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?» éclatante, les premières dignités de l'état ,
» l& S efperer que le roi voudra bien m'en era-
« tifier fans que je les lui demande»».
C e maréchal fut envoyé ambafladeùr en SuilTe ;
, on aurait pu lui demander combien de fois il
S, y etoit enivré pour lç fervice du rçj. On a rapporte
qu apres un feftin magnifique Une f l firent
•es députés desi Treize-Cantons ^le^our qu'il eut
on audience de conge y ils l ’accompagnèrent &
le virent monter à cheval. Le maréchal leur pro-1
pofa de boire le vin de l'étrier. Us envoyèrent
quérir leur grand verre : Non, dit le maréchal ■■
- létncr doit fe,boire dans, la frotte. « Il
?» le ht Oter une des fiennes, qu'on remplit de
“ Vln > V y but la valeur d'une -glande rafade ;
» apres lui tous les députés des Treize-Cantons
" y Durent , & la botte fut entièrement vuidée»h
Lotfque le cardinal de Richelieu voulut fhirê
aflieger la Rochelle, la principale place des Huguenots
, les courtifans qui prévoyoient que le
lucces de cette expédition rendroit le premier
îmmltre abfolu , en dégoûtoient Louis XIII
Vous verrez dlfoit Baffompierre , que nous ferons
M‘ lfous pour prendre la Rochelle. - > 4
M. de Baffompierre fut mis à la Baftille pour fon
grand attachement à des perfonnes qui avoient
déplu au roi & a fon premier miniftre le cardinal
de Richelieu II paffoit fon temps à lir e& à écrire
nu'm. -a qJul1 «umpoû des Mémoires contenant
1 niltoire de fa v ie , & de ce qui s'eft pafle de
plus remarquable à la cour de France , depuis
rroS jufqu'a fon entrée à la Baftille, en i<5,r,
MaUevilIe , fon fecretaire, le trouvant qui feuilleton
1 écriture fainte, lui dit : Que chercher-vous
donc, monfeigneur ? Je cherche , répondit-il un
paffage que je ne /aurais trouver. U vouloir lui
faire entendre qu il fouhaitoit bien fortir d'où il
étoit.
Il n'eut fa liberté qu'au bout de dix ans, après
la mort du cardinal, qui ne pardonnoit jamais à
ceux qui I avoient offenfé. Lorfqu'il reparut à la
c ?ur », Vol!ls XIII lui demanda fon âge ; Baffompierre
lui répondit qu’il n'avoit que cinquante ans ;
mais le roi ayant appris qu'il en avoit foixante
lui reprocha qu’il n'avoit pas accufé vrai. <• Siré*
,»= lui répondit M. de Bafompierre, je ne comptois
?» pas dix années que j’ ai paffées à la Baftille
" parce qu elles n ont point été employées à votre
» îervice ».
Le maréchal de Baffompierre examinoit tous les
loirs tout cequ il avoit dépenfé le jour, & comme
il avoit donne cent écus au maître d'hôtel, pour
hure la plus grande chere qu'il pourrait à fept ou
huit perfonnes de qualité; ce maître d'hôtel lui
porta fes comptes lorfqu’il étoit prêt de fe cou-
cher. Dans fon mémoire il ne trouva que quatre-
vingt-dix écus pour la dépenfe du repas & M.
Je maréchal après l'avoir lu , lui dit : faites que
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le compte foitjufte fi vous voulez que je l’arrête.
tre d hotel R e n d i t fur le champ &r rapporta
le compte, après avoir ajouté au bas : item,
dix ecus pour faire les cent écus.
Le maréchal de Baffompierre jouant avec Louis
, ce prince J ailla tomber quelques pièces
& » fe penchant pour les ramaffer, te-
, de peur de furprife, fon chapeau fur un
monceau de piftoles qui étoient devant lui : ce
qu appercevant Baffompierre, il fe mit à jetter à
droite & a gauche des piftoles aux valets qui fe
a raient pour les prendre. La reine , qui étoit
prelente, dit : “ lire , vous avez fait le Baffom-
» pierre, oc Baffompierre a fait le roi »»,
BASTERNE. Les bafiemes étoient des efpèces
de litières, ou de voitures traînées par des boeufs,
en mage fous les rois qui précédèrent Charlemagne.
La rein'ë Denterie, femme de Théodebèrr,
craignant que ce prince ne lui préférât une fille
quelle avoit eue du premier li t , la fit mettre
dans une bafleme attelée de jeunes boeufs qui n’a-
voient point encore été mis au joug, & qui la
précipitèrent dans la Meufe. .
AILLE. La bataille eft une aéiion générale
entre deux armées rangées en batiille dans une
campagne affezvafte pour que la plus grande partie
des troupes puififé en venir aux mains.
Une bataille perdue eft celle dans laquelle on
abandonne a 1 ennemi, le champ de bataille avec
les morts & les bleffés.A
C e n’eft pas affez de vaincre l'ennemfen bataille
rangée il-faut profiter de la viâoirei On fait
qu Annibal eut -peut-être arraché à Rome le feep-
tre de 1 univers, fi profitant de fa viélôire il- eut
pourfuivi.les romains & ne fe fût point arrêté à
Capoue tout un hiver.
. Cefar, au.contraire , après avoir vaincu Pompée
a la bataille de Pharfale forme l’attaque de fon
camp le^ fuit fans relâche a marche forcée , le
force a s embarquer , & s’embarque auffi-tôt que
ion ennemi,, de peur qu'il ne lui échappe.
Dans là Grèce, c'étoit une coutume , après
une bataille , d afiembler l ’armée pour adjuger à
voix haute & en préfence de toutes les troupes ,
le prix de la valeur à celui qu'on jugeoit l ’avoir
mente
Bataille de Marignan.
| ^es François & les efpagnols s'attaquent à Marignan
,, avec une impétuofité qui tient de la rage.
Le combat avoit d.éja duré cinq heures, & les
troupes de chaque côté étoient très - engagées,
quand la nuit devient fi noire 3 que les deux partis
, ne pouvant plus fe reconnoître 3 difeonti-
fluent de fe charger. Tout-à-coup ü fe fait une
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ceffation d'armes , fans que perfonne fait demandée.
Les fuifles & les françois attendent le jour
fur le terrein qu'ils fe trouvent occuper 3 mejes
les uns avec les autres 3 & fans qu aucun des
partis fonge à fe retirer. Ils ne demandent que la
lumière pour recommencer à combattre.
A la pointe du jour, les fuifles reviennent à la
charge. Ils trouvent dans leurs ennemis plus d’ordre
& autant de courage que la veille. La vicr-
toire, après avoir long-temps balancé, fe déclare
enfin pour les françois. Comme, de part & d'autre
, on n'a ni demandé, ni donné quartier, le
carnage fe trouve très-grand. Les vainqueurs v
perdent cinq à fix mille de leurs plus braves fol-
dats j mais le champ de bataille demeure jonche
de quinze mille fuifles.
Le maréchal de Trîvulce ^ qui s'étoit trouvé à dix.
huit batailles rangées dit « que les autres avoient
■ » été des jeux d’enfant, & que celle de Marignan ■
eft un combat de géans ». Paul Jove.
.François I hafarda cette aétion contre l'avis de
fes.généraux. Il trancha toute? les difficultés par
ce mot, qui eft devenu proverbe : Qui m’aime
vie fuive.
Bataille de Côutras.
A la bataille de Coutras , avant le commen-
ment de l'aélion, le roi de Navarre fe tourne vers
les princes de Condé & de Soiflons , & leur dit,
avec cette confiance qui précède la viélôire :
Souvenez-vous que vous êtes du fang de Bourbon :
& vive Dieu J je vous ferai voir que je fuis votre
.aîné. Et nous , lui répondent-ils , nous vous montrerons
que vous avez de bons cadets.
Henri s'appercevant, dans la chaleur de l’action
, que quelques-uns des fiens fe mettent devant
-lui, à deflein de défendre &: de couvrir fa perfonne
, leur crie : A quartier, je vous prie ,*
ne moffufque£ pas 3 je veux paroître. En effet, il
enfonce les premiers rangs des Catholiques, fait
des prifonniers de fa main i & en vient jüfqu'à
colleter le brave Cafteau-Regnard, cornette de
gendarmes, lui difant, d'un ton qui n'eft qu'à
lui : Rends-toi , Fhiliftin.
Bataille de Fleurus.
A la journée- de Fleurus la bataille eft fort dif-
putée j & la viélôire ne fe décide pleinement que
fur les fix heures dü foir, quoiqu'on fe foit chargé
dès les fix heures du matin. Luxembourg, tout
accoutumé qu'il eft aux grand? évènemens & aux
avions de vigueur, ne peut s’empêcher de témoigner
fon admiration pour ce qu'il a vu faire
d'extraordinaire dans les deux partis. Je me fou-
vien drai, dit-il, de l ’infanterie Hçllandoife y mais
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monfieur le prince de Waideck ne doit point oublier
la cavalerie françoife. ]
Après l’aétion, un officier, homme d'efprit &
philofophe , confidèrc avec une attention très-
férieufe , fur le champ de bataille, les yiétimes de
cette fanglante journée. Je ne vois 3 dit-ii, fur le
vifage des hollandois & des allemands que l’image -
de la mort toute platte ; mais la rage & la fureur
font peintes fur le vifage des françois : ils femblent
menacer encore-l’ennemi & le vouloir égorger,
Bataille de Nerwinde.
Le màréchal de Luxembourg attaqua le roi
Guillaume à Nerwinde, les françois font fi maltraités
au commencement de l'aétion que M. le
prince de Conti eft d'avis de fe retirer. M. te duc
infifte pour un nouvel effort, & demande d'être
chargé de 1e faire. Cette propofition, véritablement
digne du petit - fils du grand Condé , y eft
acceptée ; & l’execution en eft fi heureufe, qu’elle
décide du gain de la bataille.
Berwick avoit prévu cet évènement, dans 1e
temps où tes affaires paroifloient les plus défef--
pérees. Fait prifonnier , au milieu des efforts inutiles
& meurtriers qu'on avoit fait pour s'emparer
du village de Nerwinde, il avoit été conduit à
Guillaume. Je crois 3 lui dit ce prince avec l’ air
de fatisfaélion que donne la certitude de vaincre ,
je crois que M. de Luxembourg n eft pas à fe repentir
de m’être venu attaquer. Encore quelques heures, .
monfieur 3 repartit Berwick , & vous vous repentirez
de l’avoir-cùttendu*
Luxembourg veut écarter 1e duc de Chartres^
depuis duc d'Orléans & r.égent de France, des
lieux trop périlleux. Le marquis d'Arcy , fon
gouverneur, s'obftine à l’y retenir. Les princes 3
. dit ce brave homme au général, ne font à l’armée
que pour montrer aux troupes, par leur exemple 3
a combattre avec vigueur. Tout le temps que j ’aurai
l ’honneur d’être auprès de mon élève , je le mènerai
par-tout. Si le péril auquel il s’expofe me fait faire
quelque réflexion , ce n’eft que celle de ne lui pas
furvivre 3 s’il lui arrivoit quelque malheur.
Dans la chaleur de l’aélion , Luxembourg ,
voyant revenir du combat un foldat-aux-gardes ,
qui a quitté fon corps, lui demande où il va. Je _
vais , monfeigneur 3 répond-il en ouvrant fon habit
pour faire voir fa bleflure , mourir a quatre pas
d’ici y ravi d’avoir expofé & perdu la vie pour mon
prince , & d’avoir *combattu fous un auffi digne
général que vous. Je puis vous affurer, a l'article
de la mort ou je fuis , qu’il n’y a aucun de mes
camarades qui ne foit pénétré du même fentiment.
Luxembourg écrivit à Louis X IV ce t év èn e m
e n t , tEès-confidérable & tr è s-g lo r ieu x , fur un
"chiffon de papier. Artaignan , lui d it - il, qui a bien
• yu l aéiion t en rendra bon compte d votre majefté.