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Ferrare , homme violent & emporté, avoit suffi
ofé taxer le chancelier d’ignorer ce que fa charge
exjgeoit « Au moins , lui répondit vivement
» ¥ Hôpital 3 j'ai tâché de l’apprendre j mais vous
» qui pofiédez divers évêchés , vous n’avez jamais
« fongé à vous inltruire des devoirs de i’épif- !
” copat»».
L 'Hôpital fe voyant les mains liées pour em- .
pêcher les maux qu'il craignoit, fe retira de lui-
même, en 1568 , dans fa maifon de campagne
de Vignai , près d’Eftampes. Quelques jours
après j on lui fit demander les fceaux j il les rendit
fans regret, difant que les affaires du monde
etoient trop corrompues pour qu’ i l pût encore s ’en
mêler.
L’illuftre chancelier eut la douleur d’être témoin
du maffacre de la faint Barthelemi en 1572,, & il
penfa fur cette cruelle journée comme nous penfons
actuellement : Excidat ilia dies J
Ses amis craignoient qu’ il ne fût enveloppé
dans ceite horrible exécution , & l ’avertirent de
prendre garde à lui. Rien, rien3 répondit-il} ce
fera ce quil plaira a Dieu 3 quand mon heure fera
venue. Le lendemain., on vint lui dire qu’on voyôit
une troupe de cavaliers armés qui s’avançoient
vers fa maifon, & on lui demanda s’il ne vouloir
pas qu’on leur fermât les portes & qu’on_tirâtTur
eux, en cas qu’ils vouluffënt les foncer: Non3
non , répartit - i l } mais f la petite n’efi battante
pour les faire entrer , que ton ouvré la grande.
C ’étoit en effet des furieux qui, fans ordre de
la cour, venoient pour le tuer ; mais avant que
d’exécuter leur deffein, ils furent atteints par
d’ autres cavaliers envoyés par le roi même, qui
apprirent que ceux qui avaient eu la direction
du maffacre , n’avoient point compris YHôpital-
dans le nombre des pr-ofcrits', & qu’ils lui par-
donnoient les oppofitioiis qu’il avoit toujours
formées à l’exécution de leurs projets. « J’igno
» rois, répondit-il froidement & fans changer
»» de vifage, que j’ euffe jamais mérité la mort ni
» le pardon »>.
H O R A C E , poète latin, né l’an .63 avant
Jefus - Chrift , mort fept ’ ans avant la même
époque.
Horace , -quoique fils d’un affranchi fans, biens
& fans crédit, reçut néanmoins par les foirs
paternels toute l’éducation que l’on donnoit alors
aux enfans des plus illuftres maifons. La recon-
noifTance qu’ il en conferva toute fa vie à l’auteur
de fes jouis fait également l’éloge du père 8c du fils,
cc Jamais, dit-il, je ne me repentirai d’avoir eu
»» un tel père; & je ne dirai point ,.comme ceux
»» qui s’excufçnt de n-être point iffus de parens
» illuftres, qu’il n’ v a point de-leur faute. Je
»» parlerai & je jaenferai toujours bien différem-
» ment. Si la nature vouloit qu’ à un certain âge
H O R
®» ©n recommençât une nouvelle p arrière, & que
»» chacun fe choisît à fon gré des parens, con-
»» tent des miens, je n’en irois point prendre au
» milieu des faifce.iux, ni fur les chaires curules».
(Sat. V I 3 Liv. I . )
Horace3 z l’âge de vingt-deux ans, étrit venu
étudier la philofophie à Athènes. Ce fut dans
cette ville qu’il fit la connoiffance de Brutus, l’un
des affaffins de Céfar. Ce général l’emmena ,en
Macédoine, & Horace fe trouva à.la bataille
de Philippes en qualité de tribun du peuple, Ce
poëte, qui ne diffimufe rien de ce qui lui eft
arrivé, avoue qu’il prit la fuite & qu’il abandonna
fon bouclier. De retour à Rome, il ne fut
pas long-temps fans être connu de Mécène > ce fut
Virgile, le bon Virgile, optimus Virgilius, qui le
premier parla à fon patron de ce mérite naiffant*
Varus vint enfuite à l’appui, 8c lé féconda. « La
» première fois que je parus devant vous, dit
« Horace à Mécène dans une de fes épitres, je
»» vous répondis d’une voix entrecoupée , carie
»» refpeét m’empêchoit d’en dire davantage, Je
» ne cherchai point à me parer auprès de vous
■ » d’une origine illuftre} je vous expofai fimple-
»» ment qui j’ étois. Vous me répondues en peu
»» de mots , à Votre ordinaire.- Je me retirai,
» & au bout de neuf mois vous me rappel-
»» lâtes pour me dire que vous aviez bien voulu
» me mettre au nombre de.vos amis». ( Sat. 6 ,
Liv. I. )
L’amour-propre d’un homme en place fouffri-
roit peut-être aujourd’hui impatiemment qu’ un
fini pie homme de lettres s’avouât publiquement
fon ami. Mais l’empereur Augufte, qui valait
bien nos plus grands feigneurs, ufoit lui-même;
envers Horace de la plus douce familiarité. Il
converfoit avec lui , le faifoit manger à fa table,
& cherchoit à fe l’attacher. Il lui offrit la place
de fecrétaire du- cabinet, 8c écrivit pour cet effet
: à Mécène : « Jufqu’ici je n’ ai eu befoin de per-
' »» ion ne pour écrire mes lettres à mes amis; mais
| »» aujourd’hui que je me vois accablé d’affaires &
»» infirme , je fouhaite que vous m’ameniez notre
»3 Horace. Il paffera de. votre table à la mienne,
»3 & il m’aidera à compofer mes lettres,»». Il y a
dans le texte : Veniet igitur ab ifiâ parafiticâ menfâ
ad hanc regiam , il paffera de votre table où il
n’eft que parafite, à cette table royale. L* pïai-
fanterie d’Augufte roule fur ce qu Horace n’étoit
point de là maifon de Mécène, & n’avoit pas
droit par conféquent de manger à fa table. Mais
Horace refufa d’accepter une place qui l’auroit
gêné, & l’empereur n’eu fut peint offenfé.
Mécène, dans fon teftament, avoit recommandé
Horace à Augufte par ces propres paroles '.fou-
vene^'vous d’Horace comme de moi-même. Mais
cç poète illuftre mourut Ja même année que fori
protecteur 8c fon ami. 11 fut enlevé par une
maladie
H o T,
Aaîadié Soudaine & violente qui ne lui permît,
pas de faire de teftament. Il n’eut que le temps
de dire dé vive voix qu’il nommoit Augufte fon
héritier.
HORLOGE. Les horloges à roues, dont on
attribue communément l'invention au pape Gçr-
b.ert, qui mourut en 1003, font beaucoup plus
anciennes. Elles étoient connues dès le quatrième
fiècle ; ce n’eft que par degrés qu’on les a perfectionnées.
Sous Louis X I , il y eut des.horloges
portatives, à fonnerie. Un • gentilhomme , ruiné
pa-r le, jeu, étant dans la chambre du ro i, prit
Xhorloge du prince, & la mit dans fa manche, ou
elle forma. Louis X I , loin .de punir le v o l, lui
donna généreufement \‘horloge. Celle qu’Henri II
fit conftruire à Anet, vers le.milieu du feizieme
fiècle , mérite d’être remarquée,. On y vojt encore
une meute de chiens qui marchent en aboyant je ’eft
un cerf qui du pied frappe les heures.
: HOSP ITALITÉ . Les arabes ont toujours
confervé un fingulier attachement aux devoirs de
Yhofpitalité: G ’eft ce dont rendent témoignage des
voyageurs qui ont vécu quelque temps dans ce
pays. On leur a entendu racont’er à ce lu jet divers
traits’ , entr’ autres celui-ci. Taleb avoit eu le
ijnalheur de tuer le père de l’Emir Alcafar. Celui-
ci brûîoit depuis long-temps du defir de fe venger.
Un jo u r , comme il écoit près de fortir de fa
jnalfôn pour continuer fes recherches , il y vit
entrer un inconnu, qui lui demanda'Tumblement
Vhofpitalitê. Alcafar reçut fon nouvel hôte avec
là plus grande cordialité, le fit affeoir à fe râble,
& le reçut de fç>n mieux., Le. lendemain l’Emir t
fortit encore, & courut toute la ville pour^découvrir
l’objet de fa vengeance. Le foir, défef-
péré' d’avoir perdu Tes pas, il revint, chez lui de
fort mauvaife humeur, & foupe avec l’étranger,
qui lui demande, avec intérêt , la caufe de fa mélancolie.
Après bien des inftances réitérées inutilement
plusieurs jours de fuite , Alcafar déclare
enfin à l'inconnu ,q u e , depuis un an, il cherchoit,
fans pouvoir le trouver, un certain Taleb, meurtrier
de fon pèrei Oh bien l dit l’étranger , en
ôtaqt une barbe poftiche qui le déguifoit , ne
cherchez plus votre ennemi, il .eft en votre puif-
iance-; reconnoiffez en moi Taleb. Vous , Taleb 1
s’écrie alors l’Emir, ô cieU eft il.poflible) mais
voiis êtes mon hôte. T en e z , prenez cette bourfe;
éloignez-vous de ma maifon, 8c je verrai enfuite
ce que j’ aurai à faire.
H O T T E N T O T . Un hottentot ■ fut plis au
berceau : on l’éleva dans nos rnoeprs & dans notre
croyante ;• il fut envoyé aux Indes , 8c utilement
employé dans le commerce. Les circonftances
l’ayant ramené dans fa: patrie , il .alla vilîter fes
parens dahs,'!eur cabane.. Là: fiugularité de ce
qu’il vit le frappa, I f fe couvrit d'une peau de
£>nçyçlppéflifittUf
H O Uv Sï i
brebis, Sc alla reporter au fort fes habiileraens.
« Je viens, dit-il au gouverneur, je viens renon-
» cer pour toujours au genre de vie que vous
» m’aviez fait embraffer. Ma réfolution eft de
3» fuivre , jufqu’ à la mort, la rd gion & les
3» ufages de mes ancêtres. Je garderai , pour
33 l’amour de vous, le collier & 1 épée que vous
»3 m’avez donnés. I roiivez bon que j abandonne
33 tout le refte >». Il n’attendit point de réponfe,
& fe déroba par la fuite 5 on ne le revit plus.
HOU L IER E S , (Antoinette du Ligier de la
Garde, veuve de Guillaume Laforid, feigneur
dés ) née en 1638, morte eu 1694.
Le goût de madame des Houlières pour la poëfie
avoit été cultivé'par le poète Hénauit, connu
par fon fonnet de XAvorton. Cette dame fit ufage
de fa plume- pour s’acquéii'r des.proteéteurs ; mais -
elle ne prodigua que trop fouvent fon encens à
des divinités fourdes, à en juger du moins par
fes murmures fréquens contre la fortune. Tout
ce qu’elle put obtenir fut une modique penfion, 8c
quelques honneurs littéraires. L’académie d’Arles
en Provence, & celie des Ricovrati de Padoue,Te
l’étoient alfoc-iée. :
On prend pljnfir à citer quelques-unes de fes
maximes ; celles-ci fur-tout dont la véixté eft
reconnue,
. . . . II. n’eft pas fi facile qu’on penfe,
D’être fort honnête homme, & de jouer gtos jeu.
Le defir de ga gn er, qui nuit & jour occupe,
Eft un dangereux aiguillon :.
Souvent, quoique l’efprit, quoique le coeur foït bon,
Qn commence par être dupe ;
On finit par être fiipon.
L'amour-propre eft, hélasî le plus Catdes amours;
Cependant, des erreurs il eft la plus commune :
Quelque puiflànt qu’on foit en richefl'e, en crédit,
Quelque mauvais fuceès qu’ait tout ce qu’on écrit#
Nul n’eft content deTa fortune,
Ni mécontent .de fon efprit.
On raèonte de madame des Houlières, cette
petite hiftorietteV qui peut divertir un moment.
Etant' allée voir une de fes amies à la campagne ,
on lui dit qu’un fantôme avoit coutume de fe
promener toutes les nuits dans Kuo des apparte4
mens du château > 8c que depuis bien du temps ,
perfonne n’ofoit y habiter. Comme elle n’étoic
ni fupetftitieufe, ni crédule , elle eut la cunofité,
quoique greffe alors, de s*en convaincre par elle-
même , 8c voulut abfolument coucher dans cet
appartement. L’aventure étoit afféz téméraire ,
& délicat^ à tenter pour une. femme jeune. &
aimable. Àu milieu de la nuit elle entendit ouvrir
fa porte, elle-parla; mais le fpedre h.e Îuî ré-
poadit rien. Il inàrchoit pefamment & s’avançoit