de le quitter & de fe retirer auprès
d un oncle dont elle étoit chérie. Au défdpoir
de cette réparation, ne pouvant vivre fans l’objet
de fa tendrefle, & ne pouvant- foutenir l’idée
qu un autre auroit peut-être le bonheur de plaire
à ce qu’il adoroit, il lui fit dire qu’il avoit quelque
chofe de la dernière importance à lui communiquer
au Luxembourg. La dame s’y rendit, accompagnée
de fon oncle. Aufli-tôt qu'il l’apperçut, il
s approcha d’elle d’un air égaré : — « Puifque tu
» m’es ravie, s'écria-t-il, & que je ne te poffé-
» derai plus , meurs de ma main ». — - A ces
mots , il lui tire un coup de piftôlet, & la dame,
quoique b’effée légèrement, tombe fans connoif
fance. Il croit l’avoir tuée ; alors fa tendrefle fe
îéveille s & ne voulant pas furvivre à l’époufe
adorée, dont un mouvement de fureur l’a rendu
l’aflaffin , il fe donneplufieurs coups de couteau,
& expire fur le champ:
Un homme extrêmement jaloux étoit devant
un miroir avec fa femme qu’ il careffoit & em-
braflpît tendrement ; il regarda dâiis le miroir;,
& fut fi fâché d’y voir un homme oui careffoifc
& embraflbit fa femme, qu'il le caffa en mille
morceaux, quoique cet homme ne fut que lui-
»eme.
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Tartini, célébré muficien, avoit une femme
extrêmement jaloufe & colère. Un anglois, qui
cmoit un jour ch;z lu i, lui confedla de lier cette
femme infupportable au contre-poids de fon tcur-
nebroche, & de monter le rouage fans s’embar-
rafler de fes cris, l’affurant de l'efficacité du re-
mede, que le paifibie Tartini n'ofa pourtant pas
| eflayer. c
J AMBE DE BOIS. Un recruteur de la marine
angloife j partant avec'fa fuite dans une petite
ville, entra dans un cabaret pour s’y rafraîchir,
il y apperçut, en buvant, un homme fort &
robutte, & qui fembloit fe cacher. Le recruteur
jugea que ce feroit un bon matelot ; il s’approcha
de lui, & lui fit diverfes queftions. L’inconnu
^pondit qu il avoit fetvi dix ans fur un vaifleau
dé guerre, & qu il avoir fon congé. L ’officier*
I ufitnt qu un brave tel que lui ne devoit pas re-
; noncer fitot à ce métier honorable, lui propofa
de Je fuivre : » Je le veux biçn, répartit l’inconnu ;
” :U.IS. ‘as’ de raon ©ifiveté ; & fi vous êtes
2 notre marché fera bientôt conclu.
f< ;j’ai dîné k i , payez mon repas, & faites-moî
donnera boire à diferétion ». L’officier, lui
prenant la main, fit appeler l’h ôte, demanda du
vm, & paya 1 écot du nouvel enrôlé : il ne mon-
toit qu à trois fehelings. Lorfque les bouteilles
furent vuidées, & qu’il fallut partir, l’inconnu
fe joignit a la recrue ; mais il n’eut pas fait quelques
pas dans la rue , qu’on s’apperçut qu’il n’a»
voit qu’une jambe. e« Comment, coquin, lui crià
» Ioflacier, tu m’as trompé? Point du tout*
» reprit 1 inconnu ; je vous .ai promis da vous
» fuivre, & vous verrez avec quelle adreffe je me
» fers de ma jambe de bois : je ne ferai jamais le
» dernier.— Eh ! que veux-tu que je farte de
» to i, reprit le recruteur avec impatience? Il va-
» loit bien la peine de me mettre en dépenfe pour
" ce drole-la. — Mettez mon écot fur Ijs compte
» du ro i, répliqua 1 autre : quand j’avois deux
»jambes il me nourriffoit; j'en ai perdu une à
» fon fervice, & il m’a renvoyé. Un miférable
» dîner ne m’indemmfe point de ma perte ; j ’ai
» mis plus gros au jeu que lu i, il eit en relie
» avec ,moi ».
L ’officier fe mit à tire, & le lairta aller ou il
voulut.
D ’Efclainvilliers , gentilhomme de Picardie ;
mort lieutenant-général des armées du roi,p or -
toit une jambe de bois : un boulet de canon la lu*
emporta, tandis qu’il alloit reconnoître un porte-
« Le canon , dit il de fang-froid, en veut tou»
» jours à mes jambes ; mais çette fois-ci, je l’ai
» pris pour dupe ; car j ’en ai deux autres xdans
« mon charrîot ».
| Un officier de diftînétion', de la fécondé force
a la paume, pelotoit dans fa jeuneffe dans le je»
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de paume de Rouen * 5c s’informoit dans la galerie
s ’il y avoit quelqu'àmateur affez fort avec lequel
il pût faire partie. — Un quidam, d'un certain
âge, qui avoit une jambe pliee fur un fupport
de bois, paroïflant fe foutenir encore avec peine
fur une canne , répond a 1 officier, que, malgré
fa fituation , s’il vouloit le jouer d’un c ô té , il
feroit fa partie. — L’officier, par fingularité,
accepta la propofition j l'homme à la jambe de bois.
perdit à la première partie cinq louis d’ofj — gagna
fa revanche avec paroli, & en gagna deux autres
de fuite , avec tout l'embarras fimulé d’une per-
fonne qui ne peut s’appuyer que fur une jambe.
— L’officier piqué, voulut quitter le jeu; alors
l’homme à la jambe de bois, lui dit : que pour le
raquitter de la moitié de fa perte, il fe conten-
teroit dé l’avantage de quinze moins bifque partout
le jeu. L ’officier accepta volontiers cette
offre, en penfant que cet ettropié, qu’il jouoit
auparavant d’un côté, feroit bien plus embarrâfle
à courir avec une feule jambe par-tout le jeu , &
il parut d’abord fondé dans fon fentimentj puifque
le prétendu impotent commença à perdre cette
partie; & en demandant bifque de plus, il pria
l’ officier de lui donner un moment de relâche
pour détacher fon fupport de bois qui le fatiguoit,
difoit-il, en courant; — que d’ailleurs il-Te fentoit
affez de courage pour s’appuyer un peu fur la
pointe du pied de fa jambe malade. Après donc
qu’il fe fut délivré de cet appui pofiiche, les deux
joueurs recommencèrent une autre partie avec des
penfées bien différentes. L’officier efpéroit fe ja-
quitter entièrement, & que fon adverfaire invalide
fuccomberoit à la peine, en perdant les autres
parties comme la précédente.; mais le rufé boiteux h
fentit aufli, que c ’étoit le moment de finir la comédie,
& de déployer toute fon adreffe pour ne
pas iaiffer échapper fa proie : il gagna donc encore
une fécondé partie, avec mille difficultés apparentes;
tantôt il laiffoit gagner les chartes, prétendant
ne pouvoir atteindre à la balle ; tantôt il
fe laiffoit tomber , en fe dépitant contre fon im-
puiffance : il fembloit, en repartant d’un côté
du jeu à l’autre , qu’il ne pouvoir fe foutenir, &
quoiqu’ il fe portât à la balle, en traînant la jambe'
( comme un chien auquel on l’auroit cafiée ) il
relevoit des coups avec autant de promptitude
& d’adreffe qu’un paumier ; il articuloit après
des cris plaintifs, comme s’il eût reffenti de grandes'
douleurs par fes efforts. Enfin, il gagna le
tout ; fit fi bien valoir dans la fuite fon induftrie ;
fut fi bien montrer à propos de la foibleffe, une
•égalité de force, & une condefcendance pour
diminuer les avantages qu’ il recevoit s que l ’officier
crut lui-même , dans le moment, ne pouvoir
attribuer fa mauvaife fortune qu’à fes propres
fautes , fongeant toujours qu’ il lui devoit être aifé
de gagner à but, par-tout le jeu, un homme impotent
qu’il jouoit auparavant, feulement d’un côté ;
cette préfomption> augmentée par foo amour-
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propre, lui fil perdre dans cette féance plus de
4009 liv. & il ne revint de fon étonnement, que
quelques jours après, qu’on lui fit foupçonner
qu’il avoit été dupe d'un des plus fins efcrocs ,
qui, par fon infirmité affeôtée, en avoit furemeut
attrapé bien d’autres. Cet officier, en pîaifanr»
tant depuis fur fon aventure, dit qu'il fe refîbu-
venoit que foo fripon de joueur ne gardoit plus
dans les dernières parties autant de réferve, &
qu’il fe portoit à la balle avec la vélocité d’un
lièvre, quoiqu’il femblâtne s’appuyer que fur une
ftule jambe.
JARDIN A L’ANGLOISE. Une jolie femme
parcourant un de ces jardins de fantaifie, qu’on
appelle à Yangloife, dit : « On a mis ici la nature
» en mafearade ».
IBRAHIM, empereur turc, fut tiré de. fa prifon
pour régner après la mort d’Amurat, fon frère.
L'îie de Candie fut conquife fous fôn règne; il
fut étrangléen 1649. C ’ettde lui dont parle Racine
dans ces vers :
L’imîiécille Ibrahim, fans craindre fa naïflance,
Traîne, exempt de p é r il, une éternelle enfance.
JEAN, roi de France , mort à Londres en
1364, âge' de 44 ans.
Ce prince, qu’on a furnommé le Bon, commença
fon règne par faire couper la tê te , fans
obfcrver les formes de la procédure, au connétable
Raoul, accufé d’intelligence avec l’Angleterre.
C e prince inconfidéré aliéna également les
efprits en négligeant de faire autorifer par les loix
fon jufte reffentiment contre quatre feigneurs,
amis de Charles le Mauvais , roi de Navarre. Le
dauphin, duc de Normandie t avoit invité dans
fon château à Rouen , Charles & les feigneurs
de fa fuite à un feftin- Jean,3 oubliant qu’il étoit
roi, accourt faire le métier de fatellite ; il fe
préfente dans la falle du feflin fans qu’on ait pu
pre'voir fon arrivée. Tout le monde fe leva auffi-tôt
qu’il parut. On lui préfenta un gobelet; mais le
monarque, lançant un regard terrible fur les affiflans:
Que perfonne ne fe remue , fous peine de mort
s’écria-t-il d’un ton à glacer d'effroi les plus hardis.
Il s’approche aufli-tôt du roi de Navarre,
qu’il faîfit lui-même. Le comte d’Harcourt veut
en vain fe fauver ; il eft arrêté dans le même
inftant. Tous les feigneurs & chevaliers de la fuite
du roi de Navarre fe précipitent les uns fur les
autres pour fe dérober à la fureur du monarque:
quelques-uns eurent le bonheur d’échapper en
partant par-deffus les murailles. Tous les autres
furent chargés de chaînes, & conduits dans differentes
chambres du château. Le roi, après cette
expédition , fe mit à table : aufli-tôt qu’ il eut
dîné, il fit placer fur deux charrettes le comte