
P A T
f u t a c c o m p l i e ) e a r l ' a r c h e v ê q u e m o u r u t a u m o i s
d ’ a o û t 1 6 8 5 , f a n s a v o i r o b t e n u l e c h a p e a u d e
c a r d i n a l q u ’i l b r i g u a i t .
P A T I N , ( G u y ) m é d e c i n , n é l ’ a n 1 6 0 1 * m o r t
e n 1 6 7 2 .
Guy Patin confervoit fon caractère enjoué &
cauilique jufques fous la robe de médecin , &
lorfqu’ on favoit qu’il devoit préiîder à quelques
thèfes, tout Paris accouroit pour l’écouter. On
ajoute que les feigneurs de la cour achetaient le
plaifir de l’avoir à leur table., en mettant un louis
d’or fous fa ferviette.
II a publié un traité de la confervation de la
fanté , intitulé : Le Médecin & VApothicaire charitables.
Il définifloit quelquefois allez plaifam-
ment un apothicaire, animal benefaciens partes
& lucrans mirabiliter.
Il plaida au parlement contre Renaudot, docteur
de Montpellier, qui prétendoit exercer fa
proiefljon à Paris fans fe faire aggréger au corps
des médecins de cette capitale. Patin gigna fa
caufe , & , en fortant de l’audience, il dit à fon
adyerfairece mauvais quolibet : te Monfieur, vous
avez gagné en perdant. « Comment donc, lui répondit
Renaudot ? « C ’eft répliqua Patin, que
vous étiez camus quand vous ères entré au palais
, & vous en fortez avec un pied de nez ».
P A T R IO T ISM E , paflion forte & fubîime qui
dénature l’homme en quelque forte, & fait qu’il
aime fa patrie exeluïïvement à lui. C e fut cette
paflion qui porta Décius à immoler fa -vie; -Fabius
fon honneur, Camille fon reffentiment; Brutus
& Manlius leurs enfans.
Nous voyons, dans l’hiftoire de la Chine,
qu’un chinois, juirement irrité des vexations des
grands, fe préfente à l’empereur, & lui porte
l'es plaintes. « Je viens, dit-il-, m’offrir au fqp-
piiee auquel de pareilles rçpréfentadons ont fait
traîner fix cents de mes concitoyens ; & je t’avertis
de te préparer à de nouvelles exécutions ; la
Chine pofîede encore dix-huit mille bons patriotes,
qui, pour la même caufe, viendront fucceffive-
ment demander le même falaire ». La cruauté de
l ’empereur ne put tenir contre tant de fermeté 3
il accorda à cet homme vertueux, larécompenfe
qui le fhttoit le plus, la punition des coupables
èc la fuppreffion des impôts.
La même hiftoire nous fournît, dans une mère,
un autre exemple frappant de l’amour de la
patrie. Un empereur, pourfuivi par les armes
■ viélorieufes d’un citpyen, voulut fe fervir du \
refpeét aveugle qu’en ce pays un fils a pour les
ordres de fa mère, afin d’obliger ce citoyen de
défarmer. Il députe, vers cette mère, un officier.
q,uij le poignard à la main, lui dit qu’elle n’a
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que le choix de mourir ou d’obéir.« Ton maître i
lui répondit-elle avec un fourire amer, fe feroit-
il flatté que j’ignore les conventions tacites, mais
facrées, qui uniffent les peuples aux fouverains,
par lefquelles les peuples s’engagent à obéir, &
les rois à les rendre heureux / Il a le premier
violé ces conventions. Lâche exécuteur des ordres
d’un tyran, apprends d’une femme ce qu’en
pareil cas on doit à fa patrie ». Elle arrache, à ces
mots, le poignard des mains de l’officier, fe
frappe, & lui dit : « Efclave, s’il te relie encore
quelque vertu , porte à mon fils ce poignard fan-
glant; dis-lui qu’il venge fa nation, qu’il puniffe
le tyran; il n’a plus rien à craindre pour moi,
plus rien à ménager; il eft maintenant libre d’être
vertueux ». *
Un illuftre romain, nommé Fulvius, ayant rencontré
fon fils qui partait pour aller joindre Catilina
, le poignarda , en difant : « Je ne t’ ai pas
donné le jour pour fervir Catilina contre ta patrie,
mais pour fervir ta patrie contre Catilina ».
Ariftide & Thémiftocle'étoient ennemis, & toujours
oppofés dans l’adminillration de la république.
Ayant été choifis tous deux pour une ambaflàde
importante, l’intérêt communies réunit.Lorfqu’ils
furent fortis des portes d’Athènes, Thémiftocle
dit à Ariftide : « Laiffons ici notre inimitié ; nous
la reprendrons, fi vous voulez, à notre retour ».
Lors du fiège de Turin formé par l’armée
françoife en 1 6 4 0 , un fergent des. gardes pié-
montqifes donna cet exemple fingulier de patrio-
tifme. Le fexgent gardoit avec quelques foldats le
fouterrain d’un ouvrage de la citadelle; la mine
étoit chargée. Il n’y manquoit plus qu’un fau-
ciffon, pour faire fauter plufieurs compagnies de
grenadiers qui s’étoient emparés de l’ouvrage &
y avoit pris pofte. La perte de l ’ouvrage auroit
pu accélérer la reddition de la place. Le fergent
avec fermeté, ordonne aux foldats qu’ il com-
mandoit, de fe retirer, les charge de prier de
fa part le roi de protéger fa femme & fes enfans“;
bat un briquet, met le feu à la poudre & périt
pour fa patrie.
On a toujours beaucoup vanté ces trois cents
fpartiates, qui fe devouerent à lamort pour arrêter
l’armée des perfes au paffages de Thermopyles.
L’archiduc Maximilien, en 1479, à la tête d’une
arniée de près de quarante mille hommes s’a-
vançoit à grands pas dans la Picardie ; il étoit
très-important de retarder fa marche & de lui
faire perdre quelques journées ; cent foixante gaf-
cons commandés par Raimond d’Offaigne, fe jet-
tèrent dans le château de Molannoi, y foutinrent
plufieurs affauts pendant trois jours & fe firent
prefque tous tuer fur la brèche. Les noms des
trois cents fpartiates furent gravés fur une colonne
pour les confacrer à l’immortalité; çeux
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'des cent foixante gafeons font absolument ignores. J
Raimond d’Offaigne, affoibli par trois bleifures, j
& que la mort avoit épargné malgré lui, fut pris: I
Maximilien le fit pendre. Les loix de la guerre
autorifoient, dit-on, cet indigne traitement: elles
ne permettent pas de fe défendre contre une
armée dans une place, ou un château qui n’ ell
pas tenable. Q uoi, les nations qui habitent aujourd’hui
l’Europe, font convenues entr’elles de
condamner un brave homme à un fuppiiee ignominieux
, parce qu’il aura voulu fe facrifier a
l’intérêt de fa patrie !
Le comte de Naffau, un des généraux de
Charles-quint, menace Péronne. Les habit an s ,
qui voient qü’on ne s’occupe pas férieufement
de leur confervation, fe difpffent à abandonner
leur ville. Ils font déterminés à la défendre jufqu’ â
la dernière extrémité par la ré/olution de d’Ef-
turmel, gentilhomme du voifinage. Cet homme'
généreux, prévoyant les fuites luneftes qu’en-
traîneroit la perte de cette place, s’y tranfporte
avec fa femme & .Tes enfans , y fait conduire
tous les grains qu’il a chez lui, ou qu’il peut ob- j
tenir de ceux qui font touchés de fon difeours
ou de fon exemple ; y diftribue fon argent & celui
qu’il trouve dans la bourfe de fes amis; y montre
une valeur, une activité, une intelligence, qui
raffinent les plus timides. II parvient, par cette
conduite à faire lever le fiège.
La ville de Falaife étoit dans le > parti de la
ligue; Henri IV l’avoit afiiégée, on alloit donner
l’aflaut ; la Chenaye, marchand, étoit amoureux
& aimé d’une fille de fon état; il lui propofa
un moyen qu’il imaginoit pour fortir de la ville
& la mettre en fureté : comme je fuis perfuadée ,
lui répondit e lle, que vous ne perdez à abandonner
vos compatriotes lorfqu’ils vont combattre,
que parce que vous tremblez pour moi, la proportion
que vous me faites ne vous ôte ni mon
eftime, ni mon amour, & pour vous le prouver,
je fuis prête à unir ma deltinée à la vôtre ; venez,
je veux vous donner ma foi, mais ce fera fur
la brèche. Elle marche, en prononçant ces mots;
les repréfentatjons, les craintes, les larmes de
fon amant, font vaines; elle arrive au rempart :
« L'un & l’autre, dît Mezeray, combattirent
avec tant de courage, que Henri I V , admirateur
des belles actions, commanda qu’ on leur
fauvât la v ie ,- s’il étoit poffible ; mais la Chéri
aye ayant été tué d’un coup de fufil, fa mai- j
treffe refufa quartier, & continua de combattre
jufqu’à ce que fe Tentant bleffée à mort, elle
s’approcha du Corps de fon amant pour mêler
fon fang avec le fien, & mourir en le tenant
embraffé.
P A T R U , ( O l i v i e r ) n é l ’ a n 1 6 0 4 , m o r t ' e n
1681.
P A U 73;
Lorfque Patru fut reçu en 1640, à l’académie
françoife, il y fit un remerciaient qui donna lieu
à la compagnie d’ordonner que tous ceux qui y
feroient admis dans Ja fuite feroient un difeours
pour remercier l’affemblée ; ce qui ne s’étoic point
fait auparavant, & ce qui s’ell toujours pratiqué
depuis 5 perfonne n’ayant été difpenfé de cet ufage
que M. Colbert & M . d'Argenfon.
Patru étoit également un cenfeur éclairé & révère.
Sa réputation étoit fi bien établie, que
quand il faifoità Defpréaux quelques cbfervations
un peu trop fubtiles fur fes ouvrages, le faty-
rique , au lieu de lui dire le proverbe latin ne fis
Patruus mihi, lui difoit ne fis Patru mihi.
Patru ne fut jamais riche, ce qui fit dire à
un m.agiftrat, que cet avocat qui phidoit fi bien
la caufe de l ’académie &. de h langue françoife ,
n’entendoit rien à plaider la caufe de fa fortune.
Monfieur Boffuet étant allé voir Patru qui étott
mourant, lui dit : On vous a regardé jufqu’ic i,
monfieur, comme un efprit fort; fongez à détromper
le public par des difeours fincères &
religieux. Il eft plus à propos que je me taife,
répondit Patru, on 11e parle dans ces derniers
rnomens que par foiblefle ou par vanité.
PAUVR E. Un pauvre demandant l’aumône à
un foldat difoit : « Donnez-moi quelque chofe pour
l’amour de Djeu, & je le prierai pour vous. » Le
foldat lui donna quelques pièces de monnoie &
lui dît : Prends & prie Dieu pour toi-même, je
ne prête pas mon argent à ufure ».
Linière, voyant Chapelain & Patru qui fe
promenoient enfemble, dit â ceux qui éroient
avec lui : « Voila un pauvre auteur, & un auteur
pauvre.
En allant de Londres àChelfeaun des jours les
plus froids que nous ayons eus à la fin d'oétobre
1761, j’apperçus une femme couchée dans un
folle à côté du grand chemin avec tous les fymp-
tômes delà plus affreüfe mifère qui puiffe affliger
la nature humaine, une femme étendue fur la
terre humide , fans couverture, expo fée à la pluie,
au vent, à la gelée, étoit un objet trop at-
tendriffant pour ne pas exciter ma compaffion ,
mais ma furprife redoubla, en voyant que cette
malheureufe créature ne demandoit pas l’aumône :
fes yeux étoient fixés fur le ciel, comme fi elle
eût accufé la providence qui l’avoit abondonnée.
L ’eau dégoutoit de fes cheveux épars, fes jambes,
qui étoient toutes nues, étoient enflées & rougies
par le froid. Je voulus lui donner de l’argenc
qu’elle refufa, en me faifant ligne de la tête ,
& fans proférer une parole. Je lui offris enfuite
mes fecours qu’elle ne refufa, .ni n’accepta. Elle