
ell le premier qui Tait porté & mis en pratique
en Italie. • ^
Un chimifte romain , pommé Poli, avoit dé-
j°AVeri - Un£ comPofition terrible, dix fois plus
derrructivé que la poudre à canon. 11 vint en
fiance en W j l offrit fon fecret à Louis XIV.
Ue prince,- qui aimoit les découvertes chymiques,
eut la curiofité de voir la compofîtion & l'effet
de celle-ci. Il en fit faire l’expérience fous fes
yeux. P0.1 ne manqua pas de lui Lire remarquer les
avantages qu'on en pouvoir tirer pendant une
guerre : « Votre procédé eft ingénieux, lui dit le
* roi.; l'expérience en eft terrible & furprenante;
33 în2iS les moyens de deftruéfon employés à la
33 puevre font fufiîfans ; je vous défends de pu-
99 Pl:er ce’ui 5 contribuer plutôt à en faire
33 perdre la mémoire-: c'efr un fervice à rendre à
33 I humanité ». Ce fut fous cette condition que
ce .grand monarque accorda une 4-écompenfe digr.e
de lui au çhymifte.
JODELLH , ( Etienne ) poëte françois, né l ’an
1531 j mort eh 1573.
« Jodelle n'avoit pas mis l’oeil aux bons livres ;
» mais, en Lui y avoit un naturel efmervéiilable.
" Etceux qui de ce temps-la jugeoient des coups,
” difoient que ORonfarJ étoit le premier des
.» poïces, mais que Jodelle en étoit le démon-»:
( Pafquier ).
Ce poète eut le courage de s'élever contre le
fpe&acle trop accrédité des rr y Itères de la paf-
fîoiij & de hafarder fa Cléopâtre captive-. C'eft
la première de toutes, les tragédies" frauçoifes.
« Elle eft, dit M. de Fonténelïe, d'une iimpli-
» cité fort convenable à fon ancienneté. Point
» d'adtion , point de j<u, graid & mauvais
» difeours par tour. Il y a toujours fur le théâtre
» un choeur à . l ’antique,, qui finit tous les a&es
» & s acquitte bien du devoir d'être moral &
» embrouillé ».
Cette prétendue tragédie fut jouée à Paris.,
devant Henri II à l'hôtel de Rheims, & enfuite
au collège de Boncourt. « Toutes les fenêtres,
» au rapport de Pafquier , étoient tapiifées d'une
» infinité de perfonnages d’honneur. Les entre-
» parleurs fur la fcène étoient tous hommes de
*> nom. R cm- Bel'eau ■ 'k Jean de la Pérufe joué-
rent les principaux rôlets, tant étoit alors en
» réputation Jodelle envers eux ». M. de Fontanelle
, qui rappoi te ce fait dans fon hiftoire du
th âtre françois, prie à cette oçcafion fon ledteur
de me point longer aux poètes d'aujourd’hui.
‘ * Car , ajo .te-t-il, fl l'on va penfer à eux ,
» j'avoue que l'on ne croira jamais que d'aftez
bons .auteurs , tels que Bel!eau & la Pérufe, aient
» bien voulu (ervir à repréfénter l'ouvrage d'un
» saune , & lexfjire valoir aux yeux du roi - & de
» tout Paris. Quelle fable par rapport à nos moeurs 1
* §§ ^a.tra®cdie étoit alors bien fimple, les poètes
» 1 etoienj bien auffi».
J-cs aPP,audifl!5mens réitérés donnés à Jodelle,
échauffèrent la tête de quelques-uns de fes amis,
& leur firent imaginer le bifarre defiëin de re-
nouveller en fa faveur une des fer es de l’ancienne
Grece. Jodelle, étoit allé à Arcueil, près Paris,
palier le carnaval avec Ronfard & les autres poètes
qui composent la Pleïade françoife , fi célèbre
aïojs. Au milieu de la joie qu'infpiroient la bonne
compagnie & le vin , on s'amufa à oitaer un bouc
de guiriandes de fleurs & de lierre, & à l'offrir à
Jodelle, couronné aulfi de lierre, comme à un
autre Bacchus , le dieu du théâtre chez les grecs.
La pompe du bouc étoit égayée par,des couplets
de vers dithyrambiques 5 & cette efpèce de hacha-
nale le paffa avec une gaieté folle, mais qui n’avoit
Criminel. Cependant les ennemis de Ron-
fard & de Jodelle crurent en pouvoir tirer avan-
^renc courir le bruit qu’on avoit fger fié
un bouc a Bacchus, & que c’étoit Ronfard qui en
3krK î ^ ^acr^ cateur* -tte accufation étoit
abfurde , & ce fut une raifon de plus pour bien
des gens de la croire. On traita d'impies tous "ceux
qui avoient affifié à cette partie de plaifir. Mais
les honnêtes gens Te turent , & ne reprochèrent
aux poètes que d'avoir extravagué dans leurs
couplets de chanfons. On peut voir dans le recueil
des pièces de Baïf]es dithyrambes qu’il com-
pofa a cette occafion. Ils font remplis de mots
forges & d'un jargon feuvent inintelligible.
Nous avons de Jodelle une antre tragédie intitulée
Didon , & deux comédies, Eugène & la.
Rencontre. Ses autres pc.ëfies confîfiênt en fon ne ts ,
chanfons, élégies. Le cardinal du Perron difoit
de ce poète qu i! ne fâifoit que des vers de/joâs-
P:-es3 expreflion a la mode autrefois, & dont on
fe fer voit pour marquer le mépris que l'on faifoit
quelque chofe.
Nicolas Bourbon, ayant fouhaité de lire les
oevres de Jodelle, les emprunta à Colleter ; mais
il tes lui renvoya peu d'heures après, avec ces
paroles : Minuit pmfentîa famam.
JO U V EN E T , (J e an ) peintre, né en 1.544.
mort en 1717.
Jouvenet^ comparoir la peinture à la -mufique ; il
vouloit qu un tableau, par fon .ordonnance & fa
couleur,, produisit aux yeux un accord à-peu-près,
fensb ab e à celui qu’ un concert bien exéctft-é
produit aux oreilles.
L accueil flatteur que les plus fameux peintres
faifoier.t à Jouvenet, lorfcu il de butoir à Paris
excita la jaloufie de fes camarades ; un dVntr'èux
eut la méchanceté d'écrire au père de Jouvenet-,
que fon fils employoit prefque tout fon temps à
la débauche, & qu'il étoit impoffiblequ’il fît de
grands progrès dans la peinture. C e père * au
dcfefpoir, ajoutant foi à. l'avis qu’on lui donnoit,
1 manda à foh fils, par une lettre pleine de reproches,
de quitter au plutôt Paris- Jouvenet, voyant
, que fon père étoit mal informé de fa conduite,
fe contenta de lui envoyer, pour fa juftification,
le dernier tableau qu'il venoit de faire.
■- Jouvenet, âgé de plus de 60 ans, fut attaqué d'une
paralyfie fur le côté droit, qui l’empêchoit abfo-
Iument de travailler à fon art. Dans ce trifteétat,
il s'amufo't à voir peindre fon neveu, ( Reftou).
Voulant un jour corriger le jeune homme ,
& ne pouvant exprimer fa penfée, il prit un
pinceau avec fa main paralytique, & gâta une
tête qu'il voulcit retoucher : défefpéré de ce trifie
effet de fa maladie, & emporté par fa vivacité
naturelle, il eflaÿa d'y remédier avec la main
gauche, Ôc s’apperçut qu’il peignoit prefqu’aufli-
bien qu’à fon ordinaire. Depuis cette heureufe
tentative, il a produit de la forte plufieuts excel-
lens ouvrages-
Jouvenet deflrna un’ jour fur le parquet, avec
de la craie Ivanche, un de fes amis abfent depuis
quelque temps, & rendit la reflemblance d’une
manière fi frappante, qu’on fit enlever la feuille
du parquet, qui devint un tableau d'autant p!us
précieux', que l’amitié l’avoit tiàcé.
Jouvenet avoit l'efprît v if & très-enjoué. Sur
ce qu’on lui difoit qu'un de fes confrères, qui
yenoit de placer un tableau médiocre auprès d'un
des liens, ailéguoit, pour en exeufer la foiblefi’e ,
que Jouvenet avoit îetouché fon ouvrage depuis
qu'il avoit vu la nouvelle production , il s’écria :
*— « C'èrt bien plutôt lui qui a retouché mon
« tableau , en plaçant le lien à côté ».
Cet artifte eut. à Paris un procès confidérable
avec les religieux de l'abbaye Saint-Martin, parce
que ces pères ne voulaient' pas recevoir les tableaux
qu’ils lui avoient commandés, fous-.prétexte
que le peintre n'y tra'toit point a fiez la vie
de laint Benoîc, leur fondateur. Jouvenet répondit
a ce reproche , en préfence des juges d.vant
qui l’affaire fe plaido’t : — « Que vouliez-vous ,
« dit-il, aux religieux bénédictins , fis parties
» adverfes, que voidiez-vous qtie je filïl d..ns une
» grand- compofition de treirte fa.es de charboiv,
» tels' que ceux que vous portez » Y — Les juges
ne purent s’empêcher de fourire, & il gagna
fa caufc. '
IRONIE. Un médecin violent & fartafque,
prit ruer elle en jurant contre que’qu’ün, A: .menaça
de le tuer. Ce' n’tft: pas ce que je crains,
rép .nd ré'ui-ci ; car je ne t'ehv-err..i jamais demander
quand, je ferai malade.
Les françois ont une intempérance de langue
qui les fait quelquefois parler fort indifçrettement.
Ils aiment à rire jufqu'à leurs propres dépens.
En voici une preuve. On avoir préparé un beau
feu d’artifice fur l'eau devant le collège Mazarin ,
pour célébrer la naiflance d'un de nos princes ;
mais la nouvelle de la bataille d’Hochftet, fit
remettre les réjoui (Tances à un aune temps. Ce
oui fut caufe que l'on couvrit de toile cirée ce
feu pour en conferver l’artifice. Il paffa par-là
deux bourgeois, qui s'arrêtèrent pour le regarder
avec attention : pourquoi, dit l'un d'eux , a-t-on
embaié ainfi ce feu ? ;JSfe vois-tu pas , répondit
l'autre, que ceflpour 1‘envoyer a Vienne.
Tout le monde fait le mot de Philoxène à
Denis le tyran : Qu on me mène aux Carrières.
Ün iliuftre magiftrat fit piefque la même réponfe
que cet ancien poëte ymais dans une occafion tk
pour un fujet bien différens.
Louis X IV vouloit faire re.eevoit au parlement
de Bourgogne un édit, auquel le premier préli-
dent Bruflard s’oppofa . vivement, comme étant
préjudiciable aux intérêts de -la province. Louis
X IV , irrité de fa-réfiftance, le fit en.fermer dans
la tour de Perpignan. Quelque temps après-, le.
roi le fit venir, comptant fur fa- foumiflion à fes
.ordres; mais l’intrépide magiftrat ne dit que. ces
pa-o’es : Sire, je vois encore d'ici la tout de
Perpignan. f
Dans une petite ville de Normandie, il y avoit
un juge en très-mauvaife odeur, & qui pafloit
tout uniment pour le plus grand voleur de fon pays.
Un jour qu’il donnoit à manger, il fit venir un
traiteur, lut demanda entr'autres mets des
canards de rivière. Le traiteur s'exeufa fur ce
que la faifrn n'éroit pas encore afifez avancée.
« Quoi ! lui .dit le juge, il y a deux jours que
» j'en vis une compagnie de deux douzaines qui
» voloient.— Cela fe peut, monsieur , répondit
» le. traiteur 5 ma-s tous ceux qui volent ne font
» pas pris ». : . ;
ISABEAU DE BAVIERE. L'entrée de la
reintifabeau de Bavière, époufe de Charles V I ,
fut folernnîfée avec la plus grande magnificence
en octobre 1 3 8 y..
Parmi ||s fêtes quVlle'vit à Paris, il y avoit
entr’ autres , devant la Trinité , un combat préparé
des françois & des angla is , contre les far-
r-azins , qui s’exécura en pré fera ce de la reine.
Toutes les rues étoient tendues de tapilferies.
Oiv trouvoit en divers lieux des fontaines d'où
couK fênt le vm & djautres liqueurs délieieufes;
& ,fur diiférens théâtres , on avoit placé des
choeurs de mufirue, des orgues, & de jeunes
gens y repréflntO’Ént diverfes hiftoires de Kan-r
cicn t- ftam.-n.ti R y avoit des machines par le
moyen driquelles des en-fans, habillés comme on
reuréfente les anges, dei’çendoient, & p foient
des couronnes fur la tête de la reine. Mais le