
i t f a B A R
Qui ne trompa jamais, qui fut toujours fort fa g e .. .
J e n’en dirai pas davantage;
C eft trop mentir pour cent écus.
B AR B Y T AC E . C ’eft le nom d’une ancienne
A 3 t^onc ^es habitans, au rapport
.de Pline, faifoient tous leurs efforts pour ra-
malfer beaucoup d’or , non afin d’êtro fort riches ,
mais dans le defifein d’enfouir un métal fi dangereux
pour l’efpèce humaine.
BARDE. Les anciens bardes ont été les ©lus
confédérés & les mieux récompenfés de tous les
poètes de la terre. Les gaulois , les bretons ,
les germains, les peuples de la Scandinavie, les
appelaient les chantres de la guerre; en effet,
la veille des batailles ils compofoient des poèmes
guerriers, qui infpiroient à leurs compatriotes une
ardeur martiale : pendant l’a&ion ils fe tenoient
a 1 écart, en lieu de sûreté, & fe contentoient
de tout obferver pour le tranfmette en vers au
public qui en fàifoit grand cas ; heureux les héros
qui méritoient leurs éloges; celui dont ils -
publioient la lâcheté étoit pour toujours dévoué ,
au deshonneur.
Les bardes, en récompenfe de leurs poèmes
& de leurs chanfons, recevoient des terres qui
étoient exemptes de tout impôt; ils avoient le droit j
de fe faire nourrir la moitié de l’année aux frais j
du public, & fe logeoient le plus fouvent dans
la première maifon, qui leur fembloit commode.
Les premiers hiftoriens ont puifé dans les recueils
des poèmes des bardes les premiers chapitres
des hiftoires de différents peuples.
BARNEVE LDT. Jean d’Olden Barneveldt,
avocat-général des états de Hollande fut très-
habile dans les négociations, & très-eftimé d’E-
lifabeth & d’Henri I V , bons juges en fait de
mérite.
Malgré toutes fes vertus, Barneveldt fut ac-
eufé de trahifon & d’intelligence avec l’Efpagne.
En 1619 il fut jugé par vingt-fix commiffaires à
avoir la tête tranchée. Il montra jufqu’à la mort
autant de fagefie que de fermeté. Sa dernière
lettre, à fa femme & à fes enfants, eft un monument
précieux de tendreffe & de grandeur
d’amp.
BARO N ( Michel ) , fils d’un marchand d’If-
foudun, qui s’étoit fait comédien, entra dans
la troupe de la Raifain , & quelque temps après '
dans celle de Molière,
\On l’appèîla, d’une commune voix, le Rof-
cius de fon fiècle ; il difoit lui-même, dans fes
enthoufiafmes d’amour-propre, que tous les cent
ans on voyoit un Céfar, mais qu’il en falloir
deux mille pour produire un Baron,
b a r
Le pere de ce célèbre aéleur avoit aufl*, dans
un degré fupérieur, le talent de la déclamation ;
fa mere, également coniédienne, étoit la plus
belle perfonne de fon temps. On rapporte que
lorfqu elle fe préfentoit à la toilette de la reine-
mere , fa majefté difoit à toutes fes dames : voilà
la Baron , & toutes prenoient la fuite.
Cette aétrice étoit au foyer de la comédie,
lorfqu un amant, qui l’avoit quittée, vintfe reconcilier
avec elle,* la paix fe fit, & l’amant demanda
à l ’aétrice la clef de fon appartement
pour aller, difbit-il, fe réparer & attendre la
fin de la pièce ; mais le miférable abufant de
la confiance qu’on avoit en lu i, prit l’argent
avec tous les autres meubles de prix & fe fauva.
La Baron étoit dans une fituation critique, cette
nouvelle caufant chez elle une révolution fubite.,
lui donna la mort.
>Paron. f f entf° it jamais fur la fcène qu’après
s etre mis dans l’ efprit & dans le mouvement de fon
rôle. Il y avoit telle pièce où , au fond du théâtre
& derrière les couliffes, il fe battoir, pour ainfî
dire, les flancs , pour fe paflxonner ; il apoftro-
phoit avec aigreur & injurieufement tout ce qui
fe trouvoit fous fa main, de valets & de camarades
de l’ un & de l’autre fexe, jufqu’ à ne point
ménager les termes, & il appelloit cela refpééter
le parterre. Il ne fe montroit en effet à lu i,
qu’avec je ne fais quelle altération de fes traits ,
& avec ces expreflions muettes, qui étoient comme
1 ébauché du caractère de fes différents perfon-
nages. - r ‘ : :
. Les prédicateurs venoient fouvent à la comédie,
dans une loge grillée, étudier Baron.
AUn jour cependant le parterre ne put s’empêcher
d’interrompre cet afteur par un éclat de
rire, lorjqu’ à l’ âge de foixante & quinze ans,
jouant le rôle de Rodrigue dans le C id , il récita
ces vers :
Je fuis jeune, il eft vrai; mais aux âmes bien nées t
La valeur n’attend pas le nombre des années.
Ce qui avoit encore pu exciter les ris du parterre,
c eft que Baron, dans la même pièce, fe
jet’toit affez leftement-aux genoux deChimène;mais
quand il falloit qu’il fe relevât, on voyoit arriver
deux garçons de théâtre pour lui prêter là
main.
Peu de temps après, il voulut encore remplir,
dans ‘la tragédie de Britannicùs, le premier rôle.
Plufieurs fpeélateurs , choqués de voir le per-
fonnage de Britannicùs, qui eft un prince à
peine foiti de l’enfance repréfenté par un veil-
lard feptuagénaire, ne purent s’empêcher de rire
& d’interrompre le fpe&acle. Baron , fans fe
déconcerter, s'avance fur le bord du théâtre,
fe
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fe croifê les bras, & après avoir regardé fixement
Je parterre, il s’écrie, en pouffant un profond
foupir : Ingrat parterre que j'a i élevé , &
continué fon rôle.
Il vouloit refufer la penfion de 3000 livres que
Louis X IV lui avoit donnée, parce que l’ordonnance
portoit : Baye£ au nommé Michel Boyron ,
dit Baron , &c.
Il .continua de jouir des applaudiffemens dii
public jufqu’ au 3 feptembre 172.9, qué repré-
fentant Vinceflas dans la tragédie de ce nom,
après avoir prononcé ce vers de la première
fcène :
Si proche du cercueil où jevme -vois defeendre.
Il le trouva fi incommodé d’un afthme, qu il ne
put continuer. Il mourut le 1 1 décembre fuivartt
a 77 ans.
Le portrait de Baron a etc grave, & voici
quatre vers que le grand Rouffeau fit pour etre
mis au bas :
Du v r a i, du pathétique , il a faifi le ton.
De fon art enchanteur l’illufion divine
Prêtoit un nouveau luftre aux beautés de Racine ,
Un. voile aux défauts de Pradon.
Baron alaiffé au théâtre plufieurs pièces fous
fon nom, que l’on joue encore avec fuccès,
telles que l’Homme à bonnes fortunes,la Coquette,
le Jaloux, l’Andrienne , &c.
BARREAUX (Jacques Vallée, feigneur des ),
né en 1602, il quitta une charge de oenfeiller au
parlement de Paris pour fe livrer entièrement aux
délices d’une vie voluptueufe. Cependant il
parut réformer fes moeurs , quand il atteignit
foixante-dix ans ; c-e qui lui attira cette épi-
gramme :
Des Barreaux, ce vieux débauché,
Affeéte une réforme auftère ;
Il ne s’eft. pourtant retranché
Que ce qu’il ne peut plus faire.
« Je demande à Dieu trois efiofes , difoit des
» Barreaux : oubli pour le paffé, patience polir le
» préfent & miféricorde pour l’avenir ».
BART (Jean). Jean Bart, né à Dunkerque,
d’un fimple pécheur, fe rendit fameux par plu-
;fleurs combats fur mer, & grand nombre d’actions
hardies. Il fe conduifoit par-tout en marin. Il
ne favoit lire,ni écrire ; mais il favoit bien fe battre.
Le chevalier de Forbin l’ayant conduit à Ver-
failles , on.difoit en plaifantant : voilà le chevalier
de Forbin qui mène Cours. Il avoit , en effet ,
Encyclopédiana,
B A R i«^i
une figure terrible : il étoit de haute taille, robufte»
avec un air menaçant.
Pendant que Jean Bart étoit à Bergue , un an-
glois qui commandoit deux vaiffeaux y aborda ,
alla dans un lieu public où les officiers avoit coutume
de fe rendre pour fe .rafraîchir. Il apperçut
un homme dont l’air fier & déterminé, la taille
haute & vigoureufe le frappèrent. L’entendant
parler facilement anglois, il eut la curiofitéde fa-
voir qui il étoit. Ceux à qui il le demanda lui répondirent
que c’étoit Jean Bart. —C ’eft lui que je cher- .
che. Cet anglois, après un entretien affez court,
dit qu’il avoit envie d’en venir aux prifes avec lui. —
Cela eft très-facile , répondit Jean Bart : j’ ai be-
foin de munitions , & partirai fi-tôt que j’en aurai
reçûes. —Je vous attendrai , répartitl’anglois. Jean
Bart apprit qu’un vaiffeau parti de Breft pour lui
apporter des vivres , avoit été pris par les Fleflin-
guois , il vendit une de fes prifes , acheta des pro-
vifions, & lorfqu’il eut fait les • préparatifs pour
fon déport, il avertit le capitaine anglois qu’il
mettroit à la voile le lendemain. L’anglois répondit
qu’ils fe battroient lorfqu’ils feroient en pleine
mer ; mais qu’étant dans un port neutre , iis dévoient
fé traiter réciproquement avec amitié ; &
l’invita à déjeuner le lendemain à fon bord, avant
de partir* Jean Bart lui répondit : — Le déjeûner
de deux ennemis comme vous & moi qui le rencontrent
, doit être des coups de canon ou des
coups de fàbr.e. Le capitaine anglois infîfta. Jean
Bart étoit brave , par conféquent incapable de baf-
feffe : il jugea du capitaine anglois par lu i, accepta
fon déjeûner , fe rendit à fon bOrd , prit un
peu d’eau-de-vie, fuma une pipe, dit au capitaine
anglois : il eft temps de partir. L ’anglois lui
dit '..vous êtes mon prïfonnier y j'a i promis devons
prendre > de vous amener en Angleterre. Jean Bart
jetta fur lui un regard qui annonçoit fon indignation
& fa fureur ; alluma fa mèche , cria a moi ;
renverfa quelques anglois qui étoient fur le pont ,
dit : Non , je ne ferai pas ton prifonnier 3 le vaiffeau
va fauter. Tenant fa mèche allumée , il s’élança
vers un baril de poudre qu’on avoit par hafard
tiré de la fainte-barbe. Tout l’équipage anglois fe
voyant près de périr , fut faifi d’effroi. Les fran-
çois qui étoient dans les vaiffeaux de Jean Bart ,
l’avoient entendu , ils fe mirent promptement dans
des chaloupes, montèrent à l’abordage du vaiffeau
où- il étoit, hachèrent en pièces une partie
des anglois, firent les autres prifonniers ; s’emparèrent
du vaiffeau. En vain le capitaine anglois
repréfenta qu’il étoit dans un port neutre ; Jean
Bart l’emmena, & le conduifit a Breft.
BARTHELEMI DES M A R T Y R S , domini-
1 cain ,. né à Lisbonne en 15 14 , mort en 1 ^90.
La reine Catherine lui donna, l’archevêché de
Brague. Comme on demanda au concile de