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1 empire, viendroient déclarer d'eux mêmes, fans'
être dénonces, qu'ils faifoient profeffion du chril-=î
tianifme.-
«•
Pline, de retour à Rome, continua à s’attacher
tous les coeurs par la pratique des vertus civiles &
morales.
Il ne fe refufe jamais à la douce joie d’une bonne
aétion. Dès marchands a voient acheté fes vendanges,
dans l'efpérance du gain qu'ils fe promettaient
d'y faire* Leur attente fut trompée.
Il leur fit: à tous des remifes. « Je ne trouve pas
moins glorieux, difoit-il, de rendre juftice dans
fa maifon que dans les tribunaux ; dahs les petites
affaires que dans les grandes; dans les lïennes que
dans celles d’autrui ». r .
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^ O V o i t tcfufé les fecours néceffaires pour
etudier. . r r
généreux citoyen s'étoit fait fufltfon hument
bienfaifante des principes.dignes d'être^ remar-
ru^S" T j veu3V qt-f'un homme vraiment
liberal, donne à fa patrie, à fes proches, à fis
allies, .a fes -amis & préférablement à ceux qui
font dans le befoir. ~ Ce fut auffi l’ordre qu’il
luivit exactement.
.— w.*. invg.uui.ic, uiaia v. ecoir
dans fa frugalité & fon économie qu'il trouvoit la
fource la plus affyrée de fes libéralités-
P LU TÂ R QUE*, hiftorien grec, mort vers
I an 140 de Jefus^Cnrift, fous le regn* d'Antonin
le .pieux.
Une dame romaine, qu'il avoit en partie dotée
-de Ion bien ,\ étant fur le point de renoncer à la
fuccefîion de Calvinùs fon père, dans la crainte
que les biens qu'il* lailfoit ne fulfent pas fuffifans
^ pour payer les fommes dû?s à Pline ; ce bon c i toyen
lui écrivit de ne pas faire cet affront à la mémoire
de fon père. & pour*la déterminer lui envoya
une. quittance* générale.
r Quintilien & Martial fe reffentîrent des libéralités
de cet homme généreux; mais ce que fit Pline
pour fa patrie mérite d’être remarqué.
Les habîtans de Corne m'ayant point de maîtres
chez eux pour inftruire leurs enfans, étoient obligés,
A - les envoyer dans d’autre*villes.
Pline i qui avoit pour fa patrie toute la ten-
drefle d’un père , fit fentir aux habitans quel
avantage ce feroit .pour la jeuneffe d'être élevée
• dans Corne meme. « O.ù, dit - il aux parens,
leur trouver un féjour plus agréable que la pa-^
trie r Où former leurs moeurs» plus Purement*
que fous les yeux de père & de mère ? Où les
entretenir à moins de frais que chez nous? N ’eft-
il pas plus convenable que vos enfans reçoivent
l'éducation dans*le même lieu où ils ont reçu la
naiffance, & qu’ils s'accoutument, dès l'enfance
a fe plaire > à fe fixer dans, leur pays natal?»
Pline offrit de contribuer du tiers à fonder
les appointtmens des maîtres, & crut devoir
biffer les .parens chargés durefte, pour les rendre
plus attentifs à choifir de bons maîtres * par la né-
ceffitéde la contribution & par l’intérêt de placer
utilement leur dépenfe.
Pline ne borna point là fa bienfaifance pour
fa patrie. Il y fonda une bibliothèque, avec des
penfions annuelles pour un certain nombre de
jeunes gens de famille,» à qui leur mauvaise for-
; o / >/ utc\r^ue I I B to ta le dans fes écrits,
& rut lui-même un exemple,de vertus civiles,
oon hls, bon père, bon mari, bon frère, & d’un
efpnt fage, modéré, complaifant, il goûta la
douce joie de voir regner dans fa famille la paix
<x le bonheur.
Il eut toujours un amour de prédile&ion pour
le lieu de fa naiffance; & après avoir fait plufîeurs
voyages pour s'inftruire, il voulut finir fes jours
aOheronee. « Je fuis né, difoit-il, dans une ville
iort petite, & pour l'empêcher de devenir encore
plus »petite, je veux tu'y tenir »,
U * homme de goût, interrogé lequel de tous
les livres de l'antiquité il voudroir. conferver, s’il
n en pouvoit obtenir qu’un feul : le s hommes il-
luftres de Plutarque , répondit-il. *
On ignore le nom du père de Plutarque : mais
il en parle' comme d’un homme de mérite 8?
d'une grande érudition. Spn ayeul s’appeloit
Lamprias.
Plutarque lui rend ce témoignage qu’ il étoit
très-éloquent, & qu’il avoit une de ces imagrna-
tions qui s'échauffent aifément par la Dréfence
I des objets.
* Il fe furpaffoit lorfqu’il étoît à table avec fes
amis*, car alçrs fon efprit s'animoit d'un nouveau
feu,
Auffi Lamprias difoit de lui-même î «.Quela
chaleur du-virr faifoit fur fon efprit le même
effet -que le feu produit fur l’encens, donc il
fait évaporer ce qu’il y a de plus fin & de pkis
exquis ».
Plutarque s'étoit annoncé de bonne heure p«
fes talensjôc quoique jeune, il fut député avec
* H
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un autre citoyen vers le proconf ul pour quelque
affaire importante.
Son collègue étant demeuré en chemin, il acheva
feul le voyage, & remplit ce que portoic leur
commiffion.
A fon retour, comme il fe difpofoit à en rendre
compte, fon père, ainfi qu'il nous l’apprend, lui donna
cette fage leçon : « Mon fils, dans le rapport que
voiis allez Faire, gardez-vous de dire : le fuis allé,
j ‘ai parlé, j ai fa it : mais dites toujours: Nous
fommes allés, nous avons parlé , nous avons fait,
en affociant votre collègue à toutes vos aétions,
afin, que la moitié du fuccès foit attribuée à ce-
lyi que la patrie a honoré de la moitié de la commiffion
, & que par ce moyen vous écartiez de
vous l ’envie qui fuit prefque toujours la gloire
d’avoir iéuffi »
JEn lifant les ouvrages de" Plutarque, ©n ne peut
s’empêcher de regretter qu’on ne nous ait point:
laiffé quelques mémoires de fa vie : mais, dit Montagne,
les écrits de Plutarque , à les bien favourer,
nous le découvrent affez, & je pente le connoître
jufques dans l'ame. '
PLONGEUR. Vers la fin du quinzième fiècle,
il. y avoir çn Sicile un fameux plongeur qui s’appeloit
Nicolas. On lui avoit donné le furnom de
Pefcecola, comme qui diroit, Nicolas le Poiffoo.
Il s’étoit accoutumé dès fa plus tendre jeuneffe,
à pêcher des huîtres & du corail au fond de la
mer, & demeuroit quelquefois quatre ou cinq
jours dans l'eau, n’y vivant que de poifTon crud.
Comme il nageoit parfaitement, il lui arrivoit
fouvent de paffer à l'ifle de Liparo, &r d’ y porter
des lettres enfermées dans un fac de cuir- Frédéric
, roi de Sicile, inftruit de la force & de
l’adreffe de Pefcecola, lui ordonna de plonger
dans-Je goutre de Çaribde , proche du promontoire
il capo di Faro, pour reconnoître la difpofi-
tion de ce lieu. Comme le prince remarqua que
Nicolas avoir de la peine à faire un effai fi dangereux,
il jetta une coupe d'or, & la lui donna
s'il pouvoit la retirer. L'habile plongeur, animé
par cette récompenfe, te j.etta au fond da gôufre
où il demeura près de trois quarts d'heure, &
revint enfuite fur l’e.-m, tenant à la main la coupe
d’or. Il fit au roi le.récit des roches, des cavernes
& des monftres marins qu'il difoit avoir vus ou
fentis, ,& protefta qu'il lui feroit impofiible d’y
retourner une fécondé fois : mais Frédéric lui
montra une bourfe d'or qu’il lui promit, & une
coupe d'or , plus belle que la première , qu'il jetta
encore dans la mer. Pefcecola s'y précipita bientôt
après, mas il ne parut plus.
Les papiers anglois de 1765, font mention du
fait fuivant. Le lord Williams C^mpbeile, troi- J
£ncydopédianam
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fièrne fils du duc d'Argyll, & capitaine de vaif-
feau, étant, avec plufîeurs dames, à une partie
de pêche auprès de Henîey, fur la Tamife, entendit
quelqu’un qui crioit & demandoit un bateau.
Plufîeurs des badmens paffèrent affez près
de l'endroit d'où partoient les cris, mais aucun
ne s’y arrêta. Il parut un homme à la pointe de
l’ifle , qui avertit que quelqu'un fe noyoit- Le lord
Campbelle apperçut effectivement un homme qui
fe débattoit au fond de l'eau. Il ôta fon habit,
en préfence des dames avec lefquelles il fe
trouvoit, il fé jetta à l’e iu , alla chercher, à feize
pieds de profondeur , l’homme qui fe noyoit,
qui étoit embafraffé fous un .gros tronc d'aibre.
Le lord l'en retira, après beaucoup de pe;ne.,
le monta avec lui; & le conduifit à la nage fur
le bord de la rivière ; il le fit faigner fur le champ ;
& les foins qu'il ordonna qu’on en prît , rappelèrent
à la.vie ce malheureux, qui étoit un des,
domeltiques du lord Palmerthon. C e fait eft cité
ici comme un tour de force ; mais il mérite encore
plus notre admiration par le beau trait'd'humanité
qu'il nous préfente.
P O L IG N A C , ( Melqhior de ) cardinal, né en
166 i , mort en 1741*
Le cardinal de Polignac n’étant encore qu'abbé,
accompagna le cardinal de Bouillon qui alloit à
Rome après la mort d'innocent XI. Alexandre
V I I I , qui fut élu, donna, des marques fî
particulières d'eftime au jeune abbé que î’ambaf-
fadeur de . France crut devoir le faire entrer,
daojs la négociation dont il étoit chargé , laquelle
regardoitles célèbres propofitions da clergé
de 1682.
'L'abbe de Polignac entretint plufîeurs fois le
pape à ce ftajet, & le faint père qui goûtoit de
plus en plus le caractère de fon efprit lui dit dans,
une dernière conférence : » Vous paro ffez toujours
être de mon avis, & à la fin c'eft le vôtre qui
remporte ».
Les négociations entre la cour de Rome &
celles de France étant heureufement terminées ,
le jeune négociateur’ vint en rendre compte à
Louis X IV . C'eft à cette occafion que ce monarque
dit de lui : « Je viens d’entretenir un
homme, & un jeune homme qui m’a toujours
contredit & qui m’a toujours plu ».
C e monarque le nomma fon ambaftadeur extraordinaire
en '1693. 11 s'agiffoit d'empechei;
qu'à la mort de Jean Sobieski, .prêt dedefeendre
au tombeau, un prince, dévoué aux ennemis de
la France, n'obrînt là couronne de Pologne & i.{
falloir la faire donner à un prince de la maifon
de France. Le-prince de Conti fut élu par fes
foins ; mais diverfes circonftances ayant retardé