
votre imagination 5 vous étiez amant pour lors ,
& vous êtes mari maintenant.
A quoi on peut reconnaître les perfonriès mariées.
' Lor.fq .ie vous, verrèz un homme & une femme
qui iaiiiflent les moindres oCcafibns de relever
mutuellement leurs ridicules , Toyez affûtés que
c ’eft un couple d'époux.
- Si vous voyez dans un catroffe un homme &
une femme férieiix, gardant le fiience & tournant
la tête chacun d'un côté ôppofé, certainement
c'eft le mari & la femme.
■ Si à côté d'une belle femme , dont la figure
intéreffante attire les regards de tous ceux qui
la voient j vous remarquez un homme diftrait ,
qui paroît peu touché de fes charmes , & qui
lui parle allez cavalièrement ; ne doutez pas que
ce foit Ton mari, qui , après l'avoir époaiée par
inclination, en eil au dégoût.
T e l eft le tableau du noeud conjugal. Un ob-
fervateur très èxaét a drelfé la lifte fui vante , fur
laquelle on peut compter.
Etat préfent des mariages dans le fud de
l'Angleterre..
Femmes qui ont quitté leurs maris pour fuivre
leurs amans,ci. . . • • ■ • 1^61
Maris qui fe font fauvés pour éviter leurs
femmes. ' . • • • • • i 3^1
Couples féparés volontairement. . . 4120
Couples vivant én guerre fous le même
to it............................................... • •; *9*0*3
Couples Te haïffant cordialement.,, mais manquant
leur haine en public fous une feinte poli-
•teffe. • . . • i • • l 6 l l 10
Couples vivant dans' une indifférence, marquée.
....................................................510132
Couples réputés heureux dans le monde, mais
qui ne conviennent pas intérieurement dé leur
bonheur. • • • ♦ • 1102
Couples heureux par çomparaifon avec bien
d'autres plus malheureux. . . . . 135:
Couples véritablement heureux. . . . ■ 9
M a r ia g e de l a M e r . ( cérémonie du )
L e pape Alexandre III. perfécuté par l'empereur
Frédéric barbe-roufle, fe; retira a Venife
en habit dé (impie prêtre. L à , un François appelé
Conmode, l'ayant reconnu un jour lorfquil étoit
en prières dans une égljfe nommée la Charité , il
enjalla avertir Sébaftiên Ziani, qui, en ce temps-là,
étoit doge de la république. On rendit de Fore
grands honneurs à ce fouvèrain pontife ; & après
avoir inutilëmènt envoyé des amba (fadeurs à Frédéric,
pour l'obliger à donner la paix à l'Italie
& au pape,*ce doge monta Comme chef fur les
galères de la république-, le fept mai 1177 , &
alla chercher l'armée impériale commandée par
Othon III, fils de l'empérèüf. Les vénitiens remportèrent
la viétoi.re, & le pape pour reconhoïrte
les fervices que. la république lui avoir rendus,
donna un anneau d'or à Sébaftien Zi a ni, & lui
dit : Hune annulum accipc , & me autore ipfum mare
obnoxium tibi reddito, quod tu 3 tuique fucceffores
quotannis fiatuto die fervabitis, ut omnis poficritas
intelligat maris pojftjfiônem viétoriA jure vefiram
fuijfe 3 atque uti uxorem viro illud feipublics. veneta
fàbjeftum. Chaque année, le jour.de l'Afcenfion,
le doge jette une bague d’or dans la mer, en diftnt
ces mots : Defpônfamus te , niare 3 in jtgurn veteris
& perpetui dominii.
( C'eft la mer qui parle ).
C h a q u e an l e g r a n d d o g e m ’ ê p o u f e ,
Salis que fa femme en foit jaloufe,
O u c o n ç o iv e p o u r m o i q u e lq u ’ e f p r i t d e m é p r is ;
E t p o u r m a rq u e r fa b i e n v e i l la n c e
E t fa ju ite te co n n o ifla r ic e ,
Il je t te d ans m o n fe in u n e bague de p r i x .
D a n s c e Fameux p r é f e n t o ù fa g r a n d e u r é c l a t e ,
Il n’é p r o ù v e jamais l e f o r t d e P o li c r a të ;
L a b a g u e é f t fans r e t o u r ; le p r é fe n t e f t p é r i :
M a is p a rm i c e n t r iv a u x q u i r é f p e â ë n t m e s ch a rm e s .
E t q u i , p o ü r .m ’ a c q u é r i r , fe m e t t e n t fo u s le s a rm e s ,
L e p lu s c ô n fid é r a b le e ft to u jo u r s m o n m a r i.
C h e z l e fa rm a te & c h t i l é m a u r e ;
Chez l ’infidèle mufulman,
G n fa i t q u ’ en c e r ta in jo u r de l ’a n ,
Dans1 le fupérbe Bucentaure , •
M o n h ym e n e ft r e n o u v e l lé ,'
D o n t l e D iv a n r e f te t r o u b lé .
D e c e m a r ia g e é c la t a n t ,
. Q u i f a i t t a n t d e b r u it dans le m o n d e »
C om m e .d’u n e fo u r c e in f é c o n d e ,
I l n’ e ft jam a is f o r t i d’ e n fan t ;
A in fi f té r ile e ft n o t r e c o u ch e :
N o b le s v é n i t i e n s , c e t t e h i f to ir e v o u s to u c h e *
C ’e ft v o u s , il iu f t r e s fé n a te u r s ;
C ’e ft vôu-s, p u i fla n te r é p u b liq u e ,
Q u i d u g r a n d g o l f e a d r ia t iq u e
E te s le s fa g e s d ir e c te u r s ;
C*eft v o u s qu i m e te n e z p o u r f em m e ,
J u g e z fi je fu is p o ly g am e .
Neptune n’ e ft p lu s mon é p o u x ;
Au centre de mes eaux vainement il foupire ;
CélVvous, vénitiens, c’eft vous
Qui me tenez fous.votre empire;
C’eft vous qui me donnez des loixj
.C’efti vous que chériflënt les Rois.
Je traîne mon lit ou Lido (1),
jufqù’à ces beaux palais ‘qui font votre denfeure :
Mais fi j’entrois dedans feulement pour une heure,
Vous feriez à jamais dodo.
Une éternelle nuit.couvriroit vos paupières,
Et le folell, pour vous, n’auroit plus de lumières,
CertesVje fais fi bien mes fougues ménager ,
Et brider de mes flots l’ inconftance rebelle,
Que loin d’être envers vous farouche ou criminelle,
Je vous fers de remparts fans vous mettre en danger, j
.. M A R IV AU X , (Pierre Carlét de) de l'.dca- j
demie fr ançoife', né en 16,88. Son père, qui a voit
été directeur, de la monnqie à Ri. m é t o i t d'une I
famille ancienne dans le parlement de Normandie,
mort en 176$. ,
M. de Marivaux apporta, de bonne heure, dans
lafociété, toutes ies qualités qui la renient iûre
& agréable, uhe.açne Tanche, un efprit dëfinté-
reffé & une attention fcrupuleufe à rendre les
autres contens de lui & d’ eux mêmes. Il écoutôit
volontiers, décidoit peu; & quoique né avec
une ame fenfîble, il fut affez philofophe pour
ne répondre jamais à la critique. Il en profitoit
fi elle étoit jufte, il l'abandonnoit au jugement
du public fi elle ne létoit pas, T aime mon repos ,
difoit-il un jour à madame de Tençin, fon illuftre
bienfaitrice, & je ne veux point troubler celui des
autres. Marivaux avoir une imagination affez
vive 5 mais un caraéfère d'efprit fingulier qui fem-
loit éviter de s'exprimer comme les autres; de-là
ces images incohérentes, ces grâces minaudières,'
ce ftyîe alambiqué , qui le fépare pour toujours de
la claffe des écrivains de génie.
Nous avons de cet auteur plufieurs pièces de
théâtre en profe, yn ouvrage phikT^phique fous
le titre de Spectateur François, que les an g] ois ,
fans nous confulter, ont mis à côté de ia Bruyère,
des romans ingénieux, & un Homère travejli,
poème byrlefquedont le but eft de ridiculifer
les. héros de l’Iliade.
Le premier ouvrage qui foit forti de fa plume
font les folies rômànefques , ou le dom Quichotte
moderne. .C'eft une imitation du dom Quichotte
efp.ignol. Pkarfamond en eft le héros. Plein des
idées extravagantes qu'il a puTées dans les romans
de chevalerie, il fe fait accompagner de
fon valet, qui, fous le nom de Cliton 8c en qualité
d'écuyer, participe à fes aventures. X<z vie de Marianne
■ & le Pay/an parvenu font deux autres ro-
(1) Véglife de Saint-Nicolas de Lido.
mans de M. de Marivaux : ma s par une inconf-
tance qui lui étoit particulière, il quitta l'un pour
commencer l’autre, & n'acheva aucun des deux.
Ces ouvrages refpirent affez généralement l'enjouement
& la fineffe : mais on a reproché à l'auteur
, avec rai fon, un ftyîe précieux, recherché,
néologue. S.011 jargon Bifarre fut ihgénieufement
parodié dans un roman qui courut dans le temps.
Q;n rapporte que M. de Marivaux fut lui-même la
dupe de cette parodie , & qu'il.fo.ur.it, de trèsb.
onne foi, au verbiage de la t?-LlP/e de Tan\ai3 dont
la piquante ironie lui avoit été deguifée.
Cet auteur, incapable par fon propre génie
de s'élever au-deffus dé ceux qui l'avoient précédé
ddn's là carrière dramatique, chercha à fe former
Une route nouvelle. Il eft le premier qui ait mis
fur le théâtre. l'efprità la pjace de la nature & du
féntïment , & qui ait fubftitué la fracafferie à l'intrigue
.Une célébré aéftricede la comédie italienne,
mademoïfelie Silvia , contribua beaucoup par
fes ta’ens à faire gourer le genre que M. de Ma -
rivaux avoit adopté. Pérfonne n'ênte'ndoit mieux
que cette aétrice l’art des grâces bourg 01 fes &
ne rendoit mieux qu'elle le tatillonnage , le ba-
d nàge d efprit, nous pourrions même dire le marivaudage.
Marivaux avoit une grande douceur dans le
çaraétère, & pouvoit être nommé le plus humain
des hommes. Cet auteur ingénieux_difpit quelque
fois: «Si nies amis venoient m affurer que je paffe
pour un bel efpr.it, je ne fens pas, en v érité,qu e
je fuffe plus, content de moi-même;; mais fi ]'ap-
prenois que quelqu'un eût fair quelque profit en
lifant mes ouvrages, fe fut'corrigé d'un défaut,
oh ! cela me toucheroit, & ce plaifir-là feroit de
ma compétence.
Un jeune homme frais & plein de vigueur,
demanda un jour l'aumône à Marivaux. « Pourquoi
en te partant fi bien, ne. travailles-tu pas?
» — H élas, moniteur, ç'eft que je fuis fi paref-
» feux ! —- Tiens voilà fix francs pour ton.trait de
» fincérité. »
Marivaux a quelquefois atteint le but qu’il s’é-
toit propofé, celui de corriger les vices & les
ridicules des hommes en lesamufant:« Jevoudrois,
■ » difoit-il, rendre les hommes plus juftes & plus
» humains, & je n'ai que .cet objet en vue. »
M A RLBOROUGH , (Jean Churchile, duc
de ) général anglois, né en 1650, mort en 1712.
Marlborough, déclaré général des troupes an-
gloifes^ holiandoifes, dès l'an 1702-, fut l'homme
le plus fata] à la grandeur de la France qu'on eût
vu depuis plufieurs fiècies. I! n’'étoit pas comme
ces généraux auxquels un miniftre donne par écrit
le projet d’une campagne, & q ui, apres avoir
fui.vi, à La tête d’une armée, les ordres du cabinet,
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