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valoir contre ce fultan. Il .mourut à 'Damas, J
admiré des chrétiens-même. Il avoit.fait porter, J
dans fo maladie, au lieu de drapeau qu’on, élevoit
devant la porte , . le drap qui - devo.it l’enfevelir,
Sc celui qui tenoit cet étendard de la'mort.* crioit
à haute voix : » Voilà tout ce que Saladiny vainqueur
de l'Orient, remporte de fes conquêtes».
On dît qu'il'laiiïa , par l'on teftament, des diftri-
butions égales d’aumônes aux pauvres mahoané-
tans, juifs & chrétiens ; voulant faire entendre,
par cette difpofition, que tous les'hommes font
frères, et que, pour les fecourir, il ne faut pas
s’informer de ce qu’ils croient, mais de ce qu’ils
fouffrent. Audi n’avoit-il jamais perféçutéperfenne
pour fa religion. 11 avoit été à-la-fois conquérant,
'humain. & philosophe.
SALLE de W estminster. C ’eft bien moins
par fa vafte étendue, que par les oppofitions marquées
de quelques événemens, dont elle a été
le théâtre , * que cette falle mérite qu’on en faffe !
mention.
Elle futbâtie en io^ p a r Guillaume, dit le Roux,
fils de Guillaume le conquérant, qui la deftlna
pour donner des fêtes publiques. Elle a deux
cents foixarïte-douze pieds de longueur, fur
foixante - quatorze de largeur. Quelque critique
ayant trouvé qu’ elle étoit trop fpacieufe , le
monarque qui le fut , déclara qu’elle n’étoitpas
de la moitié aulli grande qu’il l ’eût fouhaité, &
qu’après celle qu’ il avoit eu intention de faire,
elle n’auroit pu paffer que pour une chambre
à coucher. Richard II la fit élargir en 1397 3 ce
prince y a traité dix mille perfonnes.
Cette falle eft le premier endroit où les rois
d’Angleterre fe placent fur le trône 3 ce fut celui
où. Richard fut dépofé. Elle a prefque toujours
iervi aux banquets royaux , & tout ce qu'il y
avoit de plus grand dans l’Europe & dans les trois
royaumes , y a été régalé par les rois : cependant
Henri I I I , en y raflembîant fis mille gueux , qu’il
avo.itentrepris deraflafier, en avoit fait précédemment
un hôpital. Dans le tems où les parlemens
s’y alfembloient encore , un affreux débordement
d’eau y pénétra & on la paffoic en bateau. Les
jours de couronnement , le champion d’Angleterre,
armé de toutes pièces, y entre à cheval
& en jettant fon gant à terre , il fait un
défi à quiconque ofera contefter le droit du-
nouveau fouveram. On v î t , en 13 16 , ou en
13 17 , fous le règne d’Edouard I I , une femme
vêtue en courtifanne, montée fur un cheval ,
entier dans cette falle 3 tandis que le roi y
. donnoit un fellin à fa cour, fe promener autour
de la table, jeter devant le roi un écrit , dans
lequel-on frondoit fes mauvaifes moeurs, & où
il écoit- accule d’injuftice, tourner la bride, fa-
lue l les afliitans l’un après l’autre & s'en aller.
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On prétend que cette falle n’ eft qu*un débris
du palais qu’Edouard le confefTeur éleva près de
l’abbaye,. & qu’acheva Guillaume II. Ce palais
fut réduit en cendres vers le nvlieu du (èizième
fiècle, fous le règne de Henri V I I I , & l’on ne
put fauver de l’incendie que cette grande falle où
le parlement s’affemble, & quelques chambres
voifines ; entr’autres celle qu’on nomme vulgairement
la chambre peinte de Saint-Edouard. C ’eft
dans les termes les plus poétiques que l’auteur de
la Henriadè parle de l’alfemblée augufte du parlement
anglois.
Aux murs de Weftminfter on voit parôître enfemble
Trois pouvoirs étonnés du noeud qui les raflèmble
Les députés du peuple 8c les grands & le roi,
Divifés d’intérêt, réunis par la loi ;
Tous trois membres facrés de ce corps invincible,
Dangereux à lui-même, à fes.vôïfins terrible.
Heureux lprfque le peuple inftruit dans fon devoir,
Refpede autant qu’il doit le fouverain pouvoir ! |
Plus heureux, lorfqu’un roi doux, jufte & politique
Refpeéile autant qu’il doit la. libe rté publique 1
SA L V A TO R ROSE, né-à Naples, l'an 1*1 ƒ,
mort en 1673« .
Salvator commença par éprouver la misèrej
il fe vit réduit à expofer fis tableaux dans les
places publiques.
Lorfque fon talent l’eut enrichi, fa maifon devint
une efpèce d’académie où s’ alfembloient plufieurs
perfonnes illuftres dans les beaux arts. Oti y repré-
fentoitfouvent des comédies de fa façon, & dontil
jouoit les principaux rôles : les falles de fa maifon,
érigées en falles de fpe&acles, étoient garnies
de verdure difpofée d’uue manière pitorefque : le
fable & les fleurs qui couvroient le parquet, le
rendoient tout - à - fait femblable à un lieu chani*
' pêtre.
Un jour que Salvator touchoit un très-mauvais
clavecin , je vais, dit-il, le faire valoir au moins
mille écus 3 & il peignit fur le couvercle un li
beau morceau , que ce:clavecin , à demi délabré,
- fut vendu la fomme qu’il avoit dite.
Un cavalier fort riche lui marchando:t depuis
long-temps un grand pàyfage , & en demandoic
toujours le prix, que Salvator augmentoit de cent
écus à chaque demande. Le cavalier lui en témoignant
fa fuiprife , il répondit : — ” Vous aurez bien
de la peine à vous accommoder avec moi, maigre
toutes vos ridieffes »5 & , dans le même inRant,
iî creva le tableau.
Un cardinal étant venu voir Salvator 3 cet artiftfi
lui montra des tableaux d’ hift.oire, qu’ il avoit finis
depuis
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Hepuis peut mais le cardinal n’y faifoit qu*une
légère attention : attaché particulièrement à regarder
quelques payfages, il lui en demanda lé prix :
— « Eh quoi I s’écria Salvator , me demandera
t-on toujours des payfages , des marines, &
de femblables bagatelles, comme fi je ne fa vois
pas peindre des fujets plus confîdérables ? ” ■— Le
cardinal, pour l’appaifer,, lui dit qu’ilachèteroit
un grand tableau & deux payfages : — « fi vous
achetez le, grand pour avoir les petits, reprit
Salvator, j'en veux un million » .—»
Salvator pouvoit foire un tableau dans un feul
jour. Le connétable Colonne reçut un des ouvrages
de cet arcifte , & lui fit préfent d’une bourfe
pleine de pièces d’or. Le peintre, pour recon-
noître cette générofîté, fe hâta de lui envoyer un
fécond tableau, qui lui valut un pareil préfènt :
pendant quatre fois confe'cutives, même preftefle
de pinceau , même reconnoiflance de la part de
l’arcifte, & même générofîté delà part du Mécène.
Enfin, à la cinquième fois, le connétable ne voulut
plus continuer un jeu qui pouvoit le ruiner y il
envoya deux bourfes à Salvator, aulfi bien garnies
que les premières, & lui fit dire qu’il n’étoit
pas aulfi facile au connétable Colonne de remplir
des bourfes, qu’à Salvator de faire promptement
de bons tableaux, & qu’il lui cédoic l’honneur
du combat.
L’humeur enjouée de cet artifte ne le quitta pas
même dans la maladie qui termina fes jours. Il
difoit que fon nom de Salvator étoit comme un
gage alîuré de falut, & que Dieu ne permettroit
jamais au démon d6 perfécuter un homme qui s’ap-
pelloit Sauveur.
Ses dernières paroles furent une plaifanterie.
On 1 exhortoit, au lit de la mort, à époufer une
de fes maitreffes , de laquelle il avoit eu plufieurs
enfans 5 mais dont la conduite lui étoit fufpe&e
avec raifon. Voyant que les motifs les plus forts
ne pouvoient l’ébranler, Un de fes amis s ’avifa
de lui dire : —* ” Seigneur Salvator, vous n’avez
point d autre parti à prendre que d’époufer cette
femme, fi vous voulez être admis dans le féjour
des élus. — Eh bien, répondit Salvator, s’il faut
avoir des cornes pour entrer en paradis, je consens
à me marier » —
C ’eft le fujet de cette épigramme de Rouffeau :
Avec fcandale un peintre en fon taudis, -
Entretenoit gentille chérubine.
« V ous, pour le sûr, & votre concubine,
* Dit frère Luc, de Dieu ferez maudits.
* Mariez-vous, les anges ébaudits,
* Fête en feront fur le célefte cintre.
■ Epoufons donc, puifqn’il faut, dit le peintre,
»Etre cocu pour gagiier paradis ».
fi ncyclopédiatiüi
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S A LU T A T IO N . La façon de faluer des turcs
eft la plus naturelle : ils regardent celui qu’ ils veulent
faluer, en portant la main fur leur coeur.
Nous autres , nous faluoris en b a i f f a n t la tête,
courbant Je dos, & hauffant le cu l, dit la faty.re
Ménippée.
Aux cérémonies de l ’ordre du faint-Efprit &
à celles du parlement, on faifoit des révérences
comme les femmes les ont toujours faites fans baifler
la tête.
Les amis de Socrates , témoignant être irrités
de ce que quelqu’un qu’il avoit falué ne lui avoit
pas rendu fon falut : pourquoi fe fâcher, !eur-dit
Socrate, de ce que cet homme nfeft pas fi poli
que moi ?
,~Uh jeune homme vint lire, à Piron une tragédie
qui alloit bientôt être jouée. Après quelques vers,
Piron ôta fon bonnet & continua ce manège à tout
moment. L ’auteur de la pièce étonné de ce gefte
perpétuel, lui en demanda la raifon : ” C ’eft, dit
l’auteur de la Métromanie, que j’ af pour habitude
de faluer les gens de ma connoiflance. »
,Un gros financier paffa fièrement devant fix
officiers fans les faluer. Ils furent piqués de fon
impolitefîe , & l’un d’entr’eux lui' adreflant la
parole, s’écria : « Monfieur, on voit bien que
vous n’êtes pas aujourd’hui fi intéreffé qu’ à votre
ordinaire. Pourquoi? dit le financier-3— c ’eft,
lui répartie le militaire, que pour un coup de
chapeau vous en auriez eu fix ».
SAMUEL B E RN A R D , né à Paris, l ’am é i y ,
mort en 1687.
Bernard., père de Samuel3 étoit peintre en miniature
5 il peignit en ce genre toutes les batailles de
Louis X IV , & les portraits de la famille royale ;
mais une chofe digne .partieu'ièrement d’ être' remarquée,
c’eft qu’il époufa Madeleine Clérulier,
dpnt la mère, établie rue Saint-Denis , étoit fa-
meufe pour faire des mouches dont les dames fe
couvroient alors le vifage, afin de relever la blancheur
de leur teint. De ce mariage naquit le fameux
Samuel Bernard,, qui fut fi connu en Europe, par
fes immenfes richefles.
SAN G . Sa circulation. Chaque battement de
coeur eft d’une fécondé. Il en arrive foixante en
une minute, ce qui fait trois mille fix cens par
heure, & quatre-vingt-fix mille quatre cens par
i°ur.
A chaque battement du coe u r , il fort du ventricule
gauçhe, deux onces de fang pour entrer
dans la grande artere. D o n c , puifque le coeur
bat trois mille fix cens fois par neure , il en fort
par heure fept mille deux cens onces de fang , au
poids de la faculté«