
n’y a qu*un homme dans toute cette ville qui ne
foie pas cocu. Qui donc, demanda la femme?
mais, dit le mari , tu le connois : j’ai beau chercher
, répondit-elle , je ne le connois pas.
Un jeune gentilhomme avoir donné à un chien
qii’il avoit élevé le nom de cocu- Comme il l’ap-
pelloit ainfî devant une dame grave 8c de peu
d’ efprit j il fe vit entrepris par cette dame qui
lui dit : vraiment, monfieur, cela eft bien
malhonnête , & vous devriez avoir honte de donner
ainfî à votre chien un nom de chrétien.
Un domeftique que Boileau avoit envoyé chez
fon ami Bois-Robert, tourmenté de lâ goutte,
pour fa voir de Tes nouvelles , lui apprit que fa
goutte avoit redoublé. Il jure donc bien , dit Boileau
Hélas 1 monfieur, repartit le domeftique, il
n’a p’us que cette confolation-Ià.
Un particulier setant éveillé un jour de grand
matin , appella fon valet*, & lui commanda de
regarder s'il faifoit jour. Le va’et ouvre la fenêtre,
va fur le balcon, & crie à fon maître qu’il ne
voit goutte. «Butor, lui répondit fon maître, je
le crois bien ,• allume la chandelle 8c tu verras
mieux ».
Une bonne femme achetant un jour des heures
chez un libraire de la rue Sainr-Jacques, les demanda
latines: un eccléfiaftiquequi étoit préfent,
lui dit; mais, ma bonne femme, vous devriez
plutôt les prendre franÇoifes ; car vous n’entendez
rien au latin. C ’eft pour cela , dit cette femme ,
que je les prends latines, parce que s’il y a du mal
il ne roulera point fur m o i, mais fur vous autres
qui les avez1 faites.
Trois femmes de qualité étoient à une fenêtre
pour voir l’entrée d'un ambaffadeur. Il y avoir
avec elles un ancien maréchal de France & deux
autres feigneurs. Un de ces derniers voyant paffer
M- Dugué-Trouin dans un carroffe , le fit remarquer
aux dames, en leur difant : voilà un héros
dans un fiacre. Un héros ! s’éçrîa aufli-tôt une de
ces dames, comme avec.furpfife , & fans fonger
devant qui elle parloit, <* attendez que je le regarde
attentivement; je n’en ai jamais vu ».
Un'pauvre curé ayant l’honneur de faire la
parfre de Ion évêque , S^interrogé fur la couleur
qu’il retournoit, répondit très-humblement:» celle
qu’il plaira à votre grandeur »;
Un évêque, faifant la vifite de Ton diocèfe ,
trouva un curé qui à peine favoit lire , & qu’il
avoit ordonné prêtre trois ou quatre mois auparavant.
L’évêque lui fit plufîeurs queftions ;
mais le pauvre curé, que la préfencè de fon fu-
pé rieur rendoit encore plus ftupide , lui répondit
tout d.ç travers. Quel âne de prélat vous a
fait prêtre, dît l’évêque, révolté de la fottife de
ce curé? C ’eft vou s , monfeigneur, iui dit le
bon homme, d’un ton humble & civil.
Un intendant de province venoit de paffer fur
un pont > dont les parapets étoient ruinés. Cet
intendant, qui, n’avoit pas la réputation d’être
un des plus fages de ce monde, querella le ma-
giftrat du lieu, de ce qu’on n’avoit :point eu la
précaution'de mettre, du moins des garde-fous
fur ce pont. « Pardonnez , monfeigneur, lui-dit
ce magiftrat, notre ville n’étoit pas sûre que vous
y pafferiez fi tôt ».
On racontoit un jour à M. de G.... que le r«i
avoit envoyé à Rome quérir des antiques ; il dit
en colère : « E h ! pourquoi n’en fajfons’nous pas
ic i, n’avons-nous pas d’habiles ouvriers » ?
Madame du G u é , mère de mefdames de Ba-
gnolles & de Coulanges, difoit toutes fes prières
en latin. Madame de Coulanges lui fit un jour
cette obfervation : « ma mère , vous feriez mieux
de prier en françois». «— » Oh ! non, ma fille,
quand on entend ce que l’on d it , cela amufe
trop ».
Une dame de qualité voyant la pompe funèbre
de fon mari, s’écria : Ah ! que mon mari ferait
aife de voir cela, lui qui aimoit tant les -cérémonies.
. .
Les habitans de Sivri-Hiffar, ville de la Nato-
l;e , ont la réputation d’être extrêmement fîm-
ples : un d’entr’eux difoit à fon voifin qu’il avoit
grand mal à l’oeil, & lui demaridoit s’il ne fa Voit
pas quelque remède.? Le voifin répondit; j’avois
l’an paffé un grand mal à une dent, je U fis arracher
8c je fus guéri ; je vous confeille de vous
fervir du même remède.
Un jeune Homme dit à fa femme la première
nuit de fes noces, que fi elle lui eût permis de
coucher avec elle avant le mariage il ne l ’eût jamais
époufée : O h , dit elle , je n’avois garde ,
après y avoir/été atrapée.
S Un feigneur allemand rendoit des vifîces très-
fréquentes à une demoifelle. La mère de cette
jeune perfonne, qui craignoit que l’on n’en médît,
demanda un jour à ce feigneur fur quel pied il
voyoit fa fille. Eft-ce pour le mariage ou pour
autrement ? L’allemand répondit affez ingénuement
c ’eft pour autrement. „
Un payfan, obligé de faire un voyage, recommanda
â fa femme de ménager fon front. Pourquoi
Cela , lui die la jèiane Agnès ? C ’eft , dit-il,
que fi fu n’çtois pas fage, il me viendroit dans
le moment des cornes à la tête. Fi donc 1 je
m’en garderai bien , reprit-elle, jç. crains trop
les, corne«. A peine fut-il parti qu’un galan.t lui
’éclaircit le myftère, & mit fes leçons en preuve.
Le mari, de retour, elle l’examine & lui d it:
tu m’as donc trompée ?
Un homme écrivait à M. de Villars qui venôît-
d eue fait maréchal de France., Après s’ être égaré
par les louanges les plus outrées, 8c l’avoir comparé
à M. de Turénne, il finiffoit en lui difant,
j efpère, monfeigneur, que je vous verrai bientôt
enterrer comme lui à Saint-Denis.
Un parifîen, nouvellement forti de Paris, ad-
miroitla largeur de ia Loire : voilà cependant , dit- .
il, une belle rivière pour une rivière de province.
Un homme ayant été volé plufîeurs fois dans
les rues de Paris, n’ofoit plus fortirj on lui con-
feilla de porter despiftolets. Les voleurs, répondit
il, me les prendroient.
Phillippe II voyageant, fut furpris parla nu:t ,
il fut- obligé de la paffer chez un payfan, chez
qui l’on fit un grand dégât. Le payfan s’ attendoit
à être ruiné. Le lendemain Philippe II lui dit
avant de fortir de fa maifon, que s’il avoit quelque
grâce à demander il n’avoit qu’à parler. Sire,
répondit-il, je demande à votre majefté qu’elle
ne vienne jamais loger dans ma maifon tant que,
je vivrai. Cette naïveté ne déplut pas au ro i, qui
le récompenfa magnifiquement.
Un gentilhomme normand, avoit amené avec
lui à Paris, un laquais qui n’étoit jamais forti de
fon village. Ce payfan ayant appris que le roi
revenait à cheval de Saint-Germain, alla pour le
voir; & comme on le lui montroit, il fe prit à
rire , & dit : « quoi! c’eft-là le roi, je penfois qu’il
fût bien autrement. « On lui demanda comment il
croyoit qu’il fût fait: « Je croyois, répondit-il,
qu’il fût tout d’o r , 8c qu’il eût la main bien grande;
car dernièrement on a faifi notre • vache en la
main du roi, je vois bien qu’elle ne fauroit y
tenir. ».
Un payfan, étant à confeffe, s’accufa d’avoir
volé du foin. Le confeffeur lui demandoit : combien
en avez-vous pris de bottes ? Oh ! dit-il,
mpnfieur, devinez— trente bottés^ dit le confeffeur.
—«Oh! non. — Combien donc, foixante ?
— O h! vraiment, nani, reprit le payfan , mais
boutez y ,1a charretée ; aufii-bien, ma femme &
moi, nous devons aller quérir le refte tantôt.
La femme d’un procureur de province, venoit
d’aflifter à un fërmon de Bourdaloue ; ou lui demanda
ce qu’ elle penfoit du prédicateur. « Il a
parlé fort long-temps, dit-elle;: je ne vous dirai
pas les tenans & aboutiffans de ion difeours, ce
que j’ai entrevu, c’eft qu’il faut paffer par de bien
mauvais chemins pour aller au ciel; mais ceux
qui mènent en enfer font mieux entretenus.
Les ouvriers & les artifans ne manquent guère
d’aller fête & dimanche, & tous les Juûdis, s’enivrer
à la Courtille. Un ivrogne, encore à jeun ,
apperce\ arit un de fes confrères qi.i, pour cuver
les fumees du gros vin qu’il avoit amplement
bu, ronâoit contre une borne, le contempla quelques
milans plongé dans un profond filcnce, 8c
puis s’écria : «'Voilà pourtant comme je ferai dimanche
» !
Lucas étoit de fi bonne amitié que le pauvre
voyant fa femme en couche, s'approcha de fon
lit & cherthoit à la foulager : cette femme, au plus
fort de fes douleurs le voyant fe lamenter :« Eh !
mon ami, lui dit elle , ne prends point tant de chagrin
de me voir iouffrir, je fais fort bien que tu
n’ en es pas la caufe ».
Une dame, ayant furpris fon mari entre les
bras de fa femme de chambre, la renvoya en lui
difant : « Ce que vous faites ic i, je lçferai bien
moi-même ».
Un des amis du peintre Nicolas, lui avoit prêté
qudqu’argent ; comme il né fe preffoit point à le
rendre, 8c qu’il en étoit même hors d’état, l’amî
le fit affigner. Il n’avoit qu’à nier d’avoir reçu îa
fomme, pour fe trouver quitte tout d’un coup y
mais fa cqnfcience répugnoit à prendre ce parti.
Maître Nicolas, étant devant le juge , héfîtoit,
incertain s’il fer oit ferment ou s il avoueroit \Ja
dette. Sa femme, qui Tavoit accompagné ,. Rs
voyant fi perplexe, s’avifa de Inr crier : « —• Juré
d o n c ju r e donc, puifqu’il y a quelque chofe à
gagner, tu jures fi fouvent à la maifon quoique tu
n’y gagnes rien ».
De? écoliers rencontrèrent une bonne femme
qui conduifoit des ânes! bonjour la mère aux ânes,
diç l’un deux : — bonjour mes enfans f répondit
la bonne femme.
Un fermier général avoit à fon carroffe deux
chevaux gris pommelés, les plus beaux 8c les
mieux choifis que l’on pût voir. En ayant perdu
un, il envoya fon cocher chez tous les maquignons
de Paris, pour lui en acheter un autre
femblable , à quelque prix que ce fût : le cocher
de retour ! He bien, lui dit fon maître, auflitôc
qu’il l’apperçut, as-tu réuffi ? oui, monfieur, lui
répondit le cocher, j’ai trouvé votre pareil.
Je viens vous compter mon chagrin,
D it Perrette à fon médecin :
Mon mari devient afthmatique.
Notre ëfculape lui répliqué :
Rafl’urez-vous : on voit cette efpèce de gens
Souffrir beaucoup, mais vivre três-long-temps.
Pour fe débarrafler il faut qu’on les affomme.
Perrette auiît tôt s’écria :
Monfieur, faites que mon pauvre homme.
Souffre le moins qu’il fe pourra.