
»» autres per formes que de cinq,fols au parterre, .
=> 86 de dix fols aux loges & galeries > 6c en cas J
» qu’ils ayent quelques aétes à repréfenter où il
»> coviendra plus de frais , il y fera par nous
» pouivu fur leur requête *>.
Lorfque les C omédiens François vinrent
s’ établir fur leur théâtre, dans la rue des- Foffés
Saint-Germain en 1689, i's réglèrent que chaque
mois on préléveroit fur la recette une certaine
fomme qui feroit diftribuée aux couverts ou communautés
religieufes les p'us*pauvres de la vi le
de Paris. Les Capucins reffentirent les premiers
effets de cette Sumône. Les Cordeliers demandèrent
la même charité par le placet fuivant qui fe
trouve dans l’hiftoire du théâtre françois.
M E S S I E U R S ,
« Les pères. Cordeliers vous fupplient très-
» humblement d’avoir la bonté de les mettre au
» nombre ds s pauvres religieux à qui vous faites
»» la charité. Il n’y à point de communauté à Paris
>• qui en ait plus de befoin, eu égard à leur grand
s» nombre & à l'extrême pauvreté de leur maifon,
»9 qui le plus fouvent: manque de pain. L’honneur
99 qu’ ils ont d’être vos voilîns leur fait efpérer que
« vous leur accorderez l’ effet de leurs pïjèftes
>9 qu’ils redoubleront envers le Seigneur, pour la
99 profpérité de -votre chère compagnie », Les
Comédiens leur accordèrent 3 livres par mois.
Les Auguftins réformés du fauxbourg Saint-
Germain demandèrent la même grâce qui leur fut
accordédJkLeur placet fe trouve pareillement dans
YHiJloire du Théâtre français , en voici la copie.
A Meilleurs de f illuftre compagnie de la Comédie
du Roi.
M E S S I E U R S ,
«c Les religieux Auguftins réformés du fauxbourg
99 Saint-Germain, vous fupplient très-humblement
»9 de leur faire part des aumônes & charités que
»9 vous diftribuez aux pauvres maifons religieufes
»9 de cette ville, dont ils font du nombre : ils
?9 prieront Dieu pour vous ».
Les Moùfquetaires , les Gardes-du-eorps, les
Gendarmes, les Chevaux-légers entraient anciennement
à la comédie fans payer, & le parterre en
étoit toujours rempli- Le célèbre Moliere, qui
dirigeoit alors le fpe&acle , preffé par les comédiens
, obtint du Roi un ordre pour qu’aucune per-
fonne de fa maifon n’entrât à la comédie fans payer.
Ces Meilleurs, indignés , forcèrent les portes de
la comédie, tuèrent les portiers, & cherchoient
la troupe entière pour lui faire eflfuyer le même
traitement. Un jeune aéteur , nommé Béjart, qui
étoit habillé en vieillard pour la pièce qu'on alloit
jouer, fe préfenta fur le théâtre: Ek ! Mejfears,
leur dit-il , épargne£ un vieillard de foixantc-quinqt
ans qui 11a plus que quelques jours a vivre. Cette
p’aifanterie fit rire les mutins ; 6c ce que n’ auroi Ht
pe.ut-être pas fait îes meilleures raifons , calma
leurs fureins. Moliere tint ferme, & l’ordre du
Roi fut depuis obfervé. .
Des anecdotes très - intéreffantes pour notre
feèrie dramatique , font les changemens arrivés
depuis quelques années à la comédie françoife. Ces
changemens ont etc très-bien expofés dans un discours
imprimé dins l’état de la mufique du Roi.
Il a manqué, y eft-il dit , à Corneille, à Racine
& à Moliere ; cette vérité de repréfentation, fi
propre à favorifer le Lccès des drames. Le peu
ae goût ou le défaut de zèle de leurs aèteurs déroba,
aux yeux de leurs contemporains , les plus
grandes beautés de leurs ouvrages. Une fcène em-
barraflee de fpeëtateuis toujours frivoles 6c peu
attentifs , des perfonnages révêtus d’habillemens
bifarres, Bc rarement convenables à leurs rôles ,
décruifoient cette illufîon précieufe à laquelle l’intérêt
eft fi étroitement lie. De nos jours mêmes,
nous avons vu les femmes des confuls romains
8c des héros grecs , paraître avec des habits françois
, & ne différer de nos petites maîtreffes que
par une coëffurede mauvais goût, que le caprice
de l’aétrice imaginoit,_& qu’ elle faifoit fouvent
contrafter avec fon rôle. Les mêmes confuls romains
6c les mêmes grecs, couverts de la cuiraffe
antique,.6c chauffés du cothurne, portoient nos
chapeaux françois , furmontés d’un panache qui
rendoit encore cette coëffure plus barbare , 8c ia
difparate plus choquante. Enfin Mademoifelle
Clairon 8c M. Le Kain, éclairés & conduits par
l’amour de leur talent, ont introduit le coftume ,
dont la néceflîté étoit fi évidente. Les paniers &
les chapeaux ne paroiffent plus, dans le tragique ,
s’ils n’ y font eflentiels. On defiine les habits d’après
les antiques. Nos plus célèbres peintres font
confultés avant nos marchandes de modes & nos
tailleurs. Ce changement a paru fi avantageux ,
que les autres fpe&acles l’ont adopté. Les. comédiens
de province en ont généralement fenti les
avantages. L’émulation s’eft ranimée entre les dif-
• férentes troupes , à la faveur de cette utile nouveauté.
Le goût du public s’eft réveillé.; & jamais
nos théâtres n’ont été fuivis avec plus d’affluence.
On a cherché à jetter de la magnificence dans ,1a
repîéfentation des pièces ; on a multiplié les gardes
î & les foldats qui environnent ou fuivent les perfonnages
tragiques ; on les a revêtus avec décence,
& toujours conformément à la vérité hiftoriqüe.
Les coups de théâtre fe font avec plus de préci-
fion, de fafte & de vraifemblance. Les dénoue-
mens s’exécutent fans embarras & fans ridicule.
Cependant il manquoit encore cette liberté de la
fcène , fi long-tems defirée par les maîtres du
théâtre. Ea 1760, un amateur a eu la générefité
de procurer à fa nation, ce qu’elle femblo;t fouhat-
ter inutilement. Un théâtre vuide de fpeefateurs,
ouvre une nouyelle carrière au. génie des auteurs
dramatiques 8c à l’ait des comédiens. Tel eft 1 état
aéluel de la comédie françoife , de ce foeétacle ou
tant de chefs-d’oeuvres, dans tous les genres,
étoient repréfentés avec fi peu de vérité 6c d’illu-
fion ; où la même décoration fervant à la fois au
tragique & au comique, étoit, tantôt un temple,
& tantôt un falon ; tantôt un veftibule commun ,
8c tantôt un cabinet particulier. Le roi', toujours
attentif aux progrès des arts, vient d’accorder à
fes comédiens l’ufage de quelques décorations.
Tout concourt en un mot à rendre déformais notre
fcène digne de la beauté de nos poèmes. Quels
avantages ne doivent pas réfulter de ces différentes
réformes? Les auteurs, dans les plans de leurs
ouvrages , ne feront plus intimidés 6c réfroidis par
la crainte des contre-temps qu’entraîne inévitablement
une exécution rendue difficile par le peu d'étendue
de la fcène , & l’embarras qu y jettoit la
préfence des fpe&ateurs. Il n’ en réfulte pas moins
d’avantages pour le comédien intelligent 5 un eipace
plus étendu lui permettra de varier les attitudes,
de changer fes polirions, de donner plus de naturel
& ae vivacité â fes mouvemens : en un mot,
le gén-e de Faëteiir pourra peindre celui du poète ;
peut-être même la force de l’illufion théâtrale
pourra-t-elle faire oublier au'fpeélateur Fauteur 8c
le comédien. M. de Voltaire avoitfibien fenti 1 utilité
d’un théâtre plus étendu, qu’il eft peu de préfaces
où il n’en foit qùeftion. Il parle encore d’un
établiffement à la gloire des arts : c’eft d’élever en
l ’honneardes grands hommes qui les ont illuftrés ,
des monumens qui tranfinettent leur mémoire à la
poftérité. Ce projet commence à s’exécuter. Les
tomédiens, jaloux de perpétuer parmi eux d’une
manière plus particulière le fouvenir des pièces de
leur théâtre, veulent orner leur nouvelle falle d’af-
Lmblée des buftes douces illuftrés auteurs ; ils Font
déjà décorée du portrait du Roi que Sa Majefté
leur a donné.
Ce fut fur le théâtre du Marais que deux comédiennes
( les demoifeîle? Marotte Beaupré & Catherine
des Urles) fe donnèrent re/idez-vous pour fe
battre Fé©ée à la main , 8c fe battirent en effet à
la fin de la petite pièce.
; Un comtdicfi dit à un officier qui cherchoit à
l’humilier : u Avec quatre aunes de drap le Roi
» peut faire en deux minutes un homme comme
39 vous ; il faut un effort de là nature & vingt
39 ans de travail pour faire un homme comme
a» moi
Un homme d’ eTprit a dit en parlant des comédiens
, que les gens dont ia profeftîon eft de donner
du plaifir aux autres , en veulent trop prendre j(
de-lâ vien,t qu’ ils font fouvent mal leurs affaires.
Bien des fots qui ne font quJétourdis , fe croyent
vifs : il en eft de même des comédiens., qui n’ont
de feu que dans la tête ; c’eft dans le coeur qu’il
en faut. Nous fournies tous finges par l ’elprit,
originaux par le coeur.
La cour étant à Fontainebleau, quatre comédiens
du Roi vouloient rifquer au Pharaon chacun
dix piftoles dans les appartemens. Ils jouèrent de
malheur, ils perdirent leurs quarante piftoles.
Après quoi, fe regardant tous quatre, il leur prit
une forte envie de rire à leurs propres dépens. Un
feigneur de la cour choqué dé leurs ris déplacés',
s’écria: « Morbleu, peut-on rire ainfi quand on
99 perd fon argent ?— O u i, Moniteur, lui répondit
99 un des comédiens, nous perdons ^ous autres
» notre argent comme nous le gagnons ».
On me contoit l’autre jour , dit Madame de
Sévigné dans une de fes lettres, qu’un comédien
vouloir fe marier quoiqu’il eût un certain mal un
peu dangereux. Son camarade lui dit : « Hé ! mor-
99 bleu,.attends que tu fois guéri, tu nous per-
» drois tous». C ela , ajoûte Madame de Sévigné
, me parut faire épigramme.
Un comédien qui yenoit d’acheter une terre fei-
gneuriale en toute juftice , demandoit au curé les
prières nominales qu’ il avoit droit d’exiger comme
feigneur ; le curé embarraffé d’accorder ce droit
honorifique avec la loi de FégliSe, qui excommu-
nioit les comédiens, dit à Tes paroilfiens dans fon
prône : ce Mes chers frères, prions Dieu pour la
» converfion de monfieur un te l, comédien, fei-
99 gneur de cette paroiffe ».
Mais l’Affemblée nationale a décidé par fon décret
du 24 Décembre 1789 , que les comédiens
peuvent être des citoyens honorables, & qu’ils
peuvent en remplir toutes les fondions.
Quelques importais du parterre demandèrent,
dit-on, pour la première fois l’auteur après la repréfentation
de Mérope. On n’a ceffé depuis de le
demander à chaque nouvelle pièce , f it pour l’applaudir
, foit pour le bafouer ; mars il paroît que
les auteurs commencent aujourdthui à s’affranchir
de cette efpèce de fervitùde, & ils font bien. Les
fpeélateurs des théâtres de Londres ont effayé depuis
peu d’établir cet incommode 8c ridicule ufage.
L’auteur d’une pièce nouvelle angloife, aux cris
impératifs & redoublés des communes du théâtre,
parut & leur fie ce compliment : û Meilleurs , je
99 vous remercie de l’honneur que vous m’avez fait
» en accueillant mes foîbles effâis ; mais' par re-
>9 connoiffance vous auriez bien dû m’épargner la
» peine de me donner en fpêèfacle , d’autant plus
99' qu’-il y a quelque différence entre-l’ouvrage &
» Fauteur. La deflination de l’un pourroit être de