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nïfiaf 1} roi de Pologne, & grand duc dé Lithuanie.
C e ne fut-néanmoins que le 24 fepfêrnbre de
l'année lui van te qu'il fut couronné' p'ar' l'archevêque
de Léopold,. & en préfence du roi. de
Suède ," qui voulut être témoin de cette cére-
mohit1.
■ Le nouveau foi fuîvit Charles XII en Saxe, où
il y eut en 1706, après plufieùrs ‘combats, un
traité de paix‘conclu entre les deux rois d'une
part, & le roi Augufte qui renonça à la couronne
de Pologne, & reconnut pour légitime fouverain
de cet état Staniflas. Mais tous lés trophées du
conquérant du Nord ayant été' rë,nvèrfés en un
feul jour à la bataille de Pultava le 28 juin 1709,
Augùftè oublia bientôt fes engagemens. La Pologne
fe vit de nouveau déchirée par fes propres
mains & par celles des mofcovites vainqueurs de
Charles XII. Staniflas > touché des malheurs des
Polonois , & ne pouvant plus fe flatter de jouir
d’une paix qui lui laifsâc les moyens de rendre fon
peuple heureux, ambitionna la feule gloire qui
lui reftoit, celle de facrifier une couronne à fa
patrie. Il avoit écrit à Charles X II pour avoir fon
ton rén té ment ; & comme ce roi refit foit d'approuver
une telle démarche, Staniflas alla à Bender,
où Charles s'étoit retiré après fa défaite. Sta-
nifias, pour mieux couvrir fa marche, fe difp't
un Suédois envoyé vers fou fouverain. Il ignoroit
que Charles avoit été fait prifonnier, & il fut
lui-même arrêté par les Turcs. Le monarque fué-
dcis, dans la captivité, agifloit &' perifoit encore .
en roi & en vainqueur. Il fit dire à Staniflas de
•ne faire aucun traité avec Augufte, & lui promit
de le rétabl'r inceffamment fur le trône où il l’a-
;Voit déjà placé : mais ces promeffes furent vaines.
Charles défêfpéiant de pouvoir armer les Turcs •
-contre les Mofcovites, demanda fa liberté, & ;
l'obtint facilement ; il repaffa dans fes états : ce
roi affigna pour retraite à Staniflas le duché des ■
Deux-Ponts, lui c,éda les revenus de cette
province. .
Après la mort de Charles,• tué devant Fride-
rikshail en 171.84 le duché des Deux-Ponts retourna
à un prince de la maifon palatine. Staniflas
obligé d'en fortir, fe retira à Weiffembourg dans
l’Aifàce françoife. Le roi Augufte ayant fait à
cette occafîon porter des plaintes à la cour de
France par M. Surh; le duc d'Orléans, alors régent,
répondit à renvoyé'c'ës paroles remarqua-;
blés : « Monfiéur, mandez au roi votre maître
que la France a toujours été l’afyle des rois inal-,
heureux.
Staniflas vécut dans fa retràite^jurqu'én i 72ƒ,,
' que la princefïs Marie fa fille, Jè.TeuI deÿ enfansi
qui lui leftoit, époufa Louis' X y ! Aprqs la mort
du roi Augufte, la France voulut porter de nou-!
y eau Staniflas fur le trône dé Pologne." Mais l’on
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fait que cette tentativë 'eut le fiiccès que Staniflas
avoir prévu , qu'il avoit même annoncé. Le pàrti
quil'a voit proclamé roi, fut obligé de céder aux
forces réunies de l'empereur Charles VI & de
l'impératrice de Ruflîe.
S'taniflaS; ï , roi de Pologne, duc de Lorraine,
moqrut dans un âge avancé .des fuites du feu qui
avoit pris par accident & fa raberde-chàmbre. Ce
prince racontant un jour les grands périls dont la
Providence l'avoir pré fer vé jufqu’alors. ce II ne
me manquoit plus, difcit-il, que d'être brûlé ».
Lorfque le Candide de Voltaire parut, le roi de
Pologne, duc de Lorraine, fe le fit lire. A l’endroit
où l'on raffemble tant de princes à Venife,
il fut fâché d'y voir Théodore.' « Je trouvedi t -
il, que fauteur eût mieux fait d’amener tous ces
monarques à Luneville, je les aurbis bien reçus ».
S T E L L A , (Jacques) peintre, né à Lyon,
l'an iyp 6 , mort en 1657.
Extrêmement confidéré à Rome, tant par le
long féjour qu’il y avoit fait, que par fon propre
mérite , Stella fut élu chef de fen quartier,
& chargé de faire fermer'le foir une des portes de
la ville, dont il gardoit les clefs. Quelques per-
fonnes délirèrent qu’il leur fît ouvrir à une heure
indue; il refufa de leur accorder une demande
qui bleffoit fon devoir ; & ces personnes réfolu-
rent de s’en venger. Afin de fe fatisfaire d'une
manière qui les flattât.dayantage, ce ne fut point
fa mort qu'ils jurèrent, mais fon déshonrieur 5 ils
payèrent de faux témoins, l’accufation fut intentée
, & l’on arrêta auflî-tôt Stella avec fon frère &
fes domeftiques.
Pendant que Stella étoit en prifon, il s'amufa
à defliner fur le mur, avec du charbon, une
.Vierge tenant l’enfant-Jéfus, qu’on trouva.fi belle,
que le cardinal Barberin vint exprès dans la prifon
pour la voir. Les prifonniers tiennent toujours
depuis en cet endroit une lampe âllumée, & y
font leurs prières.
Le crimequ'on imputoit à Stella, étoit d’entretenir
un commerce fecret avec une femme, dont
la famille étoit très-confidérée. Mais fon innocence
rie tarda point à être reconnue; il fortit
javêehonneur de cette fâcheufe affaire ; fes accusateurs,
ainfi que leurs faux témoins, furent publiquement
fouettés par les rues.
' SUICIDE. Plutarque rapporte ftes filles: mi-
îéfiennes, qu’autrefois elles furent tellement tranf-
’ibdr.tées dé fureur, qu’è.Uess’ ét'rârifIbiéqt prefqiie
‘ tôiitcs fans'qu’on pût lès en empêcher! On leur
défendit, fous des pei'nês effroyable s , de'lé faire,
& elles s’en moquoient ; car quelle plus grande
peine p6uvoit~on-ihven;er que la mort qu'elles le
s u 1
don noient à elles-mêmes.? 'Oh les gardoit à vue,
mais elles tiouvoient les fftoyens de mourir, entre
les bras. de leurs gardes. Enfin, on ordonna que
la première qui s’étrarigleroit feroit traînée toute
nue en plein jouir par les rues de la ville. Cette
ordonnance arrêta leur fureur, & la crainte de
paroitre toutes nues, même après leur mort, les
retint :dans leur devoir.
Robek délibéra avant de fe tuer. Il délibéra
même fi p'ofément, qu’il eut la patieftCe de faire
un livre, un gros Ivre j bien long, bien péfant J
bien froid ; & quand il eut établi, félon lui, qu’il
étoit permis de fe donner la mort, il fe la donna
avec la même tranquillité.
Milord Saarboroug a quitté la Vie avec le même'
fan g froid' qu’ il avoit quitté fa place ;de grand
écuyer.' Qh luî repróchoit dans la chambré desv
pairs, qu’ il prenait le parti du roi parce qu’il
avoit une belle charge à la cour. Meffieürs, dit-
il, pour vous prouver que mon opinion ne dépend
pas de ma place,.je’m’èn démets dans l'inf-
tant. Il fe trouva depuis embarraffé. entre .une mai-
treffe qu’il aimoit, (nais à qui il n’avoit rien promis,
& une femme qu’il eftimoit, mais à qui il
avoit fait fine promeflè de mariage : il fe tua pour
fe tirer d’embarras.
Une dame d’un certain âge!,- feule, riche &
fans enfatis, avoit reçu dans fa maifon un ouvrier
qui: travailloit- en journée,. &: qui : étoit. chargé
d’une femme & d’un.petit enfant. G'éio'.ent d’honnêtes.
gens ; fort rangés &: fort, laborieux.; mais
leur travailfuffifoic à peine à leur fubfiftance. La
femme de l’ouvrier.iàlla, au bout de quelques
jours, trouver la maîtreffe de. la maifon, & la
pria de lui permettre de laiflfer fon ..enfant auprès
d’elle, pendant qu’elle fortiroit pour une affaire
très-preffée. La dame y confâmitirmais,' ma borine
dame, infîfta h pauvre femme * je-vous le recommande
bien:; ne le laiffez manquer de rien, juf-
qu’à. ce qüe je revienne ,.;je.vous!en conjure. La
damé, l ’aflura qu’elle. en:auroit foin, & la mère
fortit : on ne la revit pas de la journée,-ni-.le père
ppn plus. Trois jours fe paflent fans qu’on entende
parler d’eux : enfin on découvrit.qu’ils s’ étoient
jettes tous dbuX dans îa Tâmïfè. La dame s’elt
regardée comme engagée, par; fa paroié. à prendre
Coin de î’enfant'qu’qn lui 'avoit' confié, & elle s’eft
chargée de fon éduçatiqn.lj /
! Philippe Mordant,' coufin-gerrriaih de c é far
tneux comte, de PétÇ^Doroug fi connu dans
toutes les,'cours dé1! l’Europe,! étoit un jeune
homme âge de ving’t-fçpt .ans j beau.4 bien fait,
fiché, n'é .fi’uri farig. .-ilIy.ôVepouvarit prête ri dré
â tout, & .p^iTionnë.ri^nyrajrnéfdé'fa ;rnàîtrè'flTé. Il
Prit à ce Mordant uir dégoût ae: la vie ; il paya
fes dettes',' écrivit à fes amis poiiï ieiirridife. aditu ,
s u r
& même*fit des vers, dont voici les derniers trai.s
enifrançois :
L’opium ; peut aider le fage ;
Mais, félon mon opinion , •
Il lui faut, au lieu d’opium,
: Un piftolet & du courage.
Il fe cohduifit felon fes principes, & fe dépêcha
d’un Coup de'- piftolet, fans en avoir'donné d'autre
raifo’n , finon que fôri aime'etoiî laffe de for. corps,-
& qge quand bu eft mécbriterit de fia maifon, il
faut eh fortir. Il fembloit qu’il eût voulu mourir*
parce iqu’îl étoit dégoûté de fon bonheur.
Richard-Smith donna un étrange fpeéHcle au
monde , ;pour une- çaufe fort difÇérentè. Richard
Smith étoit- dégoûté d’fêtre réellement malheureux :
il avoir été riche,.&J1 étoit.pauvre ^i(. avoit eu de,la
fanté, & il étoit infirme. Il avoit eu une Femme, à laquelle
il ne pouvoir faire partager que fa misère : un
enfant au berceau étoit le feul bien qui lui reftoit.
Richard,Smith & Bridgct Smith, d un commun
confer.temeot.ï après s’ëtre tendrement embraffés,
& avoir donné le dernier baifer à leur enfant, ont
commencé par tuer cette pauvre créature, & en,-
fuite fe font pendus aux colonnes de leur ht. Je
ne connois nulle part, ajoute M. de Voltaire*
qui rapporte ces faits, aucune; horreur de fang-
froid qui.foit de cette force; mais la lettre que
ces! infqr.tunés-,._$it .écrite à ,M. Brindlay, leur
coufin, eft atiffi fingulière que leur mort même.
Nous croyons, difent-ils, que Dieu nous pardonnera
j &c. Nous avons quitte la v ie, parce
que nous étions malheureux fans reffource, &
nous avons rendu à notre fils unique-le férvice de
le tuer1, !de peur qu’il ne devînt auflt malheu-
teux que nous, & t. Il eft à remarquer que ces
gens, après avoir tué leur fils, par tertdreffe pa-
terrièlle., ont'écrit à! un ami, pour lui recommander
leur chat: 8f Peur' chien. Il ont cru apparemment
qu'il, étoit plus aifé de fairé lé bonheur d’un
chat & d’un-'chien dans le monde,-que celui d’un
enfant 4 & ils ne vcmloient pas être à charge à leur
ami.
Une 'angloife, à qui l’extrême misère avok
tourné, la'*tête , ne voyoit pour elle d’autre parti
que d’hller'fe jetter dans la Tamife. Elle exécuta
.cet affreux projet ; mais un homme qui fe trouva
pfes ’d é iâ , l’arracha des bras de la mort. 11 s’at-
teWdÔit à quelques remereïmens de la part de cette
maîhepreufe femme, lorfqu’elle lui dit d’un air
affez.tranquille : Puifque vous m’avez privé de la
feule reffource qui me reftoit, vous êtes obligé
de m’en indemnifer; je fuis dans la plus affreufe
misère' ; vous voulez que je vive, vous me nourri
ïdz donc ?
Les papiers anglpis de 1762, font mention