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F a BERT (Abraham), maréchal de France»
tus d'un libraire de M e tz , mort en 1662 à 63
ans.
Fabert, encore enfant , s’occupoit à repré-
fbncer différons exercices d'infanterie avec de petites
figures de foldat qu'il faifoit mouvoir lui-
vant le commandement. Sa paflion pour les armes
fût bientôt connue des généraux ; on l'employa
dans plufleurs allions éclatantes où il fignala fon
courage, fa capacité & fa grandeur d'ame.
En 1635, Gallas, général de l’empereur, qui
étott entré en Lorraine avec le projet de pénétrer
dans la Champagne, fut obligé, par les manoeuvres
des généraux François, de prendre la
route de l ’Alface fans avoir rien fait j fes troupes,
au défefpoir de manquer de vivres, tuèrent dans
leur retraite tous c,eux qui leur en refusèrent.
Fabert, qui étoit à leur pourfuite, entra dans
un camp abandonné & couvert d’officiers & de
foldats autrichiens bleffés & mourans ; un fran-
çois ne refpirant que la fureur, dit tout haut :
« il faut achever ces malheureux qui ont maffa-
» cré nos camarades dans la retraitede Mayence.»;
Voila le. confeil d‘un barbare, reprend Fabert,
cherchons une •vengeance plus noble & plus digne
de notre nation. Auflitôt il fit diffribuer à ceux
qui pouvoient prendre une nourriture folide, le
peu de provifion que fon détachement avoît apportées
} les malades furent enfuite tranfportés à
Mézières, où, après quelques jours de foins, la
plupart recouvrèrent la fanté.IIs s'attachèrent pref-
que tous au fer vice de lapuiffancequi., contre leur
efpérance , les avoit traités fi généreufemenr.
Fabert, quelque temps auparavant, avoit été
élevé au grade de capitaine j il fit à cette occa-
fion un trait de générofité qui fixa les yeux fur
lui. Inftruit que l'officier dont il prenoit la place
avoit laifîe des affaires fort dérangées, il fit compter
aux .héritiers fept mille francs qui étoient le
prix ordinaire des compagnies} afin qu'on ne
crût pas que c'étoit un prélent qu’il voulait faire,
il fit entendre que le roi l'avoit ainfi réglé.
Il fe trouva au fiège de Turin en 1640. Ayant
été bleffé à ce fiège d'un coup de moufquet dans
la cuiffe, tous les chirurgiens conclurent qu’il fal-
loit la lui couper. Le cardinal de la Valette, dont
il étoit aide de camp, & M. de Turenne, le conjurant
de fouffrir cette opération : I l ne faut pas
mourir par pièces , leur ait-il, la mort m aura tout
entier, ou elle n aura rien, & peut-être lui échapperai
je. £t en effet il lui échappa»
Les françois ayant entreprepris en 1642 de fe
rendçp maîtres de Perpignan, Fabert rendit compte
tous les matins à Louis X l i l des opérations du
liège. Un jour le grand écuyer Cinq-mars ofa critiquer
les détails qu'il entendoit. « Vous avez
» fans doute paffé la nuit à la tranchée, puifque
» vous en parlez fi favamment , lui dit le roi.
» Sire, répondit le grand écuyer, vous favez le
*> contraire. A lle z , répliqua Louis, vous m'êtes
» infuportable : vous voulez qu'on croye que vous
» paflez les nuits à régler avec moi les grandes
» affaires de mon royaume} & vous les pafifez
*» dans ma garde-robe à lire l'Ariofte avec mes
» valets de chambre. Allez, orgueilleux, il y a' fix
» mois que^je vous vomis ». C e difcours fit for-
tir .Cinq-mars, & l'oeil étincelant de colère, il
dit à Fabert, Monfieur, je vous remercie. Que
vous dit-il, s'écria le roi : jecrois quil vous menace.
Non3fire, répondit Fabert: on nofe faire
des menaces en votre préfençe , 6* ailleurs on nen
fouffre pas.
FABIUS MAXIMUS ( Quintus^y furnommé
Ounftator ou le temparifeur. Il étoit conful Tan
253 avant J. C . Il fauva Rome en fatiguant Annibal
par des marches & des contre-matches
fans jamais en venir aux mains. Il reprit par rufe-
Tarènte fur le général carthaginois } ce qur fit dire
à ce dernier : quoi , les romains ont donc aujji leur
Annibal $
C e carthaginois avaht renté vainement d’attirer
le romain au combat , lui fin dire : «► fi Fabius
» efi: auffi grand capitaine qu’il veut qu’on le croie,
» il doit defcendre dans la plaine & accepter la
» bataille». Fabius lui fit répondre : fiAnnibal efi
nu fit grand capitaine q uil le penfe3 i l doit me forcer
a la donner.
Ce grand homme alla un jour à cheval au-devant
de Fabius Maximus fon fils, alors conful ;
le fils lui fit dire de mettre pied à terre ; le
père obéit & lui d ît, en l'embraffant : je voulois
voir f i tu favois ce que c’ejl que d'être conful. •
FABRICIUS ( Caius ) , furnommé Lufcus -
conful romain l'an a$2 avant J. C . Son définté
'reffement & fon courage firent fa gloire. Il remporta
un butin immenfe fur les Samnites, & il
le fit porter à l’épargne le jour de fon triomphe.
Pyrrhus, roi d'Épire, tenta vainement de corrompre
Fabricius par fes préfens; il voulut du
moins* l'effrayer par la vue d’un grand éléphant
qu'on élança fur lui } mais le conful romain , fans
témoigner ni furprife ni crainte, dit -à Pyrrhus ;
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nî votre ©r, ni votre éléphant ne portent aucun
trouble dans mon ame.
Le médecin du roi d'Épire vient offrir à. F*-
bricius d'empoifonner ion maître"} le romain fit
enchaîner, le tiaitie & le renvoya au roi pour
le punir,
Fabricius fe nourriffoit des légumes de fon jardin
qu'il culcivoic lui-même ; & après fa mort
le fénat fut obligé de marier fes filles aux dépens
du peuple romain, que ce général avoit comblé
de gloire & de richeiies.
FACÉTIES. Faits burlefques ou plaifans ordinairement
inventés à plaifer : une naïveté, une
gaudriole , un trait gaillard eu fait rafiaiione-
ment. La facétie efi au conte ce que la farce ■
clt à la comédie.
Deux amis qui depuis loagtems ne s’étoient
vus, fe rencontrèrent par hilard. Comment te
porcts-iu, dit l'un : pas trop bien;, dit faut.e,
tk je me fuis marie depuis que je t'ai vu. — Bonne ,
nouvel.e ! — Pas tout a fait j car j'ai epoufe une
méchante femme.—-— Tant pis !— Pas trop pourtant;
car fa dot étoit de deux mille louis.— Eh
bien cela confole.—;,Pas abfolument > car j'ai
employé cette fomme en moutons qui font tous
morts de la clavelée. — Cela efi en vérité bien
fâcheux ! — Pas fi fâcheux , car la venté de leurs
peaux m'a rapporté au de là du prix des moutons.—
En te cas vous voilà donc indemnifé,
— Pas tout à fait, car ma maifon où j'avois dé-
pofé mon urgent, vient d'être confumée par
les flammes.— O h ! voila un grand malheur.—
Pasii grand non plus, car ma femme & la maifon
ont briiié enCmble.
Un cocher de fiacre étoit fur la place avec
fon carrofie fêlé & fes chevaux amiigcis. Arrive
un jeune moufquetaire, qui monte & c.it au cocher :
» à Chaillot, fouette. — A Chaillot, monfieur :
dit le fiacre ? Je ne vous y mènerai pas. — Comment
? — Je vous dis que je ne vous mènerai
point à Chaillot. Je ne veux pas monfieur,. .
mes chevaux ne pourroient pas. La tête du moufquetaire
s'échauiie, il ouvre ia portière, s’élance
fur le pavé ; & a canne en l'air : parbleu s'écrie-
t-il , je t'y ferai aller. — Moiifieut je n’irai pas.
Tu n'iras pas? —« N o n , monfieur, je n’irai pas.
Pour lors le moufquetaire paffoit aux voies de
fa it, quand le cocher arrêtant fa canne : tenez,
monfieur, lui dit - i l , je vous jure que je n’irai
pas, & je vais vous en faire convenir vous-
même , fi vous me faites la grâce d'écouter quatre
mots. Le jeune militaire fe difpofmt à l'écouter :
» vous vouiez , dit le cocher, que j'aille à Chaillo
t , & je vous dis que je n’irai pas , & voici
comment : vous allez me donnèr de votre canne
fur le. dos, je vous donneerai de mon fouet fur
la figurej yous me pafferex votre épée au tra-
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vers du corps, ainfi vous voy e z , monfieur, que
je n'irai pas. « A ces mots le moufquetaire fe
met à rire, fa canne s'abaiffe , fon épée relie
dans le foureau, & il va chercher un autre
cocher plus docile & moifts plaifant.
Une aétrice de l’opéra, originaire d’ Efpagne,
à qui l'on reprochoit d'être un peu camufe, d’avoir
de grandes oreilles, & qui affeétoit en s'habillant,
de retrouffer fort haut la queue de fort
manteau , ( habillement dont la mode efi aujourd'hui
paflee ) au furplus allez jolie, avoit fait
une infidélité éclatante à fon amant déclaré. Celui
- c i , pour s’en venger, fit courir cette'affiche.
Dix pifioles à gagner.
On a perdu une épagneule fort petite, poil
blanc , ayant les yeux pers, pleins de feu , un
peu camufe, bien coëffeê , à grandes oreilles ,
lemuLau mouchetét*i pjufieuts endroits ; fa queue
efi fort retrouffe'e. Celui qui l'aura trouvée, la
rendra à M. de . . . . , qui payera la fon'.me promit.,
FAIM. On reprochoit à un de nos parafites
modernes , qu'il dînoit fouvent chez lès autres.
Comment voulez-vous que je faffe ? répondit-il,
on m’en prelfe. Il efi: vrai, répliqua Quelqu'un,
il n’y a rien de plus preffant que la fairm
Ceci rappelle le mot de Diogene ; on le reprenoît
un jour de ce qu'il mangeoit en plçin marché. Je
ne i’aurois pas fa it , répondit le philofophe cynique
, fi la faim ne m'eût pris dans ce même
lieu.
Un des fujets du roi A !phonfe t'aborda un
jour, & lui dit : » fire , mon père m'a laiffé un
créancier à qui il devoit, & qu'il n'a point payé.
Depuis j'ai®payé la dette , mais ce dur créancier
la demande encore avec infianee. Je n'ai plus de
quoi payer, & fi votre majefié ne m'aide à le
contenter, je ne fais quel remède y apporter.—
Voilà , dit le roi , un créancier bien cruel. Que!
eft-il ? — Sire, dit le pauvre homme, c’efi mon
ventre , à qui j'ai tant de fois payé la dette que
je n'ai plus rien. —■ Le roi ne put s’empêcher de
rire, & lui fit difiribuer de l'argent. «
F A L C O N E T , ( Camille ) né en 16 71, mort
en 1762. IIfut confulté comme médecin, & encore
plus comme favant. Il avoir une riche bibliothèque
qui étoit au fervice des gens de lettres.
M. Falconet y fut un jour appellé auprès d’une
dame malade imaginaire. Il l’interrogea }. elle
lui avoua qu'elle mangeoit, buvoit & dormoïc
bien , & qu'elle avoit tous les lignes d’ une fanté
parfaite. Hé bien, lui dit le médecin, en homme
d'efprit, biffez - moi faire , je vous donnerai un
remède qui vous ôtera tout cela.