
3 2 A D D A D I
On a vu plus d'un r o i , par un trille retour,
Vainqueur dans les combats > efclave-dans fa cour.
Les mortels font ég au x , ce n’eft point la naiflance ,
C’eft la feule vertu qui fait leur différence.
V ol t a ir e .
Lés gens qui n’aiment qu’eux ne font pas ceux qu’on
aime. B ar th é.
Pour les infortunés , efpérer c’eft jouir.
G i l b e r t . [
La vertu doit régner , ou confeiller les rois.
On vous juge d’abord par ceux que vous voyez.
Qui peut taire un complot lui-même en eft coupable.
L’éloge des abfens le fait fans flatterie.
Et l ’ami d’un heureux n’eft fouvent qu’un flatteur.
L’aigle d’une maifon n’eft qu’un fot dans une autre.
L’efprit qu’on veut avoir gâte celui qu’on a.
Un rapport clandeftin n’eft pas d’un honnête homme.
Quand j’accüfe quelqu’un, je le dis & me nomme.
Tôt ou tard la vertu , les grâces, les talens,
Sont vainqueurs des jaloux & vengés des méchans»'
GRESS ET.
A C C IU S , ( Lucius ) poëte tragique ancien ,
fort eftimé, mort vers Tan Bo.àvant J. C . Quelqu'un
lui ayant demandé pourquoi il -ne plaidoit
pas , lui qui rëüffiifoit fi bien fur le théâtre. Dans
mes tragédies ƒ■ répondit-il , je dis ce qu'il me -plaît,
au lieu qu'au barreau i l me faudroit dire fouvent
& entendre ce que je ne voudrais pas.
Suivant l'expreffion de Pline , Accius 3 quoique
très-petit de taille , mérita, une très-grande ftatue
dans le temple des mufes.
A D AM ( Jean) -jéfuite, mauvais prédicateur,
mort en 1684. Un feigneur Tay'ant entendu prêcher
à- là cour, dit à la reine : fon difcours m'a
convaincu qu1 Adam n'eft pas le premier homme dur
mande.
A D AM d'Orleton , évêque de Winchefter ,
mort en 137 c. On lui demanda quel traitement il
falloit faire, a l'infortune roi Édouard II que les
fujets tenoient en prifon, il répondit : Edwardum
regem occidere nolite timere bonum eft. Cette phrale
étant fans ponctuation pouvoit lignifier il eft bon de
craindre, ou il eft bon de ne pas craindre de tuer
le roi Edouard. La haine fuivit cette dernière in-
tçrprétation & le roi fut .facr-ifié.
ADDÎSSON ( Jofepk ) poëte & célèbre écrivain
anglôis , mort en 1719, auteur de la tragédie
de Caton d'Utique & du fpeftateur, ouvrage périodique
qüi l'a fait nommer \efagey parce qu'il
y enfeigne la fageffe en la préfentant fous les traits
les plus piquans. J1 fut élevé aux premières places
de l'état. Il dit dans fon fpeftateur 3 n°. 291. « Une
» des grandes * marques à laquelle vous reconnoî-
» trez un critique qui n'a ni goût ni favoir, c'eft
» qu'il fe hafardera rarement à louer un endroit
» de qùelqu'auteur qui n'ait pas encore été re-
» marqué ». .
Un poëte vint trouver Addijfon, pour le prier
d'examiner une pièce de vers de fa compofition.
Addijfon fë contenta " d’effacer les vers d'Homère
que le jeune homme avoit cités pour épigraphe j
& lui rendit fon ouvrage. Comme il lui en demanda
la raifon : ce Souvenez-vous , lui dit Ad-
» dijfon , de cét empereur romain, aux ftatues du-
» quel on fàifoit d'abord peu d'attention , mais
» que l'on trouva enfuite très-ridicules lorfqu'on
» y eut placé les têtes facrées des, dieux '
A délaïde, veuve de Lothaire, roi d'Italie, étoit
une des plus belles perfonnes de fon temps. Bérenger
, qui avoit fuccédé à Lothaire, voulant la
forcer d'époufer fon fils Adalbert, l’affiégea dans
Pavie , prit cette ville , viola cette princeffe &
l'enferma enfuite dans le château de Garde , ne
lui laiffant qu'une femme pour [ta fervir, &: un
! prêtre pour lui dire la meffe 5 elle trouva le moyen
de s'échapperde fa prifon : l'archevêque de Reggio
lui avoit offert- une retraite ; elle ne marchoit que
de nuit à pied , fe cachant le jour dans les bleds ,
tandis que fon aumônier alloit quêter des vivres
î dans les villages 3 un autre prêtre la rencontre ,
| lui fit des propofîtions déshonnêtes, qu'elle rejeta
: avec dignité. Eh bien, lui dit-il, abandonnez-moi
1 au moins votre fervante 3 finon , j'irai vous déçou-
I vrir à Bérenger. La princeffe obéit à la néceffité,
& la fuivante à fa maitreffe.
ADEPTE. L'empereur Rodolphe II ayant appris
qu'il y avoit en Franche-Comté un cnymifte qui
paffoit pour être certainement adepte, envoya un
homme de confiance pour l'engager de venir le
trouver à Pragiie. Le commiffionnaire n'épargna ni
perfuafion ni promeffepour s'acquitter de fa com-
miffion 3 mais le Franc-Comtois fut inébranlable ,
& fe tint conftamment à cette réponfe. « Ou je
?3 fuis adepte, ou je ne le fuis pas 3 fi je lè fuis,
» je n'ai pas befoin de l'empereur, & fi je ne le
» fuis pas, l'empereur n'a que faire de moi ».
ADIEUX. M. de Montigny , de l'académie
des fciences, mourut avec courage, après une maladie
affez longue. Sentant approcher fa fin, il exigea
que mefdames fes nièces fortifient de fon appartement.
«c Recevez mes derniers adieux , leur dit-
» i l , jefens qu'il eft l'heure pour tout le monde
» de fë rêtiter».
A D O
I ADJUDANT. Le comte de.... aimoit éperdue-
ment la marquife de.;.. Le comte ayant été nommé
pour commander un corps d année en Italie, étoit
dans l'indécifion s'il accepteroit cet honneur 3 cependant
le devoir & la gloire l'emportèrent fur fa
paflionj il partit, mais à peine avoit-il eu le temps
de raflembler fes troupes dans un camp, que l’on
vit arriver la marquife, qui pendant la campagne
fuivit les mouvemens de l'armee. Lorfqu'on la voyoit
.pafîer, & que quelqu' étranger demandoit : «= Quelle
P eft cette dame ? Quoi ! répondoient les officiers,
» & d'après eux les foldats, vous ne la connoiffez
» pas? c eft le premier adjudant de notre général ».
•AGASICLES, roi de Lacédémone, mort vers
Tan 650 avant J. C .
ÿ Un philofophe lui demanda comment un roi
pouvoit vivre tranquille i C'eft, répondit-il, en
.traitant fes fujets comme un père traite fes enfants.
ADMIRATION. L’admiration eft un fentimént
vif qui s'élève dans l’ame, à la vue d'un objet' qui
fùrpafie notre attente.
Le Czar Pierre-le-Grand embraffe avec tranf-
port la ftatue du cardinal de Richelieu, & 's'écrie
dans l’enthoufiafme dont il eft pénétré : 0 grand
» homme, fi tu euffes vécu de mon temps , jè
p-> t'anrois donné la moitié de mon empire, pour
» 'apprendre de toi le fecret merveilleux de gou-
».verner l'autre ! ».Voilà de l'admiration.
_ Les larmes que verfa le grand Conde, lorfqu'il ;
entendit pour la première fois les vers qu'Augufte
a’dreffe à Cinna dans la"tragédie de cè nom, furent
des larmes excitées par Tadmiration.
ADOPTION. La coutume âfadopter étoit fort
familière chez les Romains. G'étoit, dans les premiers
temps de la république , aux pontifes qu'on
devoit s'adreffer pour obtenir la permiffion de faire
paffer , par adoption , un enfant dans fa famille :
eifuite on eut recours auxmagiftrats & au peuple, j
On demandoit au père de celui qu'on vouloir adop- \
ter-, s'il vouloit abandonner fon fils dans toute
l'étendue de lapuiffance paternelle, 8c donner droit
de vie & de mort fur lui.
Chez les Lombards, il fuffifbit de recevoir ho-J
norablement quelques boucles de cheveux des perfonnes
qu'on vouloit adopter;
■ m trouve des exemples d'adoption fous la première
race de nos rois“ Cette cérémonie fe faifoit
en prefence du monarque, & l'aéte qui en étoit
greffé, accordoit tous les droits de fils légitime.
Chez les Germains , c'étoit en recevant les ar-
pies qu on devenoit majeur, & c'étoit auffi par le
meme ligne qu on etoit adopté. Lorfque Gontran
Ut ^eG^are^ majeur & adopter en même-temps
neveu Childebert, il lui dit : « J’ ai mis ce
A D R 2 ?
» javelot dans tes mains, comme un fighe que je
» t'ai donné mon royaume ». Puis fe tournant vers
l'aflemblée : « Vous voyez que mon fils Childebert
» eft devenu homme, obéiffez-lui».
Théodoric, roi des Cflrogoths, voulant adopter
' le roi des Hérules , lui écrivit : « C'eft une belle
» chofe parmi nous, dë pouvoir être adopté par
» les armes 3 car, les hommes courageux font les
/» feuls qui méritent de devenir nos enfans. Il y a
y» une telle force dans cet aère, que celui qui en
I » eft l'objet aimera toujours mieux mourir, que
» de fournir quelque chofe de honteux : ainfi, par
» la coutume des nations, & parce que vous êtes
’ » un homme , nous vous adoptons par ces bou-
» cliers, ces épées, ces chevaux que nous vous
» envoyons ».
ADRESSE. Ce mot, dans le fens propre, fignifie la
manière de faire ou d?exécuter avec précifîon quelque
chofe de difficile, d’éviter ou de furmonter les
obftacles qui fe prélentent. On peut par exemple
montrer deTadreflë, à la courfe, à fauter un folié,
à' faire des armes, à tirer de l'arc 3 en un mot,
Yadrejfe confifte dans une manière particulière d’exécuter
les mouvemens méchâniques du corps.
Un jour l’empereur Adrien exerçoit fes troupes.,
8c chaque foldat exécutôit en particulier les évolutions
militaires analogues aux fondrions qu'il avoit
dans les armées. Un archer Batave, nommé So-
ranus, parut à fon tour. Ce guerrier, déjà connu
par fon adrejfe 3 voulut furpalïer la réputation. Il
décpche une flèche, & avec une fécondé il coupe
la première qu'il atteint au milieu de fon vol. Adrien,
rempli d'admiration , prit les Bataves & Soranus
en fi grande amitié, que dès le moment il en com-
pofa fa garde3 & lorfque cet habile archer fut mort,
il lui éleva un magnifique maufolée.
L'indigne fils de Marc - Aurèle, le barbare Commode
, étoit de la plus grande adrejfe. Un jour dans
un fpeétacle, voyant une panthère qui s'élançoit
fur un malheureux deftiné a combattre contr’elle,
il prit fon arc, & d'une flèche fubitement lancée,
il perça la tête, de l'animal, fans toucher à l'homme.
Le mot adrejfe fe prend auffi dans un fens figuré
, & ponfîfte dans l'art de-conduite fes entre-
prifes de manière a réuffir. En voici quelques
exemples.
Oh pilloit la maifon d'un riche négociant, un
Arabe ayant mis la main fur un fac plein d'or,
& craignant que les gens attroupes dans la maifon
& dans la rue, ne lui enlevaffent fa proie,, il s'avifa
de le jeter dans une des marmites qui éteient auprès,
du feu dans, la euifine 9 enfuite ayant mis la
marmite fur fa tête, il fe retira promptement. On
fe mit à rire en le voyant emporter une marmite,
& laiffer aux autres tant de chofes précieufès 3 mais
l'adroit Arabe gagnoit fa demeure, en difant aux