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étojt Jean,,8c le d^ic d’PrJéans, le reconnut en
çtîct pour ion fi]$.
On fait que ee fut ce bâtard qui, fous le
nom de comte de Danois , reconquit la France
avec la pucelle d'Orléans > fous le règne de
Charles V i l , & qui mérita par fes belles avions
da.vo.ir le rang & la dignité depcince-Ceft la tige de
la maifon de Longueville,, qui' commença par
un grand homme, 8c finit par un infenfé.
DUPERRIER gyoir eu quelques fuccès dans
la poèfie latine ; & s'il fe fût borné à ce genre
de littérature, il eût pu mériter un rang diftin-
gué parmi les modernes qui.;fe font appliqués à
marcher fur les traces de Kirgile. Mais il voulut
figurer fur le Parnafte François j & fe diffimu-
larit fa foiblelfe, il ofa prendre tout d’un coup
Malhenbe pour modèle. Etonné lui - même de la
grandeur de fon audace, prenant déjà fes timides
efîais pour des chefs-d’oeuvre, à peine
avoit-ii enfanté péniblement une tirade froide 8c
monotone, qu’ il la récitoit avec emphafe à tous
ceux qu'il rencpntroit. Un jour il accompagna
t>efpréfux à l’églife, 8c pendant toute la meffe, il ne
ç ç tlf de lui parler d’une ode qu’ il avoit préfentée à i’a-
ca4érniefrançoife pour le prix de l’année 1671. « On
» m'a fait ja.plus grande injuftice, répétoit il. O u i,
» morbleu 1 le prix m’était dû. Ah ! quelle ode !
» Ëh ! qui m’a-t-00 préféré ?, Je veux vous' la
» réciter. »» Dejpréaux ne favôît comment calmer
fon orgueilleufe efferyefcence. 11 eut peine à le
contenir durant l’élévation ; 8c la fonnétte n’avoit
pas ceffé 4? fe faire entendre, que reprenant la
parole avec d’autant plus de véhémence qu’il
s’étoit contraint un inftant : « Croiriez.-vous>
» dit-d affez haut pour fe faire regarder de
w tous les afliftans, croiriez-vous qu’ils ont dit
» que mes vers étqiçpt trop malherbiens ? »
C e même Dupçrrier & Santeuil, qui ne lui
cédoit pas en amour-propre > parioient à qui fe-
r.oif mieux des vers latins. Ménage, qu’ils chbi-
firent d’abord pour arbitre, ne voulut point juger
cette modefte querelle. Ils s’en rapportèrent
au père Rapin, qu’ils rencontrèrent au fortir
d’une églife, 8c qu’ils firent dépofitaire de leur
enjeu. Lç bon jéfuite leur reprocha leur vanité,
méprifa leurs vers, rentrant dans le temple,
jeta dans le tronc des pauvres l’argent qu’ils lui
avoient configné.
DU PER RO N, Jacques Davy , cardinal ) né
dans la baffe Normandie 9 en 1 yy6, mort en 1618.
Il y eut une célèbre conférence au Louvre
fur la religion : Duperron y prouva fi bien la fal-
fification des pafiages employés par Dupleflis Mor-
nay contre la mefle , que M. de Mornay couvert
de confufion fe retira à Saumur 5 fur quoi on dit,
affez plaifamment, qu’i l . avoit abandonné tous
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les .paflages de l’écriture fainte pour conferver
celui de Saumura
Le cardinal de Richelieu comparoit quatre des
meilleurs écrivains de fon tçmps aux quatre élé-
-mens : le cardinal de Berulle, au feu pour fon
élévation : le cardinal Duperron,. à la mer pour
fon étendue : le père Coeffeteau , à l’air pour fa
vafte capacité : M. Duvair, à la terre par l’abondance
8c la variété de fes prpduÔtions.
Il eft certain qu’ on remarque mieux les grâces
8c les défauts d'un ouvrage quand il eft écrit
d’un bon cara&ère, que s’il étoit d’un mauvais,
8c mieux aufli quand il eft imprimé que s’il étoit
écrit à la main. Audi le cardinal Duperron qui
n’épargnqit ni foin ni dépenfe pour fes livres,
les faifoit - il toujours imprimer deux fois : la première
pour en diftribuer feulement quelques copies
à des amis particuliers, fur lefquels ils
pufient faire leurs remarques 3 la fécondé pour
les donner au public, en la dernière forme ou
il avoit refolu de les mettre. Pour qu’ils ne £uf-
fent pas divulgués contre fon gré de la première
forte, il n’y faifoit travailler que dans fa maifon
de Bagnolet , où il avoit une imprimerie
; exprès;
Un jour le cardinal Duperron ofa traiter d’ignorant
l’avocat général Servin. Il eft vrai, tnon-
feigneur, lui répondit ce magiftrat, que je^ ne
fuis pas affèz favant pour prouver qu’il n’y a
point de d ie u . Le cardinal demeura muet 8c
confus : pour entendre cette réponfe il faut
favoir que Duperron entretenant Henri III durant
fon dîner avoit eu l’au.dace de lui dire :
Je viens de prouver qu’il y a un Dieu, mais
demain, fi votre majefté Veut m’écouter encore
, je lui prouverai qu’il n’y en a point du
tout. Deqaoi le roi eut tant d’horreur qu’ il le
bannit pour jamais de fa préfence.
Il avoit un fi grand afcendant fur le pape
Paul V , que ce pontife difoit ordinairement
à ceux qui l’approchoient de plus près : « Prions
».» D.’eu qu’il infpire le cardinal Duper/on, car'
»» il nous perfuadera tout cç qu’il voudra. »»
D U PR A T ( Antoine) cardinal chancelier de
France, né à Ifîoire en Auvergne, mo;rt au châ-.
téau de Nantpuillet, le.9 juillet 1 > à 7* ans.
Antoine Duprat, qui fut fucççflivement maître
des requêtes, premier préfident au parlement de
! Paris, chancelier de France , archevêque de.Sens,
| cardinal 8c légat perpétuel en France, avoit com-
i mençé par être folliciteur de- procès; à Cognae,
i pour la comtefte d’Augaulêi^e.’Çette prinçefte Iqi
| crut aflez de mérite pour lui cqnfier.là conduite ftfc
î fon fils , qqi régna fous lç nom 4.e François I.
, Duprat
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Dupfat dut fa fortune âc fon crédit à un trait
hardi 8c fingulier. Ils ’apperçut que le comte d’An-
goulême étoit amoureux & aimé de Marie, foeur
de Henri V I I I , roi d’Angleterre, femme jeune
2c belle de Louis X I I , mari infirme, 8c qui étoit
fans enfant. La reine ne trouvant pas dans l’hymen
de quoi fatïsfaire fa pâfljon, av®it accordé un rendez
vous à fon amant. Le jeune prince enivré dé
fa bonne fortune , fe glifte pendant la nuit par les
détours d’un efcalier dérobé, 8c eft,près d’entrer
dans l’appartement ou il étoit attendu , lorfqu’un
•homme-fore & robufte le prend entre fes bras,
l ’enlève & l’emporté interdit & furieux loin de fes
plaifirs. Cet homme ne tarda point à fe faire con-
noître; c ’étoit Duprat, qui lui repréfenta avec vivacité
combien i f étoit imprudent de vouloir fe
donner lui-même un maître, & de faerifier un
.trône au plaifîr d’un moment. Le confçil étoit bon ;
3e comte d’Angoulême en profita, r& lorfqu’il fut
roi, il combla d’honneurs & de biens fon favori. ^
. Dès grands événemens arrivés pendant fon mi-
niftère, dan« l’état & dans la religion, lorfqu’il
etoit légat a Latere3 ont donné lieu au proverbe :
i l a autant d'affaires que le légat. 11 eft le principal
auteur de ce fameux^concordat, pafTé entre Léon
X & François I , qui abolit \d.Pragmatiquerfarf£lion.
Cet homme fi verfé dans la fcience des loix, n’en
çonnoiflbit point d’autres que fes intérêts & la
..paflîon du fouverain. On lui a reproché avec juf- :
tice-d’avoir introduit la vénalité des charges , d’a- !
voirfouvent divifé l’intérêt du roi d’avec le bien
public, & d’avoir établi cette maxime fi contraire
a la liberté naturelle, opxilrieft point de terre fans
feigne ur*.
x Lés hiftoriens n’ont pas dédaigné de tranfmettre
a la poftérité, fon goût bifarre pour la chair d’â-
Don. Il donna fur cela, comme fur beaucoup d’autres
chofes, le ton à la coür, & l’ ânon ne ceffa
d etre un mets exquis que lorfque le mîniftre eut’
cefle de vivre. A force de boire & dé manger, il
étoit devenu fi gros & fi gras, qu’ il.falloit échang
e r fa table pour faire place à fon ventre.
Cet illuftre favori amaflajdes biens immenfes.
Devenu veuf, il fe fit d’êglife pour s’enrichir en-
core davantage. Comme il ne ceftoit de demander
de nouvelles grâces au roi, ce prince lui répondit
par ce demi-vers de Virgile, qui faifoit allufion à
- fon nom : fat prata bibere.
Des lettrés patentes ad reliées à Duprat, portent
cette fingulière & peut-être unique fouferip-
tion I A notre très-cher & féal ami le cardinal de
Sens, chancelier de France.
D i i^ t fit bâtir à l‘hôtel-dieu de Paris la M e
qu'on nomme aujourd'hui la Jalk du légat. « Elle
? fera bien .grande, dit le roi,-fi elle peut con- '
” tenir tous les pauvres qu'il a faits. »
On rapporte que ce prince voulant faire rendre
F/icyclopédiana.
DUR]
gôfge. à fon favori, & î/ignorant point fon ambition,
lui fit accroire que, fuivant les dépêches
qu il Venoit de recevoir de Rome, le pape étoit
mort. Duprat concevant auflîtôt les plus belies ef-
pérànces,.repréfenta au roi l’intérêt de l’état, de
placer fur le trône pontifical un des fujets de fa
majefte,qui lui fût entièrement dévoué-. «Et fi c’é*
» toit toi, dit le roi5 mais il faut de grandes
” fommes d’argent pour fatïsfaire- l’appétit des
»» cardinaux, 8c pour le préfent, je n’en ai poinr.
» Duprat lui préfenta deux tonnes d’or. C'eft
»> allez, dit le roi, j'y ajouterai aulfi du mien. Des
■ 31 lettres poftérieures apprirent que le. pape vivoifc
» encore, fans qu’il eût jamais été malade. Le car-
” dinal le dît au ro i, & redemanda fon argent»
/»v C ’étoit fait; la réponfe fut : je ferai des répri-
» mandes à mon ambaffadeur: pour l’argent, li le
» pape n’eft pas mort, il mourra. »»
Comme on confidéroit les pertes que la ville dé
Milan caufoit à la France , on dit qu’il feroit à
fouhaiter que cette ville eût été entièrement nji*
née : non , non, dit le chancelier Duprat ; 1*
guerre de Milan fert d’une purgation à la France,
pour la netoyer d une infinité d’hommes perdus
& débauchés qui i’infe&ereîent.
DURER (A lb e r t ) né à Nuremberg , l’an.
1471, mort l’an '1528.
^Plufiéurs auteurs le font naître en 1^70, en^-
tr autres d Argenville. Albert Durer, avoit un génie
vafte qui émbrâfloit tous les arts. Il a beaucoup
gravé, & feseftampes font très-eftimées. Il excel-
loit aufli dansrarchitedure, dans lafculpture , 8c
ppflédoit parfaitement les mathématiques. C ’eft:
lui qui fit naître le bon goût de là peinture en A i-,
lemagne. Il a,écrit avec fuccès fur ,1a géométrie ,
la perfpedive , les foruficâtipns, 8c fur la proportion
des figures humaines.
Albert Durer, fut I homme de fon temps le
mieux fait ; une heureufe phyfîonomie, des maniérés
nobles, 8c Une converfatiofl agréable ,
donnoient un nouveau luftre à fes rares talens.
Il aimoit la joie & les plaifirs ; 8c0 ne s’y livrant
qu avec modération , il leur trouvoit toujours la
meme vivacité.
Les écrits 8c les tableaux d’Albert lui acquirent
de bonne heure une grande réputation. L’empereur
Maximilien I l’annoblit, 8c lui donna des
armes diftinguées.Ce prince le faifant un jourdef-
finer devant lui fur une muraille , s’apperçut qu’A lbert
ne pouvoit atteindre affez haut pour terminer
quelques figures, 8c ordonna qu’un officier de fa
fuite lui fervît d’efcabelle 5 enforte que l’officier
fqt contraint de fe courber jufqu’à terre, 8c de
laifler monter le peintre fur fon dos. C et a ôte d’o-
bé:flance lui arracha des murmures ; l’empereur
les entendit, 8c s’écria: —-— ‘« d ’ un payfan je
w P ni s faire un- noble 3 mais d’un ignorant ie
D. d d