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pofé au milieu d’une campagne où les Huns fo-
ïemnifèreut fes funérailles par des courfes de chevaux
j & par des chants triftes & lugubres, qui
furent fui vis par divers fëftins, après quoi le cercueil,
dont la première couverture étoit d’or maf-
i î f , la deuxième d’argent & l’autre de fe r , fut
mis en terre j on enfevelit avec le corps toutes
les dépouilles de fes ennenrs, des harnois tous
garnis d’or & de pierreries, des étoffes riches,
& tout ce qu’il avoit enlevé de plus précieux dans
Je palais des rois, qu’il avoit pillés. Pour ne pas
JaHTer ces trefors^ en proie , & pour empêcher
qu’on ne les volât, les Huns tuèrent généralement
tous ceux qui avoient aidé à l'inHumer.
Les funérailles des Mofcovites fe font avec
beaucoup de cérémonie. Avant que de lés mettre
dans la fofl'e, le prêtre leur met entre les doigts
un billet pour leur fervir de pafle-port en l’autre
monde , il eft conçu en ces termes: « je fouflîgné,
» évêque ou prêtre de N . reconnois & certifie
» par ces préfentes, que N . porteur defdites
» lettres a toujours vécu parmi nous comme bon
» chrétien, faifant proreflion de la religion
» grecque i & quoiqu’il ait quelquefois péché,
» il s‘en eft confeffé , en a reçu l’abfolution &
» la communion en rémifiïon de fes péchés. Il a
» honoré Dieu & fes faints j il a jeûné & prié
=» aux heures & temps ordonnés par réglifeiJI
v» s’eft fort bien gouverné avec moi qui fuis fon
» confeffeur, enforte que je n’ai point fait diffi-
» culte de l’abfoudre de fes péchés, & n’ai pas
» fujet de me plaindre de lui. En foi de quoi nous
*> lui avons délivré le préfent certificat, afin que
9» Saint-Pierre en le voyant lui ouvre la porte à la
» joie éternelle ». •
Quand on enterre les Caffres , peuples de
l’Afrique méridionale , tous les plus proches
parens du défunt fe coupent le petit doigt de la
main gauche, & le jettent dans la fofte auprès
du mort.
Lorfqu’un Brachmane meurt dans les Indes,
tous fes amis s’aflemblent, fontunfeftin, de en-
fuite vont faire un trou en terre, où ils mettent
beaucoup de bois i fi c’eft un des plus conftdé-
fables, on jette des aromates avec beaucoup d’huilé,
& on met le mort deftus; alors fa femme vient
accompagnée de plusieurs joueurs d’inftrumens,
& de fes plus proches parens. Ils chantent cous
les louanges du défunt, & les parent & amis
encouragent la femme à fuivre fidèlement fon
mari, pour aller vivre avec lui dans l’autre monde. ,
Après cela elle ôte fes joyaux , les diftnbue à
fes parens, & faute dans le feu d’un air gai &
en riant. Auflitôt les afïiftans jettent fur elle du
hois & de l’huile , & la font étouffer le plus
vite qu’il fe peut. S ’il fe trouve quelque femme
4ui refufe de fubir ce genre de mort, on lui
f u r :
ebupe les cheveux , il ne lui eft plus permis de
porter des joyaux, & elle vit réparée & méprifée
de tout le monde. ( Voy. Holl. )
Un des capitouls de, Touloufe voulut un jour
être lui - même témoin de la cérémonie de fes
propres funérailles. Toute 1a ville fut priée daffif-
ter au convoi. Pour lui il fe fit mettre dans un
cercueil dans ("équipage mortuaire, & on le porta
à l’églife avec tout l’appareil d’une pompe funèbre.
Le fervice fut fait, & la meffe célébrée avec les
cérémonies accoutumées. Le capitoul pofé dans
fa-bierre, & contrefaifant très-bien le mort, fut
encenfé à la manière ordinaire, 8e au lieu de le
porter en terre on le plaça derrière l’autel, d’où
il fe retira un moment après, 8e alla régaler ma.
gnifiquement tous ceux qui avoient affilié à fon
enterrement. L ’archevêque fit affembler un concile
pour prononcer fur cette aétion. Les uns prétendirent
que c’étoit un aétion pieufe 8e falutaire,
parce qu’elle excitoit vivement la penfée de la
mort. D ’autres la condamnoient comme une fuperf-
tition qui tendojt à rendre les cérémonies funèbres
le jouet des particuliers. Le concile, après trois
féauces, décida contre les premiers.
FURETIERE. (Antoine) Mort en 1688 à
68 ans. Il eut de grands débats avec l ’académie
françoife au fujet de fon diélionnaire, 8£ il com-
pofa des faétums où il peint aflez bien ce qui le
pafle d’otdinaire dans une affemblée de gens qui
ont des prétentions à l’ efprit.
« Celui qui crie le plus haut, dit-il, eft cetüi
” qui a raifonj chacun fait une longue harangue
» fur une bagatelle j le fécond répète comme un
» écho ce que le premier a dit; & le plus fou-
» vent ils parient trois ou quatre enfemble. Quand
» un bureau eft compofé de cinq à fix perfonnes,
» il y en a un qui li t , un qui opine , deux qui
>> caufent, un qui dort, 8c un qui s’amufe à lire
” quelques papiers qui font fur la table. Quand
” la parole vient au fécond, il faut lui reliref ar-
» ticle, à caufe de fa diftraâion dans la pre-
» rnière leéiure. Voilà le moyen d’avancer l’ou-
» vrage. I! ne fe paffe point deux lignes qu’on
“ ne falfe de longues digreffions, que chacun ne
» débite un conte plaifant, ou quelque nouvelle,
» qu’on ne parle des affaires d’état & de réformer
» le gouvernement ».
Benferade étant à l’académie, y prit la place
de Furttiere, qu’il n’aimoit pas, 8c dit, en s’y
mettant : « Voici une place où je vais dire bien
des fottifes ». Courage, lui répondit Furctiirc*
vous avez fort bien commencé.
A la mort de Furttïhrt, il fut délibéré à l’académie
françoife, fi l’on feroit un fervice au défunt
félon l’ufage pratiqué depuis fon établiffemeni.
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Boileau y alla exprès le jour que la chofe devoît
être décidée: mais voyant que le gros de l’académie
prenoit parti pour la négative , lui fe.ul ofa
parler ainfi à cette compagnie : « Meilleurs, il y a
*» trois chofes à confidérer i c i , Dieu, le public
*> & Y académie. A l’égard de Dieu, il vous.faura
» fans doute très-bon gré de lui facrifier votre
» reffentiment & de lui offrir des prières pour un
», mort, qui en auroit befoin plus qu’un autre,
» quand i) ne feroit coupable que de l’animofité
» qu’il a montrée contre vous devant le public,
» ii vous*fera très glorieux de ne pas pourfüivre
>» votre ennemi par-delà le tombeau ; & pour ce
» qui regarde l’académie , fa modération fera très-
» eftimable | quand elle répondra à des injures
p par des prières ».
F u z
FUZE L IER , ( Louis ) mort en 1751.'
Fu^elier 3 auteur de Momus fabulifte, avoit toujours
fouhaité de mourir fubitement. Il étoit petit
, replet, & avoit le col court, cela s’accom-
modoit aflez bien avec fes defirs.
Notre poète fe fervoît ordinairement d’une
brouette, & il appelloit l’homme qui la tiroit fon
cheval baptifé. Souvent il lui difoit : «« Mon ami,
quand tu me trouveras étendu fur le carreau de
ma chambre, c’eft que je ferai occupé à travailler
à quelque chofe de férieux, il ne faudra point
m’importuner ». Un jour ce pauvre homme alla
chez Fu^elier, le vit effe&ivement le nez contre
terre : «Notre maître, dit-il aux voifins, travaille
férieufement ». F atelier étoit mort.