
le juge ; il exjminoit l’affaire , tâchoit de dé-
couvrir qui avoir tort ou ration , & sM ne le
pouvoir pas, il ordonnoit le combat, alors l'ac-
cuiateur 6c l'acculé dépofoient entre les mains
une certa ne Comme pour ino.envufer le vainqueur
du préjudice qu il pouvoir recevoir en fa
perionne ou fcs armes j c'eft «ie^ là probablement
qu'eft Tenu le proverbe, les battus payent
t amende.
On fe plaît quelquefois à propofer aux en-
£uas différentes queluons, pour éprouver leur ik-
gaticé. En voici une qui a donné Leu à cette
façon de parier proverbiale, ménager La otuv. e
v le chou• Un homme a tuu peut batea«pâuns.
lequel il doit palier à l'autre coté ae la Irv.Ire,
un loup, un cnou 6c une chèvre fans quiipuiile
prendre plus d'un de ces objets à la fois. Un
demande lequel des crois il tranfportera le premier
3 fans, ciaindre que, durant l'un de ies.paf-
lages , le loup mange la cnèvre, ou que la
cnèvre mange le c.hou. Paflkra^-rl le loup le
premier? Voilà le chou en proie à la chèvre.
JPrer.dra-t-il le chdu? Le loup aura dévoré la
chèvre avant qu'il revienne. Donnera-t-il la préférence
à la chèvre ? Il tomba dans ie même
embarras pour »e voyage luivant ; 6c pendant
/ quM vienora cheicher ce qu il aura gardé pour
le troiiiè.ne, la chèvre ou ie chou icront croqués.
l i y a néanmo ns un moyen. Quel eft-^1?
C'eit de prendre la chèvre uule au premier
voyage, le chou demeure avec ie loup qui n'y
touche point j au fécond, il prend le chou U g
ramène ia chevre, au lieu de laquelle i paiie
le loup qui, étant tranlporté à l auire bord auprès
du chou , n'y fera aucun tort. Enfin, pour
dernier voyage, il revient prendre la chèvre qui,
étant demeurée leu.e, ne pouvoic courir aucun
r.lque.
Il y a un autre problème qui a beaucoup de
rapport à celui-là, 6c qui elt rapporre dans les
récréations mathématiques. « Trois maris jaloux
le trouvent avec leurs femmes, pendant une
nuit for: obfcure, au paffage d'une rivière, ils
rencontrent un bateau ians batelier. Ue bateau
eft lî petit, qu’il ne peut porter que deux .per-
fonnes à la fois. Un demande comment ces
lix perfonnes paiferont deux a deux, de forte
qu’aucune femme ne demeure en la compagnie
d'un ou de deux hommes, iî fon ma i-n'cit prélent.
» Deux femmes paiferont d'abord, puis
l’une ayant ramené le bateau, repaff-ra avec »
la troihéme femme. Enfuiie , l'une des trois
femmes ramènera le bateau, & fe mettant à'
terre, biffera paffer les deux hommes do..t les
deux femmes font de l’autre côté. Alors, un
des hommes ramènera le batteau, avec fa femme,
& la mettant à terre, il prendra le troifième I
homme, & repaiera avec lui. E'ifin, la femme
qui fe trouve paffée entrera dans le bateau, 8e
ua chercher en deux fois les deux autres
femmes.
' On dit à tous propos ajfts en rang d'oignons
fans en fuvoir l’origine, quoiqu’et-e m foit pas
fort ancienne. C'ell qu'il y avoit aux états de
Blois en 1576 , un grand maiire d;s cérémonies
, qu’on appelioit le baron d'Oignons. Son
nom & fon furnom étoit Artus de la Fontaine
de Sobre,
On a dit fouvent des vins de Bretigr.y près
Paris , qu’ ils faifoient daniêr les chèvres. Aujourd'hui
on explique cette phrafe populaire aflèt
- naturellement, il y avoit, clic 011, à Brétighy,
un habitant nommé chèvre; c’étoit.le coq de
fon village & une grande partie du vignoble lui
appartenoit. Cet homme amioit à boire j & dans
ia gaîté que l’ivreffe lui infpirt it , il avoit la
folie de faire danfrr à tou e heure fa femme &
(es enfans. C'étoic amii que 1 s chèvres d-anfoient,
c'étoit ai..fi que le vin de Brttigny les faifoit
danfer.
Les danfeurs de corde, qui ont des linges qui
font mille gentilleffes, font obligés, d'aller dans
les. bureaux des.vifles où ils paffent, demander
des paffe-ports aux commis 5 tout le dn-ii quMs
paient, c'eff défaire faurer & danfer leurs fiyges
devant les commis : vo là d'où eft venu \c proverbe
: « payer en monnoie de linge ^ en gam-
! bades ».
Lorfque l’rn. paffe par le bourg de Lagny il
ne faut pas s’avifer de demander aux habi nns,
comb'en vaut l’orge. Ils fe mettent en fureur,
6c plongent dans b fontaine qui tff au milieu
de la ville, le queftionneur, lans refpeéfir le
rang , le fexe, ni i’âge. Ils ne font point d’a l-
leurs d’ autre ma1.
Cet ufage vient de ce que Lagr-y s'étant révolté
contre le roi en 1 544, le maréchal de Lorge ,
qui étoit dans le Canton avec un corps de
troupes, prit 1a ville, & ’la frccagea. Cependant
comme.cn vend de l’-crge à Lagny, 6c que
l'acheteur ne peut fe difpenièr de s’informer du
prix, il faut avoir b main dans le la c, lorfque
l'on fait cette derrande ; avec cette attention on
évite le bain d'eau froide.
Jean I I , duc de Montmorency, voyant que..la
guerre alloit fe raliumer entre Louis XI & le
duc de Bourgogne, fit f immer à fon de trompe
fes deux fils Jean de Nivelle & Louis de Foffeuie,
de quitter b Flandre, où ils avoicnt des biens
confidréables , & de venir fervir le roi. N i .l’un
n> l'autre ne comparurent. Leur père irrité les
traita de chiens & les déshérita. C'eft de là qu'eft
venu le proverbe populaire : Il rejfemble au chien
de Jean de Nivelle 3 il fuit .quand on l ’appelle.
P R O
Ce proverbe eft fur-tout très commun en Fbt> j
dres. La Fontaine* i’a employé dans une de fes fables
; mais il paroît avoir cru que c'étuic un chien
appartenant à Jean de Nivelle, qui avo.it fait
naître ce diélon.
Une traîtreffe voix bien fouvent vous appelle ;
Ne vous prefiez donc nullement :
Ce n’étoit pas un for , non non, & croyez m’en 1
Que le chien de Jeanne Nivelle.
François premier s’étànt égaré à b chaffe, entra
vers les neuf heures du foir, dans la cabane d'un*,
charbonnier : le mari étoit abfent; il ne trouva
que 1a femme affifô fur fes talons auprès du feu.
(..'étoit en hiver, 6c la pluie qui étoit tombée en
abondance forçoit le roi de demander retraite pour
paffer la nuit; il demanda auiïi à fouper : en attendant
le retour du roi, il ie chauffa, afiis fur la
feule chaife qui fût dans, la mailon. Vers les dix
heures arrive le charbonnier, las de fon tr.1V.1ii,
fort affamé ,& tout mouillé, A peine a-t-il :falué
.fon hôte, & fecoué fur lui un large chapeau imbibé
de pluie, que prenant la place b plus commode,
c’eft-à-dire, b chaife du ro i,4il lui dit :
« Monfieur, je prends votre place ,.N parce que
c'eft celle où je me mets toujours, & cette chaife,
parce qu’ elle eft à moi ». Puis, comme Sancho,
il cita un proverbe :
Et par droit & p a r /a ifo n ,
Chacun eft maître en fa maifon.
François premier applaudit à la citation, & fe
plaça, comme il put, fur une méchante feliete de
bois. Ils fpupèrentj le charbonnier, grand politique
comme beaucoup de particuliers, régla les
affa res du royaume, $c vouloir qu'on fuppnmât
tous les impôts. Le roi eut peine à lui faire entendre
raifon fur cet article'; le charbonnier fe rendit
à la fin, & porta la converfation fur la chafie.
Grands raifonnemens de part & d’autre fur les
défenfes & fur les permiiftons. Le maître dii4b|is
ne fe défiant point de fon hôte | s’ouvrit bientôrà
lui ; j’ai là , lui dit-il, un morceau de funglier ; je
penfe que vous ne me perdrez pas ; mangeons-le,
mais fur-tout bouche clofe. François premier pro- ;
mit tout, mangfca de très-bon appétit le gibier ;
volé fur fcs terres, & le lendemain s'étant fait ;
connoître , accorda la chaffe à fon hôte., pour .
prix de fa franchife. On prétend que c’eft à cette
hiftoire, qui nous ,a été tranfmife par Montluc, 1
qu'il faut rapporter l’origine du proverbe : char bonnier
efi maître che\ lui.
Le duc d’Albe avoit deffein d’établir le théâtre
de la guerr« dans b Frife ; en conféquence, il
bit arrêter fes troupes dans la province d’Overif-
b L jufqu’à ce qu’il fâche s’il y a des ponts affez
forts pour faire'paffer fon artillerie. Ses efpions
p n o m
n’avoienr fait que peu de chemin, lorfqu’ils entendent
un bruit de tambours & aperçoivent
enfeignes : ils reviennent àuffi-tôt fur leurs pas
pour annoncer l’approche du prince d'Orange. Le
général tfpagnol met auflà-tôt ion armée en bataille^
& envoie reconnoître i’enr.enw. Dès que fis par-
tifans fe font un peu avancés, ils apperçoivent
quatre enfeignes fur autant de chariots couverts
de verdure, & entourés de payfans, qui, en
danfant, condûifent au village prochain une nouvelle
marit'e, qui fie fopge sûrement pas à la
guerre. On rit de bon coeur au camp de 1a méprife
des tfpiuns : l'appareil du combat en devint un de
réjourifance. Lorfque b mariée paffa, on fit une
falve d'arquebufades. G’ eft depuis cette plaifante
aventure que les foldats Wallons ont contracté l’habitude
de demander à leurs coureurs, lorfqu’ils
reviennent promptement, s'ils nont point vuJle-
poufée.
Proverbes françois.
Du temps de faint Louis , les Femmes portoient
des ceintures d’or ou dorées > ce prince détendit
aux femmes débauchées d’en, porter. Elles
obéirent ; mais après b mort de ce monarque .elles
les reprirent : cpla détermina les honnêtes femmes
à n’èn plus porter. Voilà l’ origine du proverbe
rapporté ci-deffus : bonne reiiommée vaut mieux qut
ceinture dorée.
On dit d’un homme emprelfé à dire quelque
chofe : il eft venu la gueule enfarinée.
De quelqu’un qui renouvelle fes dons, on dit:
il eft généreux comme un enfant.
' Le comte Hamilton difoit des perfonnes qui
n’avoient pas le teint clair : dl elt enfumé comme
un jambon.
De quelqu’un dont l’humeur ou la mine eft rude*
on dit : il eft gracieux comme un fagot d’épine.
On dit de celui qui meurt infolvable : il eft mort
en fraude.
On dit de celui qui a des j'ambes minces : s’il
mettoit des bas rouges, il paroLroit monté fur deux
bâtons de cire d’Efpagne. , ,
De quelqu’un en qui perfonnne n’a de confianc®,
on dit : il a autant de crédit qu'un chien à b boucherie.
On dit de celui qui rit & qui a une grande bouche
: il rit comme un coffre.
On dit d’un foîdatqui a vendu fon épée pour
boire : il s’ eft paffe fon épée au travers du corps
fans faigner.
On dit des poètes qui font corriger leurs pièces
par de plus habiles qu’eux , & des femmes qui
cûéffenc leurs maris: ils vont à b cour des aides.
Quand une place eft mal fortifiée > ou dit »