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W & les. grands .Xejgn(qur s .de:.fan te.rnpi , r par
le rôle de farcçur qu’il jouait dans leur fociéçé.,,
Par des grimaces & des. geftes comiques dont
il accompagnait Tes contes & Tes récits. Il avoir
1 avantage d’être fort* laid' } ce qui fecondoit mer-
ve.illeufement. fa pantomime. On- voit encore dans
la bonne compagnie'jçs gens faire, rire aux larmes
en çontreiaifânt les linges * les vieilles femmes du
peuple, les ivrognes, 84 to.ut ce; qu’on ne peut
voir dans le naturel, fans une forte de dégoût}
cf Rui pft ûns douté fort divertiflànt. Au refte
c eft un moyen de parvenir. L ’abbé Abeille eut un
riche prieuré> il fut de ^académie françoife , 8i
vécut dans la familiarité du maréchal de Luxembourg
, du prince de G on ti, du duc de Vendôme,
&c.
ABEILLES. Les moeurs, , l’induftrie, l’intel-
ligence des abeilles ont excité , de tout temps ,
1 admiration dés hommes } les anciens croyoîent
qu’il,y avoit en elles un rayon dé la divinité} &
ce qu'ils en ont dit paroîtroit incroyable, fi ces
merveilles ne. fç renouvelloient journellement fous
nos yeux.
Le trait fuivant prouve qu’elles font fufceptibles
de reconnoiflance.
Une femme de diftinétion, déjà avancée en âge,
vivoit fur un petit bien aux environs de Nantes.
Elle y^ paffoit toute la belle faifon, & revenoit en-
fuite à la ville. Cette dame aimoit beaucoup les
abeilles ; elle en avoit une très-grande quantité,
& prenoit un plaifir infini à leur procurer toutes
les petites douceurs propres à ces infe&es. Dans
les derniers jours: de. mai, une maladie la fit retourner
à Nantes , où peu après elle mouruti
Toutes 1 qs abeilles y par un inftindt inconcevable,
fefont raflemblées fur fon cerceuil qu’elles n’ont
abandonné qu’au moment de l’inhumation. Un
voifin dg la daiiie, s’étant apperçu de l’arrivée de.
cet e0aim, a eu quelque doute , & s’eft rendu
promptement.à la campagne, où il a trouvé en effet
les ruches entièrement défertes.
Les papiers an^Iois de 17 6 6 offrent un trait
frappant de leur intelligence,
M. Wildman de Plimouth s’eft préfenté à la
fociété des. arts ave.c trois efïaims ^.abeilles 3 qu’il
avoit apportés avec lu i, partie fur fon vifàge & fur.-
fes é p a u le s p a r t ie dans fës poches,.. Il fit mettre
les ruchesde ces abeilks àms une chambre yoïfine
de l’aflemblée} il donna un coup.de fifflet, & à ce
fignal les mouches le quittèrent toutes, 8c allèrent
dans leurs ruches} à un autre coup dé fifflet elles
revinrent reprendre leur pofte fur la perfonne, &
dans les poches de leur maître.. Ce,t exercice fut
réitéré plufieurs fois , fans qu’aucun des fpeéta-
teurs ait reçu.la moindre piquure. La fociété d’agfi-
cplture, qui u’accordç des prix qu’à des déçpip?
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vejtes utiles, a cru devoir, pour la fingularité de
j 'a chofe, en donner un à M. Wildman.
| Les abeilles font d’un bon produit, & le temps
; qu’on leur donne eft bien utilement employé.
| Un évêque faifant la vifîte de fon diocèfe , ails
; demander à.dîner- à un curé à portion congrue,
| & luf recommanda d’épargner la dépenfe. Le curé
promît, mais ne tint pas fa promefle, car il donna
un repas fplendide à monfeigneur. Sa grandeur ne
put revenir de fà furprife , & f if r e s reproches
au curé , lui repréfentant qu’il étoit fou de tant fe
conftituer en frais que fa portion congrue ne lui
permettoit pas, 8<r qu’il alloit la manger en un jour.
— Monfeigneur, que votre grandeur veuille bien ne
j pas en etre inquiète} tout ce qu’ëlle voit ne prend
, rien fur le revenu de ma cure que je donne tout
j entier aux pauvres. — Mais vous avez donc du bien
i de patrimoine ? Non, monfeigneur. — C ’eft inconcevable
} comment faites-vous donc ? — J’ai ici un
couvent de jeunes pucelles qui ont foin de moi, &
ne me Liftent manquer de rien. -- Quoi ! vous avez
un couvent? je n’en connois point en ce lieu. Tout
cela eft très-fingulier & même: fufpeét, monfieur
le curé. — Monfeigneur, vous voulez rire. — Mais ,
quoi? Je veux lavoir cette énigme, voir ce couvent,
abfblument je veux le voir. ~ Après dîner, votre
grandeur le verra, & elle en fera contente.
Effectivement, après le dîner, le curé conduifît
le prélat dans un vafte enclos, couvert de paniers
I de mouches à miel, & lui dit, monfeigneur jjjvoilà le
j petit couvent qui nous a donné àdîner: il me procure
tous les ans 18oo liv. avec lefquelles je vis '8c reçois
bien les honnêtes gens qui mè viennent voir. Qu’on
juge de l’étonnement 8c'de la fatisfaélion de l’évêque
! Quelque temps après, de retour dans fon
Palais, plufieùrs curés à portion congrue allèrent
lui faire la cour pour obtenir de meilleures cures }
il leur cita 1 exemple du curé, en s’écriant : uye$
des mouches, ayeç des mouches.
Leur police admirable eft bien agréablement
décrite dans ces vers de madame des, Houlières,
Quels états font mieux policés
Que P’eft une ruche d'abeilles ?
C’eft-là que. les abus ne fe font point gliflés,
Et que les volontés en tout temps font pareilles,.
De leur roi qui les aime, elles font le foutien :
On font leur aiguillon dés qu’on chérçhe à lui nuire.
Pour les châtier, il n’a rien ; q
Il n’eft roi- que pour les conduire »
Et qüe pour leur faire du bien,
Les abeilles paffoient chez les; anciens pour le*
nourrices de Jupiter, fur ce qu’on en avoit trouvé
des ruches; dans l’antre de DiÇié où Jupiter avoit
été nourri.
§É rpi Alphonfe afliégeant une ville nommée
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Vicaro , repoufla les habitans jtlfqu au chau !
teau. Ceux-ci y ayant trouvé plufieurs ruches de j
mouches à miel, les jettèrent fur les âlfiegeans 5 j
de telle-forte qfè ces abeilles irritées de la rupture ]
de leurs maifons , les firent retirer pour ce coup, ;
avec autant de précipitation , que fi les aftïéges
avoient fait une fortie de trois bu quatre nulle -
hommes.
Lés abeilles, comme on voit, font fufceptiblçs ;
de haine & de vengeance.
J’ai vu, dit Voltaire, des abeilles très-tranquilles
daller pendant fix mois travailler dans un pré voifin
couvert de fleurs qui leur convenoient; Gn vint
faucher le pré> elles fortirent en fureur de là ruche, j
■ fondirent fur les faucheurs qui leur voloient leur ;
bien , 4c les mirent en . fuite.
Voici des vers que ce grand poète a; traduits .;
d’une fable angloifé.
Les. abeilles autrefois
Parurent bien gouvernées,
. Et leurs travaux & leurs rois
: Les rendirent fortunées.
Quelques’ avides bourdons
Dans lesrüches fe glifsérefit,
Ces bourdons hê travaillèrent j
Mais ils firent des fermons. .'
Ils dirèht dans leur langage :
Nous vous promettons le cie l.
Accordez-nous en partage
\ Votre cire & votre miel.
Les dbeïllçs qysi les crurent
Sentirent, bientôt l a faim'}
Xes .plus lotîtes en moururent. ?.
Le roi d’un nouvel èfTaim
Les fecourut à la fin;
Tous les.efpxàts s’éclairèrent,
Ils font toils défabufés }
LéS bourdons font écrafês,.
Et les abetCles profpèrent.
| ABELERÈS} nom qu’on donne' aux filles1 tre
«joie dans cette partie de l’Afrique appellée1 la Ctite >
et'or. Elles font fi néceffaires au peuple que'les;
magiftrats ont foin qu’ èlles ne'lui manquent pasr ;
'les Kahafchirs ou lés femmes mariées nefontmême
en sûreté qu’autant qUe les tihderes font eirnombie
fufKfjmt.
La plupart des femmes -de diftindion dans ‘ le
ioyau}ne de Juida', quand elles font au-lit delà
mort, achètent de jolies efclaves pour être abe-
\leres dans tel. canton. Cette libéralité paffe dans
ce pays pour une aétion pieufe qui aura farécom-
penfe dans l’ autre t monde.
A B LAN CO U R T ( Nicolas Per-rot d’ ) né en
xéoû i mort en 1664.
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'■ Il voulut toujbuïs n’être que tràdiideur. Il y a
aflez de bonsliv-rés-anciens ÿdifoit-iLil vaut mieux
lès traduire qüfe ■ d’en faire de hbftVeaiix. Mais
fes'traductions', quoique élég'ântes , ne font pas
bien exactes, bn les îfppèUoit de belles infidcUes.
On a dit-dans fon épitaphe :
ibansfes fameux écrits route la France admire ■■
Des grecs & des romains l é s précieux taréforSj 1 --
A fon trépas on_ne peut dire
■ Qui perd le ’plus des ÿ'ivhni où dfei ntofts. ‘
AB LU T IO N . C ’étoit chez les anciens une
cérémonie religieufe qu’ils, avouent yraifemblable-
ment imitée des juifs ; car on lit dans l’écriture-
rfai-iate; que 'Salomon plaça à l’entrée du. tçraple du
vrai L>ieu un. grand vafo appellè la mer d‘airain ,,où
les prêfres-.fe lavoient avant-que d’ offrir lë façnfîç.e,
apres. avoir fanétifié Beau en y jettant les cendrés
de la viétimè immolée. C ’eft fans doute aufli l’origine
des bénitiers qui font aujourd’hui dans toutes
nos églifes.
Les Mahométans font aflujettis à de fréquentes
ablutions, ils ont pour cet effet des fontaines
daiis les parvis de toutes les mofquées.
A BO N DAN CE . Les anciens avoient divinifé
l’abondance 5 ils la repréfentoiènt fous la figure
d’une femme «le bonne mine, couronnée de guirlandes
de fleurs , verfant d’une corne qu’elle tient
de la main, droite toutes fortes de fruits} 8c répan-
dant-à. terre, de la main gauche des grains qui fe
détachent d’un faifeeau d’ épis. Dans quelques
•endroits elle porte deux cornes' au lieu d’ une.
abondance , dépouilléetde fes attributs divins,
c.onfifte;dans la facilité de ûuJisfaire tous nos defirs.
Haboniance nous fait îghorer les befoiris ;
Où le beloin n’efl pas les defirs ne font guère}
Les defirs moins ardens font que l ’on goûte moins
La douceur de les fatisfaire..
ABOU-JOSEPH, célèbre dôéfèur mûfuîman,
interrogé fur nne queffiori difficile qui étoit de fon
reflort, répondit naïvement qu’il n’en favoit rien.
Mai?-, - lui dit-on s>‘ le calife vous paie pour votre
favoir. Oui, fans doute, répliqua le doétëuf , pour
cp ^ue-je~ fais pour ce que. je né fais pas , fes
tréfors ne fcroient pas fùjffans.
A BRÉVIATIONS. Les abrhia ti'ons font des
léttfçs iiïitiàles , ou quélqu’ autre caraétère dont on
fe fort en différentes occafiôns pour exprimer ou
rappeller à Leforit un fens plus étendu, par exemple.,
Di O. M. pour JDeo optimo maxime ; ou bien
p . V . C . pour dïc'at, yôvèt, confierai y S. D.
pour falutem M i t , & autres fémblables. L’étude
I des abréviations eft affez confidérable ; mais on ne
peut fe difpenfer de cpnnoître les plus alitées,