
la punit encore plus, févèrement en la primant
pour quelque temps de fa préfence. Mais le ref-
ientiment de ce bon prince n’étoit pas de longue
duree. Il rendit bientôt fes bonnes grâces aux
habitans d'Antioche, qui lui témoignèrent leur
repentir.
Marc-Aurele avoit la même indulgence dans
fon domeftique. Ses amis, car ce prince , quoique
fur le trône y mérita d'en avoir, lui confedloient
de fuivre l'exemple de Domitien dont il éprou-
voit lé fo r t, & de répudier l’inconllante Faulline
fon époufe. Mais f i je la répudie, leur dit l’empereur,
ne dois je pas lui rendre la dot ? C ’étoit
l ’empire qu'elle avoit procuré à fon époux comme
fille d’Antonin.
Marc-Aurele eut de cette époufe un fils nommé
Commode , qui lui fuccéda. C e jeune homme ayant
perd* fon précepteur pleuroit fa mort. Les cour-
tilans cherchoient à efluyer fes larmes ; foujfre% ,
leur dit Marc - Aurèie, que mon-fils foie homme
avant d’être prince. . '
Commode n’hérita d’aucune des vertus de
Marc-Aurele , 8e à en juger par fes inclinations,
il étoit plutôt le fils de quelque gladiateur que la
lubrique Fauftine aura aifocié à fes- autres amans.
L ’hiftoire rappotte qu’elle préféroit de les choilir
parmi les matelots & les g la d ia te u r s - ,c e fa ,
parce qu’elle pouvoir auparavant les voit tout nuds.
( Aureiius V^ilbar j . ■
M A R IA G E , MARI.
Les Samnites avoient une coutume qui devoit
produire d’admirables effets. On affembloit tous
les jeunes gens à marier -, & on les jugeoit.
Celui qui étoit déclaré le meilleur de tous ,
prenoitpour femme la fille qu’il vouloir 5 celui
qui avoit les fuffrages après lui choififfoit encore,
& ainfî de fuite. On ne regardoit entre les biens
des gàfrçons, que les belles qualités 8c les fer-
vices rendus à la patrie, l’amour, la beauté,
la chafteré, la vertu, la naiffance, les richelfes
mêmes ; tout étoit pour ainfî dire la dot de la
vertu.
On ne connoît point d’obligation plus importante
à la Chine, que celle du mariage ; mais'
on fe marie fans s’être jamais vu. Le jour marqué
pour la noce, la jeune fille fe met dans une chaife
fort ornée, & fuivie de ceux qui portent fa dot.
Uo domeftique de confiance garde la clef de la
cha:fe, & ne doit la remettre qu’au mari) qui
attend fon époufe fur la porte de fa moi fon.- Auf-
fitôt qu’ elle eft arrivée, il reçoit la clef du do-
meftique, & fe hâtant d’ouvrir la chaife, il juge
alors de fa bonne ou de fa mauvaïfc fortune ;
il arrive quelquefois que mécontent de fon partage,
H referme la chaife fur fe champ, & renvoyé,
b fille avec tout fon cortège.
Chez, les Banians, peuple des Indes, les
enfans fe marient dès l’âge de fept ans j 8c chez
ceux de Bantam, ville capitale de l’ifle de Java,
jfle dans la mer des Indes, les filles fe marient
dès l’âge de huit ans. Une des principales raifors
qui engage à les marier fitôt, c'eft que le roi
eft héritier des biens de ceux qui en mourant
laiffent leurs enfans mineurs, 8c qu’il en fait fes
efclaves.
Doglioni, dans fon hiftoire du monde , raponte
que les Crotoniates choifilïbient chaque année,
douze garçons & douze filles pour les marier en-
femble. On les hab lloit richement : on faifo t
affeoir les garçons vis-à-vis les filles. Le fort
donnoit aux époux les époufes qu’ils dévoient
avoir en partage : aveugle pour aveugle, le fore
peut faire un aufïi bon choix que l’amour.
Hermippus avoit écrit dans fon traité des
législateurs,qui n’exifte plus , qu’il y avoit à Lacédémone
une mai fon fort obfcure, où l’on erv-
fermoit les jeunes filles 8c les jeunes hommes
qui étoîent à marier, 8c que chacun emmenoit
& prenoit pour fa femme, celle qui lui étoit tombée.
en partage.
Dans l’ifle de Ceylan, une femme a Couvent
deux maris ; car il eft permis, 8c allez ordinaire
à deux frères de tenir maifon enfemble ,
8c de n’avoir qu’ une femme; les enfans les appellent
tous deux pères ; & les reconnoiffent pour
tels.'
Le mariage parmi les fauvages de la Loui-
lîane, n'eft pas un contrat civil 5 le mari & la
femme n’ont pas intention de s’obliger pour
toujours. Ils fe mettent feulement enfemble pour
le temps qu’ils s’accordent entr’eux, 8c que la
, fympathie fubfifte entre les parties. Dès qu’ils
font mécontens l'un de l’autre, ils fe féparert
fans autre formalité:« Ne vois-tu pas bien que
tu n’as pas d’efprit, difent ils quand on rai»
fonne avec eux fur ce fujet, ma femme ne s’ao-
, commode pas de moi > ni moi d’elle ; elie s’accordera
bien avec un te l, qui ne s’accorde pas avec
la fienne ; pourquoi voudrois-tu que nous fuftîons
x tous quatre malheureux pendant le relie de nos
jours.
Dans des provinces voifiries de la Tartarie y
on fait ainfî les mariages. On y dreffe en certain
temps une lifte des hommes 8c des filles à
marier. Six commiffaires partagent les hommes
en trois bandes, 8c les filles en trois autres:
La première bande peur Us hommes eft com-
pofée des plus riches,. 8c pour les filles des
plus belles'/ & ainfî des autres ; enförte que les
hommes lés plus gueux, Sc les femmes les plus
laides font obligés de fe marier ei?iemb!e. SM y
a plus d’hommes ou de femmes, les uns ou les-
autres font renvoyés à Tannée d’après.
Les Oftiacs, peuples de Sybérje, ont pour
l’Qtdinaire deux femmes, l'une âgée, qui a foin
du ménage, & l'autre jeune, qui elt la compagne
de lit.
Les anciens bretons fe mettoient dix ou douze
familles enfemble dans une même habitation, où
les femmes etoienc en commun, même entre! lies
frères. Cette coutume fe conferva long7temps
parmi eux, 8c un hitlorien rapporte que'Julie,
femme de l’empereur Sévere. reprochant un
jour à une dame bretonne une pratique fi contraire
à celle des autres nations . e n reçut cette
réponfe hardie ; que les dames romaines n’a-
voient rien à reprocher fur ce fujet aux bretonnes.
puifque celles-ci ne pratiquoient publiquement,
& aux yeux de tout le monde avec
des hommes choifis, que ce qui étoit pratique
parles romains en fecret avec le premier venu,
quelquefois même avec leurs affranchis, 8c avec
leurs .efclaves.
Quand le grand-feigneur a refolu de marier
quelqu’une de fes filles, il ordonne à celui à
qui il la deftine, de fe préparer à recevoir l'honneur
de fon alliance. C ’eft un avantage qu’il faut
acheter par les fou mi fiions les plus rampantes,
8c par toutes les complaifances que veut exiger
une époufe impetieufe, 8c fière du fang dont
elle eft fortièi Le jour de la cérémonie, il faut
encore effuyer mille formalités pour fe mettre
fous un joug fi fâcheux } ce qu’il y a de fin-
gufier, c’eil que l’époux n’oftroit confommer le
mariage, fans un ordre exprès de l’empereur.
Le pauvre mari eft obligé d’expofer dans un
placet à fa hauteffe que la fultane fait la difficile,
8c qu’étant un domaine impérial, il n’ofe
rien entreprendre fans fon commandement : alors
on lui fait expédier en bonne forme un ordre ,
qui "lui permet d’uferde fes privilèges ; 8c fi après
les façons accoutumées, la fultane ne confent pas,
il eft autorifé à le mettre à exécution, malgré
la réfiftance dont elle veut bien fouvent fe faire
honneur.
Les arabes qui font habitués à A lep , fe marient
d’une plaifante manière j après qu’ils ont
fait les cérémonies ordinaires aux autres arabes,
l’époux fait un tour dans la ville, précédé des
hautbois 8c des tambours, 8c fuivi des garçons
de la noce. Les homnes qui font parens 8c amis
du marié font armés de gros bâtons, 8c le con-
/duifent ainfî à la porte de la maifon de la mariée,
ou ils trouvent une grande quantité de
femmes, qui ont de pareillement gros bâtons à
la main, pour leur en défendre l’entrée. Le marié
fe préfente pour y entrer de force , 8c les
femmes lui déchargent des coups de bâtons fur
la tête , 8c par tout. Les garçons ne les parent
pas toujours avec affez d’adreffe , enforte que le
marié fe trouve fouvent bleffé avec effufîon de
fang.. Il entre enfin malgré ces coups î on le parfe
s’il eft bleffé, 8c on l’enferme en fuite- avec Té-
poufe.
Qn ne fe marie pas à la légère dans le pays
de Quoja en Afrique ; 8c comme on y craint
extrêmement les méchantes -femmes, on trouve
bon de ne les prendre qu’à l’épreuve. Le galant
ayant invité fa maitreffe à venir faire collation
chez lui ; fi c ’eft quelque fille qui veuille faire
la prude , elle fe le fait dire deux ou trois
fois , après quoi elle va fans autre façon
chez fon amant, 8ç paffe dix ou douze jours
avec lui, fans lui demander fa dot, fur-tout s’ils
font du même village. Mais fi la fille eft de dehors,
Sc que fes parens la veuillent ramener avant que
, ce temps foit écoulé, alors elle demande fa dot,
qui confifte ordinairement en trois chofes, en
quelques ornemens, comme un collier décorai!,
des bagues 8cc. Un coffre pour ferrer fes hardes,
3c un efeiave pour en avoir foin. S i c’ eft un
garçon, qui naît de ce commerce, on en fait
avertir le père, qui Tenvoye quérir 8c le fait
élever ; fi c ’eft une fille, -la mère la garde. Il
pa-oîtra furprenant que ces filles couchent ainfî
avec les hommes avant que d’ être mariées } mais
ces nègres ne fe mettent pas en peine que celle
qu’ils époufent foit vierge ou non, pourvu qu’elle
leur piaffe. Quand l’homme veut époufer la fille
dont il a fait i’effai, il envoyé par elle des préfens
à fon père & à fa mère lerfqu'elle s’en retourne,
8c la prie de demander leur confentement. Quand
on reçoit les préfens, c’ tft ligne qu’on veut accorder
la fille j car autrement on les renvoyé.
Les pères font auffi fouvent des dons à leurs
filles ; mais il n’ eft pas avantageux aux hommes
de les recevoir, parce que fi une femme riche
conçoit de l ’amour pour quelqu’aùtre que pour
fon mari, le pauvre homme n’ofe fe plaindre
ni 1a malcrafter ( Dapper.).■
Les Mariages des habitans de Tille de For-
more n’ont rien de barbare. On n’âchete point
les femmes comme à la Chine, 8c on n’ a nul
égard au bien qu’on peut avoir départ 8c d’autre,
comme il arrive communément en Europe. Les
pèr^s & les mères n’y entrent prefque pour rien.
Lorfqu’ un jeune homme veut fe marier, 8c qu’ il
a trouvé une fille qui lui agrée, il va plusieurs
jours de fuite avec un inftrument de mufique à
fa porte. Si la fille en eft contente, elle fort &
va joindre celui qui la recherche} ils conviennent
enfemble des articles, enfuite ils en donnent avis
à leurs pères 8c mères. Ceux-ci préparent le feflin
des noces, qui fe fait dans la maifon de la fille ,
où le jeune homme refte fans retourner davantage
chez fon père. Dès-lors le jeune homme regarde
la maifon de fon beau-père comme la fienne
propre ;ij en ell le foutien, 8c la maifon de fon propre
père n’ eft plus, à fon égard, que ce qu’ elle eft
en Europe, à l'égard des filles qui quittent la